Chaque période de mercato possède son lot de rumeurs plus ou moins crédibles. Une tendance aujourd’hui généralisée qui possède un intérêt commun pour différents acteurs du monde du football et cela à plusieurs titres. Décryptage des différentes raisons inhérentes à la naissance d’une rumeur et ses multiples conséquences…
L’air n’étant pas du vide, la matière peut se créer sur du vent… La rumeur faisant état d’une arrivée de Neymar au Paris Saint-Germain a viré au véritable feuilleton estival, digne des plus grades séries hollwoodienne. Eclos avant de progressivement prendre du plomb dans l’aile, pour mieux être ravivée par la suite. Un schéma classique tellement répétitif qu’on pourrait le sampler. Rien que cet été, on l’a vu être mis en place pour les cas de Cristiano Ronaldo et de Kylian Mbappé. Pour autant, les deux joueurs resteront dans leur club respectif la saison prochaine, comme dans 90% des cas. Finalement, peu importe si Neymar sera le transfert de l’été ou non, l’essentiel c’est d’en faire parler. Bienvenue dans un monde où ce qui est cru est bien plus important que ce qui est vrai.
Ce fameux « proche » anonyme…
Pour comprendre de quoi est constitué une rumeur, il est important de savoir ce qui en est l’essence, l’origine, la source. La source justement, c’est d’elle d’où tout part, ce fameux « proche », membre de « l’entourage » du joueur ou du club dont il est question. Si la nature humaine n’est pas d’une éthique resplendissante de clartée, il demeure néanmoins peu probable que réside en chacun de nous un traître potentiel sur le point de passer à l’acte. Comprenons bien que dans la majorité des cas, l’information divulguée l’a été volontairement, dans un but et un cadre stratégique très précis. Les footballeurs ne sont pas forcément des prix nobels, mais les enjeux économiques qu’ils représentent font qu’ils sont le plus souvent entourés et donc à l’abri de fautes de communications involontaires. Jusqu’ici, tout se passe comme prévu…
Le concept du média pyromane
Une fois la poudre semée, il suffit d’attendre l’étincelle qui fera que la rumeur va prendre vie et s’enflammer, les médias joueront ce rôle de pyromanes. Avides d’exclusivités et de nouveautés, ces derniers auront le privilège de relayer l’information avant tout le monde. Dans l’urgence, rares sont ceux à recouper leurs éléments afin que l’information soit vérifiée. Là n’est pas le problème, la priorité est qu’elle soit reprise, avec son nom à l’intérieur. A l’heure des réseaux sociaux, certains journalistes diffusent personnellement ces ‘informations’ avant même les structures qui les emploient. Ils obtiennent ainsi notoriété, followers et carnets d’adresses, gages d’indépendance et de proximité avec des intermédiaires qui n’hésiteraient pas à payer pour certains relais à la manière d’un placement produit.
Thèse, antithèse, synthèse
Dans une période creuse comme celle de l’intersaison, le mercato est une aubaine pour des médias qui doivent créer du contenu pour écouler du papiers ou maintenir leur audimat. Il n’est donc pas rare de les voir à l’origine d’une rumeur qu’ils démentiront parfois eux-mêmes quelques jours plus tard. Un déroulement contradictoire en deux temps qui ne représente pas véritablement de risque en terme de crédibilité puisqu’ils jouent sur les deux tableaux, celui de l’info et de la contre-info. Même en cas de maladresse manifeste, les conséquences sont limitées puisqu’une info en chassant une autre, les erreurs tombent d’autant plus vite dans l’oubli. Une sorte de filet de sécurité…
Aime moi si tu peux
Bien évidemment, les rumeurs de transferts n’ont pas pour unique vocation de maintenir l’économie de la presse à flot, ce n’est que la partie emergée de l’iceberg. Bien souvent, les premiers bénéficiaires sont les principaux intéressés, autrement dit les joueurs et leurs agents. Si dans le texte, les footballeurs sont animés par la passion du terrain et l’amour du maillot, dans les faits, les choses sont assez différentes. Que ce soit pour obtenir du temps de jeu, une prolongation, des conditions salariales améliorées ou encore un départ vers une autre formation, les joueurs sont en permanentes négociations avec leurs employeurs, bien aidés dans ce rapport de force par des agents qui ont depuis longtemps compris que les bruits de couloir étaient un excellent moyen de pression.
L’art de la guerre
Le rôle d’un agent est simple, obtenir les meilleures rémunérations possibles pour ceux qu’ils représentent, la sienne en dépendant directement. Que ce soit sur la négociation ou la renégociation d’un contrat, sur l’indemnité de transferts ou sur une prime à la signature, ces intermédiaires touchent un pourcentage non négligeable. Leur but est donc de faire monter les enchères quitte à bluffer lors des négociations. Une partie de poker menteur qui vise à valoriser leurs clients et/ou à déclencher des intérêts. La donne est simple, plus on parle de leurs joueurs, plus ils seront demandés et plus ils auront l’ascendant dans les tractations. Ils ont donc parfois intérêt à diffuser de fausses données ou à aller taper à la porte de clubs potentiellement intéressés, alors qu’un mouvement n’a jamais été d’actualité.
L’instrument « supporters »
Doté d’un pouvoir financier impressionnant, le PSG n’est pas encore un épouvantail pour les cadors européens sur le terrain. Par contre, il déclenche la terreur en matière de transferts et ça tout le monde l’a bien compris. A de nombreuses reprises, les agents les plus influents du monde ont brandi la menace de faire transférer leurs joueurs au PSG et à chaque fois ou presque, ils ont obtenu ce qu’ils attendaient de la part des clubs menacés. Des manoeuvres de déstabilisation qui ne frappent pas que leur cible puisque les supporters des différents clubs vivent au rythmes des annonces faites concernant leurs joueurs favoris. Evidemment, ils n’en ont cure, à nous donc d’être conscients de ce contexte et de nous montrer moins naïfs face au premier scoop venu.
