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Toronto : Le secret le mieux gardé du Canada [DOSSIER]

Toronto : Le secret le mieux gardé du Canada [DOSSIER]

Rap ou R&B, il y en a pour tous les goûts du côté de « The Six ». A l’heure où les frontières musicales éclatent, rendez-vous avec 8 artistes dans le sillage de Drake et The Weeknd…

Les modes musicales doivent bien venir de quelque part, avant c’était le sud, l’ouest ou l’est des USA. Aujourd’hui, un vent souffle depuis Toronto, au Canada. De quoi se ramasser un énorme tsunami dans les oreilles, dirigé par des têtes d’affiches qui lorgnent d’ailleurs du côté de la pop telles que Drake, The Weeknd ou encore Tory Lanez. Derrière eux, une multitude d’autres artistes poussent. Par le biais d’une sélection personnelle, totalement subjective et définitivement non exhaustive, nous allons tenter d’expliquer comment Toronto est devenue le centre névralgique du Canada et pourquoi elle attise autant l’ardeur du public.

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Le Canada sans complexe face aux USA

Difficile de comprendre comment l’ex pays le plus ringard du monde a réussi à s’affirmer de la sorte. Ici plus de bucherons vêtus d’horribles chemises à carreaux, mais bien des rappeurs aux styles particuliers. Car oui, Toronto est devenue la ville de toutes les inspirations. Symbole du renouveau canadien, celle qu’on aime surnommer la Ville-Reine a de sacrés joyaux. Si Drake porte évidemment la couronne de sa ville sur le haut du crâne, il a emmené avec lui toute une vague de newcomers prête à faire de « The 6 » la capitale des années 2010. Pour mieux comprendre le phénomène, on a posé quelques questions à Lorent, ancien animateur des ondes de Generations, aujourd’hui chez la web radio canadienne TeeRex.

une scène qui agit comme si elle n’avait rien à prouver

Pour lui, l’avènement de Toronto vient d’une « décomplexion » élevée au rang d’art : « La France est à huit heures d’avion des Etats-Unis, cela entretient un certain mythe. Au Canada, ils sont tout près, encore plus à Toronto. Du coup, cela leur permet de démystifier les USA ». De quoi les pousser à ne nourrir aucun complexe ? Totalement d’après l’ex-animateur de 88.2 : « On est face à une scène qui agit comme si elle n’avait rien à prouver, loin du copier-coller. Personne n’essaye de faussement plagier ce qui se fait déjà de l’autre côté de la frontière. Drake a par exemple fait de la pop en se moquant des étiquettes ».

Enfin, selon lui, « le phénomène est comparable à ce qu’on observe actuellement en Belgique ». L’arrivée d’une nouvelle génération qui émerge avec ses propres codes (Damso, Hamza, etc…), loin d’un quelconque plagiat. Tout comme chez nos amis du plat pays, Toronto se forge une identité bien distincte grâce à des têtes de gondoles et des rookies aux styles affirmés. Arrêter de regarder son voisin américain comme un grand-frère modèle, voilà ce qu’a fait la capitale de l’Ontario avec réussite. « Rien à prouver », voilà quel pourrait être le motto d’une caste qui à tout à gagner. Preuve ici avec une liste concoctée sous le sigle « OVO » (October’s Very Own, le label de Drizzy et de ses acolytes Olivier El-Khatib puis Noah « 40 » Shebib), mais pas seulement. Car oui Toronto regorge de talents, Rap ou R&B, peu importe ce qui est inscrit sur le flacon, là-bas c’est l’ivresse sous les flocons.

Jimmy Prime

Popularisé par Drake, le surnom the 6, qui serait basé sur le nombre de quartiers ou zones que compte la ville de Toronto, a été initialement inventé par Jimmy Prime, anciennement Jimmy Johnson, qui cristallisait l’expression dans son morceau « Trip To The 6 ». Révélé par l’intermédiaire du blog OVO Music grâce à son titre « Pray » en 2014, c’est avec sa première mixtape intitulée « In God We Trust » que le leader des Prime Boys va commencer à réellement faire parler de lui. Suivront « Red Ferrari » et « Block Boy », deux projets acclamés par la critique, qui installeront un peu plus l’univers de Jimmyfromthe6, fait d’attitudes et d’harmonies. Sur son dernier EP « Bleeding Bull », on croise notamment le producteur français Stwo aux côtés de WondaGurl et Murda Beatz, tous deux également issus de Toronto. Désormais auteur de 4 projets consistants, Prime est attendu au tournant alors que se profile l’idée d’un premier album.

