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The Chronic de Dr. Dre fête ses 30 ans : toutes les références de l’époque expliquées !

The Chronic de Dr. Dre fête ses 30 ans : toutes les références de l’époque expliquées !

« T’as la ref’ ? » c’est la série qui revient sur les références disséminées au sein des plus grands albums de rap. Des plus évidentes au plus surprenantes, des plus saugrenues aux plus pointues. Bref, si vous n’avez pas la ref’, vous allez l’avoir…

The Chronic ou le disque qui a fait basculer le rap dans l’ère de la musicalité.

Synthétiseurs, basses lourdes, instrumentation live… le 15 décembre 1992 marque un avant et un après en termes en production.

Et comme si ce n’était pas assez, le bon docteur Young a habillé son premier solo de toute une imagerie qui colle parfaitement à cette vibe nouvelle, transformant la ville de Los Angeles en antre du gangstérisme et de l’hédonisme.

L’un dans l’autre, The Chronic se révèle donc incroyablement facile d’accès tout en étant truffé de détails qui s’apprécient à chaque écoute un peu plus.

Largement de quoi donner envie de se replonger dans cette époque bénie, non ?

Les feuilles à rouler Zig-Zag

La ref’ ? La pochette de l’album qui imite le logo de la marque

En 1853, l’Empire français, le Royaume-Uni et le royaume de Sardaigne s’allient pour aller en découdre avec l’Empire Russe qu’ils soupçonnent de vouloir envahir l’Empire ottoman. Ainsi débute la guerre de Crimée qui se terminera trois ans plus tard.

Lors du siège de Sébastopol (1854-1855), une ville du sud-ouest de la péninsule de la Crimée, la légende raconte qu’un soldat français membre du régiment des zouaves (ces unités d’infanterie légère recrutées au sein de l’Empire colonial d’Afrique du Nord) s’assit pour fumer. Sur le point d’allumer sa pipe, cette dernière fut traversée par une balle ennemie.

Lui vint alors l’idée de récupérer son tabac et de le rouler dans une feuille de papier.

À la fin du siècle, deux frères originaires de Thonon-les-Bains, Jacques et Maurice Braunstein, perfectionnèrent le concept en mettant au point un papier à rouler spécialement conçu à cet effet dont les feuilles s’entrelaçaient entre elles – d’où le nom de la marque, d’où le logo qui rend hommage audit soldat.

Entreprise française jusqu’en 2000, Zig-Zag a depuis été revendu à un consortium américain.

Notez que la marque n’est name droppé qu’une petite fois de tout The Chronic, et qui plus est, non pas par Dr. Dre, mais pas RBX (« Now, get me a motherfuckin’ Zig-Zag and we’re straight » sur The Roach).

George Clinton

La ref’ ? Les samples de Fuck Wit Dre Day, Let Me Ride, The Roach et Bitches Ain’t Shit, les « Bow-wow-wow /yippie-yo-yippie-yay » de Snoop Doggy Dogg sur Fuck With Dre Day

Sans le leader des Parliament et des Funkadelic, c’est peu dire que The Chonic aurait sonné très (très) différemment.

Inventeur dans les années 70 du P-Funk (la contraction de Parliament et Funkadelic), ce dérivé du funk mélange de rock progressif et de soul enregistré sous acide, son nom apparaît à onze reprises dans les crédits – ne serait-ce que Fuck With Dre Day échantillonne cinq de ses morceaux !

L’histoire d’amour se poursuivra notamment avec les incroyables prod’ de Can’t C Me de 2Pac et Who Am I (What’s My Name)? de Snoop.

Tim Dog

La ref ? Le second couplet de Fuck With Dre Day (And Everybody’s Celebratin’) qui lui est entièrement dédié.

Rempli jusqu’à ras bord de menaces de relations homosexuelles non consenties à l’encontre du binôme Eazy-E/Jerry Heller et de Luke Skyywalker du 2 Live Crew, le second single de The Chronic n’en oublie pas de tirer à boulets rouges sur le new-yorkais Tim Dog.

Son tort ? Avoir un an plus tôt déclaré la guerre à toute la côte ouest avec son brûlot Fuck Compton dans lequel il accusait ses représentants de voler la vedette à la côte est de travestir « le vrai rap ».

