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Quand les rappeurs représentent leurs villes : les plus grands hymnes

Quand les rappeurs représentent leurs villes : les plus grands hymnes

Petite visite guidée des mégalopoles les plus célèbres d’Amérique du Nord…

Dans le rap, la géographie c’est important. À la fois motif de fierté, source d’inspiration et signe de ralliement, la ville à laquelle un rappeur est identifié détermine en grande partie son ADN artistique.

Ce lien est d’ailleurs tel qu’il est à peine exagéré d’affirmer que le lieu d’où l’on rappe importe au moins tout autant que ce que l’on rappe.

Preuve en est avec cet article aux faux airs de playlist qui compile une quinzaine de titres aussi chauvins les uns que les autres.

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New York : « Empire State of Mind » de Jay Z featuring Alicia Keys

https://www.youtube.com/watch?v=QsZlY0Vz4-o

Sorti en 2009 sur The Blueprint 3.

Si un article entier aurait sans problème pu être dédié aux morceaux à la gloire des différents quartiers de la Grosse Pomme, quand vient le moment de choisir l’hymne derrière lequel toute la ville se range, il n’y a même pas débat.

Dans la lignée de Frank Sinatra (la rime « Since I made it here, I can make it anywhere » est directement empruntée à son New York, New York), l’homme qui a rendu la casquette des Yankees plus célèbre que les Yankees a non seulement décroché là son premier numéro 1 des charts, mais aussi et surtout, son ticket au patrimoine de la musique américaine.

À en croire Alicia Keys, le pari était cependant loin d’être gagné, elle et Jay s’étant demandés jusqu’au bout s’ils n’avaient pas trop chargé la barque en références.

« En fin de compte tout le monde a tout compris parce que le vrai sujet de la chanson ce n’est pas New York. Le vrai sujet, c’est l’espoir qu’incarne New York. C’est cette chance qui vous est offerte de venir ici et d’accomplir vos rêves. »

Miami : « Miami » de Will Smith

Sorti en 1997 sur Big Willie Style.

Trop souvent omis des récapitulatifs et rétrospectives, à l’orée de sa carrière ciné le Fresh Prince peut se targuer d’avoir réussi à écouler 9 millions d’exemplaires de son tout premier solo.

Son arme secrète ? Des singles très efficaces calibrés pour les radios, à l’image de cette virée sur les terres du Heat et de Tony M. qui, non contente de song jacker sans complexe le tubesque And the Beat Goes On des Whispers et d’emprunter à Nas (?!), joue allégrement la carte du Miami de bande dessinée (« Water so clear, you can see to the bottom/Hundred-thousand dollar cars, e’ybody got em »).

Ajoutez à cela un caméo d’Eva Mendes dans le clip et s’en serait presque à vous faire regretter les années 90.

Pittsburgh : « Black & Yellow » de Wiz Khalifa

Sorti en 2010 sur Rolling Papers.

Black & Yellow ou l’histoire d’un malentendu ?

Au cas où vous vous seriez toujours demandé pourquoi diable le nom de la deuxième ville de Pennsylvanie n’est à aucun moment cité dans le texte, sachez que c’est parce qu’à la base ce dernier a été écrit par Wiz pour vanter… les mérites de sa caisse, une Dodge Challenger Hemi RT jaune rayée noire (« black stripe, yellow paint »).

Ça, et puis aussi le fait que les plus tatillons n’ont pas pu s’empêcher de relever que du drapeau de la ville aux uniformes des Penguins (l’équipe de hockey), Pirates (l’équipe de baseball) et autres Steelers (l’équipe de foot US), ce n’est pas tant le noir et jaune qui prédomine, mais le noir et doré.

Bon après cela n’a pas empêché le single de se vendre à six millions d’exemplaires et de tourner en boucle aujourd’hui encore dans les stades des franchises suscitées.

Toronto : « Know Yourself » de Drake

Sorti en 2015 sur la mixtape If You’re Reading This It’s Too Late.

« J’ai toujours été très envieux de Wiz Khalifa et Black and Yellow. Il a quand même fait chanter sur tous les continents une chanson sur Pittsburgh ! En tant qu’auteur je n’en revenais pas que l’on puisse pondre un hit sur Pittsburgh. Les mecs devaient être tellement fiers… Du coup je me suis promis qu’au cours de ma carrière j’écrirais une chanson qui n’appartiendrait qu’à Toronto tout en pouvant être comprise partout. Know Yourself a ainsi été un sacré accomplissement pour moi. »

Tout est dit non ? Et ce d’autant plus que du jour au lendemain l’expression « runnin’ through the 6 with my woes » était sur toutes les lèvres – le « 6 » renvoie à « T.O.R.O.N.T.O », « woes » en revanche personne n’en ne sait toujours rien.

