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Bambino, l’enfant terrible du game [INTERVIEW]

Bambino, l’enfant terrible du game [INTERVIEW]

Rencontre avec l’artiste à l’occasion de la sortie de son EP « Enfant Difficile ».

Bambino ou l’itinéraire d’un artiste pas comme les autres. Après avoir passé de nombreuses années à l’ombre du show business, en tant que producteur et topliner, l’artiste a finalement pris la décision de se lancer au micro. Atteint du syndrome de Peter Pan, Bambino est un enfant dans un corps d’adulte et comme tout bambin qui se respecte, ce dernier ne recherche qu’une seule chose : la liberté de faire ce qu’il veut et d’être celui qu’il est. Fraîchement signé au sein du label Local, le rappeur parisien est bien décidé à marquer l’industrie de par son style singulier et sa riche musicalité. Preuve en est avec la parution d’Enfant Difficile, son tout premier EP, en ce vendredi 20 novembre. C’est d’ailleurs à cette occasion que le newcomer est passé par nos bureaux.

Même si Enfant Difficile figure comme étant ton premier projet officiel, tu as déjà une belle expérience musicale. Quand et comment as-tu commencé à travailler dans ce domaine ?

Je suis rentré en studio à l’âge de onze ans. Aujourd’hui j’en ai vingt-six. Pendant toutes ces années j’ai vraiment poncé le studio. J’ai fait énormément de prods mais aussi de toplines. J’ai notamment eu l’opportunité d’effectuer des sessions avec des artistes américains tels que Gucci Mane et will.i.am, mais aussi des artistes locaux tels que Kendji Girac, Matt Pokora ou encore Amir.

Je n’ai pas de limite dans mon art

Quel est le déclic qui t’a poussé à te lancer en tant que rappeur ?

J’ai toujours fait de la musique. Pour être honnête avec toi, je ne vois pas de grandes différences entre un artiste de l’ombre et un artiste qui sort des projets, mis-à-part le fait que le premier garde toutes ses productions pour lui-même. Il y a des musiciens incroyables qui peuvent débarquer du jour au lendemain juste parce qu’ils n’étaient pas prêts, jusque-là, à délivrer leurs musiques au grand public. Aussi, on attendait depuis des décennies cette place dans le marché pour le rap, que ce soit un genre réellement visible. Désormais, on ne peut plus se permettre de négliger le mouvement. Surtout qu’aujourd’hui, avec la prise en compte du streaming, le rap est au top. Et ce peu importe les pays, que ce soit aux Etats-Unis, en France ou en Italie. Ce n’est pas dû au hasard. De plus, dans l’urbain il y a eu ce beau mélange avec l’arrivée de mélodies beaucoup plus pop, chose que je trouve particulièrement excitante. De quoi me pousser à sortir mon projet aujourd’hui et pas il y a cinq ou six ans.

Quel est ton process pour créer un morceau ?

Ca vient souvent lorsque je suis en train de créer des prods ou des toplines. Il arrive aussi qu’on m’envoie directement des instrumentales. Sur cet EP, on peut retrouver des beatmakers comme Junior AlaProd ou Seezy. C’est des gens que je connais depuis longtemps, bien avant leur succès. Par exemple un gars comme Junior AlaProd, je l’ai rencontré bien avant qu’il soit derrière des tubes comme Bella de MHD ou Mobali de Siboy. Ces mecs-là je les considère plus comme des amis. Je fonctionne plus à l’humain qu’au nom.

Sur cet EP, tu montres une certaine polyvalence en alternant entre chansons douces et phase rappées. C’était une volonté de ta part ?

Pas forcément. C’est surtout ce que j’aime faire. Moi ce qui m’intéresse c’est de créer des chansons qui restent en tête. Alors oui, j’utilise des phases rappées dans mes couplets, mais c’est juste dans le but de créer un morceau et non pas pour exprimer une polyvalence quelconque.

Ce que j’aime chez Maradona, c’est que ça va au-delà du monde du sport

On ressent une inspiration latine sur plusieurs morceaux. D’où te vient-elle ?