Cette irrévérence lui vaut de se faire insulter dans les grandes largeurs par Snoop, tandis que sa mère se fait traiter de « gouinasse LGBT » (« ‘Frisco-dyke ») et accuser à demi-mot d’avoir le Sida…

Tim Dog répliquera ensuite avec Dog Baby et Bitch with a Perm, avant de tomber dans l’oubli.

Il est décédé en 2013.

La Chevrolet Impala 1964

La ref’ ? Le clip et les paroles de Let Me Ride (« As I groove in my four on D’s, hittin’ the switches », « Rollin’ in my six-four»…).

Née en 1958, la Chevy Impala est à l’origine destinée à un usage familial. Au fil des générations, ses lignes sont cependant redessinées pour lui donner une allure plus ronde et dynamique, attirant là un nouveau public.

De toutes les déclinaisons, c’est celle de 1964 qui devient rapidement la plus convoitée en raison de ses innombrables possibilités de customisation.

Niveau look, la carrosserie, les pneus (les fameux « D’s », alias les Dayton Tires) ou les jantes sont très facilement interchangeables. Niveau conduite, l’espace offert par le coffre permet d’installer un système de suspensions hydrauliques afin de modifier la hauteur de conduite via des commandes installées sur le tableau de bord (« hittin’ the switches »).

Notez toutefois que si la mode des lowriders a été popularisée par les gangsta rappeurs, tout comme leur style vestimentaire (bandanas, pantalon Dickies, chemises à carreaux…), ce sont leurs voisins chicanos qui ont initié le mouvement (eux parlent de « ranflas »).

Le parrain de la mafia John Gotti

La ref’ ? « Un coup de fil et mes renois arrivent comme les Gotti boys » dans Let Me Ride

Boss de la famille Gambino dans les années 80, il était tantôt surnommé le ‘Dapper Don’ pour la flamboyance de son style, tantôt le ‘Teflon Don’ pour son habileté à échapper aux mailles de la justice.

Adepte de l’adage « mieux vivre un an comme un lion que cent comme un agneau », il mettait un point d’honneur à parader dans les rues de New-York telle une célébrité.

Chevelure argentée, costumes croisés sur-mesure, chemises en soie, cravates à 400$… plus encore que la figure du dernier grand parrain, John Gotti est avec le temps devenu une figure de la pop culture.

Et tant pis si c’est précisément ce folklore autour de sa « persona » qui lui vaudra de finir ses jours dans une cellule de deux mètres sur trois.

Sa biographie, c’est ici.

Les émeutes de Los Angeles d’avril 1992

La ref’ ? Les extraits du documentaire Birth Of A Nation 4-29-92 qui entrecoupent The Day the Niggaz Took Over et Lil’ Ghetto Boy.

3 mars 1991. Rodney King, un automobiliste noir, est arrêté par quatre policiers blancs. Ivre, coupable d’excès de vitesse, de délit de fuite et de refus d’obtempérer, il est plaqué au sol et reçoit plus de 50 coups de matraques.

La scène est filmée par un habitant du quartier

Le 29 avril 1992, un jury de Los Angeles acquitte lesdits policiers.

Sitôt le verdict connu, les ghettos noirs et latinos de la ville s’embrasent. S’ensuivent six jours d’émeutes au cours desquels 63 personnes trouvent la mort, 2 383 sont blessées et 1 200 arrêtés.

En parallèle, plus de 2 000 commerces tenus par la communauté coréenne sont mis à sac.

Présent sur les lieux, Matthew McDaniel s’immerge en direct au sein de ce chaos sans autre moyen que sa caméra. Le résultat s’appelle Birth Of A Nation 4-29-92, un témoignage unique en son genre.

Bien que The Chronic ne soit pas engagé pour un sou, en 2012, McDaniel louait l’album pour son réalisme.

« The Chronic est une archive audio. Certes, il y a une grosse part de créativité et de divertissement, et certains peuvent penser que c’est mal de faire ça, mais c’est de l’art, de la poésie. The Chronic permet de s’immerger en plein cœur des émeutes, de les ressentir au plus près. »

The D.O.C.

La ref’ ? « Like my nigga D.O.C., no one can do it better » dans Nuthin’ But a G Thang

Tracy Lynn Curry ou le seul rappeur à avoir enregistré un album produit de A à Z par Dr. Dre, No One Can Do It Better sorti en 1988 sur Ruthless Records.

