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Les 10 meilleurs morceaux de rap US qui parlent d’argent [DOSSIER]

Les 10 meilleurs morceaux de rap US qui parlent d’argent [DOSSIER]

A ceux qui prévoient de braquer une banque ou de claquer quelques heures supplémentaires au taf, voici la playlist qu’il vous faut…

L’argent dans la vie c’est important. Dans le rap aussi, et ce peut-être plus encore que dans n’importe quel autre genre musical tant les emcees ont fait de ce thème une obsession.

Issus des couches les moins favorisées, à la manière d’un Tony Montana, ces derniers ne s’embarrassent en effet d’aucune pudeur pour célébrer ce qu’ils considèrent avant toute chose comme un objet de motivation et un symbole de réussite.

Si c’est donc sans surprise pour reprendre la ligne de 2 Chainz que depuis le début « money’s the conversation », la manière dont le sujet a été abordé varie cependant énormément d’une époque à l’autre.

Du coup, plutôt que de classer selon des critères forcément subjectifs les meilleurs morceaux dédiés au dieu dollar, il n’est pas intéressant de revisiter ces monuments par ordre chronologique histoire de mesurer le chemin parcouru.

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La petite histoire des chaînes en or dans le rap

« Paid in Full » de Eric B. & Rakim

Sorti en 1987 sur l’album Paid in Full.

Classique parmi les classiques de l’âge d’or, ce petit bijou n’a pas pris une ride malgré ses trente ans + d’âge.

Sur un déluge de samples orchestré par le président Eric B., Rakim Allah délivre un seul et unique couplet dans lequel il exprime toute la joie qui est la sienne de se faire du blé en faisant ce qu’il aime faire le plus au monde : écrire des rimes et faire bouger les têtes.

Et ne vous fiez pas aux chaînes et dents en roro du clip ou aux combinaisons Gucci de la pochette, ce qui compte vraiment pour notre épicurien du rap ce n’est pas tant de se vautrer dans le luxe, mais de pouvoir désormais s’enorgueillir de vivre honnêtement, et accessoirement de se payer à l’occasion son plat préféré, « une bonne assiette de poisson ».

La ligne qui paye : l’entrée en matière « Thinkin’ of a master plan » reprise depuis à foison par Lil Wayne, Young Jeezy ou encore Kendrick Lamar.

« C.R.E.A.M. » du Wu-Tang Clan

Sorti en 1993 sur l’album Enter the Wu-Tang (36 Chambers).

Quand pas encore aspirants millionnaires, les rappeurs racontaient leur quotidien sans tomber dans le misérabilisme ou le sensationnalisme.

Ou pour citer le Chef Raekwon : « Pour écrire ce couplet, je me suis replongé dans cette époque où l’argent avait tant d’importance pour nous. Lorsqu’en 87/88, on était tous posés en bas des tours, qu’il faisait froid et qu’il nous fallait nous faire de l’argent pour remplir le frigo. Le but, c’était de survivre. »

Heureusement pour le moral, RZA nous a concocté une instru aussi entêtante qu’indémodable.

La ligne qui paye : « Cash Rules Everything Around Me », l’acronyme le plus célèbre du rap qui pour info n’a pas été inventé par Method Man, mais par un certain Raider Ruckus, un affilié du Clan.

« Mo Money Mo Problems » de Notorious B.I.G., Puff Daddy & Mase

https://www.youtube.com/watch?v=UpjKJpfuHnY

Sorti en 1997 sur l’album Life After Death.

Le titre qui a fait rentrer le rap dans l’ère de l’ostentation.

À en croire le morceau Things Done Changed sorti trois ans auparavant sur son premier album Ready to Die, il n’existait pourtant selon Biggie Smalls que deux possibilités de se faire de l’oseille pour un jeune noir issu des ghettos : « vendre des cailloux de crack ou shooter des trois points ».

Ironiquement, ce même Biggie Smalls va être de ceux qui vont ouvrir une troisième voie : devenir une rap star.

