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47Ter : « Le rap a été un déclic pour nous » [INTERVIEW]

47Ter : « Le rap a été un déclic pour nous » [INTERVIEW]

Rencontre avec des « Petits Princes » habitués à gâcher tes classiques !

Crédits Photos : Antoine Ott.

47Ter, voilà un trio pas comme les autres composé de Pierre derrière le micro et de Blaise puis Miguel aux instruments. Après avoir bousculé la toile avec une série de freestyle innovante baptisée On vient gâcher tes classiques, ils débarquent avec un premier projet. Petits Princes, un E.P qui propose un rap mâtiné d’influences pop, loin des codes du genre. Venue du 78, notre bande a débarqué dans nos locaux pour une interview en bonne et due forme, entre Oxmo Puccino, études balancées par la fenêtre et rap de ienclis.

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Racontez moi votre rencontre.

Miguel : Moi et Pierre on se connaît depuis longtemps, on a commencé à faire de la musique ensemble. On a touché à tout, que ce soit la pop, le métal et tout ça en anglais. Au lycée, on retapé la seconde et c’est là qu’on s’est retrouvé avec Blaise.

Blaise : On se connaissait de vue et ensuite, on est vite devenu potes. Côté musique, je n’avais pas le même niveau qu’eux, mais j’avais une basse chez moi…

Pierre : Il nous manquait une basse donc ouais, c’était parfait ! On n’habite pas loin les uns des autres donc on était tout le temps fourré ensemble.

De là à monter un groupe tous les trois !

Pierre : On avait un groupe avec une chanteuse, puis elle s’est barrée. J’ai commencé à chanter en anglais, mais vu que je suis complètement nul là-dedans, on comprenait que dalle. On est donc passé au français, sur de la pop… Mais au final, j’ai commencé à chanter plus rapidement. J’ai dû lâcher un freestyle comme ça en soirée et j’ai kiffé ça. On a toujours écouté du rap, donc au final, je me suis entraîné et on s’est mis sur le dossier.

Miguel : On n’a pas eu une envie claire de nous mettre au peu-ra directement, c’est plus comme une succession d’expériences.

Lorsque tu t’attaques à un délire un peu love en pop, soit t’es Vianney et tu gères, soit t’es complètement naze. Alors que si tu balances une petite histoire d’amour sur un flow rapide, ça passe mieux. En rappant, j’ai eu comme un déclic

Lomepal disait notamment que le rap était la nouvelle pop…

Pierre : C’est exactement ça. D’ailleurs, on a vite rencontré un problème. Lorsque tu t’attaques à un délire un peu love en pop, soit t’es Vianney et tu gères, soit t’es complètement naze. Tu peux vite basculer sur un truc très niais, alors que si tu balances une petite histoire d’amour sur un flow rapide, ça passe mieux. En rappant, j’ai eu comme un déclic.

On a quand même évoqué énormément de genres en peu de questions. Alors du coup, c’est quoi votre background musical ?

Pierre : Mon père est plus dans l’opéra, le classique, il déteste le rap.

Miguel : Ton père est dans l’abus aussi (rires). Sinon ouais, on a vraiment écouté de tout.

Blaise : Ce qu’on n’a pas dit, c’est que ce qui nous a mis le pied à l’étrier, c’est notre concept de freestyles. Avec ça, tu vas directement chercher la punchline, etc.

Pierre : On avait nos coups de coeur, nos morceaux un peu fragiles qu’on a préféré garder. On ne voulait pas sortir ça d’emblée, pour éviter d’être tout de suite pris pour des boloss ou des ienclis. Lâcher des freestyles, ça permet de montrer que tu sais rapper. Après ça, on a pu lacher ces fameux morceaux.

Justement, comment vous réagissez à cette étiquette de « rap de ienclis » ?

Pierre : Franchement, on s’en fout. Regarde Orelsan, certains Parisiens pouvaient le voir comme un campagnard au début, le mec vient de Caen. Mais le mec est un patron, un point c’est tout ! De notre côté, tant qu’on ne s’invente pas une vie, c’est bon. On n’est pas bloqué dans un personnage, on reste nous-mêmes.

Miguel : Nous, on peut nous traiter de petits bourgeois, c’est comme ça, ce n’est pas un problème. Si tu regardes tous ceux qui étaient étiquettés ienclis dans le game, aujourd’hui ils pèsent énormément.

Avoir Oxmo Puccino sur notre concept, c’était assez énorme, ça a marqué une étape pour nous, mais aussi pour les médias

Qu’est-ce que vous écoutiez comme rap plus jeunes ?

Miguel : J’ai vraiment commencé à m’intéresser au rap avec La Source de 1995. Puis j’ai suivi l’évolution de l’équipe, du S-crew et de Nekfeu bien sûr. Après, c’est une question de mood. J’adore par exemple Niska ou PNL.

Pierre : Moi c’est vraiment avec l’album Le chant des sirènes, d’Orelsan. A partir de là, le rap c’est devenu mon truc, je n’écoutais que ça. Le mec vient de province, il livre sa vie, n’invente rien. Il ne se la raconte pas. Sinon j’ai énormément écouté La Fouine, car il vient du 78. Pendant nos vacances, on n’écoutait que ça, on laissait tourner tous ces albums.