PS : dans un style complètement différent, sachez que le Drake de 2007 avait déjà timidement tenté l’expérience avec City is Mine

Atlanta : « Welcome to A.T.L » de Jermaine Dupri featuring Ludacris

Sorti en 2001 sur Instructions.

Croyez-le ou non, mais il fut un temps où la capitale de la Géorgie n’était pas la capitale du rap, et où Jermaine Dupri était l’un des producteurs le plus hot du pays.

Désireux d’attirer le chaland dans l’antre des Hawks (la légende des parquets Dominique Wilkins y va d’ailleurs de son caméo dans le clip), il propose son best of des établissements des nuits ouverts jusqu’à huit heures du mat’ où les filles dansent nues et où le lean coule à flot.

Notez qu’il existe également un Coast 2 Coast Remix où P.Diddy, Murphy Lee et Snoop Dogg viennent tour à tour rapper les joies de leurs terroirs.

Chicago : « Homecoming » de Kanye West featuring Chris Martin

Sorti en 2007 sur Graduation.

Reprenant la trame de I Used to Love H.E.R. de Common qui treize ans plus tôt comptait l’évolution d’une amourette avec une fille rencontrée sur les bancs de la maternelle, Kanye retrace tout en métaphore sa relation avec la Windy City.

Il faut croire que ce thème le tenait particulièrement à cœur puisqu’une toute première version de Homecoming avait été enregistrée en 2001 sur sa mixtape Get Well Soon. Baptisée Home (Windy), elle conviait le crooneur John Legend au refrain en lieu et place du chanteur de Coldplay.

Toujours est-il que dans un cas comme dans l’autre, pas sûr que les amateurs de drill y trouvent leur compte.

Saint Louis : « St. Louie » de Nelly

Sorti en 2000 sur Country Grammar.

« What they know ’bout the Lou, huh? »

Nelly Nell’ ou l’homme dont l’histoire du rap se souviendra pour avoir popularisé le flow chantonné, les pansements sur la joue, les jerseys portés à l’envers et STL.

Première piste après l’intro de son carton Country Grammar, St Louie (sic) nous renseigne dans les couplets sur les quelques célébrités du coin (Redd Foxx et Cedric the Entertainer) et les endroits cools où zoner (le centre commercial The Galleria, le parc municipal O’Fallon…), tandis que le refrain est l’occasion de muscler sa street crédibilité.

Non « saïn-te-lou-hé » n’est pas une ville de ploucs : les guns sifflent toute la journée (« na-na-na »), et si certains taffent, d’autres « vendent, fument et b*isent toute la journée ».

La Nouvelle-Orléans : « Nolia Clap » de Juvenile feat Wacko et Skip

Sorti en 2004 sur The Beginning of the End.

Avant Lil Wayne, il y avait JUVE.

Star de l’écurie Cash Money du haut de son hit éternel Back That Azz Up et des quatre millions de copies vendues de 400 Degreez, on lui doit également le titre qui a immortalisé le Magnolia Projects un an avant sa destruction par l’ouragan Katrina en 2005.

Quartier le plus chaud de la ville, « la maison des soldats » (« Nolia, home of the soulja » dans l’argot local) est ici référencé dans ses moindres avenues et recoins.

Bref, ça sent les bastos qui réchauffent le climat et les filles faciles qui la prennent partout… y compris dans le nez et les oreilles (« They take dick in they ear, they take dick up they nose/They take a dick, anywhere your dick can go »).

Cleveland : « East 1999 » des Bone Thugs-N-Harmony

Sorti en 1995 sur E. 1999 Eternal.

« Cleveland is the city where we come from so run, run (run) »

Dignes représentants de C-Town à une époque où Lebron James rentrait tout juste en sixième (lire : à une époque où personne ne savait où placer l’Ohio sur une carte des États-Unis), le quintet découvert par Eazy-E ouvrait son second album avec ce morceau sans refrain qui aujourd’hui encore demeure ce qui se fait de mieux en matière de croisement entre le G-funk et l’horrorcore.

Très, très cool donc, et beaucoup mieux que le suspect Cleveland Is The City sorti sept ans plus tard avec le chanteur pour midinettes Avant au refrain.

Savannah : « West Savannah » de Isaiah Rashad featuring SZA

Sorti en 2014 sur l’EP Cilvia Demo.

