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Dossier : Paris brûle-t-il ?

Dossier : Paris brûle-t-il ?

Les évènements récents autour du PSG ont quelque peu éclipsé l’obtention du premier titre de champion de France depuis 19 ans…

Après la lumière place à la pénombre. En s’imposant au Stade Gerland sur le score de 1-0 face à l’Olympique Lyonnais grâce à une réalisation de Jérémy Ménez, le PSG a remporté le troisième titre de champion de France de son histoire (après 1986 et 1994), déclenchant alors la liesse de milliers de supporters et les nombreux débordements qui ont suivi. Face à l’ampleur qu’ont pris ces évènements, Booska-P a cherché à disserter sur le sujet à la manière d’une thèse autour de la problématique suivante: La violence est-elle inhérente au Paris Saint-Germain? Afin d’y répondre, nous proposons d’aborder le sujet sous trois angles successifs. Tout d’abord, expliquer le caractère prévisible de tels évènements, ensuite désigner les responsables d’une telle situation pour enfin énoncer les conséquences de ces débordements. Booska-P vous laisse la possibilité d’évoquer la ou les conclusions à en tirer.

I Des évènements prévisibles:

1. Les antécédents:

Avant toute chose il s’agit de rappeler que le problème de la violence autour du club parisien n’est pas nouveau. Depuis plusieurs décennies déjà, des affrontements ont régulièrement lieu dans le Parc des Princes ou à ses alentours, sans compter les nombreuses échauffourées ayant eu lieu lors de déplacements à l’extérieur. Restés longtemps sans réponse de la part du club et des pouvoirs publics, cette violence a mener à un premier mort en février 2006 pour provoquer une première vague d’indignation. Pris à parti alors qu’il tentait de défendre un supporter du Maccabi Tel-Aviv, un policier en civil tir et tue Julien, membre de la tribune Boulogne. Quatre ans plus tard, c’est lors d’une rixe entre membres des tribunes Auteuil et Boulogne lors du classico face à l’OM qu’un autre membre de la tribune Boulogne perd la vie à 37 ans, roué de coups par des opposants arborants pourtant les mêmes couleurs.

2. Le Plan Leproux:

Confronté à cette sanglante réalité, Robin Leproux président désigné depuis 2009, décide de prendre des mesures exceptionnelles en vue d’enrayer cette vague de violence qui entoure le club de la capitale. Le 18 mai 2010, il met en place le plan portant son nom qui, pour éradiquer la violence, supprime purement et simplement les abonnements pour les membres des tribunes Auteuil et Boulogne. Les associations sont dissoutes et certains membres interdits de stade. Suite à ce projet, des milliers de supporters ont déserté et boycotté le Parc des Princes…la violence aussi.

3. La première fois depuis…

Probablement que les décideurs de l’époque pensaient avoir réglé le problème, les nouveaux propriétaires qataris aussi. Pourtant, il n’ont fait que le repousser à l’extérieur du stade. Plusieurs fois, des actes de violence ont eu lieu lors de déplacements non encadrés par le club, à Bilbao notamment. Des signes qui laissaient penser qu’au premier évènement organisé en public, il y aurait des risques importants…Ca n’a pas loupé. Déjà, le soir du titre, plusieurs échauffourées et « casses » ont été à déplorer…prévenant de ce qui allait suivre. Lors de la présentation du trophée, supporters parisiens de tous bords avaient rendez-vous au Trocadéro. Si aucune altercation entre anciens membres des virages n’a été à déplorer, plusieurs incivilités ont provoqué l’annulation de la fête et des évènements qui devaient suivre. Faces à faces entre casseurs et forces de l’ordres ont débouché sur plus de 30 blessés et une cinquantaine d’interpellations…Sans compter les dégâts sur les vitrines et les magasins pillés, ou encore l’envahissement de la zone réservée à la presse…Tout ceci aurait probablement pu être évité.

