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5 bonnes raisons de voir ou de revoir « Ali » !

5 bonnes raisons de voir ou de revoir « Ali » !

Le splendide biopic réalisé par Michael Mann avec Will Smith dans le rôle-titre est diffusé ce mardi 7 juin à 20h50 sur France O…

À sa sortie en 2002, Ali est un film aussi attendu qu’appréhendé. Et pour cause, le défi est de taille.

Comment réussir à mettre en images la vie d’une telle icône sans dénaturer sa grâce inimitable sur un ring ? Sans altérer le charisme d’un homme qui a marqué son temps comme peu avant lui ? Sans simplifier à outrance une période historique aussi riche ?

Au final, Ali remplit pourtant allègrement le cahier des charges tant sur le plan cinématographique que biographique.

Alors que le monde pleure encore celui qui restera comme le sportif le plus influent du 20ème siècle, voici 5 bonnes raisons de (re)découvrir ce métrage haut de gamme qui retrace 10 ans du parcours sportif et personnel du Greatest, de sa victoire sur le champion du monde Sonny Liston en 1964 jusqu’à son combat mythique contre George Foreman en 1974 dans l’ex-Zaïre.

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1. Pour la performance de Will Smith

Du Prince de Bel Air, à Independance Day, en passant par la série des Bad Boys, Will Smith a tout au long de sa carrière joué peu ou prou le même personnage. Mais pas cette fois.

Alors que beaucoup craignaient qu’il ne « cartoonise » Mohamed Ali, il change complétement de registre et s’immerge complétement dans la vie du triple champion du monde.

En plus de travailler son accent et de s’instruire sur l’islam, pour endosser le rôle il devient un boxeur accompli, s’entrainant tous les jours pendant 9 mois, gagnant plus de 17 kilos de muscle.

À l’écran ses qualités pugilistiques sont bluffantes, l’acteur réussissant à reproduire au plus près cette sensation de puissance virevoltante.

Au-delà de la performance physique, étonnamment les scènes qui impressionnent le plus sont toutes celles où il est pénétré par le silence.

2. Pour la qualité du casting

Alors que Mohammed Ali vivait entouré par une galerie de personnage hors du commun, les acteurs choisis se devaient d’être au diapason.

Ainsi Jamie Foxx, malgré là encore quelques grattements de tête, parvient à complètement faire oublier sa personne sous les traits de l’iconoclaste Drew Bundini Brown.

Vient ensuite le méconnaissable Jon Voight qui rafle pour l’occasion une nomination aux Oscars pour son interprétation du facétieux journaliste Howard Cosell.

Dans le rôle de Malcom X, Mario Van Peebles, s’il ne dégage pas l’intensité d’un Denzel Washington chez Spike Lee, insuffle néanmoins à son personnage toute la minéralité nécessaire – sans compter sa ressemblance physique des plus troublantes.

Dans les seconds rôles, mentions spéciales à Jada Pinkett Smith qui malgré sa courte apparition donne tout de suite à comprendre pourquoi Ali a eu si vite envie de l’épouser, au toujours si peu utilisé Barry Shabaka Henley et sa gueule improbable, ou encore à Giancarlo Esposito (Gustavo Fring dans Breaking Bad c’est lui) qui joue le père de Cassius Clay et à la sublime Nona Gaye (la petite-fille de Marvin).

3. Pour la réalisation de Michael Mann

La caméra du réalisateur de Heat, Miami Vice et Révélations (film trop sous-estimé) réputée pour son formalisme et son sens de l’esthétisme épouse ici à merveille son sujet (là encore ce n’était pas gagné).

Chez Mann comme chez Ali, la manière, le style n’est jamais vraiment à séparer du fond. Lumière et photographie sont ainsi ultra soignées, tandis que les combats sont reproduits avec justesse, mais non sans souffle.

À l’instar du reste sa filmographie, Mann peut cependant souvent donner l’impression d’une trop grande froideur. Si ce reproche n’est pas complètement infondé (la faute à sa fascination pour la technologie, à sa façon ultra documentée de tourner ou aux rôles féminins souvent négligés), le tout correspond à une vision des rapports humains qui pourrait se résumer par cette rime de Shurik’n : « Entre hommes on se comprend, on parle pas ».

Le cinéma de Michael Mann c’est un cinéma viril, dénués d’effets de manche. Un cinéma à la fois sobre et classieux, où les sentiments s’expriment de manière voilée (ce qui leur donne paradoxalement une plus grande magnitude), et où le spectateur n’est pas constamment pris par la main pour se voir dire quoi penser de telle ou telle scène.

4. Pour la véracité historique

Impliqué tout au long de la production, Mohamed Ali a tenu à ce que rien ne soit embelli.

Résultat, contrairement à bon nombre de biopics un peu trop hagiographiques pour être honnêtes, on a ici droit au portrait d’un homme en conflit avec lui-même qui doit bien souvent faire face à l’incompréhension des siens.

De ses infidélités chroniques à ses relations alambiquées avec la très sectaire Nation of Islam, Ali est montré sous l’angle d’un homme complexe, tour à tour cruel et généreux, égocentrique et bienveillant, manipulateur et manipulé.

Dans une Amérique qui vit la question raciale à ciel ouvert, le film effectue sans cesse des allers-retours entre la grande et la petite histoire – quitte à risquer de perdre parfois les non-initiés (soupçons de trucage de la rencontre contre Liston, ellipses pas toujours très claires, contexte difficile à cerner…).

Au final Ali se conçoit également comme une grande fresque historique dotée de plusieurs niveaux de lecture.

5. Pour la bande originale

Un peu comme chez Quentin Tarantino, l’utilisation de la musique obéît à tout sauf au hasard chez Michael Mann.

Oubliez le single à la soupe RnB de R. Kelly pour vous concentrer sur le reste des artistes conviés à cette symphonie soul (Al Green, Angie Stone, Bilal…) qui tient la dragée haute à celle de Jackie Brown.

[Pour l’anecdote l’une des choristes du film est jouée par la chanteuse Truth Hurts signée au début des années 2000 par Dr Dre sur Aftermath, puis par Raphael Saadiq]

Et quelle séquence d’ouverture ! Dix minutes d’un medley de Sam Cooke qui fait parfaitement écho à un montage virtuose qui annonce et résume ce que va être le film.

Et que dire de ce footing aux relents mystiques dans les rues de Kinshasa, point d’orgue rythmé par le lancinant Tomorrow de Salif Keita et les « Boma ye » d’une foule acquise à sa cause ?

Ali, un film qui s’apprécie autant avec les yeux qu’avec les oreilles.

Muhammad Ali
17 janvier 1942 – 3 juin 2016

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