Alors que dans leur précédent hit Juicy tout le crew Bad Boy jouait aux types qui ont de l’argent, le succès leur ayant entretemps rempli les poches pour de vrai, chacun embrasse ici pleinement sa condition de nouveau riche à l’image des célèbres shiny suits portés dans le clip.

La ligne qui paye : celle où les vrais players sont exhortés à lever leur main bien en l’air pour exhiber leur Rolex.

« Money Cash Hoes » de Jay Z featuring DMX, Memphis Bleek & Beanie Siegel

Sorti en 1998 sur l’album Vol. 2… Hard Knock Life.

Mais c’était quoi déjà le rap à la fin du siècle dernier ? Et bien le rap à la fin du siècle dernier, c’était des jerseys de la NFL en pagaille, des baggys jeans ultra larges, des paires de Timberlands boots à tous les pieds et des singles au bazooka qui venaient rythmer des bandes originales de films d’action de seconde zone.

Oh, et le rap à la fin du siècle dernier, c’était aussi un DMX superstar qui aboyait toute sa colère et son étonnement à coup de « WHAT?! » ravageurs.

Sinon pour ce qui est du titre en lui-même, que vous appréciez ou non toute la subtilité du refrain ou que l’instru singeant le bruitage d’un Mario Bross tombant d’un piano vous laisse de marbre, sachez que le Jay Z de l’époque n’en a clairement rien à foutre, lui qui de son propre aveu n’est rien d’autre qu’un « crook on this song ».

La ligne qui paye : la très claire pour tout le monde « We gon’ sin a lot and pray that Christ forgive us. Fuck it! »

« Gold Digger » de Kanye West

Sorti en 2005 sur l’album Late Registration.

Changement de perspective pour ce classique du « old Kanye » qui en compagnie de Jamie « je-sais-tout-faire » Foxx tire à boulets rouge sur les chercheuses d’or qui pullulent dans le monde de l’entertainment et dont le tableau de chasse se compose exclusivement d’athlètes et de chanteurs.

Ainsi non seulement au « She gives me money when I’m in need » du I Got a Woman de Ray Charles de 1954 se substitue « She takes my money when I’m in need », mais les paroles enchaînent les anecdotes que l’on imagine volontiers inspirées de bruits de couloir plus ou moins avérés (l’argent de la pension alimentaire dépensé en chirurgie esthétique, les tests de paternité effectués après 18 ans de bons et loyaux services…).

Ironie de l’histoire, ‘Ye finira par se caser quelques années plus tard avec ce genre de femme, et contrairement à ce qu’il préconise dans la chanson, sans signer le moindre contrat de mariage.

La ligne qui paye : justement ce « If you ain’t no punk holla, ‘We want prenup! We want prenup!’ »

« I Get Money » de 50 Cent

Sorti en 2007 sur l’album Curtis.

Brillant encore de mille feux au moment des faits, Fiddy balance le genre de son tellement arrogant et tellement too much qu’il donne l’impression à n’importe quel type au RSA d’être riche à en mourir 3 minutes 55 secondes durant.

À sa décharge, le boss du G-unit venait alors de conclure l’un des coups du chapeau les plus lucratifs de l’histoire du rap en revendant à Coca-Cola une eau vitaminée que plus personne ne boit aujourd’hui.

Bon après sur le fond, comme toujours on est en droit d’éprouver quelques réticences devant tant d’outrance et de se dire qu’il existe possiblement des gens biens même chez les plus pauvres.

La ligne qui paye : « Have a baby by me baby, be a millionaire » qui sera reprise plus tard par Fiddy pour en faire un single à part entière

« Make It Rain » de Fat Joe featuring Lil Wayne

Sorti en 2006 sur l’album Me, Myself & I.

Peut-être l’hymne à la flambe le plus jouissif et le plus absurde de tous les hymnes à la flambe du rap.

