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8 Mile : Mais à quoi ressemblerait la suite du classique d’Eminem ?

8 Mile : Mais à quoi ressemblerait la suite du classique d’Eminem ?

Pour célébrer les 20 ans de ce classique du cinéma musical, on a laissé parler notre imagination pour vous écrire une ébauche de ce à quoi pourrait ressembler le scénario d’un éventuel 8 Mile 2.

Si vous êtes fan d’Eminem, il est impossible que vous soyez passés à côté de 8 Mile, le premier film avec le rappeur de Détroit à l’affiche. Sorti partout dans le monde en 2002, ce drame musical semi-autobiographique raconte les aventures de B-Rabbit, l’alter ego fictif de Marshall Mathers. Un personnage dont l’histoire a été grandement inspirée par la jeunesse troublée de ce dernier entre les murs de la Motor City ainsi que de son début de carrière chaotique dans le rap.

Pourquoi nous vous en reparlons aujourd’hui ? Simplement parce que le long-métrage oscarisé de Chris Hanson vient tout juste de fêter son vingtième anniversaire. A partir de là, on aurait pu la jouer classique en signant une énième chronique élogieuse qui reviendrait sur les mille et une raisons de son succès critique et commercial, mais non. Au lieu de ça, on a choisi de faire preuve d’originalité en vous faisant voyager dans le monde merveilleux de la fiction

Dans la mesure où le producteur Mike WiLL-Made It appelait récemment Eminem à donner suite à 8 Mile, en axant le propos sur son histoire « quand il a signé son contrat et que les choses ont commencé », on s’est lancé le défi un peu fou de répondre à sa demande. Comment, me direz vous. Et bien en imaginant modestement la suite des aventures de B-Rabbit dans un potentiel 8 Mile 2.

Souvenez-vous : après avoir pris sa revanche contre le dénommé Clarence, B-Rabbit ne prend pas la grosse tête et ne célèbre pas sa victoire. Il ne veut pas non plus quitter sa ville pour courir après les contrats et les groupies. Au lieu de ça, il décide humblement de retourner travailler avec la ferme intention de « tracer sa propre voie ». Des mots énigmatiques et une fin ouverte laissant libre court à l’interprétation de chacun…

Petit disclaimer avant de commencer : scénariste de long-métrage, c’est un métier à part entière et en tant que journaliste, je n’ai pas la prétention d’en être un, ni de chercher à me mesurer aux plus grands auteurs d’Hollywood. Il s’agira surtout ici d’une occasion de s’amuser en spéculant sur ce qui aurait pu se passer après la joute victorieuse de Jimmy Smith contre le sulfureux Papa Doc. (Ne venez pas crier au spoiler, le film est sorti depuis 20 ans !) Soyez donc prévenu : ce que vous vous apprêtez à lire n’est qu’une fiction librement inspirée du véritable parcours d’Eminem dans le rap. Maintenant que les choses sont claires, on peut commencer. 

Quel scénario pour 8 Mile 2 ?

Jimmy le sait bien : gagner un battle à l’échelle locale lui a peut-être offert le respect de son quartier, mais ce n’est pas suffisant pour espérer aspirer à une grande carrière, surtout quand on est un rappeur blanc dans les années 90. Pour l’heure, ses priorités restent les mêmes : survivre à la morosité de son quotidien et subvenir aux besoins de sa petite sœur Lily. 

Ce nouveau film s’ouvre alors sur un plan montrant Jimmy Smith qui travaille toujours à l’usine, à la sueur de son front. Les jours se suivent et se ressemblent et pour ne pas tomber cinglé à cause du bruit assourdissant et incessant des machines, il a toujours son casque sur les oreilles. Ce jour-là, il écoute le morceau Reckless d’Ice-T issu de la BO du film Breakin pour entretenir sa motivation. En parallèle de son dur labeur au quotidien, il se démène pour donner à sa petite sœur adorée un cadre familial décent, si tenté que vivre dans une roulotte avec une mère alcoolique le permet. A côté de ça, B-Rabbit n’a bien entendu pas raccroché et pour sortir la tête de l’eau, il prend bien soin de parfaire ses talents de MC quand le temps lui permet. 

Pendant qu’il débite le dernier texte qu’il a gratté dans sa voiture sur l’instru de Protect Ya Neck du Wu-Tang Clan, son ami Future, l’animateur qui a hosté quelques semaines plus tôt son triomphe contre Papa Doc au Shelter passe par là. En entendant le dernier seize de son pote, il est encore plus convaincu que celui-ci a les épaules suffisamment larges pour réussir dans le rap. Il va alors tout faire pour aider son pote à enregistrer un premier album.

Au fond de lui, Jimmy Smith en rêve : En parallèle de sa vie familiale tumultueuse et de son train-train ouvrier morose à Détroit, il a continué de défendre son titre de champion dans différents terrains de battle de la ville. Au fil des victoires, il s’est offert quelques passages à la radio locale (Chez Bushman et Lisa Lisa entre autres) et avec ses économies emmagasinées au taf et ses quelques victoires rémunérées, a rassemblé les moyens de se payer quelques sessions studio. Cerise sur le gâteau, grâce au réseau de son pote Future, il peut travailler sur sa première mixtape avec de vrais producteurs professionnels.

