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Interview Bastos

Interview Bastos

Ancien membre du label BW prod, Bastos est l’un de ces MC’s passionnés qui aurait pu connaître le succès commercial. Passé à côté de celui-ci, il n’hésite pas à décrypter les erreurs qu’il a pu commettre et revoit juste ses ambitions à la baisse. Son avenir n’en demeure pas moins profilique en terme de projets.

Originaire de Chelles dans le 77, Bastos commence par suivre les 2 Bal 2 Neg sur leur tournée, au milieu des années 90. Après avoir envoyé une maquette à BW prod, il décroche une signature sur ce label indépendant. En 2000, il se fait repérer grâce au titre « Innocent Criminel », posé sur la mixtape « Liberté d’expression », un projet sur lequel figure également Lunatic. « Avec le morceau d’Ali et Booba, mon titre était celui dont les gens parlaient le plus », se souvient Bastos. Fort de ce retentissement, Julien et Sinaï (co-fondateurs de BW prod) lui proposent de produire son premier maxi. « J’peux pas m’taire » voit le jour en 2001, avec des collaborations prestigieuses comme Mass (du label Boss), G-Kill (2 Bal), Mystik et DJ Poska. Ce disque permet à Bastos de tourner dans les émissions spécialisées de Skyrock (La Nocture, Couvre Feu, Sky Boss…).

A l’époque, le rappeur de Seine-et-Marne travaille comme chauffeur-livreur, en espérant pouvoir vivre de sa musique à moyen terme. 2002 : il sort son deuxième maxi-CD baptisé « Message ou incitation », bénéficiant de la production de Tecnik de Funky Maestro. « Je décide alors d’arrêter le taf et mes petits business. Je prends conscience qu’il y a moyen de bâtir une carrière. A ce moment là, j’ai totalement confiance en moi, j’y crois comme un suicidaire », explique-t-il. Effectivement, le buzz ne cesse de s’amplifier. Le Chellois enchaîne les projets (Cut killer, DJ Poska, etc.) et attrape -trop- rapidement la grosse tête.

Nouveau départ

« A ce moment, on me voit plus souvent aux Bains-Douches (célèbre boîte de nuit parisienne, Ndlr) qu’en studio. Je me retrouve à côtoyer des gens comme Joey starr ou Organiz », se remémore-t-il. Entre le rappeur et ses producteurs, le courant ne passe plus. Dans la foulée, BW Prod décide de faire signer un nouvel artiste : Taïro, chanteur issu de la scène dancehall reggae. L’artiste prioritaire, c’est désormais lui et non Bastos. Pire, BW le prévient que leur collaboration risque de cesser si le MC ne change pas rapidement de comportement. Toutefois, Bastos ne voit pas Taïro comme un rival mais plus comme un concurrent apportant une source de motivation. « Il m’a redonné le goût à l’écriture », souligne-t-il. C’est en 2005 que son premier album, « Edition spéciale », arrive dans les bacs.

Malgré quelques featurings prestigieux (Dadoo, Sinik, Dragon davy…), le disque ne rencontre pas le succès escompté. Le regain d’envie lié à l’arrivée de Taïro sur le label cède la place au « relâchement » et à la « démotivation ». Bastos reprend un travail « normal » en faisant de l’intérim de nuit, tout en continuant à emmagasiner des droits SACEM. Après deux « Blacks mixtapes », paraît son deuxième album « Entre amour et haine », en 2010. Un cuisant échec. « 22 000 euros ont été investis pour ce disque et les distributions n’en veulent pas. Tout se casse la gueule », déplore-t-il. Bastos aurait pu se retirer du game suite à cette déception mais son amour pour le rap a été plus fort. Fin juillet 2012, sa quatrième black mixtape « Banlieusard de souche » sera disponible, en totale indépendance. Si tout se passe comme prévu, elle sera suivie d’un maxi CD – vynil et de l’album « Principe et loyauté », prévus avant la fin de l’année. Moralité : la passion fait vivre, Bastos n’éprouve « aucun remord ne pas avoir pété le score ».

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