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Mort de Nahel : ses proches à Nanterre racontent le passé du jeune adolescent tué par la police

Mort de Nahel : ses proches à Nanterre racontent le passé du jeune adolescent tué par la police

Alors que la mort de Nahel, tué par un tir policier à Nanterre le 27 juin dernier, secoue le pays et ses quartiers, sa famille et ses amis se souviennent d’un enfant chaleureux et dynamique, élevé seul par sa mère. Depuis deux nuits déjà, de fortes tensions ont éclaté dans plusieurs périphéries françaises, entre les forces de l’ordre et des jeunes en colère. Des sentiments de colère, d’incompréhension, et de tristesse dominent à Nanterre où la mort de Nahel ne passe pas. Témoignages.

« À côté de son insertion par le rugby, le jeune homme était livreur pour se faire un peu d’argent »

Là où les titres sensationnels répandent les mêmes versions policières mensongères en boucle, l’incompréhension gagne du terrain pour les habitants des quartiers, malheureusement habituées aux calomnies proférées depuis ce triste 27 juin à propos du jeune Nahel. Le déchaînement médiatique auquel on assiste ne laisse déjà plus la place ni à la peine ni au deuil.

Entre ceux qui salissent son nom en proférant des inepties sur les jeunes de banlieue en colère et les autres qui fantasment sur ses éventuels antécédents judiciaires : pour beaucoup des proches du jeune homme l’atmosphère est insoutenable. Comme l’impression qu’au milieu de ces débats, on oublie qu’une famille est brisée, des proches abattus, et avec eux une ville entière. Le recueillement par la guerre des versions malgré l’évidence éclatante de la vidéo.

« Nahel, c’était une boule d’énergie. Un rayon de soleil. Il te faisait toujours savoir qu’il t’aimait »

Nahel M. est le fils unique de sa mère Mounia, qui l’élève dans le quartier du Vieux Pont à Nanterre (Hauts-de-Seine). Né en 2006, il suit sa scolarité au collège Jean Perrin puis au lycée Louis-Blériot à Suresnes. Amateur de rugby, il était membre de l’association Ovale Citoyen grâce à laquelle il suivait un programme d’insertion. À côté de ça le jeune homme était livreur de pizzas pour se faire un peu d’argent.

Quand on écoute ses amis, sa famille, Nahel était un adolescent aimant qui vivait au rythme des rires et des bons souvenirs à Nanterre. C’était le fils unique de sa maman, un proche solidaire avec son entourage, un ami apprécié par ses camarades. « Nahel, c’était une boule d’énergie. Un rayon de soleil qui ne dégageait que de la joie et des rires. Si tu faisais partie de son entourage, il te faisait toujours savoir qu’il t’aimait. Très taquin avec tout le monde, il répandait toujours sa bonne humeur », raconte Pedretti, qui a partagé ses années de collège aux côtés de Nahel. « C’était un adolescent respectueux et attachant, plein de générosité. Il était aimé de tout le monde », confie Safya, sa cousine.

« Toute ma vie, j’ai vu sa mère se battre. Elle s’est démenée pour lui, toute seule, pour lui offrir une stabilité »

L’un de ses meilleurs amis, Chems-Edine, lui, n’oubliera jamais la gentillesse de son ami : « Nahel, c’était mon frère. C’était quelqu’un de bien, vraiment bien. Il était déjà très mature pour son âge. Je n’oublierai jamais à quel point il se rendait serviable dans notre quartier, il ne disait jamais non pour aider. Il était très proche de sa mère, leur complicité était incroyable. Toute ma vie, j’ai vu sa mère se battre. Elle s’est démenée pour lui, toute seule, pour lui offrir une stabilité ».

Nahel, sa passion c’était le football. Il passait aussi pas mal de temps, comme les jeunes de son âge, sur les jeux vidéos m’explique Pedretti : « Nahel, ce qui l’animait, c’était le foot. Plus petit, il jouait pour l’ES de Nanterre et il était super bon. Il aimait les jeux vidéos, j’ai en souvenir beaucoup de parties sur Fornite et FIFA ». De son côté, Chems-Edine, se souvient de tous ces moments passés à rigoler ou à s’ennuyer avec Nahel, toujours chez l’un et chez l’autre pour se tenir compagnie, se soutenir : « J’ai mille et un souvenirs avec Nahel. Il avait la main sur le cœur. Quand j’avais des peines, il me forçait à sortir prendre l’air pour taper dans un ballon. »

Son enthousiasme et ses rires resteront gravés dans les cœurs et les esprits des habitants de la ville de Nanterre : « Nombreux sont ceux qui ont des anecdotes avec Nahel. C’est quelqu’un qui va énormément nous manquer. On ne peut qu’espérer que Dieu ouvre les portes du paradis à notre Nehneh… », développe Pedretti.

« Ce que je ressens ? C’est une grosse boule dans la poitrine, de la colère et à la fois de l’incompréhension »

À l’heure tout le monde veut donner son avis, les sentiments cherchent encore leurs places. « Ce que je ressens ? demande Pedretti. C’est une grosse boule dans la poitrine, de la colère et à la fois de l’incompréhension. Il y a deux combats à mener pour Nahel, l’un est dans la rue et l’autre dans les médias. Il y une vidéo, mais pourtant ça n’empêche pas la mauvaise foi sur les plateaux télévision. Puis, quand tu lis des idiots sur Twitter, c’est juste révoltant. » Même discours pour Safya : « Ce que je vois et entends dans la presse, c’est insultant et déplacé. Toute la haine qui est tournée vers Nahel est anormale. »

Au tour de Chems-Edine de conclure : « Le traitement médiatique ne s’intéresse pas à notre vérité, encore moins à la mémoire de notre Nahel. Je ne ressens que de la colère et de la tristesse pour lui, sa mère, pour nous, pour la ville entière. »

Chahinaz Berrandou

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