Bourgade de moins de 150 000 habitants, « la première ville planifiée des États-Unis » dixit Wikipédia a été mise à l’honneur une première fois par Big Boi d’Outkast en 1998 avec son solo éponyme West Savannah placé sur l’album Aquemini d’OutKast.

L’histoire ne dit pas si Isaiah Rashad savait qu’initialement le morceau avait été prévu pour figurer sur Southernplayalisticadillacmuzik, le premier disque du duo sorti quatre ans plus tôt, mais il l’a courtoisement name droppé au refrain.

Après comme toujours avec le sixième homme du crew TDE, sa musique passe toujours mieux les soirs où ça ne va pas très fort et où les substances sont à portée de main, le thème principal étant ici l’amour dépressif.

Un peu hors sujet donc, mais le track passe crème.

Oakland : « Oakland » de Too Short

Sorti en 1989 sur Life Is…Too Short.

Filou parmi les filous, l’homme aux 19 999 conquêtes n’y va pas par quatre chemins pour louer les vertus de sa commune, alias « the Big Bad O » : n’en déplaise aux voisins L.A. et San Francisco, « straight from the West, Oakland is the best ».

Et tant pis si Dr. Dre et Stephen Curry ont depuis pas mal nuancé la chose…

Detroit : « Detroit vs. Everybody » d’ Eminem, Royce da 5’9″, Big Sean, Danny Brown, Dej Loaf & Trick Trick

Sorti en 2014 sur la compilation Shady XV.

Le posse cut que la Motor City méritait.

Rallié sous la même bannière, tout ce beau monde se remémore façon freestyle ses années de galère, Marshall Mathers en tête qui, fidèle à lui-même, balance qu’il a un jour attaqué sa baby-sitter avec un épluche-légumes.

À ses côtés, Big Sean qui ne s’en sort pas mal du tout ne résiste pas au plaisir de le flatter en évoquant 50 Cent (« Remiscing on listening to 50, 50 times a day »), tandis que Danny Boy qui n’en a plus que jamais rien à foutre de rien oublie d’articuler le moindre mot sur son couplet.

Philadelphie : « Summertime » de DJ Jazzy Jeff & The Fresh Prince

Sorti en 1991 sur Homebase.

Encore Will Smith ? Oui, encore Will Smith, accompagné cette fois-ci du poto Jazz afin d’évoquer les douceurs de l’été avec Philly en toile de fond.

Mélange avant l’heure de It was a Good Day d’Ice Cube et de Nuthin’ But a ‘G’ Thang de Dr. Dre, Summertime fait toutefois l’impasse sur les bandanas rouges et bleus et autres histoires de violence pour se concentrer exclusivement sur le côté feel good de cette période de l’année (la ride, les barbecues, les parties de streetball…).

Trente ans après, le titre passe toujours aussi bien, à tel point que vous pouvez l’écouter en plein mois de décembre et vous y croire pépouze.

Houston : « November 18th » de Drake

Sorti en 2009 sur la mixtape So Far Gone.

Hein ? Dans une ville qui compte dans ses rangs des pointures du calibre de Scarface, Megan Thee Stallion, Travis Scott et dont Slim Thug a en sus pondu Welcome 2 Houston, que vient faire ici le gentil Drizzy ?

Et bien parce que tout fan des Raptors qu’il est, il cultive néanmoins un lien bien particulier avec la patrie des Rockets.

De un, parce que c’est là qu’il a rencontré pour la toute première fois Lil Wayne un certain 18 novembre 2007.

De deux, parce que depuis pas un seul de ses projets ne contient pas une dédicace à la ville qu’il considère comme sa seconde maison (cf. « H-town my second home like I’m James Harden » sur No New Friends).

Et de trois, parce que Drake est un immense fan de feu DJ Screw dont il a exporté ici, quatre ans avant le Purple Swag d’A$AP Rocky, les sonorités chopped & screwed dans tout le pays.

Los Angeles : « To Live & Die in L.A. » de 2Pac

Sorti en 1996 sur l’album posthume The Don Killuminati: The 7 Day Theory.

Ultime single du Californien d’adoption, ce « California Love Part 2 sans cette tarlo*ze de Dre » ne dépeint absolument pas une Cité des Anges où tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Guerre des gangs, drogues, convocations au tribunal, rivalités entre communautés… les problèmes sont là, quand bien même, soleil et G-funk obligent, l’idée est de voir le verre à moitié plein.

Chaîne du Couloir de la Mort autour du cou, ‘Pac passe d’ailleurs la moitié du clip le sourire aux lèvres.

De quoi presque donner envie d’aller passer ses prochaines vacances d’été du côté de Compton et de la LBC.

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