SAFE

SAFE, en voilà un autre qui a su arriver jusqu’aux oreilles du 6 God. C’est sur le tournage du clip de « Northside » de Jimmy Prime que le jeune rappeur, alors à peine majeur, rencontre Oliver El-Khatib, le manager de Drake. Le courant passe et ce denier encourage SAFE à lui faire écouter ce qu’il produit, c’est le moment qu’il choisit pour dévoiler son tout premier clip intitulé « Feel ». Le morceau bénéficie d’une reconnaissance quasi-immédiate de la part du milieu, accordant instantanément le statut de newcomer au jeune rappeur qui n’en est qu’à ses balbutiements. En parallèle de sa carrière solo naissante, SAFE évolue aux côtés des collectifs de rappeurs 176 et 878, des références aux quartiers de l’Esplanade et de Regent Park à Toronto. Accompagné de ses homeboys précédemment cités et de Eric Dingus, producteur du hit « Now & Forever » de Drake, il publie son seul et unique projet à ce jour « Stay Down » à la fin de l’année 2015. Si la rareté peut être un gage de qualité, on attend avec impatience son retour sur le devant de la scène.

Derek Wise

Celui qui cite Stack Bundles et Max B comme ses influences n’a en fait pas grand chose à voir avec eux. Repéré pour son penchant trill sur sa mixtape « Vacay » en 2012, c’est avec un tout autre style que Derek Wise revient en 2017 pour la sortie de son premier album intitulé « Inglorious ». Le torontois, affilié à XO, label de The Weeknd, a réussi, à l’inverse de ses deux collègues précédemment cités, à se frayer un chemin jusqu’en France, ou du moins la France s’est frayé un chemin jusqu’à lui. D’abord par l’intermédiaire de Ikaz Boi qui produisait en 2016 « Lay Low », son clip le plus vu à ce jour, et que l’on retrouve également sur son premier album pour les titres « Rollin » et « Lost & Found ». Mais également, et cela surprend davantage, via Sneazzy avec qui il collaborait pour « Dieu Bénisse Super Sound II » sur le titre « Pull Up ». Le protégé de The Weeknd faisait également une apparition remarquée dans le dernier clip de French Montana : « A Lie ». Un coup de pouce de plus qui conforte le torontois dans l’idée qu’il n’est plus question de temporiser. On espère qu’il saura s’élever aussi haut que les rappeurs qui le parrainent.

https://www.youtube.com/watch?v=UEkIJxIKyz0

Sean Leon

S’il y en a bien un qui promeut la créativité du côté de Toronto, c’est Sean Leon. Le rappeur, photographe et réalisateur, en plus de défendre corps et âme son art, aime ne pas faire comme les autres. Il vient de sortir son expérience audio-visuelle intitulée « Life When You’re The Movie », un film musical disponible uniquement dans les salles obscures dont les seules traces sur le net sont un trailer sous forme de clip disponible sur sa chaîne YouTube. En parallèle, il promet depuis quelques années un premier album surnommé « Black Sheep Nirvana » qui s’avère être une trilogie dont le premier volet a récemment été dévoilé. C’est par l’intermédiaire d’une playlist de 20 titres nommée « I Think You’ve Gone Mad (Or the Sins of the Father) » que Sean Leon a dévoilé la première partie de son album au début du mois de février 2017. Un condensé de basses frénétiques sur lesquelles son interprétation et ses lyrics contrastent avec le reste de ce qui est proposé de nos jours. Pour parfaire son projet, il propose un court-métrage pour son titre « 81 » renommé pour l’occasion « Or until the water turns black and it gets too deep ». Un beau plongeon dans l’univers de celui qui se fait surnommer Maui Slim.

