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10 morceaux méconnus ou au moins sous-côtés de Kendrick Lamar

10 morceaux méconnus ou au moins sous-côtés de Kendrick Lamar

Pour se préparer à la sortie du nouvel album de Kendrick Lamar, Mr. Morale & the Big Steppers, il est temps de (re)découvrir certains titres trop vite oubliés, mais non moins explosifs de sa discographie. Aujourd’hui aurait pu être une journée comme les autres, mais les dieux du rap en ont décidé autrement.

Dans la nuit de ce lundi 9 mai 2022 alors que la moitié du monde dort encore paisiblement, la terre s’est mise à trembler. L’origine de ce violent séisme de magnitude encore difficilement estimable ? Kendrick Lamar qui à la surprise générale est revenu sur le devant de la scène avec The Heart Part 5, son premier morceau en solo depuis cinq ans. Pour ce comeback tonitruant, le MC a choisi de jouer la carte de la tradition en donnant suite à sa série de morceaux culte entamée en 2010. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il fait l’état des lieux de son cœur et de ses pensées juste avant la sortie d’un nouvel album. On s’en souvient, The Heart Part 2 était le premier extrait de sa mixtape Overly Dedicated, tandis que sa suite avait précédé la sortie de son album Good kid ma.a.d City. Le quatrième volet de sa série fleuve n’avait pas non plus échappé à la règle puisqu’il s’était présenté comme une mise en bouche avant l’arrivée imminente de son dernier classique, DAMN.

Bref, le retour de Kendrick Lamar est définitivement acté et nous ne sommes plus qu’à un jour de la sortie de son prochain projet (un double album ?), Mr. Morale & the Big Steppers. Dans la mesure où l’attente est plus que jamais insoutenable, on a décidé de se replonger dans les méandres de sa discographie, Comprenez par là que nous ne reviendrons pas sur les titres que tout le monde connaît et qui ont forgé sa légende, mais plutôt sur ceux que le public a eu tendance à oublier.

Ce fut cornélien, mais nous avons aussi fait le choix de nous focaliser sur des morceaux issus du début de sa carrière et signés en tant qu’invité. À raison que Kendrick a sorti tellement de classiques en solo que la plupart de ses featurings, aussi brillants soient-ils, sont mis au second plan et peinent à survivre à l’épreuve du temps. Voilà, maintenant que vous savez tout, tenez-vous prêts. Et surtout, croyez-le quand on vous dit que ces couplets sont sous-estimés, car il y a du lourd.

The Game Feat. Ya Boy, Jay Rock, K Dot, Juice & Dubb – « The Cypha » (2006)

Attention, ceci est un morceau d’Histoire puisqu’on parle là du premier couplet officiellement publié par Kendrick Lamar. Nous sommes en 2006, la France a perdu la finale de la coupe du monde de football face à l’Italie et The Game est encore l’un des MC les plus hype du moment. Pour promouvoir les artistes de son jeune label Black Wall Street Records, il dévoile une première mixtape baptisée The Black Wall Street Journal Vol.1. C’est sur le morceau The Cypha, un banger à la sauce west coast des années 2000, que figure notre future grande légende du rap, Kendrick Lamar, alors seulement âgé de 21 ans. Mais comme Mbappé, ne lui parlez pas d’âge puisque le jeune MC kickait et découpait déjà les prods avec une aisance déconcertante. À noter que sur ce titre, on retrouve également Jay Rock avec lequel il formait déjà le collectif Black Hippy.

Tech N9ne Feat. Kendrick Lamar – « I Love Music » (2011)

Si vous êtes férus de rap US venu des tréfonds de l’underground, vous connaissez forcément Tech N9ne. C’est bien simple, il est à lui seul l’empereur de toute la scène rap indé américaine. Et comme The Game, le fondateur du label Strange Music fut l’un des premiers acteurs majeurs de la culture hip-hop à déceler du talent chez Kendrick. À la sortie de ce titre, ce dernier n’a même pas encore sorti son premier album Section.80 et est encore loin de signer chez Dr. Dre, mais brille déjà à son plein potentiel. Avec le rappeur du Kansas, il rappe son amour pour la musique et raconte comment celle-ci lui a sauvé la vie. Le thème est certes classique, mais l’interprétation et le flow juvénile de K-Dot couplés à l’énergie globale du morceau en font une performance mémorable. Avec TechN9ne, le rappeur de Compton a également partagé le micro sur le titre Fragile, mais comme celui-ci a davantage marqué les esprits et les charts, on a préféré mettre la lumière sur une autre pépite.

