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Son Goku, James Bond, les Jedi… ces héros qui sont en réalité des sales types

Son Goku, James Bond, les Jedi… ces héros qui sont en réalité des sales types

Les gentils sont-ils toujours des gentils ? En vrai, à se pencher d’un peu plus près sur le pedigree de certains, c’est loin d’être toujours le cas.

Cachés derrière des scénarios de parti pris, ils mentent, ils volent, ils tuent en toute impunité.

Le temps est donc venu de faire tomber les masques.

Apollo Creed dans « Rocky IV »

Héros de l’impérialisme américain confronté à une engeance communiste alors plus en forme que jamais sur grand écran, si le virevoltant Apollo ne méritait pas d’être exécuté en deux petits rounds à peine par l’impassible Drago, il n’aurait cependant pas volé de se prendre à la place une bonne dérouillée.

Reprenons.

Tout commence lorsque le Master of Disaster s’énerve tout seul dans sa piscine après avoir vu à la télévision (oui, il regarde la télé dans sa piscine) qu’un boxeur soviétique ose s’aventurer sur le sol US.

Tandis que personne ne lui a rien demandé, notre ancien champion du monde insiste pour en découdre sur le ring. Beau joueur, Drago accepte sans rechigner bien que rien ne l’y oblige.

Toujours hors de lui, Apollo profite de la conférence de presse pour lui sauter à la gorge, le seul tort de son adversaire, qui à ce stade du film ne lui a pas adressé le moindre mot, étant apparemment d’être russe.

Au mépris des règles les plus élémentaires de l’hospitalité, il répond à sa place, se moque ouvertement de lui, promet de lui apprendre à boxer « à l’américaine », et, comble de l’ironie, conclut son intervention en le surnommant « Comrade Bigmouth ».

Pas cool, d’autant que Ludmilla, la femme de Drago, se montre elle extrêmement courtoise, assurant l’auditoire que son mari est très heureux de l’opportunité qui lui est offerte.

Qu’importe, tout ce qui compte désormais pour Apollo c’est d’humilier toujours un peu plus Drago, car, comme il le rétorque à Rocky qui tente en vain de le raisonner avant de grimper entre les cordes, « c’est nous contre eux ».

La suite on la connaît : James Brown qui débarque accompagné d’un orchestre et d’une armée de danseurs pour chanter le capitalisme sous stéroïdes, Ludmilla qui approche la femme d’Apollo pour lui faire part de son souhait d’être amies une fois le combat fini, Rocky hébété qui ne jette pas la serviette, et Drago, qui après qu’Apollo soit tombé face contre terre, lance un laconique « If he dies, he dies » empreint de revanche.

Sévère, mais pas injustifié.

Mario Bros

Sauveur en chef du Royaume Champignon depuis bientôt quarante ans, Mario ne serait-il pas au fond qu’un être avide de gloire et d’argent ?

Aussi plombier que Tintin est journaliste, il consacre en effet la majeure partie de son temps, non pas à gagner honorablement sa vie, mais à accumuler un maximum d’or dans des territoires étrangers, détruisant au passage quantité de paysages et écrasant à pieds joints la tête des locaux (oui, Mario est un meurtrier de masse).

Officiellement, il s’agit certes de porter secours à cette bécasse de Princesse Peach, sauf que bon, difficile de ne pas voir dans cette quête son intérêt personnel – toute bécasse qu’elle est, Princesse Peach n’en demeure pas moins une princesse (vive le mariage de raison).

Cette cupidité sans limites se traduit également par le fait que Mario n’hésite jamais à utiliser ses proches comme de vulgaires faire-valoir, de ce pauvre Yoshi qu’il abandonne neuf fois sur dix au milieu de nulle part, à son propre frère Luigi qui est continuellement relégué au second plan.

En même temps, on parle ici d’un type tellement narcissique qui, quoi qu’il fasse avec ses potes (du kart, du baseball, de la pêche …), intitule 100% de ces aventures à son nom.

Indiana Jones

Non content d’être un piètre archéologue (et un piètre prof’), Indiana Jones est par ailleurs une piètre personne.

Pour ce qui est de l’archéologie, là où pour conduire des fouilles ses confrères se doivent de requérir un permis auprès des autorités locales, consigner méticuleusement leurs recherches et restituer le cas échéant leurs découvertes au pays d’origine, Indy lui n’en a cure : il se pointe et se sert, non sans occasionner d’immenses dégâts sur des sites classés au patrimoine mondial de l’humanité.

Pour sa défense, il prétend que les artefacts qu’il dérobe ont leur place dans un musée… ce qui est on ne peut plus de faux : leur place est exactement là où il les a trouvés !

[Sans compter que pour peu que l’on zoome sur la déco de son appartement, il n’est pas dit qu’il restitue l’intégralité de ses découvertes auxdits musées…]

Et sur le plan personnel, ce n’est guère plus brillant.