Après des années de galères, les étoiles semblent s’aligner tranquillement et le nouveau roi du 313 commence à se forger une petite réputation in the D. Cela même si dans la ville subsistent encore quelques groupes refusant de lui donner du crédit à cause de sa couleur de peau. Conséquence : les retombées financières de son projet, aussi bon soit-il, ne suffisent pas à couvrir les frais investis et ses producteurs se voient contraints de mettre un terme à son contrat. 

Piégé dans ce trou à rats qu’est 8 Mile, le jeune MC désespère d’un jour pouvoir en sortir et est à deux doigts de tout laisser tomber après ce nouvel échec. Épris d’une envie de mettre fin à ses jours, il se résigne, sauvé par l’amour qu’il porte à Lily, sa petite sœur. Alors qu’il s’apprêtait à passer à l’acte, il ne peut se résoudre à la laisser seule en proie à l’éducation toxique de sa mère toujours aussi ravagée par les drogues et l’alcool.  

La fin de la galère… Ou pas totalement

Le ciel s’éclaircit lorsque quelques jours plus tard, son bro Future lui demande de le suivre jusqu’au Hip-Hop Shop, disquaire et lieu de battle historique de Détroit. Contre toute attente, il y retrouve toute sa clique du premier film : Sol Georges, Cheddar Bob, qui s’est bien remis de sa blessure à l’entre-jambe et DJ Iz. Tout le monde a le sourire puisque Future apporte une grande nouvelle. A force de graviter autour des DJ et animateurs radios de la ville, il est rentré en contact avec Sally Night, l’une des plus grandes conseillères juridiques du business de la musique des années 90

Future explique qu’il lui a fait passer la démo de Jimmy et celle-ci, sûre de son talent, lui offre une possibilité de participer aux Rap Olympics, une compétition de joutes verbales façon « jeux Olympiques » du rap qu’elle a elle-même créé en 1993. Quatre ans plus tard, à l’époque de notre récit, l’événement annuel vient d’être relocalisé à Los Angeles et se déroulera le 24 octobre 1997, près de l’aéroport LAX. On y est, malgré l’échec cuisant de son premier album, B Rabbit a obtenu son ticket pour la cité des Anges.  

Alors que les esprits s’enflamment, Future précise néanmoins que le gagnant de ce contest n’obtiendra aucun deal en maison de disques, mais plutôt 500 dollars et une Rolex. Qu’importe le prix à la clef, notre MC challenger est reboosté et prêt à en découdre. Il croit en ses capacités et voit cette nouvelle opportunité comme un moyen de faire valoir son talent au-delà de ses frontières.

C’est ainsi que le film nous raconterait les premières péripéties de notre battle rapper incarné par Eminem en dehors de la ville principale du Michigan. Arrivé dans les terres sacrées de la g-funk, il serait alors confronté à la réalité du terrain. Avec lui, le spectateur serait transporté dans les coulisses de la west coast à son âge d’or.

A son arrivée à LA, il finit par rencontrer en personne son ange gardienne, celle qui lui permet enfin d’avancer, à savoir Sally Knight. En marge des rap Olympics qui se dérouleront dans quelques jours, elle convie le rappeur à une session radio dans les studios de l’antenne locale 92.3 The Beat, cette même radio où se rendait Biggie pour une interview le soir de sa mort quelques mois plus tôt, le 9 mars 1997. 

Arrivé sur place, Rabbit y rencontrera plusieurs de ses futurs adversaires dans les studios. Évidemment, quand il débarque avec son crew face à une escouade de MC, son souci de crédibilité lui revient de plein fouet dans la figure. Les esprits s’échauffent avec celui qui semble être le boss de la seconde équipe, l’enfant du pays, un membre des Bloods dénommé Juicy Eyes. 

Pendant l’interview radio, les rivalités se dessinent et les coups bas vont s’enchaîner entre les deux groupes jusqu’à la veille des Rap Olympics. Jimmy Smith et sa bande seront même victimes d’un drive-by, une tentative d’intimidation menée par Juicy Eyes en personne et mise en scène comme celle qui a coûté la vie à Tupac une année en arrière. Fort heureusement cette fois-là, aucun blessé n’est à déplorer dans le camp du 313 et Rabbit en ressort galvanisé. 

Celui qui quelques années plus tôt vomissait d’angoisse les spaghettis de sa mère avant de monter sur scène n’est plus le même. Ce traumatisme va le faire passer en mode Berzerk. Un état de rage tel qu’on pourrait le penser possédé par un alter ego démoniaque. Avec un tel état d’esprit, il est désormais sûr qu’il va écraser ses concurrents jusqu’au dernier. Pour l’honneur du 313 et pour rendre fière sa petite sœur, il compte bien triompher et faire résonner son rap de LA jusqu’à 8 Mile.

