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Le Blueprint de Jay Z : le 11 septembre, Michael Jackson et Michael Jordan

Le Blueprint de Jay Z : le 11 septembre, Michael Jackson et Michael Jordan

« T’as la ref’ ? » c’est la série qui revient sur les références disséminées au sein des plus grands albums de rap. Des plus évidentes au plus surprenantes, des plus saugrenues aux plus pointues. Bref, si vous n’avez pas la ref’, vous allez l’avoir…

The Blueprint, l’album qui a survécu au 11 septembre 2001.

Ou pour citer Jay Z un an plus tard sur The Bounce : « On dit du Blueprint qu’il est un classique/Ben Laden n’a rien pu faire/Le 11 septembre marquera à jamais le début du règne du révolutionnaire Jay Guevara ».

Géopolitique et débat sur son statut mis à part (lire à ce sujet notre chronique du sol au plafond), ce sixième solo de Shawn Carter s’écoute de son propre aveu comme une collection de « ses pensées du moment » (« Yeah, just my thoughts (…) what I’m feelin’ at the time »).

Enregistré en deux petites semaines, il brasse donc quantité de références difficilement compréhensibles pour qui n’a pas connu l’époque.

Pas de panique, les voici décortiquées en long, en large et en travers.

« Pour la culture »

Les thugs du sud londonien

La ref’ ? La pochette de l’album qui reprend un cliché sur lequel apparaît l’ancien gangster Dave Courtney en train de donner une conférence à des étudiants d’Oxford

Comme pour toutes les précédentes pochettes d’album de Jay Z (Reasonable Doubt/la trilogie Life/The Dynasty: Roc La Familia), on retrouve la légende du game Jonathan Mannion à la manœuvre (la baraque d’Eminem de The Marshall Mathers LP c’est lui, DMX dans la baignoire remplie de sang de Flesh Of My Flesh, Blood Of My Blood c’est lui, The Game assis sur la pile de pneus Daytona de The Documentary c’est encore lui…).

Pour Blueprint, il s’est inspiré d’une photo extraite de The Firm, un livre du photographe de mode et documentariste anglais Jocelyn Bain Hogg qui plonge dans les méandres du crime organisé du South London.

Bien évidemment, Jay a rajouté sa touche en s’habillant d’une veste Rocawear et en remplaçant le téléphone sur le bureau par un microphone.

Qu’il soit ici vu en train de galvaniser ses troupes ou de faire la leçon à ses compétiteurs dépendra de l’interprétation de chacun.

Slick Rick

La ref’ ? La très martiale entrée en matière The Ruler’s Back dont le titre rend hommage au morceau du même nom du rappeur à l’éternel bandeau sur l’œil

Et oui, il s’agit bien d’un hommage et non d’un plagiat, comme Jay l’a confié en interview pour XXL : « The Great Adventures of Slick Rick est l’un des plus grands albums jamais enregistrés. Je voulais lui rendre hommage car je suis amoureux de cette culture, vraiment. Ce peut être parfois à mon détriment et il arrive que je sois critiqué pour ça, mais il est important de respecter la culture. »

Pour les plus jeunes, Slick Rick peut à la fois être considéré comme le roi du storytelling et le roi du bling-bling depuis 1988, date de son premier album, The Great Adventures of Slick Rick.

Malheureusement pour lui, une sombre affaire de tentative de meurtre doublée de multiples soucis avec les services d’immigration (il est d’origine britannique) l’ont empêché d’avoir la carrière qui aurait dû être la sienne.

Amil

La ref’ ? « F*ckin with me, you gotta drop Amil » sur The Ruler’s Back

Jamais timide quand il s’agit de mentionner dans ses textes les membres de Roc-A-Fella, Jay Z nous renseigne par un subtil jeu de mots (« Amil/A million ») qu’il a rendu son contrat à son ancien featuring préféré du crew (Can I Get A, Hey Papi, Jigga What, Jigga Who…).

Depuis, pour celle par l’intermédiaire de qui son patron a rencontré Beyoncé, c’est le calme plat.

Idem pour les binômes Oschino & Sparks et Mickey & Mallory entendus plus tard sur All I Need, à ceci près qu’ils n’ont eux même pas eu droit à une ligne quand est venu leur tour de passer à la compta.