Outre le fait de flirter avec tous les clichés du colon occidental dans son rapport aux autochtones (à la OSS 117, l’humour en moins), ou de dégainer son flingue contre qui n’en a pas, dans Les Aventuriers de l’arche perdue on apprend qu’à 25 ans il a entretenu une relation avec une fille de 15 ans.

Dix ans plus tard, cette dernière demeure passablement traumatisée par l’expérience (« I was a child! I was in love! It was wrong and you knew it! »).

Pas sûr que d’avoir du charisme à revendre suffise à équilibrer la balance.

Jerry dans « Tom & Jerry »

Un épisode typique de Tom & Jerry ? Tom vaque tranquillement à ses occupations. Jerry se pointe et commence à foutre le boxon. Tom, en matou responsable, le poursuit. Quelques minutes plus tard, tout cela se termine dans la douleur et les larmes, d’autant plus que le maître de maison tient sempiternellement Tom pour responsable des dégâts causés par ce petit pervers de Jerry.

Condamné par le scénario à constamment perdre la face, Tom ne se décourage pourtant jamais. Sorte de Sisyphe des temps modernes, il erre dans une chasse à la souris sans fin dont Jerry seul tire un bénéfice, lui qui ne semble exister que s’il attire son attention

Qui a dit que les chats contrôlaient le monde ?

Tony D’Amato dans « L’Enfer du dimanche »

En surface, Tony D’Amato est cet entraîneur à l’ancienne, garant de la morale dans un monde du football américain corrompu jusqu’à l’os.

Toujours prompt à se mettre en scène à coup de speechs grandiloquents, il ne faudrait toutefois pas oublier ô combien il manipule ses joueurs dans l’intimité.

C’est tout d’abord Willie Beamen (Jaimie Foxx) à qui il dégaine une fois titulaire la carte de l’amitié pas du tout désintéressée. En bon chef de plantation, il ne lui avait pourtant pas adressé la parole une seule fois avant qu’il ne rentre sur le terrain.

Plus problématique, quand Cap (Dennis Quaid) lui fait part de son souhait de raccrocher en raison d’un corps qui le fait souffrir chaque jour un peu plus (douleurs au bras, douleurs au cou, tremblements…), il lui rétorque, au mépris de tout bilan médical, que « tout ça, c’est dans sa tête ».

Pire, lorsque Shark se retrouve à devoir jouer un dernier match avec une vertèbre cassée au risque de finir ses jours dans un état végétatif, il est celui qui lui propose l’air faussement contrit de signer une décharge de responsabilité.

Hypocrite jusqu’à la moelle, il congédie dans la foulée le médecin de l’équipe (James Wood) qui le met alors face à ses contradictions et celles d’un système qu’il incarne.

Rose dans « Titanic »

Sans même rentrer dans le débat de savoir si elle pouvait ou non partager un bout de planche avec Jack, tout ce qui précède le naufrage n’est pas franchement à son avantage, alors même qu’en tant que narratrice elle enjolive très certainement les choses.

Petite fille hautaine et capricieuse, elle accepte un mariage de raison avec un homme prêt à l’entretenir elle et sa famille… tout ça pour revenir sur sa parole en moins de 48 heures après avoir goûté au frisson du coup d’un soir.

Bien des années plus tard, elle ne paraît pas avoir changé d’un iota : malgré qu’elle ait eu entretemps des enfants et des petits-enfants, sa chambre est tapissée exclusivement de photos d’elle.

D’ailleurs, plutôt que d’aider financièrement sa descendance pour des générations, elle préfère s’obstiner à jouer à l’adolescente attardée en jetant par-dessus bord un collier en diamant à plusieurs millions de dollars – qu’importe si sa petite-fille a organisé le voyage à ses frais expressément pour récupérer ledit collier.

Et puis bon, elle aurait quand même AU MOINS PU ESSAYER de faire une petite place à ce pauvre Jack sur cette foutue planche !

Goku dans « Dragon Ball »

Ultime rempart de la planète Terre, Son Goku n’est cependant pas guidé par des motifs extrêmement nobles lorsqu’il combat Boo, Cell, Freezer et compagnie : tout ce qui compte pour lui, c’est la bagarre.

Désireux de constamment repousser les limites de son pouvoir, il voit chaque nouvel adversaire comme une opportunité de progresser. Rien à foutre des milliards de vies en péril.

Certes, quand les coups commencent à pleuvoir il sait se montrer loyal et courageux, mais un tel degré d’égoïsme colle mal avec l’image que l’on se fait d’un héros au cœur pur.

Bourrin et pas franchement fute-fute donc, entre ses combats, il ne tient franchement ni du père, ni du mari idéal, lui qui met un point d’honneur à ne pas bosser et néglige du mieux qu’il peut sa femme (de son propre aveu « il ne l’embrasse jamais »).

Impossible enfin de ne pas mentionner l’épisode final de DBZnotre alpha bêta abandonne sans préavis sa petite famille pour aller entraîner Uub, un jeune garçon qu’il vient à peine de rencontrer.