Certifié platine, il n’a cependant pas le temps de savourer son succès : quelques mois plus tard, il est victime d’un accident de voiture qui lui broie les cordes vocales.

Sur son lit d’hôpital, son ancien garde du corps, un certain Marion ‘Suge’ Knight, le convainc alors de quitter Ruthless pour l’aider à fonder un label rien qu’à eux, Death Row Records.

Reconverti en ghostwriteur, The D.O.C. participe abondamment à l’écriture de The Chronic.

Auteur du couplet de Dr. Dre sur Nuthin’ But a G Thang, il ne résiste ainsi pas au plaisir de mentionner leur collaboration passée. Mieux, dans le clip, lorsque Dre prononce son nom, il apparaît à l’écran au même moment (le type avec la casquette blanche, NDLR).

La pornstar Mercedes Ashley

La ref’ ? Le passage ci-dessus du clip Nuthin’ But a G Thang

La fille qui tombe le haut malgré elle lors de la partie de volleyball, c’est elle (Latin Adultery 12, Putas mexicanas de la calle, Secret Bisexual Stories, Double Air Bags 10…).

Aujourd’hui âgée de 52 ans, Mercedes est toujours active dans le milieu, quand bien même elle a délaissé les plateaux de tournage pour se concentrer sur son site internet (vidéo à la demande, sexting, simulation au téléphone…).

PS : les plus nostalgiques peuvent la booker pour un enterrement de vie de garçon.

Le boxeur Evander Hollyfield

La ref’ ? « And that’s realer than Real-Deal Holyfield/And now you hookers and hoes know how I feel » dans Nuthin’ But a G Thang

Quatre ans avant de se faire dévorer l’oreille par Mike Tyson, Evander Holyfield, 30 ans, était déjà un boxeur de classe mondiale, détenteur des ceintures WBA, WBC et IBF chez les lourds.

Ironiquement, après avoir remporté 28 victoires de rang, il est défait pour la toute première fois le 13 décembre 1992, deux jours avant la sortie de The Chronic.

Donny Hataway

La ref’ ? Le refrain de Lil Ghetto Boy

Contrairement à une rengaine qui a la vie dure (et à des vidéos Youtube mal taguées), Nate Dogg n’est absolument pas l’auteur du refrain de Lil Ghetto Boy.

Inspiré du Little Ghetto Boy de 1972 Donny Hataway (le sample, plus le thème), le Lil Ghetto Boy de 1992 de Dr. Dre reprend en effet les vocaux d’Hataway.

Chanteur soul des seventies, il est resté dans le mémoire pour son timbre de voix chaud et profond, ses duos avec Roberta Flack et sa mort tragique dans un accès de folie à 33 ans à peine.

Sa trop courte carrière ne l’a néanmoins pas empêché d’influencer jusqu’à aujourd’hui encore quantité de chanteurs et chanteuses (Amy Winehouse, Stevie Wonder, Anthony Hamilton, George Benson, Justin Timberlake, Alicia Keys…).

Lil ½ Dead

La ref’ ? « Je suis dans une cellule pour deux avec mon homie Lil 1/2 Dead » dans Lil Ghetto Boy

Second couteau de la scène West Coast des années 90, il est l’auteur de deux albums assez injustement passés sous le radar, l’excellent The Dead Has Arisen en 1994 et Steel on a Mission en 1996, qui tous deux poussent à fond la vibe G-funk (grosses sirènes, lyrics de gangbanger et lazy flow).

Lil ½ Dead disparaît ensuite complètement (la rumeur veut qu’il ait pris en grippe le gangsta rap), avant de revenir en 2012 avec un troisième opus intitulé Dead Serious.

Cousin de Snoop (et de ce fait cousin de Nate Dogg, RBX et Daz), il fût un temps où ce dernier le citait régulièrement dans ses lyrics (en 1999 sur Fuck You le Grand Iench’ racontait qu’il « posait sa teub sur la tête des bitches », en 2001 il le dédicaçait au côté de Shaquille O’Neal sur Hennesey N Buddah….).

The Mack

La ref’ ? L’intro de Rat-Tat-Tat-Tat qui reprend sur fond de Brother’s Gonna Work It Out de Willie Hutch un dialogue entre le personnage principal, Goldie, un maquereau, et son frère, Olinga, un militant noir nationaliste, qui tente de le convaincre de se mettre au service de sa communauté.