Le producteur Lance Rivera

La ref’ ? « I’m too sexy for jail (…) Mr. District Attorney, I’m not sure if they told you/I’m on TV every day, where the fuck could I go to? » sur The Ruler’s Back

2 décembre 1999. Alors que son très attendu Vol. 3… Life and Times of S. Carter vient d’être piraté à quelques jours de sa sortie, Jay Z croise dans une soirée le prétendu responsable de cette fuite, un certain Lance ‘Un’ Rivera.

Pas encore du genre à rapper sur l’art contemporain et à porter des sandales, ni une ni deux, il s’approche de lui entouré de ses gars, et le plante de deux coups de couteau à l’épaule et à l’abdomen.

Libéré sous caution après s’être rendu de lui-même aux autorités le lendemain matin, Jay Z ne fait pas pour autant profil bas lors des deux ans que vont durer la procédure.

Cf. son duo avec R. Kelly au titre évocateur, Guilty Until Proven Innocent, ou cette ligne lâchée à quelques semaines à peine de son procès dans laquelle il rappelle au procureur « qu’il est trop sexy pour la prison », « qu’il passe tous les jours à la télé » et « qu’il n’a l’intention d’aller nulle part ».

Face à tant d’insolence, la justice ne le condamnera qu’à trois années de mise à l’épreuve.

Au-delà de sa personne, cette décision, couplée à l’acquittement de Puff Daddy dans une affaire de fusillade, marque pour de bon l’entrée du rap dans l’ère corporate.

On vous raconte tout dans le détail dans l’épisode dédié de notre série Ce jour où.

Rosa Parks

La ref’ ? « I’m representin’ for the seat where Rosa Parks sat » sur The Ruler’s Back

Décidément quelle intro.

Fréquemment décrié pour son apolitisme et son rap champagne, Jay Z name droppe celle qui un jour d’avril 1955 « posa son cul où elle le voulut » dixit Booba en refusant de céder sa place à un passager blanc dans un autobus.

Comme d’autres avant elles, ce geste lui valut d’écoper d’une amende de 15 dollars. Rosa Parks refusa néanmoins de s’en acquitter, déclenchant là une vague de protestation inédite dans tous les États-Unis.

Un an plus tard, la Cour suprême déclarera ainsi anticonstitutionnelles les lois ségrégationnistes dans les bus.

Karl Kani

La ref’ ? « Nigga, you a lame, you’s the fag model for Karl Kani, Esco ads » sur Takeover

Parmi l’avalanche de crottes de nez envoyées à Nas (sur sa discographie sujette à caution, sur sa street crédibilité, sur son garde du corps qui rappe mieux que lui…), Jay Z le raille pour avoir « fait la tarlouze chez Karl Kani ».

Niveau mauvaise foi, voilà un sommet : passe encore que la marque XXXL a autrefois engagé 2Pac et Notorious B.I.G. comme modèles, mais à la même période Jay posait lui aussi (et dans les mêmes positions) pour sa marque Rocawear.

Prodigy

La ref’ ? « Quand je dealais en 88, tu jouais à la ballerine/Je t’ai vu, j’ai les photos » sur Takeover

Cible première de Takeover (le couplet sur Nas n’a été rajouté qu’après coup), la moitié des Mobb Deep a pris cher sur disque comme sur scène.

Lors du festival Hot 97’s 2001 Summer Jam qui se déroulait en amont, Jay Z l’a en effet affiché en dévoilant à la surprise générale la photo ci-dessus qui le montre enfant en train de prendre un cours de danse.

Rien de bien méchant en soi, si ce n’est que dans un monde sans internet, la rumeur a très longtemps couru que Pee portait un tutu.

Bo Dereck

La ref’ ? « Il y a cette meuf française qui adore le French kiss/Elle se prend pour Bo Derek avec ses cheveux en twist » sur Girls, Girls, Girls

Actrice et playmate américaine, elle tourne en 1979 dans 10, l’histoire d’une fille qui « sur une échelle de un à dix mérite un onze ».

Le rôle est resté dans les mémoires (le film moins), notamment pour sa petite foulée en bord de mer rythmé par le Boléro de Ravel, ainsi que pour ses braids blondes qui lui allaient si bien.

