Le premier album de 1995, Paris Sud Minute, est dans les bacs. Voici ce que nous en avons pensé.
Il existe deux écoles. Pour commencer, on ne va pas perdre de temps, que ceux que les maxis La source et La suite n’ont pas fait vibrer rebroussent chemin, ils ne porteront pas plus dans leur coeur ce nouveau projet. Pour les autres, ne vous attendez pas à la révolution, ce premier album est dans la continuité des opus précédents. Une fois ce cadre établi on peut désormais s’atteler à creuser plus en profondeur.
1995 arrive à maturité…
Avant tout, Paris Sud Minute est un tsunami de musicalité comme il en existe peu de nos jours dans le petit monde du rap français, une orientation probablement voulue par Hologram LO, qui a composé une grande majorité des titres du projet. Paris Sud Minute se consomme à la manière d’un grand vin arrivé à maturité, labellisé « Cru 1995». Fidèle à son style si singulier, on retrouve avec enthousiasme l’univers dans lequel le collectif nous a fait pénétrer depuis maintenant plusieurs années. En traversant les 17 titres qui composent l’album, on est d’abord marqué par sa densité. Equilibrés et complémentaires, les morceaux s’enchainent naturellement, se tenant parfaitement. Titres après titres on navigue à vue, telle une embarcation se laissant paisiblement porter par le courant dans une atmosphère aussi particulière qu’agréable auditivement. Jamais la douceur des instrumentales ne s’impose au dépend de la rythmique élevée imposée par les MC’s, l’ensemble restant cohérent de bout en bout.
Paname comme terrain de jeu…
Une fois remis de l’effet Jet Lag imposé par la qualité des sonorités Jazz et 90’s invitant au voyage spatio-temporel inverse que celui proposé par Booba, on peut se pencher sur ce qui a donné vit au rap, sa substance, sa raison d’être, les textes. Avant toute chose, l’émotion est au rendez-vous. Etreints de notes positives, les thèmes abordés peuvent se montrer plus ou moins sombres, mais toujours teintés de sincérité. Ecouter Paris Sud Minute, c’est pénétrer dans l’intimité de 1995. On y retrouve le quotidien de la jeunesse de la capitale à travers des thématiques aussi variées touchantes, narré avec plume et habileté par les différents membres du groupe. La morale, les femmes, les tentations et les excès ainsi que les aléas de la vie sont abordés avec la volonté manifeste de coller à la réalité, leur réalité.
Faire du neuf avec du vieux !
Enfermés dans une tendance où l’égotrip et la provocation font la loi, 1995 offre une échappatoire à ceux qui oseraient s’y aventurer. Sceptiques quant à la réussite du groupe, on l’a tous plus ou moins été. Souvent catalogué « Rap de Bobo », peut-être à raison, il n’en reste pas moins que ces 6 là ont su matérialiser leur potentiel pour en faire un alliage de talent. S’ils pouvaient encore avoir le profil de jeunes artistes en devenir, Paris Sud Minute fait indéniablement pénétrer 1995 dans le cercle des artistes confirmés.