II Qui sont les responsables:

1. Le mouvement ultras :

Dans la ligne de mire des autorités et dans une moindre mesure de celle du club, les ultras parisiens sont pointés du doigt comme étant les principaux responsables des débordements. Il convient de rappeler que certains supporters, ayant escaladé les échafaudages qui se trouvaient à côté du podium ont déployé une banderole avec inscrit « Liberté pour les Ultras » ce qui crédite cette hypothèse. Pourtant, ces derniers se sont fendu d’un communiqué au sein duquel ils nient très clairement avoir participé à ces évènements. Arguant que les personnes incriminées portaient sur eux des produits du club (maillots, écharpes…) qu’ils avaient eux décidé de boycotter depuis leur exclusion du Parc des Princes.

2. Le préfet de Police de Paris:

Egalement mis en cause, le préfet de police de Paris qui est accusé d’avoir sous-estimé les risques liés à l’organisation d’un tel évènement. Pas moins de 800 policiers étaient présents sur les lieux. Problème de nombre ou d’organisation, ces derniers n’ont jamais semblé en mesure de ramener le calme lorsque la situation a commencé à dégénérer. Le préfet en question, Bernard Boucault réfute lui toute responsabilité en expliquant que les effectifs déployés étaient largement suffisant pour un évènement classé à risques.

3. Le club:

Du côté du club, les membres de la sécurité, composés notamment de stadiers, habitués à avoir affaire avec des supporters parisiens, ont eux aussi semblé impuissants face à l’importance de la foule. Ces derniers ont notamment été débordés par le nombre élevés de personnes à secourir, car blessé ou en malaise. Enfin le choix des dirigeants qataris, concernant l’enceinte du Trocadéro a lui aussi été grandement décrié, notamment par le fait que ce lieu en forme de cuvette n’était pas l’endroit adéquate pour accueillir une foule susceptible d’être peu disciplinée.

III Les conséquences:

1. L’image du club :

Première victime de ces évènements, l’image du PSG a une nouvelle fois été écornée sur le plan national, mais aussi à l’international, les images ayant fait le tour du monde, provoquant la stupéfaction des différents médias, peu habitués à ce genre d’image autour d’une célébration sportive. En acquérant le PSG il y a maintenant deux ans, QSI voulait avant tout créer une firme mondiale, avec une image saine et spectaculaire à travers la planète…c’est raté. Le même week-end, les titres de champions du Bayern Munich, du FC Barcelone et de Manchester United ont été célébré dans une ambiance, chaleureuse, respectueuse et sécurisée…le contraste est saisissant. Néanmoins, il ne faut pas jeter la pierre trop vite au club de la capitale et à ses supporters. En 2010, la célébration du titre de champion de France de l’OM avait lui aussi donné lieux à des scènes de guerre civile. Plus qu’un problème de supporters ou de football, c’est un problème de société qui est posé.

2. Récupération politique:

Comme souvent dans ces cas-là, la médiatisation de ce phénomène profite avant tout à l’extrême droite qui ne se prive pas de lier ces évènements avec l’immigration ou la banlieue…Un raccourci qui trouve pourtant nombre de récepteurs prêt à suivre ce modèle de pensées. Marine le Pen qualifiant notamment de « déferlement de racailles » les effusions de violence dont elle a été indirectement témoins. Face à la pression politique découlant de cette incapacité à assurer la sécurité de tous, le ministre de l’intérieur a déjà annoncé qu’il allait être de plus en plus ferme dans sa politique intérieure.

3. La fête est gâchée:

Première illustration, le repli quasi-immédiat des joueurs qui ne sont pas resté plus de 3 min sur le podium pour communier avec leur public, rapidement remplacés par des CRS et leurs lacrymos. La croisière sur la Seine, prévue dans la foulée a elle été annulée, tout comme la cérémonie devant avoir lieu à la mairie de Paris mercredi dernier. Les responsables politiques ont d’ores et déjà promis qu’aucun évènement concernant le PSG n’aurait plus lieu dans un lieu public jusqu’à nouvel ordre. La fête a été gâchée…et pour longtemps…c’est cher payer, d’autant que ce titre semble en appeler de nombreux autres…

Vivement la cérémonie officielle, samedi soir au Parc des Princes face à Brest…que l’on puisse tourner cette sombre page de l’histoire du PSG…une de plus.

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