Amis de la cancel culture, il n’est pas trop tard pour vous donner bonne conscience sur les réseaux pour dénoncer cette grossière tentative d’appropriation culturelle.

Evisu

La ref’ ? « Hov, and so I breeze through, jeans is Evisu » sur Jigga That Nigga

Comme aujourd’hui AMIRI ou hier True Religion, Evisu Genes étaient au début du siècle la marque de fringues pref’ des rappeurs US.

Fondée en 1991 par le japonais Hidehiko Yamane, son nom renvoie à la divinité shintoïste de la pêche et de la prospérité, Ebisu.

Reconnaissable entre mille pour ses grands M peints à l’arrière de ses jeans (qui étaient en réalité des silhouettes de mouette), Evisu comptait parmi ses ambassadeurs les plus ardents les sudistes Lil Wayne, T.I., Young Jeezy… et Beyoncé, qui, dans le clip de Lose My Breath en 2004, remuait son derrière dans un taille basse brut dont les coutures étaient rudement mises à l’épreuve.

Joie de la cohérence, avec le retour en grâce de la marque depuis quelques saisons (merci Travis Scott, merci Lil Uzi Vert), Evisu s’est retrouvé à nouveau référencé par les Carter en 2018 (« I got M’s like the back of Evisu » dans leur morceau commun Apeshit).

Dapper Dan

La ref’ ? « Wear a G on my chest, I don’t need Dapper Dan » sur U Don’t Know

« Dapper Dan c’est le blueprint de la mode dans la culture rap. C’est lui qui a montré la marche à suivre dans le ghetto et chez les célébrités. »

Ça, c’est ce qu’écrivait Missy Elliot en 2020 dans le top 100 des personnalités les plus influentes de la planète du TIME.

Connu dans les années 80 pour customiser n’importe quel vêtement avec des logos de marques de luxe, si Dapper Dan a pourtant longtemps fait office de paria dans le petit milieu de la mode (il lui a fallu attendre 2018 pour que Gucci, sa marque fétiche, daigne enfin lui proposer une collaboration en bonne et due forme), il a toujours été une star dans le rap.

Jay Z joue ainsi sur sa réputation et le double sens de la lettre G en clamant : 1) qu’il porte du Gucci acheté en magasin, pas de la contrefaçon 2) qu’il est un vrai gangster et n’a à ce titre pas besoin d’en faire des caisses.

Sam Bowie

La ref’ ? « I ball for real, y’all niggas is Sam Bowie/And with the third pick, I made the earth sick » sur Hola Hovito

Une liste aussi longue que les Twins Towers étaient hautes serait nécessaire pour répertorier toutes les fois où Jay Z a mentionné Michael Jordan au micro.

L’autoproclamé « Mike Jordan of recordin’ » s’amuse ici sans la citer à comparer la concurrence au pire choix de draft de l’histoire du basket-ball (car choisi en 1984 juste avant MJ), puis, dresse un parallèle entre la troisième position de His Airness et le carton de son troisième album, Vol. 2… Hard Knock Life, vendu à 5 millions d’exemplaires.

Michael Jackson

La ref’ ? Izzo (H.O.V.A.) qui sample I Want You Back des Jackson 5… et les chœurs de Girls, Girls, Girls 1 & 2 Michael vient pousser la chansonnette sans être crédité !

Lorsqu’un album convie MJ, le roi des basketteurs, et MJ, le roi de la pop, difficile de lui refuser le statut de classique, non ?

Les Princes de la ville

La ref’ ? « Ma musique détonne comme les Vatos Locos » sur Hola Hovito

Sorti dans les salles obscures en 1993, le film de Taylor Hackford (Ray, L’associé du diable…) conte le destin de Cruz, Paco et Miklo, trois cousins originaires du barilllo de Est Los Angeles.

Sincèrement liés mais pourvus de caractères antagonistes, nos « vatos locos » empruntent chacun des chemins de vies fort différents (guerre des gangs, prison, héroïne…).

Fresque de 180 minutes sur la famille, l’honneur, la revanche et le pardon, si Blood In Blood Out (le titre en V.O.) n’est pas le chef-d’œuvre que certains prétendent, il se laisse revoir avec plaisir.

Franck Sinatra

La ref’ ? « I’m the compadre, the Sinatra of my day/Ol’ Blue Eyes, my nigga, I did it my way » sur Hola Hovito

La toute première fois que Jay s’imagine dans la peau du crooneur aux yeux bleus, mais pas la dernière.

