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Tawsen, viser la lune pour atteindre les étoiles [PORTRAIT]

Tawsen, viser la lune pour atteindre les étoiles [PORTRAIT]

Rencontre avec l’artiste belge à l’occasion de la sortie de son projet « Al Najma ».

Crédits Photos : Antoine Ott

Il y a un an et demi, Tawsen nous accordait une première interview dans laquelle ce dernier se racontait sans filtre à l’issue de la sortie de son tout premier projet Al Warda. Depuis, l’artiste originaire du Plat-Pays a poursuivi son bonhomme de chemin et s’apprête désormais à livrer le dernier volet de sa trilogie d’EPs. Capable de faire la différence dans des titres chantés ou rappés, Tawsen prouve avec talent toute la richesse d’un roster bruxellois qui n’a de cesse de nous surprendre année après année. Après avoir dévoilé son deuxième EP Al Mawja en mars dernier, le Belge ne ralentit pas la cadence et revient avec un nouvel opus du nom de Al Najma en ce début d’année. C’est d’ailleurs à l’occasion de cette sortie que l’artiste nous offre une deuxième entrevue en toute intimité.

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Classez-le dans la pop

En 1996, déjà, Doc Gyneco le criait haut et fort sur son album Première Consultation : « Classez-moi dans la variet » ! Avec Tawsen, le cas est similaire. Adepte d’un profil polyvalent, porté par un fort attrait pour les chansons d’amour autotunés, le chanteur se voit souvent être classé dans cette fameuse catégorie des artistes de la « pop urbaine », un terme qu’il condamne fermement : « Moi je déteste la pop urbaine. Déjà le terme, je le trouve archi raciste. C’est dévalorisant, c’est une sous-catégorie de la pop. T’es noir ou arabe, tu mets de l’autotune, tu y rajoutes une métaphore love-street et t’es catégorisé comme étant un artiste de la pop urbaine. Cela n’empêche pas Dinos ou Damso d’écrire des sons pour Louane. Quand t’écoutes leurs projets, il y a de la variété ou de l’alternatif. Moi personnellement, je préfère qu’on dise que je suis un artiste pop ou même qu’on ne dise rien du tout. Mais bon c’est normal, on parle d’anciens qui ne comprennent pas qu’aujourd’hui on a tous grandi en écoutant plein de styles, que ce soit de l’électro ou de la musique de nos origines et qu’on mélange cela avec du rap ainsi que de la musique pop, de manière à arriver avec un produit hybride ».

La pop, un genre musical auquel Tawsen souhaite être affilié et dans lequel il compte bien gravir les plus grands échelons : « La pop c’est ce à quoi j’aspire. Mon but ultime c’est Michael Jackson. Un artiste noir qui n’était pas juste reconnu comme étant le roi de la pop urbaine (rires), il était le roi de la pop tout court. Moi je veux ça. Si demain je suis nominé aux NRJ Music Awards ou aux Victoires de la musique, je veux être placé à côté de Julien Doré ou d’Angèle ».

Mon but ultime c’est Michael Jackson

Atypique de par son style aux multiples facettes, Tawsen a pleinement conscience d’être un artiste difficile à catégoriser : « J’écoute et j’aime beaucoup de choses. Du coup, musicalement tu as du mal à me cerner. Je le remarque avec les médias. Une fois on m’appelle rappeur, une autre fois on me nomme artiste urbain ». Un profil polyvalent qu’il ne cesse d’exploiter au fil des projets : « L’idée de cette trilogie d’EPs est d’établir comme une sorte de carte de visite afin de m’aider dans la suite de ma carrière musicale. Quand je fais tel son, un an plus tard je ne l’aime plus. Quand je fais un autre son, ce sont les auditeurs qui ne l’aiment plus. Indirectement, tu vois là où les gens veulent voir Tawsen, là où moi je veux me voir et il y a encore d’autres trucs à tester, des choses pas encores expérimentées. J’aime bien ce procédé d’arriver avec un nouveau truc à chaque fois, de manière à ce que les gens me disent : « Ah je ne te voyais pas sur ce genre de morceaux » ».

Des inspirations riches et variées

La polyvalence artistique de Tawsen s’explique aussi par une richesse musicale insufflée par de multiples références intergénérationnelles : « J’ai écouté Mohamed Rouiche mais également Nass El Ghiwane, un groupe que mes parents écoutaient à l’ancienne. Actuellement je suis beaucoup Rosalia. Je me suis dit que si elle, elle avait réussi alors j’en étais capable aussi. Elle a pris le flamenco, un truc très espagnol, et elle a réussi à le rendre pop. Moi je veux avoir le même procédé avec le chaâbi. Les gens aiment bien dire que je fais du raï mais en réalité je fais du chaâbi. Qu’est-ce que ça veut dire « chaâbi » en arabe ? Pop (rires) ».