Film culte de la blaxploitation, The Mack de Michael Campus suit les pérégrinations de John ‘Goldie’ Mickens (Max Julien), un dealeur de seconde zone tout juste libéré de prison après avoir passé cinq ans à l’ombre.

Désireux de se refaire, il apprend les ficelles du proxénétisme (contrôler l’esprit, garder les filles fauchées…), et devient rapidement l’un des trafiquants de chair les plus en vue de sa ville.

Si tout ça se termine évidemment très mal, son ascension exerce néanmoins une forme de fascination, quand bien même son activité est l’une de plus répugnantes qui soit – lire à ce sujet Pimp, mémoires d’un maquereau d’Iceberg Slim.

R.E.P. Max Julien qui nous a quittés ce 1er janvier à 88 ans.

Le jeu télévisé The $20,000 Pyramid

La ref’ ? L’interlude The $20 Sack Pyramid où sont conviés Snoop et D.O.C.

Créé dans les années 70 aux États-Unis, il mettait en scène deux binômes où chacun devait faire deviner à son partenaire un mot sans le prononcer.

Très populaire, le concept a été ensuite décliné sur différentes chaînes avec à chaque fois des sommes à gagner de plus en plus importantes – la version actuelle diffusée depuis 2016 sur ABC offre jusqu’à 100 000 dollars de récompense.

[Notez que chez Dre il est question d’empocher un sac d’herbe et un coupon de 35 dollars à dépenser au marché de Compton.]

The $20,000 Pyramid a également été adapté dans nos contrées de 1991 à 2003. Rebaptisé Pyramide, le programme a dernièrement refait l’actualité pour son supposé racisme lorsqu’ont ressurgi des images d’archives où l’une des présentatrices étaient la cible de blagues sur sa couleur de peau.

Le pistolet mitrailleur MAC-10

La ref’ ? « And I’m strapped with a semi-tone milli-ten Mac » dans Lyrical Gang Bang

New-York 1997, Scarface, Commando, Robocop, Le Syndicat du crime 2, Boyz N the Hood, El Mariachi, No Country for Old Men… pour peu que vous ayez laissé traîner un œil distrait sur l’un de ces films, vous êtes forcément tombé dessus.

Star des écrans depuis sa commercialisation en 1964, le Military Armament Corporation Modèle 10 (son nom complet) ne doit toutefois pas être confondu avec le Uzi.

Déjà parce que contrairement à son cousin israélien, le MAC-10 est made in USA, et n’est donc à ce titre pas utilisé exclusivement par les méchants.

Plus sobre dans son design, il est également plus compact, plus léger, tire des cartouches de plus gros calibre, et ce, en plus grande quantité à la minute.

Clairement, Vincent Vega n’avait aucune chance de s’en sortir face à Bruce Willis dans Pulp Fiction.

Kris Kross

La ref’ ? «Not from Kris Kross but they call me Mac Daddy » sur Deez Nuts

Un an avant Dr. Dre, les rois des charts s’appelaient Mac Daddy et Daddy Mac.

Découverts par Jermaine Dupri dans un centre commercial, les deux mini emcees s’imposent en quelques mois à peine comme le plus gros groupe de rap du moment : un tube explosif (Jump), un premier album écoulé à quatre millions d’exemplaires (Totally Krossed Out), un jeu vidéo sur Mega Drive (Kris Kross: Make My Video), la première partie du Dangerous World Tour de Michael Jackson…

On vous raconte tout dans notre épisode dédié de la série Ce jour où.

La marijuana

La ref’ ? « Cannabis Sativa or in the heart of L.A. known as the chronic » sur The Roach

Impossible de conclure ce papier sans mentionner l’herbe verte, et plus particulièrement cette variété mythique qu’est la chronic.

Enfin, pas si mythique que ça puisqu’il s’agit en réalité de l’hydroponic, une herbe somme toute banale cultivée en intérieur.

Initié aux joies du calumet de la paix par Snoop peu de temps avant l’enregistrement de l’album, Dre a tout simplement repris le surnom que le Grand Chien lui donnait, « hydroCHRONIC », pour titrer son opus.

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À LIRE AUSSI : L’ABÉCÉDAIRE DE DR.DRE

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