Rap US

Il y a 20 ans sortait Life After Death de Notorious B.I.G. [CHRONIQUE]

Il y a 20 ans sortait Life After Death de Notorious B.I.G. [CHRONIQUE]

Chronique anniversaire de ce second et dernier album du rappeur de légende qui n’a rien perdu de sa force et de son éclat…

À bien des égards Ready To Die le premier effort solo de Notorious B.I.G. sorti en 1994 est un disque parfait. Et comme c’est souvent le cas, une telle entrée en matière tend à obscurcir la suite de la discographie d’un artiste. Dans le rap, cela s’appelle le syndrome Illmatic (ou Enter the Wu-Tang).

Si Life After Death a connu un succès commercial sans précédent (l’album appartient au club très fermé des certifiés Diamants, 10 millions d’exemplaires vendus sur le sol US), dans la mémoire collective il souffre de la comparaison avec son prédécesseur et reste considéré un ton en dessous.

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Quitte à faire tousser quelques gardiens du temple, cette réputation n’est pourtant pas des plus justifiées.

Ceux qui ont cherché ou cherchent encore dans LAD une suite de RTD font fausse route : certes les deux opus constituent les deux faces d’une même pièce (ou les deux facettes d’un même rappeur pour être plus exact), certes ils se complètent et se renvoient la balle, mais ils ne s’écoutent cependant pas de la même oreille.

Là ou Ready To Die suinte le bitume et la vie dure, Life After Death dégouline le clinquant et la grandiloquence mafieuse.

Une ambition artistique assumée dès les premières notes, l’introduction de La Vie Après La Mort s’ouvrant en effet là où la dernière piste de Prêt À Mourrir, Suicidal Thoughts, s’achevait : sur le décès Biggie.

Nul ne sait si l’on assiste ensuite à sa résurrection au paradis du gangstérisme ou au déroulement d’une réalité alternative dans laquelle ses ambitions les plus folles prennent corps. Toujours est-il que dès le premier morceau Somebody Gotta Die l’humeur se veut à la démesure matérialiste (« I’m sitting in the crib dreaming about Leer jets and coupes ») et au macabre.

[Cette évolution s’observe également dans le style vestimentaire du rappeur qui passe des bérets Kangols, des sweats Coogie et du pager accroché au baggy jean, à des costumes de Don choisis comme s’il se rendait à des funérailles.]

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À partir de là s’enchaînent alors sans discontinuer des courts métrages sonores tous plus rocambolesques les uns que les autres contés par le flow virtuose du maitre des lieux – du deal de drogue foireux sur Nigga Bleed, à l’adultère qui tourne à la séquestration sur I Got a Story To Tell, en passant par ses fiévreux Ten Crack Commandments.

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À la mise en scène, le flamboyant Puff Daddy (jamais aussi bon que lorsqu’il s’agit de balancer des ad-libs sans la moindre sobriété) perfectionne la formule qui a fait son immense succès à l’époque : transformer des hits piochés dans le catalogue des années 80 en tubes rap des années 90 – avec en tête de gondole l’exubérant Mo Money Mo Problems qui sample l’hymne coming out de Diana Ross.

Chacun des invités convié au casting de ce blockbuster (112, Jay-Z, Lil’ Kim, Mase, Bone Thugs-n-Harmony, Too $hort, R. Kelly, The LOX…) essaye bon gré mal gré de tirer son épingle du jeu sans jamais parvenir à faire de l’ombre à l’imposant monarque newyorkais.

[Nas et certains membres du Wu Tang prennent d’ailleurs au passage quelques piques subliminales sur le nez.]

B.I.G. se permet même une incursion dans les ambiances californiennes avec le très G-funk qui Going Back to Cali qui en manque pas piquant vu le contexte – la guerre des côtes que se mène son label Bad Boy et celui de son meilleur ennemi Tupac Shakur, Death Row.

Et puis malgré toute cette effusion de rimes et d’égo, Life Atfer Death se conclut presque malgré lui par un trio de titres aussi paranoïaques que prophétiques.

My Downfall, Long Kiss Goodnight et You’re Nobody (Til Somebody Kills You) résonnent encore aujourd’hui sombres et funestes à souhait : quand sort Life After Death, la réalité a rejoint la fiction depuis 16 jours déjà.

Depuis ce 9 mars 1997 où au feu rouge d’un carrefour de Los Angeles, quatre balles tirées par un inconnu traversent la porte du SUV de Christopher Wallace pour le toucher de plein fouet. Il décède quelques heures plus tard à l’âge de 24 ans.

Si le monde du rap ne s’est jamais vraiment remis de cette disparition, reste que pour ses membres les plus valeureux, il existe bel et bien une vie après la mort : la postérité.

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