Sans surprise, le bruxellois n’oublie pas de citer les pionniers de la pop actuelle : « J’écoute aussi The Weeknd et Bruno Mars. Pour The Weeknd, je me suis inspiré de sa trilogie pour faire la mienne. Après je n’ai pas envie de citer Drake comme tout le monde. C’est juste une évidence. Le gars vient de totaliser 50 milliards de streams. Le plus impressionnant chez lui c’est sa faculté à gérer le fait d’être une superstar et sa manière de feater avec des artistes dont l’exposition est moins importante que la sienne. C’est son côté malin qui m’inspire. Par exemple, il voit que les Anglais ont un peu de buzz en ce moment et il va directement aller faire un feat avec l’un d’entre eux. C’est pas l’artiste préféré de tout le monde, mais il sait exactement où aller et à quel moment ».

Les gens aiment bien dire que je fais du raï mais en réalité je fais du chaâbi

L’autre grande passion de Tawsen, c’est la culture manga. Bercé par des classiques du genre tels que Dragon Ball, Détective Conan, Naruto ou encore Hunter X Hunter, le chanteur a nommé l’un de ses morceaux Sailor Moon, en hommage au manga des années 90 : « En ce qui concerne le titre Sailor Moon, je ne voulais pas prendre une référence trop simple pour un consommateur de manga du style Dragon Ball, Vegeta, etc. Rien à foutre, je suis un mec, mais j’ai regardé Sailor Moon, Gossip Girls ou Vampire Diaries. J’ai choisi Sailor Moon par rapport au nom de l’opus : Al Najma. En arabe, ce mot signifie étoile et un jour je suis tombé sur un épisode du manga dans lequel la protagoniste se transforme avec des étoiles tout autour d’elle. J’aime bien faire des clins d’oeil au sein de mes projets, c’est pourquoi j’ai pris Sailor Moon et non pas un autre manga. J’ai eu une petite envie de ne pas faire comme les autres (rires) ».

Impossible de discuter avec Tawsen sans évoquer son appétence pour les voyages aux quatre coins du monde. Que ce soit au Maroc pour le clip de Habibati ou à Cuba pour le visuel de Safe Salina, l’artiste a prouvé à maintes reprises qu’il était un véritable globe-trotteur : « Je fais de la musique uniquement pour deux choses : acheter une maison pour mes parents et me casser à l’étranger. Après tu n’as pas besoin d’être musicien pour voyager. Pour Habibati, j’avais choisi le Maroc pour le côté représentatif. Maintenant j’ai envie d’aller du côté du Japon ou de la Corée et d’y produire quelque chose de nouveau par rapport à tout ce qui a pu être fait là-bas jusqu’à présent ».

Jeune et ambitieux

Avec Al Najma, Tawsen balance son troisième EP en moins de deux ans et vient garnir une discographie d’ores et déjà conséquente pour un artiste de son âge. Conscient de ses forces, le jeune bruxellois compte bien monter une marche de plus avec la sortie de ce nouvel opus : « C’est comme les escaliers. Il faut aller vers le haut. Indirectement j’aimerais bien tuer mon ancien hit Safe Salina, essayer d’en avoir un autre. En ce qui concerne l’accueil du public, il n’y a pas de ventes physique donc je ne m’attends pas à faire 1000 ventes en première semaine. Je m’en fous en vrai de ça. Je pense que les gens vont aimer le projet. Tous les gens qui ont écouté le projet m’ont parlé d’un step-up dans mon travail, tant mieux parce que je me suis bien pris la tête dessus (rires). C’est aussi très important pour moi que les médias parlent de moi. J’ai besoin de créer de nouveaux clusters grâce aux médias. Donc voilà monter les escaliers, que ce soit musicalement ou dans les chiffres au niveau du streaming. Après c’est absolument pas une pression, si ça se fait tant mieux, si ça ne se fait pas, je m’en fous, je suis déjà tourné vers la suite (rires) ».

Trilingue et titulaire d’un style musical susceptible de plaire à un large public, Tawsen prend toute la mesure de son plein potentiel : « J’ai envie de viser un maximum de personnes. Il se fait que je parle arabe, italien et français. Par conséquent, il y a moyen d’élargir un peu plus mon panel d’auditeurs. Je n’ai encore rien fait et je suis déjà écouté dans des pays étrangers tels que les Pays-Bas, la Norvège ou encore l’Italie ».

J’ai envie de viser un maximum de personnes

A l’instar de beaucoup d’artistes, la sortie d’un projet n’est pas une fin en soi pour Tawsen et ce dernier est désormais tourné vers la suite : « Je prépare des morceaux, des mélanges. Au début je voulais un CV vierge, sans featurings. Maintenant il est temps pour moi de collaborer avec d’autres artistes. Donc est-ce que c’est l’album que je prépare ou est-ce qu’il s’agit uniquement de singles ? Honnêtement je ne sais pas. Mais la suite logique reste ce premier album. J’ai envie de prendre mon temps pour arriver avec un truc solide. Pour le moment je me contente d’appeler des gens et de collaborer avec eux. C’est le moment pour moi de me mélanger ».

En attendant la venue ou non de ce premier album studio, Tawsen nous sert Al Najma, un projet façonné sous le signe de l’expérimentation et avec la ferme intention d’aller toucher un public plus large tout en conservant sa si fidèle fanbase d’origine. C’est tout le mal qu’on lui souhaite…

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