Je suis d’origine algérienne. Que ce soit les musiques latines, indiennes, turques ou arabes, elles ont à peu près toutes le même ADN. Pour le coup, je n’avais pas une envie particulière de faire des musiques latinos sur ce projet. A partir du moment où le son m’ambiance, je fonce et je fais un son. Par exemple sur le titre Esperanza, je n’ai pas demandé à Junior AlaProd de me produire un son dans cette ambiance. Le fait est que sur toutes les prods proposées, c’est celle-ci que j’avais le plus apprécié. A vrai dire, je peux aimer le délire latino comme je peux kiffer un truc afro ou encore bossa nova. Je n’ai pas de limite dans mon art.

Quelles sont tes influences musicales ?

J’écoute énormément de choses ! Quand je suis rentré en studio à l’âge de onze ans, j’ai commencé à m’éduquer musicalement parlant. Je n’avais pas de parents dans la musique donc j’ai fait mes recherches en solitaire. J’ai sillonné une pluralité de styles, ça allait de Herbie Hancock à Jay-Z en passant par Chopin. J’adore écouter des choses qui n’ont rien à voir avec ce que je kiffe. Ca me nourrit en quelque sorte. Pour ce qui est du rap, j’ai baigné dans la Mafia K’1 Fry, le 113 ou encore Booba.

On observe une petite touche mélancolique au sein de l’EP.

En fait, je suis quelqu’un de très mélancolique même si ça ne se voit pas au premier regard. En général, les mecs qui sourient le plus sont les mecs les plus tristes. Moi j’aime danser avec ma mélancolie, mais sans rentrer dans un truc déprimant à la XXXTentacion non plus. C’est pas mon délire. Cependant, quand je suis face à cette tristesse, je la capte, je la prends en photo et j’en fais un morceau. J’avais besoin de faire un titre mélancolique comme 365 au sein de l’EP, c’est un son qui me fait du bien. C’est aussi une manière pour moi de montrer qui je suis véritablement.

On attendait depuis des décennies cette place dans le marché pour le rap

Dans ce projet tu lâches un s/o à Diego Maradona, une légende vivante du football. Qu’est-ce qu’il représente pour toi ?

Ce que j’aime chez Maradona, c’est que ça va au-delà du monde du sport. C’était un grand footballeur certes mais à côté on retient aussi plein d’autres trucs, même si ça a pu être sulfureux entre sa prise de poids et ses comportements déviants. Tu vois, c’est un peu comme Mohammed Ali, un sportif qui a dépassé les frontières de son sport. J’aime bien les personnages comme ça. Il y a aussi Ibrahimovic ou Cantona qui appartiennent à cette catégorie. D’ailleurs je trouve qu’aujourd’hui on manque cruellement de mecs comme ça. On perd en franchise.

Tu abordes aussi à de multiples reprises le thème de l’enfance.

Le concept de Bambino repose en partie sur cette thématique. Pour moi, l’enfance est liée à la nostalgie mais aussi à la liberté. A l’instant j’évoquais des types comme Maradona ou un Ibrahimovic. Ces mecs-là, je les vois comme des enfants. Ils vont avoir cette franchise que les enfants possèdent et c’est tout ce que j’aime. Après il n’y a pas que le côté jovial de l’enfant, il y a aussi cette notion de liberté. Vieillir et faire ce que tu as envie de faire sans forcément penser aux conséquences. Si tu parviens à rester franc et garder ton âme d’enfant dans tout ce que tu réalises, je pense que tu seras plus à l’aise avec toi-même.

Il n’y a pas de feats sur le projet. Une volonté de ta part ?

Ouais carrément. Pour le moment, j’en éprouve ni le besoin ni l’envie. Je préférai garder mes seize pour moi sur ce projet. Mais je ne suis pas fermé à l’idée pour autant ! Il y a beaucoup d’artistes que j’estime et avec lesquels j’aimerais beaucoup collaborer à l’avenir. Pour te donner une petite idée, j’apprécie le travail de JUL, Damso, Aya Nakamura ou encore Orelsan.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

De garder mon âme d’enfant. Après, je ne me mets pas d’objectifs dans ma tête. Je considère tout le reste comme du bonus. Les seuls records que je dois battre, ce sont les miens.

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