Drew Howard

Révélé à travers le collectif Get Home Safe, dont font également partie Derek Wise et Jazz Cartier, le jeune Drew Howard trace sa route dans la musique depuis 2012. Il se démarque de ses partenaires grâce à des flows et des choix de productions surprenants. Il commence par distiller quelques clips sur la toile, par la suite supprimés car plus en accord avec sa musique actuelle, avant de débarquer avec son premier projet intitulé « 88Camino.com », un EP 4 titres qui fait écho à la plateforme sur laquelle il est disponible en téléchargement gratuit, et à son surnom 88 Camino. Par la suite, il dévoile un projet en collaboration avec Birthday Boy, producteur torontois, intitulé « Music to Soothe the Savage Youth », avant de revenir en solo avec son 3 titres « Social Suicide » sur lequel on croise Murda Beatz, lui aussi issu de l’Ontario, non loin de Toronto. À la fin de l’année 2016, Drew Howard décide de faire peau neuve. Il devient entièrement sobre et tente d’orienter sa musique vers des sonorités plus positives. En résulte deux singles : le premier « Anuva Wun » en featuring avec Derek Wise, et le second « You’re Not My Mans », un puissant anthem qui signe le retour dans l’arène du jeune rappeur de 24 ans.

https://www.youtube.com/watch?v=SrKgcNkb95s

Jazz Cartier

Chaque membre du Get Home Safe gère sa carrière solo depuis la séparation du crew. Et si certains sont retournés dans l’ombre, Jazz Cartier est celui qui a le mieux réussi à transformer l’essai et embrasser la lumière. Le jeune rappeur de 23 ans démarre sa carrière en 2014 et sort sa première mixtape intitulée « Maurauding in Paradise » en avril 2015. Rémarqué pour son talent dès ce premier projet, il est l’un des rares prodiges de Toronto à s’en sortir sans l’appui des pontes de la ville (OVO ou XO). Il enchaîne début 2016 avec sa seconde mixtape « Hotel Paranoia » qui lui vaudra notamment l’obtention de son premier Juno Award pour le meilleur album rap de l’année au Canada, devançant la même année « I Told You » de Tory Lanez et « Views » de Drake, rien que ça. En 2017, alors que sa tournée bat encore son plein, le torontois est attendu au tournant pour la sortie de son premier album qui s’intitulera « Fleurever ». Il vient de collaborer avec T-Minus sur son nouveau single « Tempted » et on sait que Mike WiLL Made-It sera également de la partie sur son projet, de quoi faire saliver à l’approche de l’album d’un des rappeurs les plus prometteurs de sa génération.

Roy Woods

Roy Woods justifie le fait que Toronto soit bel et bien un foyer créatif. S’affranchissant des codes pour dépasser les frontières musicales, il propose un R&B aux accents hip hop s’entremêlant avec des instrumentales électroniques aux basses puissantes. Il est découvert et signé par OVO Sound dès ses débuts, héritant de l’étiquette de « protégé de Drake ». En 2015, il publie son premier EP « Exis » dont le featuring avec le 6 God fait grand bruit et lui permet de gagner en reconnaissance. Il enchaîne l’année suivant avec son premier album studio intitulé « Waking at Dawn » puis avec « Nocturnal », un second EP à la fin de l’année 2016. Sur ce projet, il collabore avec Majid Jordan, un autre groupe R&B de Toronto également sous la houlette de Drake. À la manière d’un Bryson Tiller aux USA, Roy Woods se démarque par la couleur très urbaine qu’il apporte à son R&B, brouillant un peu plus les pistes sur son identité musicale. Celui qui cite Michael Jackson comme une de ses plus grandes influences pourrait bien être tenté de continuer à transgresser les genres afin de cotoyer les sommets.

Ramriddlz

À la rencontre entre l’Egypte et le Canada, Toronto hérite d’un ovni en la personne de Ramriddlz. Considéré par beaucoup comme l’instigateur des vibes dancehall et caribéenne de Drake sur son album « Views », il est remarqué par ce dernier lorsqu’il sort en 2015 son single « Sweeterman » que Drake s’empressera de reprendre. Un remix et 18 millions de vues plus tard, le jeune rappeur de 21 ans a tous les phares braqués sur lui alors qu’il vient de sortir son premier projet « P2P » quelques jours plus tôt. Surfant sur son buzz naissant, il publie début 2016 son second EP intitulé « Venis », rapport à Vénus, la planète « d’où viennent les femmes ». Sous ses airs de minot, Ramriddlz est en réalité un influenceur. Proposant une musique chaude et détendue, il est le vrai responsable des succès de titres comme « Controlla » ou « One Dance ». S’il a inspiré bon nombre de chanteurs/rappeurs ces derniers temps, il n’en garde pas moins une identité propre et une couleur personnelle. À voir comment il réussira à développer sa proposition sur son premier long format.

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