Dès 2002, il remet le couvert sur Blueprint 2 en reprenant sans pression son plus gros tube, My Way (qui lui-même reprenait Comme d’habitude de notre Claude François national), puis, en 2009, lui pique le célèbre « Since I made it here, I can make it anywhere » de son hymne New York, New York pour son hymne Empire State of Mind.

Les Fat Boys

La ref’ ? « First the Fat Boys break up, now every day I wake up somebody got a problem with Hov » sur Ain’t No Love (Heart Of The City)

Et encore une rime à tiroirs de Jay Z.

Outre le fait de rendre hommage à l’un des groupes de rap les plus populaires des années 80 (deux disques d’or, un disque de platine, une campagne de publicité pour Swatch, une apparition dans Miami Vice…), elle sert de clin d’œil à une réplique de Chris Rock dans Boomerang, une comédie romantique de 1992 avec Eddie Murphy, Martin Lawrence et Halle Berry.

Richard Pryor

La ref’ ? «Then Richard Pryor go and burn up » sur Ain’t No Love (Heart Of The City)

Sans lui, Chris Tucker, Chris Rock et Kevin Hart bosseraient au McDonald’s.

Standupper extrêmement populaire au sein de la communauté afro-américaine dans les années 70/80, entre son énergie et son franc-parler, Jerry Seinfeld le surnommait « le Picasso des humoristes ».

Jay Z fait allusion à l’un des faits divers les plus WTF de sa biographie, quand, en 1980, des passants hallucinés l’ont vu courir en flammes dans les rues de Los Angeles.

Accro à la cocaïne free-base, il avait tenté de mettre fin à ses jours lors d’un accès de démence. Des années plus tard, il est revenu sur l’incident dans un sketch.

La vodka Armadale

La ref’ ? « Drink Army from one cup, pass it around the room » sur Never Change

Bien avant Ace of Spades, il y a eu Armadale, une vodka écossaise dont le crew Roc-A-Fella était particulièrement friand.

Sauf que bon, Dame Dash n’a très vite pas supporté de leur faire de la pub gratuitement. En 2002 il s’est ainsi porté acquéreur des droits de distribution de la marque en Amérique du Nord.

Le move était à bien des égards visionnaire (aucun rappeur n’avait à l’instant T eu l’idée d’investir dans les spiritueux), peut-être même un peu trop, Armadale n’ayant pas réussi à devenir un Ciroc ou un Belaire avant l’heure.

Biggie

La ref’ ? « Le CD de Me & My Bitch qui tourne en boucle/ En train de regarder Bonnie and Clyde et de se prendre pour eux » sur Song Cry

Bien évidemment, pas d’album de Jay Z sans moult emprunts à Notorious B.I.G.voir cette vidéo pour vous en convaincre

Ou pour citer Nas sur Ether : « How much of Biggie’s rhymes is gon’ come out your fat lips nigga? »

Douzième piste de Ready To Die, Me & My Bitch storytelle une romance aussi drama que ghetto qui se termine dans les cris et les larmes.

L’ex de Jennifer Lopez

La ref’ ? « Shut your bumba’, I got A-Rod numbers » sur All I Need

Minute culture générale : avant de retourner dans les bras de Ben Affleck, la divine J.Lo était en ménage avec un certain Alex Rodriguez, alias A-Rod, un ancien baseballeur.

Et avant d’être connu pour être le mec d’avant de J.Lo, Alex Rodriguez avait signé en 2001 le contrat le plus lucratif de l’histoire du sport professionnel en s’engageant pour 10 saisons avec les New York Yankees à hauteur de 252 millions de dollars.

Willie Beamen

La ref’ ? « J’ai des potes qui se gerbent dessus comme Willie Beamen » sur All I Need

Sport toujours, deux ans plus tôt, sortait L’Enfer du dimanche d’Oliver Stone, le meilleur film de football américain de tous les temps.

Jaimie Foxx y tenait le rôle de Willie Beamen, un jeune quaterback. Cousin éloigné de Dominique Farrugia dans La Cité de la peur, sous l’effet du stress, il avait la manie de vomir en plein match.