James Bond

Relique de l’ancien monde, l’agent le moins secret de Sa Majesté ne serait-il au fond que la vision fantasmée d’une masculinité rétrograde et toxique ?

C’est en tout cas ce que Daniel Craig tend à penser, lui qui en interview l’a qualifié à plusieurs reprises de « misogyne ».

Et encore, l’ami James s’est considérablement assagi en comparaison de ses jeunes années jeunes années, où, sûr de sa virilité, il n’hésitait pas à lever la main sur la gent féminine et ne se préoccupait pas nécessairement plus que ça du consentement de ses partenaires (Pussy Galore).

Ajoutez à cela que côté boulot, le bilan n’est également pas fameux.

Bras armé d’un ancien empire colonial qui s’obstine à vouloir dominer ses anciens vassaux, non content de dépenser allégrement l’argent du contribuable pour s’enquiller Martini sur Martini dans des hôtels de luxe, lorsque M lui fait repasser les tests du programme 00 dans Skyfall, il se foire dans les grandes largeurs.

Ou pour à nouveau citer Craig, qui décidément ne porte pas le personnage dans son cœur, à la question de savoir ce que Bond est susceptible de nous apprendre pour améliorer le quotidien, ce dernier répond sans ambages « rien ».

Ross dans « Friends »

Dieu que le temps a été cruel avec nos six amis. Aujourd’hui voués aux gémonies du politiquement correct, de toute la bande, c’est Ross dont le cas s’est le plus aggravé.

Là où le sarcastique Chandler et le séducteur Joey ne cherchaient pas à être autre chose que ce qu’ils étaient, Ross jouait en effet constamment double jeu, consacrant toute son énergie pour essayer de passer pour un mec bien aux yeux d’autrui.

Archétype du « nice guy », il était au fond un petit type mal assuré, envieux et frustré… comme tous les « nice guys ».

Prenez son plan pour conquérir Rachel. Dix saisons durant, plutôt que de démontrer sa valeur, il a tenté de saboter dans son dos chacune de ses relations, pour ensuite tenter de lui servir opportunément de bouée de secours.

Manipulateur, il était en sus extrêmement possessif. Sitôt Rachel rencontrant un début de succès professionnel, il ouvrait grand les vannes de la négativité, qu’il s’agisse de lui reprocher de travailler dans le milieu de la mode, de la faire culpabiliser de ne plus avoir de temps pour lui, ou de l’empêcher de réaliser son rêve de vivre à Paris (sic).

Plus de quinze ans après la diffusion du dernier épisode de la série, que les scénaristes aient eu l’outrecuidance de les faire finir ensemble constitue l’une des pires leçons de séduction jamais données.

Marcus Burnett et Mike Lowrey dans « Bad Boys »

Haut la main, les pires flics de Miami. Là où Will Smith se comporte en enfant gâté confondant son job avec un tour de manège, Martin Lawrence passe lui son temps à mentir comme un arracheur de dents à sa femme, à sa hiérarchie et au témoin qu’il est censé protéger.

Franchement incompétents sur la procédure, ils s’autorisent à pénétrer par effraction sur le lieu d’un meurtre (à quoi bon solliciter un mandat ou appeler leurs collègues de la scientifique quand on peut manipuler des preuves à moins nues ?), exhibent leurs flingues à la moindre contrariété (y compris chez l’épicier du coin), piratent les fichiers informatiques du commissariat à l’aide d’un détenu, et provoquent des fusillades en plein jour au mépris de la vie des honnêtes citoyens.

Jamais bien loin de la bavure, ils finissent par abattre le grand méchant, alors qu’ils auraient simplement dû lui passer les menottes et vérifier qu’il n’avait plus d’arme sur lui.

Ne leur manque pour boucler la boucle que de tabasser un George Floyd entre deux blagues racistes faites à leurs collègues latinos.

Tous les Jedi

Loin de nous de défendre l’idée que les Sith sont des chics types, mais chez les illuminés de la Force ça cloche un peu beaucoup.

Illustrations de l’adage qui veut que le chemin vers l’enfer soit pavé de bonnes intentions, sous couvert d’un droit du sang (le taux de midi-chlorians) et d’une philosophie des rapports humains particulièrement tarabiscotée (le refus de toute émotion), ils se persuadent depuis toujours de leur supériorité morale.

Plus secte qu’ordre spirituel, ils s’autorisent ainsi tous les écarts.

Ils manipulent à volonté (coucou Obi-Wan, coucou Yoda), forment des enfants soldats qu’ils arrachent à leurs parents, commanditent des assassinats en dehors de toute juridiction… tout cela pour garantir la survie d’une République en déliquescence, garante de leurs privilèges.

Sont-ils pour autant des sales types ? Pour reprendre les mots de ce bonimenteur d’Obi-Wan après que Luke lui a reproché de ne pas lui avoir dit la vérité sur son père, « c’est une question de point de vue ».

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