Dans une Amérique pas encore frappée par la crise économique et dans une industrie du disque pas encore touchée de plein fouet par le piratage en ligne, le Gros Joe et le Ptit Dwayne se font les ambassadeurs décomplexés de la façon la plus débile de dépenser son argent : en jetant leurs billets en l’air pour les voir ensuite retomber sur les strip-teaseuses.

Misogyne en diable, devant le succès du titre ce geste se propage pourtant à la vitesse grand V dans les clubs. Adopté dans un premier temps par les célébrités, il fait désormais office de signe extérieur de richesse au sein de la clientèle.

La ligne qui paye : Weezy qui avant d’envoyer voltiger ses liasses sur « ces p*tes » conseille à tout un chacun « d’attraper un parapluie ».

« Money to Blow » de Birdman, Drake & Lil Wayne

Sorti en 2009 sur l’album Priceless.

Dur-dur de choisir dans la pharaonique discographie du label Cash Money un seul morceau résumant à lui seul tout leur amour de la fraîche tant la bande des frères Williams s’est fait la réputation de ne rapper qu’exclusivement ou presque sur ce thème depuis ses débuts.

Si Money to Bow ne se distingue pas spécialement du lot, le track a le mérite d’avoir été enregistré au sommet de la domination YMCMB, quand tout le rap game rêvait de signer chez eux et de poser aux côtés d’un Drake chantonnant un refrain.

Du coup tant pis si le couplet de Bidman a très certainement écrit jusqu’à la moindre virgule par ses comparses ou que dans le traitement, il ne s’agit que de briller plus haut et plus fort que son voisin à coup de name dropping alors en vogue (Cartier, Vuitton, Bentleys…), l’efficacité est là.

La ligne qui paye : celle où emporté par sa fougue l’Homme Oiseau se prétend « plus riche que les plus riches ».

« Money Dance » de Rick Ross

Sorti en 2015 sur l’album Black Dollar.

Cela devait fatalement arriver un jour : à force de rapper jusqu’à plus soif les joies du matérialisme, Ricky Rozay a fini par embourgeoiser dans les grandes largeurs.

Preuve en est avec cette Danse de l’argent qui comme son titre ne l’indique pas n’est absolument pas un énième délire de nouveau riche, mais une célébration tout ce qu’il y a de plus aristocratique de la vie de nanti.

Honte d’ailleurs à tous ceux qui n’écoutent pas ce presque piano/voix autrement qu’en se frottant les mains vêtu d’un costume en alpaga, au beau milieu d’un décor fait de marbre et de dorures.

La ligne qui paye : Rozay qui feint de s’amuser d’être devenu un « ghetto nigga so classy ».

« Racks on Racks » de Lil Pump

Sorti en 2019 sur l’album Harverd Dropout.

Dans le genre aussi abruti qu’ignorant, voici ce que l’époque produit de mieux.

Petit garçon ravi d’aller claquer sa première paye, Gazzy Garcia raconte deux minutes durant à peu près tout ce qui lui passe par la tête à base de « ooh! », de « yu! » et de « bitch! », peu importe si cela n’a bien souvent ni queue ni tête (car bien évidemment que oui toutes ses voitures sont louées) ou qu’il repompe éhontément Future, Travis Scott et Portishead.

Au final, ce qui compte ici c’est qu’il se dégage une énergie proche de la bonne humeur.

Personne n’est obligé d’aimer donc, mais si vous ne sautez pas un peu partout lorsque le son est joué en club, il est fort probable, non pas que vous ayez mauvais goût, mais que vous ayez manqué le train de la nouvelle vague.

La ligne qui paye : « Racks on racks on racks on racks on racks on racks, BITCH! »

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Eux aussi ont dépensé leur flouze comme il se doit (les mentions honorables) : It’s All About The Benjamins de Puff Daddy & The Family, Drip Too Hard de Lil Baby et Gunna, B.M.F. (Blowin’ Money Fast) de Rick Ross, Fuck Up Some Commas de Future, Money Trees de Kendrick Lamar, les « Money Moves » de Cardi B sur Bodack Yellow…

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