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Du 77 au Madison Square Garden : Bastien Martinez, représentant de la boxe française à New York

Du 77 au Madison Square Garden : Bastien Martinez, représentant de la boxe française à New York

Réussir ou mourir, c’est le titre du film retraçant la vie de 50 Cent mais aussi la devise de Bastien Martinez. À 25 ans, ce boxeur français a tout quitté pour réaliser son rêve : devenir professionnel aux États-Unis, temple du noble art. Dans la nuit de ce jeudi 11 avril, il affronte Christopher Houston au Madison Square Garden en finale des Rings Masters, anciennement Golden Gloves. Cela représente l’opportunité d’une vie dans le tournoi amateur le plus prestigieux de New York. 

S’éloigner des bagarres

Avant d’atteindre le mythique Madison Square Garden, Bastien Martinez a parcouru du chemin, entre dévouement, sacrifice et passion. Après des aventures contrastées dans le football et dans le judo, le natif de Melun (Seine-et-Marne) se prend de passion pour la boxe au moment de souffler sur sa quinzième bougie. Il y trouve tout ce qu’il lui fallait pour s’éloigner des bagarres : de l’exigence et une dévotion bénéfique à son bien-être. 

Pourtant, ses débuts ne sont pas idylliques puisque Bastien Martinez est contraint de s’entraîner partiellement sur des parkings. Durant les vacances scolaires, les salles associatives dans lesquelles il pratiquait fermaient. « C’était assez rustique, mais suffisant pour me faire comprendre que la boxe n’était pas un hasard », confie-t-il. 

Un an après l’obtention de son baccalauréat, il quitte l’Île-de-France pour la Côte d’Azur, plus précisément Nice et ses beaux paysages, dans le cadre de ses études. Bastien Martinez ne met pas pour autant la boxe de côté puisqu’il devient champion universitaire et champion d’Île-de-France en 2017 dans sa catégorie fétiche -60kg (132 pounds). 

C’est en mars 2020 que le destin décide de lui envoyer un message. « Je suis tombé sur un article dans un journal racontant l’histoire de deux boxeurs provenant de Seine-et-Marne, mon département, à New York. Ils allaient boxer au Madison Square Garden. J’ai toujours eu en tête de partir aux États-Unis. Il me fallait le retour de ces deux gars pour avoir un premier contact sur place. »

Début de l’histoire avec Boxing Culture

L’un des deux boxeurs français que mentionne Bastien Martinez n’est autre que Fred Julan. Il est tout simplement le premier sportif tricolore à remporter le tournoi Daily News New York Golden Gloves en 2013. C’est aussi le fondateur de Boxing Culture, une plateforme venant en aide aux boxeurs français avec des stages, des programmes d’entraînement et du contenu éducatif pour faire franchir un palier mental aux athlètes. « Fred m’a proposé de venir à New York pour faire un tour des salles de boxe locales. Le Covid est arrivé et mon départ a été reporté. Lorsque les frontières ont rouvert, je suis parti six semaines en stage avec Boxing Culture afin d’être sûr de mon choix d’aller vivre sur place, loin de ma famille. J’y ai directement vécu des expériences incroyables. J’ai pu mettre les gants avec Gervonta Davis (Champion IBF et WBA des poids super-plumes ainsi que WBA des poids légers et super-légers) lors d’un sparring. Je savais que j’étais au bon endroit, au bon moment. »

Après un stage concluant, Bastien Martinez débarque définitivement dans la Big Apple en novembre 2022 avec un visa étudiant. Quelques mois plus tard, il lance sa chaîne Youtube (il comptabilise près de 2 000 abonnées actuellement) et réalise son premier combat à New York dans une catégorie au-dessus de la sienne (-64kg). Malgré un duel équilibré, le résultat n’est pas au rendez-vous. Surtout, il est confronté à la dure réalité du terrain : les Américains ne lui feront aucun cadeau. « Lorsque t’es étranger à New York, tu n’as pas le droit à l’erreur et il ne faut pas que le duel soit serré. Le combattant local sera toujours favorisé par les juges. Il n’y a pas d’impartialité », regrette-t-il. 

Crédit Photo : Ed Alvarez

Forcément déçu, Bastien Martinez ne se morfond pas pour autant et se concentre sur la suite. Vient alors l’opportunité d’affronter Koby Williams, invaincu en -64kg, considéré comme le « chouchou de New York » et le meilleur boxeur amateur dans toutes les catégories de la ville. Sans aucune contestation, il s’incline. Avec une deuxième défaite en autant de combat, Bastien Martinez connaît un important coup d’arrêt. Ces échecs résonnent en lui et se transforment en une remise en question fondamentale. Quels sont les problèmes ? Est-ce une histoire de niveau ? Non, il est persuadé d’être à la hauteur. « Je me suis rendu compte que je ne m’entraînais pas assez intelligemment. Premier ajustement, je retourne dans ma catégorie originelle, à savoir 60 kg. Ensuite, je change de salle pour rejoindre celle de Fred Julan. Sur place, il me coache avec Chris Lukusa. »

Le vrai commencement de son aventure

Les semaines passent et les litres de sueur tombent. Après une préparation exigeante, il s’offre un premier succès symbolique. En juillet 2023, Bastien Martinez décroche la ceinture du tournoi de New York sous les yeux de Madonna et Carmelo Anthony au Classic Car Club de Manhattan. Il gagne enfin en reconnaissance Outre-Atlantique et apporte de la crédibilité à son projet. « Je me suis toujours promis d’être à la hauteur de mes sacrifices. Je ne peux pas partir à New York et échouer sur place. Ce serait un manque de respect envers ma famille. »

Bastien Martinez arrive aux Rings Masters avec de grandes ambitions. Sa progression est sur une pente ascendante. Après une nette victoire en quart-de-finale du tournoi, il retrouve son plus grand ennemi, Koby Williams avec à la clé une finale au Madison Square Garden. Pour mettre fin à l’invincibilité de son adversaire, Bastien Martinez prend un virage à 180 degrés et va jusqu’à changer sa manière de boxer. Un choix payant. « Je passe de contreur à artificier. Dès le premier round, je le touche sévèrement. Suite à ce coup, il s’est fait compter. Il a passé le reste du combat à m’accrocher. J’ai gagné par décision unanime. Personne ne s’attendait à ce que je le batte. J’étais le moins bien placé pour réaliser cette performance. »

En l’espace d’un an et demi, Bastien Martinez a atteint l’un de ses rêves : enfiler les gants au Madison Square Garden. « J’ai travaillé dur pour en arriver là. Je suis fier de moi, mais ce n’est pas un aboutissement, seulement une étape. » Déjà tourné vers la suite, il affrontera dans la nuit de ce jeudi 11 avril, Christopher Houston pour un second titre aux États-Unis. « Je pars en guerre », livre-t-il. En gagnant les Rings Masters, il pourrait accéder aux Golden Gloves of America organisé à Détroit (du 11 au 18 mai prochain) et rejoindre l’équipe olympique de New York.

Le face-off face à Christipher Houston en conférence de presse.

Son objectif de passer professionnel sur le sol américain ne serait plus qu’un simple détail. « Mon but est de me faire un nom en amateur afin de me créer un entourage pour réussir en professionnel avec le soutien de promoteurs et de sponsors. Actuellement, je pourrais devenir professionnel, mais tout n’est pas réuni pour construire ma carrière. Je préfère prendre mon temps. » Pour rappel, Bastien Martinez est à l’écoute des sponsors pour accompagner son ascension.

Bastien Martinez est en mission pour hisser le drapeau français au sommet et rendre fière sa famille. Il n’y a plus qu’à.

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