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MRC tacle le destin [PORTRAIT]

MRC tacle le destin [PORTRAIT]

Rencontre avec le rappeur à l’occasion de la sortie de son deuxième album solo, « Zéro Code ».

Voilà deux ans que MRC squatte les charts avec son flow particulier, entre phases rappées et chantonnées. Deux c’est peu, mais voilà, à force d’abnégation et de talent, le rappeur d’origine turque en est déjà à son second album, Zéro Code, qui débarque ce 29 juin. Doté d’une histoire peu commune, celui qui a d’abord fait ses armes sur les pelouses tacle et dribble désormais ses rivaux en musique. Voilà qui valait bien une rencontre dans nos bureaux !

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Déterminé comme un turc

Pour beaucoup, le rap est une question d’étapes. En général, plusieurs stades sont à franchir avant une arrivée sur YouTube et en studio. Pas pour MRC qui a décidé de prendre la voie rapide, le pied bien enfoncé sur l’accélérateur, mais un oeil tout de même vissé sur le compteur. Car s’il va plus vite que tout le monde, le rappeur sait ce qu’il fait. Après seulement deux ans dans le game, le voilà déjà avec deux albums dans sa besace, MRC et désormais Zéro Code : « Je suis du genre à ne pas perdre du temps, c’est vraiment ça. Quand j’ai commencé le rap, j’avais déjà l’idée de faire un album. Quand j’ai sorti mon premier son, Paix sans guerre, ça a pris de l’ampleur et on s’est dit qu’il fallait attaquer. Je voulais un album et là, on arrive avec un deuxième, c’est un plaisir. »

Plus loin, il explique que la vie est un challenge, qu’il relève avec une détermination sans faille : « Chaque fois que j’attaque un truc, je m’y mets à fond, je me focalise sur des objectifs. » Une manière de faire qui lui vient sans doute d’une enfance passée du côté du centre de formation du Racing Club de Strasbourg. S’il travaillait plus à l’impro par le passé, faisait plus confiance à son instinct, le bonhomme dit apprendre de jour en jour. Cramer sa jeunesse avec plus d’une dizaine d’entraînements par semaine, voilà ce qui lui a peut-être fait grandir plus vite. A 22 piges, il clame avoir compris ce qu’est la vie. Au vu de son parcours, force est de constater que MRC sait où il va.

Au début, mes proches voulaient que je continue le football. Mais ils ont compris, le succès venant, que j’avais fait le bon choix

Pourtant, tout n’a pas été aussi simple au début, comme il nous le rappelle. Le football et le rap, deux univers bien distincts pour ses proches : « Au début, mes proches voulaient que je continue le football. Mais ils ont compris, le succès venant, que j’avais fait le bon choix. En vérité, je me suis encouragé moi-même dans un premier temps. » Sa force, il la tient d’un mental à toute épreuve, mais aussi d’une communauté toujours présente à ses côtés. La Turquie, souvent citée dans ses sons, n’oublie pas son artiste grâce à une diaspora au rendez-vous : « Ma communauté c’est une dinguerie (rires). Dès que je suis en festival ou en concert, ils sont super nombreux. Pas seulement les Turques, tu peux y voir tout le monde. Te sentir soutenu, c’est une force pour avancer. » Néanmoins, il prévient qu’il faut toujours réfléchir, être prêt à tout donner pour que les fans soient bien là : « Si le public ne te suit pas, c’est que tu peux te tromper. J’ai fait une pause et le public est toujours là, c’est une folie, je ne peux que le remercier. »

Le football, l’école de la vie

Avant le rap et deux albums dans les bacs, il y avait donc le ballon rond. MRC faisait ses classes d’apprenti footballeur loin de sa famille. Une expérience salvatrice : « Faut inciter les jeunes à partir de la maison. Une fois parti, c’est là que tu peux vraiment aider les tiens, car tu montres que tu peux atteindre un but précis. » Avec Xavi comme idole, le milieu défensif se forge une personnalité de tacleur et de passeur sur les pelouses, toujours là pour le collectif.