Jay Rock Feat. Kendrick Lamar – « Hood Gone Love It » (2011)

À l’aube des années 2010, ce n’est pas seulement l’ascension de Kendrick Lamar qui se prépare, mais bien celle de tous ses acolytes du label TDE. Ainsi donc, après les sorties successives des albums Setbacks de Schoolboy Q, Longterm Mentality d’Ab-Soul et Section.80 de Kendrick, c’est Jay Rock qui est chargé de clôturer la cuvée 2011 des artistes de Top Dawg Entertainment avec son premier album Follow Me Home. Et comme on peut s’en douter, sur celui-ci, on retrouve toute la famille musicale du label, dont Kendrick sur un morceau grandiose Hood Gonna Love It. Produit par les beatmakers de Tampa J.U.S.T.I.C.E League, le titre apporte une touche luxueuse au flow fluide de K-Dot. Et vous allez forcément valider puisque comme le dit si bien le refrain : « Vous allez aimer ça parce que le quartier entier aime ça ».

Jay Rock, Kendrick Lamar, Schoolboy Q & Ab Soul – « Black Lips Bastard (Remix) » (2012)

Et puisqu’on parle des artistes du label TDE, saviez-vous que notre fantastique quatuor formait également le collectif Black Hippy ? L’idée d’unir les forces de cette nouvelle génération prometteuse de west coast nous vient de Schoolboy Q. La réussite est telle qu’ils seront très vite adoubés par les parrains Dr. Dre et Snoop Dogg. Tech N9ne de son côté n’hésitera pas à les comparer à N.W.A. et envisage même de les signer sur son label Strange Music. Black Hippy restera finalement chez TDE, mais n’a à ce jour sorti aucun album en son nom. Malgré tout, la sombre tribu a plusieurs fois officié ensemble le temps de quelques morceaux. Ce remix de Black Lips Bastard extrait de Control System, le deuxième album d’Ab-Soul en est un parfait exemple. Difficile de dire qui est au-dessus du lot sur ce titre, mais personne ne contestera le fait que Kendrick, en bon leader du morceau, avait de sérieux arguments.

The Game Feat. Kendrick Lamar – « The City » (2011)

À la base, on s’était dit qu’on limiterait notre sélection à un seul featuring par artistes, mais cette nouvelle collaboration avec The Game est tellement puissante qu’il a fallu faire exception. Quelques mois après son apparition remarquée chez Tech N9ne, Kendrick s’offre un nouveau gros coup de projecteur chez The Game, en ayant l’insigne honneur d’ouvrir les portes de Compton, sur son projet très attendu à l’époque, The RED Album. Non-content d’en signer le refrain brûlant, il nous montre une nouvelle face de sa palette de flows, à travers un couplet nerveux à la gloire de sa ville et de son ascension personnelle. Une performance d’autant plus marquante et intense du fait que le futur poulain de Dr. Dre fasse tout ça a cappella. Sous le regard paternaliste et impressionné de celui qui cinq ans plus tôt le fit rentrer dans le game.

Wale Feat. Rick Ross, Meek Mill, Stalley & Kendrick Lamar – « Power Circle » (2013)

En 2013, c’est clairement la guerre des labels : entre la renaissance de Shady Records, la nouvelle ère de Cash Money, celle de Grand Hustle Records, l’ascension de TDE et le triomphe collectif de G.O.O.D Music, la concurrence était rude au sommet du rap game. Dans ce lot de gros poissons du rap game US, n’oublions pas non plus la surpuissance de la mafia musicale de Rick Ross, Maybach Music Group. Cette année sort la compilation MMG Vol. 2, un projet censé capitaliser sur les forces et les alliances des artistes du label. Power Circle, le morceau d’ouverture témoigne des ambitions conquérantes de tout ce beau monde, mais qui c’est qu’on retrouve en guest de cette énorme frappe en équipe ? Kendrick Lamar. Un honneur et un immense signe de respect envers le rappeur de Compton qui commençait à peine à toucher du doigt ses rêves de gloire et de succès.