Blaise : Le rap, je n’en écoutais pas tellement, même lorsque j’ai commencé à traîné avec eux. Le premier morceau qui m’a fait vraiment buguer, c’est Amnésie de Damso. Petit à petit, je m’y suis mis et ma playlist a complètement changé en l’espace de deux mois. Sinon je peux te citer la Sexion D’Assaut, la scène belge, Nekfeu ou encore Lomepal.

Pierre : Il est même devenu limite puriste (rires) !

Toujours dans le rap, vous vous êtes associés à Oxmo Puccino dans un freestyle…

Pierre : On a eu trop de chance, car on avait des gens en commun avec Oxmo. Il a pu écouter ce qu’on faisait et il a vraiment kiffé. On lui a donc demandé de venir dans un de nos freestyles. C’était assez énorme, ça a marqué une étape pour nous, mais aussi pour les médias. On peut faire des blagues, se marrer, etc… Mais quand il était là on n’était pas bien (rires) !

Autre étape marquante, votre passage dans l’émission Rentre dans Le Cercle.

Blaise : On regarde tous les épisodes de Rentre dans Le Cercle, donc forcément quand on t’appelle, t’as qu’une envie, c’est d’y aller. Miguel et moi, à la base, on ne rappe pas, on ne se concentre que sur les instruments. Notre seul morceau dans lequel on prend le micro, c’est Bang, qui n’était pas encore enregistré à l’époque. On a donc envoyé celui-ci avec nos gars de la campagne derrière nous (rires).

Pierre : On était content de la perf’, vu qu’on a recommencé qu’une fois. Le truc moins sympa c’est que je suis décalé sur la moitié de mon couplet (rires).

On regarde tous les épisodes de Rentre dans Le Cercle, donc forcément quand on t’appelle, t’as qu’une envie, c’est d’y aller

Dans les thèmes, votre E.P m’a fait penser à ce que pouvait parfois faire le Klub des Loosers.

Miguel : Cet E.P, c’est vraiment une introduction de ce qu’on est. Au niveau des thèmes, on parle de notre vie tout simplement. Les études, ça revient souvent, car ce n’était pas notre fort et qu’on a tout plaqué pour la musique. Et comme on ne veut pas s’inventer des personnages, on parle de ce qu’on voit, les soirées nazes, etc.

Pierre : On se dit jamais qu’on va faire un morceau sur tel ou tel thème. Je suis plus du genre à être inspiré par une instru. On n’a que 20 piges, on n’a pas un vécu absolument dingue, on vient d’une banlieue un peu bourgeoise… Mais on essaye de ne pas tourner en rond. Après, il y a des choses qui reviennent tout le temps, comme la peur de l’avenir, l’envie de tout niquer ou les moments entre potes.

Le sujet de la famille revient souvent aussi. Comment ça se passe chez vous ?

Pierre : On vit tous chez nos parents et pour moi, les études, c’était une chose compliquée. Ma famille a bien vu que ce n’était pas mon truc, je n’allais jamais en cours. J’ai lâché ça pour le McDo un moment et mes parents me soutiennent désormais dans la musique. Maintenant que ça marche un peu, ils sont carrément derrière.

Miguel : De mon côté c’est encore différent, j’étais parti pour être pilote de ligne. Le problème, c’est quand tu as des concerts et que le lendemain, tu dois étudier des tonnes de données. Au bout de deux semaines j’ai donc tout laissé tomber. Après, quand tu vas voir tes parents qui sont super fiers de ton parcours et que tu annonces vouloir faire de la musique avec tes deux potes clodos (rires), c’est compliqué ! Au final, ils sont venus à un concert et ça a été un déclic. Mon père est passé de « je ne te parle plus » à « il faut que je devienne votre manager » (rires) !

Blaise : J’ai réussi à m’accrocher un peu niveau études, mais c’était une galère aussi. Quand Pierre et Miguel ont décidé de tout lâcher pour la musique, j’ai fait le choix de les suivre. Mes parents ont eu un peu de mal, ils ont une petite crainte si jamais ça s’arrête.

Pour terminer, on va aborder la question de la scène. On a l’impression que votre concept de freestyles était vraiment fait pour le live !

Miguel : Faire des concerts, c’était notre première volonté. Pour mieux tourner, on s’est mis à bosser sur notre E.P. Là, on s’active autour de deux concerts par semaine, avec déjà des dates pour 2019. Le live, c’est un vrai kiff pour nous. On essaye de faire mieux à chaque fois, on ramène des instruments sur scène, etc. Il faut arriver avec un truc exclusif.

Blaise : Rien que le fait de partir de chez toi avec ton matos pour aller sur scène, puis à l’hôtel avec ta valise, c’est un premier kiff. Au fur et à mesure, on a vu nos chiffres augmenter sur nos réseaux et sur YouTube… Mais quand tu vois ça en concert, c’est encore autre chose. On en a eu un bel exemple à Liège en Belgique.

Pierre : On se souviendra de notre tout premier concert à Paris aussi. Tout le monte chantait, c’était spécial. Tu passes de ta chambre où t’es face à ta mère qui te dit que c’est naze, à un public qui connaît tes chansons. C’est dingue.

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