Le jour J, Jimmy n’a jamais été aussi prêt. Après tout, ce n’est pas la première fois qu’il est sujet à une telle pression. Les souvenirs de ses battles précédents et de sa première grande victoire face à Papa Doc ressurgissent dans sa tête et le MC a bien conscience que ses adversaires ne vont pas se gêner pour l’attaquer sur sa crédibilité et sa couleur de peau. A ce jeu-là, il est rodé et n’attend plus que de rentrer dans l’arène.

C’est ainsi que notre protagoniste va sans peine parvenir à se hisser jusqu’en finale et sans réelle surprise, il va se retrouver opposé à son bourreau Juicy Eyes. Comme on pouvait s’y attendre, les deux MC’s vont se livrer un duel d’anthologie dans la plus pure tradition du hip-hop. Malheureusement, arrivé à deux manches partout, la désillusion sera totale du côté des Detroiters lorsque le héros local se verra finalement mis KO au dernier round de la confrontation

La pilule est difficile à avaler, mais B Rabbit, bon joueur reconnaît la victoire de son adversaire. Déçu malgré tout, il quitte la salle comme un prince et rentre à Détroit avec les siens. Ce qu’il ignore à ce moment, c’est qu’en repartant des Rap Olympics la boule au ventre, il a fait tomber par inadvertance un exemplaire de sa dernière démo enregistré lors de son séjour à LA. Une démo qui par le plus grand des hasards sera ramassée par Evan Bogart & Dean Geistlinger, un directeur artistique et un stagiaire de chez Interscope.

L’arrivée de Dr. Dre

Les jours passent et Jimmy a retrouvé son train de vie pénible dans la roulotte de sa mère. Mais alors qu’il rentre chez lui après une énième journée éreintante à l’usine de tôle de voitures, il apprend que lui et sa famille seront expulsés de leur logement dès le lendemain. S’ensuit alors une violente dispute avec sa mère qui finit par claquer la porte. De son côté, la rage au ventre, il s’enferme le casque sur les oreilles, en écoutant Keep Ya Head Up de Tupac. 

Le morceau est si fort qu’il n’entend pas le téléphone sonner. C’est finalement Lily, qui a assisté impuissante à l’embrouille entre sa mère et son frère qui décroche le combiné. « Quelqu’un veut te parler… », lance alors la jeune fille à son frangin avant que celui-ci ne prenne l’appel les yeux plein de haine envers sa génitrice. « Yo B Rabbit, c’est Dre, Dr. Dre., deux gars de mon label ont été bluffé par ta performance au Rap Olympics et m’ont donné ta démo. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, je veux te signer. »

C’est sur cette scène que le film se termine… Enfin presque puisque après le générique, il y a une scène post crédit intitulée « 25 ans plus tard ». Nous sommes en 2022 et après une carrière couronnée de succès sous la houlette de Dr. Dre, B Rabbit vient d’être intronisé par son mentor Dr. Dre, ses potes de toujours du 313, Sally Night et sa petite sœur devenue grande, au Rock and Roll Hall of Fame aux côtés les plus grandes légende de la musique. Fin.

Les Stans les plus hardcore d’Eminem auront sans doute capté toutes les références à sa propre carrière ainsi que toutes les libertés d’adaptation prises pour élaborer cette fiction. Et histoire de pousser le délire encore plus loin, on a même concocté une BO de seize titres, à l’image de celle façonnée pour le véritable film 8 Mile. Une fois encore, tout n’est que pure invention et fruit de multiples fantasmes rapologiques, mais de vous à moi, ça sera toujours plus généreux qui l’édition anniversaire proposée à l’occasion des vingt ans du film original par le vrai Slim Shady. 

Bonus : Tracklist de Music from and Inspired by the Motion Picture 8 Mile 2

01 – No Pain, No Gain (Eminem)
02 – Family First (Eminem Feat. Dr. Dre, 50 Cent & Dej Loaf)
03 – Cloudy Sunday in Détroit (Eminem Feat. Royce Da 5’9”, Trick Trick & Lizzo)
04 – Motor City (Eminem Feat. Royce Da 5’9”, Big Sean, Elzhi & Guily Simpson)

05 – From The D to LA (Eminem Feat. Dr. Dre)

06 – West Coast Forever (Eminem Feat. Dr. Dre, Snoop Dogg & Nate Dogg)

07 – Wrath of Rabbit  (Eminem & Freddie Gibbs)
08 – Freestyle Radio 92.3 The Beat (Eminem)
09 – Call of Duty (Eminem Feat. LL Cool J & Tech N9ne)

10  – Favourite White Boy (Eminem Feat. 50 Cent)
11 – Hip Hop Student (Eminem Feat. Westside Boogie & Grip)
12 – Back to 8 Mile (Eminem)
13 – Tears of Despair (Eminem Feat. Skylar Grey)
14 – Keep Ya Head Up (2Pac cover by Eminem)
15 – Olympic Dreams (Eminem Feat. J. Cole & Kendrick Lamar)
16 –  Hall of Fame (Eminem)

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