Eminem Feat. Kendrick Lamar – « Love Game » (2013)

Lorsque Dr. Dre a signé Kendrick Lamar sur son label Aftermath, Eminem a très vite vanté les qualités et les talents du nouveau membre de la famille. Très vite ensuite, constatant le rapprochement et les similitudes entre les deux artistes, le public s’est autorisé à rêver d’une collaboration entre eux. Il aura fallu attendre 2013 et la sortie de l’album The Marshall Mathers LP 2 d’Eminem pour que la connexion ait lieu. À ce jour seul duo existant entre les deux hommes, Love Game a malheureusement globalement déçu à sa sortie. Le morceau surfe sur le thème des relations amoureuses tumultueuses et sans doute que le public espérait que les deux artistes unissent leurs forces sur un morceau moins léger, plus technique et engagé. Sans compter que les influences rock amenées par Rick Rubin ont laissé pas mal de monde dubitatif à l’époque. À tort tant le sample de Game of Love par Wayne Fontana & the Mindbenders est bien exploité. Il est donc plus que temps de réhabiliter cette collaboration. Un titre sur lequel Eminem et Kendrick prouvent qu’il faut aussi savoir lâcher prise et s’amuser quand on fait du rap.

50 Cent Feat. Kendrick Lamar – « We Up » (2013)

On reste dans la famille de Slim Shady avec ce duo remarquable entre 50 Cent et Kendrick. C’est d’autant plus plaisant de les écouter ensemble que Fifty lui aussi joue les abonnés absents en musique depuis pas mal de temps maintenant. We Up a été dévoilé il y a presque dix ans en guise de single promotionnel pour l’album Street King Immortal de Curtis Jackson, mais comme vous le savez bien, l’opus n’est finalement jamais sorti et demeure encore à ce jour l’une des plus grosses arlésiennes de l’histoire du hip-hop. Comme Detox de Dr. Dre, on doute fort que celui-ci pointera un jour le bout de son nez, mais rappelons tout de même que 50 Cent a promis qu’il sortirait bel et bien un ultime album de rap cette année. On est donc plus que jamais en droit d’espérer du nouveau de sa part, mais en attendant, quel plaisir de revoir à quel point les deux MC’s donnait à l’époque le meilleur d’eux-mêmes au micro.

Pusha T Feat. Kendrick Lamar – «Nosetalgia » (2013)

N’ayons pas peur de dire les choses comme elles sont : avec It’s Almost Dry, Pusha T a déjà livré à coup sûr l’un des albums rap US majeurs de l’année 2022. Si on ne doute pas un instant que celui de Kendrick se hissera lui au sommet des plus grosses sorties de l’année, saviez-vous que les deux artistes avaient déjà fait des merveilles ensemble ? Leurs flows respectifs glissent avec aisance et insolence sur la prod minimaliste, brute et à l’ancienne signée Nottz & Kanye West. Mais ce morceau n’est pas seulement une masterclass dans l’exercice rapologique pur, c’est aussi un brillant storytelling incarné parfaitement par ses protagonistes, Traitant du sujet houleux de la vente de drogue, il met en opposition Pusha T, connu pour avoir vendu de la cocaïne et des drogues dures pendant la moitié de sa vie et Kendrick Lamar, le fameux bon gamin qui a grandi dans une ville de dingue et qui a vu son père se détruire durant l’épidémie de crack des États-Unis dans les années 80. Le contraste est saisissant et le résultat tout simplement brillant.

Imagine Dragons Feat. Kendrick Lamar – « Radioactive » (2014)

Deux ans après son album Good kid m.a.a.d City, l’engouement autour de Kendrick Lamar est tel qu’il a déjà franchi les portes du mainstream. Durant sa carrière, le rappeur a d’ailleurs plusieurs fois partagé le micro avec des icônes de la musique pop, R’n B et même du rock : Alicia Keys, Maroon 5, Sia, Beyoncé, Taylor Swift, Dido, Solange ou encore U2 n’en sont que quelques exemples. Pour autant, son apparition la plus remarquée et explosive dans la musique pop reste le couplet signé pour le remix officiel du tube Radioactive du groupe Imagine Dragon. En 2014, le titre original est au sommet des charts et inonde toutes les ondes radio. Et contre toute attente, c’est K-Dot qui sera choisi pour sublimer cette version alternative. Dessus, le rappeur met tout son cœur et ses tripes au service d’une fanfare instrumentale au point de pousser sa voix dans ses derniers retranchements, ce qui est d’autant plus visible dans la version live du morceau, performé sur la mythique scène du Saturday Night Live.

Jérémie LEGER.

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