Cependant, la vie en crampons réserve des surprises pas toujours heureuses. Les blessures se multiplient et l’empêchent de réellement se projeter vers l’avenir. Le timing de ses pépins n’arrange d’ailleurs pas le bonhomme, qui se retrouve comme pris dans un drôle d’engrenage : « Je le répète souvent, mais les blessures étaient trop présentes pour que je perce. J’avais un truc particulier, à chaque fois que j’étais sélectionné pour chez les jeunes en France ou en Turquie, une blessure arrivait. J’ai raté des choses dingues à cause de ces blessures. C’est un handicap chronique qui te met le moral à zéro. » Malgré tout, il trouve dans le rap un échapatoire et s’y lance avec la même grinta.

J’avais le choix entre un contrat en deuxième division turque ou la musique

Pour une fois, le coup de bol est au rendez-vous : « C’est parti de rien du tout, j’ai signé un freestyle de quelques secondes et des maisons de disques m’ont contacté. Moi, je n’y croyais pas, je n’étais pas préparé ! Mais dès que j’ai capté que c’était du sérieux, je me suis lancé dedans. J’avais le choix entre un contrat en deuxième division turque ou la musique. J’ai repensé à mes blessures, j’ai cogité une semaine et me voilà dans le rap. » La musique et le cuir, voilà deux domaines qui se ressemblent. Ce qui permet à MRC d’y voir clair malgré une arrivée éclair dans le game : « Le foot, c’est le plus individuel des sports collectifs. Imagine un mec comme moi est blessé, t’es vite oublié. Dans la musique, dès que tu ne sors rien, c’est pareil. Mais il n’y a pas moyen de se blesser, il faut seulement garder le mental. »

Un rappeur à l’encontre des figures imposées

Après une grosse expérience dans le foot et une arrivée avec un premier comme une carte de visite, MRC se ramène avec une volonté claire, briser les lois du genre : « Zéro Code, c’est surtout pour montrer à tout le monde qu’il faut justement casser les codes. C’est vraiment un truc pour inciter les gens à essayer de réussir. C’est une base, il ne faut pas s’imposer de mauvaises règles, il faut foncer. » Pas trop tout de même, car il se dit « obligé de transmettre un message vrai, relatif à (ce qu’il) vit. » On l’aura compris, MRC reste vrai.

Zéro Code, c’est donc l’occasion de découvrir notre rappeur sur de nouvelles ambiances, notamment via ses featurings en compagnie d’YL (Ma Zone) et de Naza (Lové). Deux collaborations réfléchies pour un homme qui aime « partir dans tous les sens, mais toujours avec de la qualité » : « J’avais un son assez ghetto dans lequel j’avais dédicacé l’Algérie. De là, j’ai dis à Ladjoint (célèbre beatmaker Marseillais), que je voyais bien YL poser dessus et il m’a répondu que lui aussi kiffait aussi ma musique. On s’est capté sur Marseille et on a travaillé dessus. YL c’est un bonhomme, un bon mec. Avec Naza, je voulais faire un son club, car c’est un véritable enjailleur. On s’est rencontré et on a compris tout de suite qu’il fallait faire un vrai son. Je suis un mec qui fait attention à tout, je ne voulais pas faire un feat pour faire un feat. Selon moi, ça a donné un véritable hit. »

Tout est important sur cette cover, le maillot numéro 8 floqué Momo, c’est toute ma jeunesse au Racing Club de Strasbourg. L’aigle, le signe de mon club préféré, Besiktas

Autre élément à ne pas manquer, la cover du fameux projet. Ici, on se retrouve avec une photographie signée de l’incontournable Koria, qui représente le vécu d’un MRC qui s’est réellement dévoilé avec Zéro Code : « Dès que j’ai pensé à un deuxième album, je connaissais déjà le titre et j’avais déjà la pochette en tête. Tout est important sur cette cover, le maillot numéro 8 floqué Momo, c’est toute ma jeunesse au Racing Club de Strasbourg. L’aigle, le signe de mon club préféré, Besiktas. » Sans oublier la couleur rouge, évidemment, qui fait référence à la Turquie, pays d’origine d’un rappeur plus que jamais fidèle à ses racines.

Crédits photos : Antoine Ott.

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