Sinon, et ça n’a pas grand-chose à voir, en dehors des plateaux de tournage, Jaimie Foxx concourt avec Denzel Washington au titre de meilleur imitateur de Jay Z (mais aussi de Mike Tyson, de Pharrell, de Kanye West et de tant d’autres).

Reasonable Doubt

La ref’ ? « Reasonable Doubt, un classique, il aurait dû faire triple patine » sur Blueprint (Momma Loves Me)

Son tout premier album. Celui qu’il considère comme son meilleur – en 2013, il classait Blueprint deuxième.

Sorti le 25 juin 1996, il ne s’écoule pourtant qu’à 43 000 petits exemplaires en première semaine et connaît toutes les peines du monde à décrocher l’or.

Déçu par ce résultat, Jay réoriente sa musique dès son essai suivant, In My Lifetime, Vol. 1, en se faisant plus accessible… ce qu’il regrettera amèrement par la suite.

Très attaché à « son bébé », Jay Z retournera d’ailleurs le défendre en tournée pour son dixième anniversaire, non sans s’être auparavant frité avec Dame Dash pour en récupérer les droits quand ce dernier a voulu prendre le contrôle de Roc-A-Fella.

Son grand frère Éric

La ref’ ? « Éric était tellement frais que je lui piquais ses affaires » sur Blueprint (Momma Loves Me)

Hustler en culottes courtes, le jeune Shawn C. commence à dealer du crack à 12 ans. A contrario, son frère Eric, 16 ans, préfère s’adonner aux joies de la pipe.

Lorsqu’un jour il le surprend en train de lui voler l’une de ses bagouzes plaquées or, le futur roi de New York saisit son arme et fait feu.

« J’ai alors cru que ma vie était finie. J’ai cru que j’allais aller en prison pour toujours… C’était terrible. J’étais un garçon, un enfant. J’étais terrifié. »

Fort heureusement, les choses ne se sont pas passées comme ça. Non seulement son frangin ne va pas le poursuivre en justice, mais il va en plus s’excuser pour son comportement lorsque Jay lui rend visite à l’hôpital.

Hov’ fait brièvement allusion à cet incident sur You Must Love me en 1997 : « J’ai vu le diable dans tes yeux, t’étais défoncé et pas à la weed/ Déboussolé, j’ai juste fermé les yeux et pressé la détente ».

Le Marcy Projects

La ref’ ? « Marcy m’a élevé, en bien ou en mal/La rue m’a donné tout ce que j’écris dans cette chanson » sur Blueprint (Momma Loves Me)

Là où tout a commencé pour le fils de Gloria Carter et Adnis Reeves.

Baptisé d’après le nom de l’ancien sénateur, gouverneur et secrétaire d’État William L. Marcy (1786-1857), il se compose de 27 immeubles de six étages (1 705 appartements) construits au sortir de la Seconde guerre mondiale.

Il compte à l’heure actuelle un peu plus de 4 200 habitants.

Le 11 septembre 2001

Excepté la date, existe-t-il un lien entre le Blueprint de Jay Z et la plus grande attaque étrangère jamais perpétrée sur le sol américain ?

Si la concomitance des deux évènements relève bien évidemment du pur hasard, elle n’est cependant pas dénuée d’une forte portée symbolique.

Après quatre albums qui l’ont vu ressasser jusqu’à plus soif son passé de hustler, The Blueprint marque en effet un changement de cap pour Jay-Z, lui qui, désormais trentenaire, se mue véritablement en mogul – fini les histoires de rues et de deals, place aux rimes de notable et aux placements de produits.

Homme d’affaires posant dans le livret une Rolex au poignet et le drapeau US dans la main, il incarne alors on ne peut mieux ce mode vie que détestent tant Ben Laden et ses sbires (ce capitalisme sous stéroïdes aussi arrogant qu’implacable pour les perdants, la réussite individuelle, le matérialisme à outrance…).

Pas de chance pour eux, quelque deux décennies après les faits, le bilan de ce choc culturel est sans appel : outre le fait qu’à l’instant T Jay Z n’ait aucunement souffert de l’effondrement des tours jumelles (The Blueprint s’est écoulé à près d’un demi-million de copies en première semaine), sa réussite est aujourd’hui telle que son nom est devenu dans le monde entier synonyme du rêve américain.

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