Rap US

Les critiques sont là ! « Mr. Morale and the Big Steppers » de Kendrick Lamar : une hype justifiée ?

Les critiques sont là ! Mr. Morale and the Big Steppers de Kendrick Lamar : une hype justifiée ?

Kendrick Lamar est donc enfin de retour. Après cinq longues années de silence discographique, il a ce vendredi dernier révélé au monde Mr. Morale & The Big Steppers, son cinquième essai.

Précédé par le clip évènement The Heart Pt. 5 qui le voyait morpher en O. J. Simpson, Kanye West, Jussie Smollett, Will Smith, Kobe Bryant et Nipsey Hussle, l’opus invite notamment au micro Ghostface Killah du Wu-Tang Clan, son cousin Baby Keem, Kodak Black et Beth Gibbons du groupe anglais Portishead. La production est elle assurée en majorité par les habituels Sounwave, J.LBS, DJ Dahi et Bekon – en revanche, aucune mention de Dr. Dre dans les crédits.

Alors que la valse des premières écoutes se termine à peine, MM&TBS est d’ores et déjà acclamé de toutes parts, quand il n’est pas carrément désigné, sept mois avant la fin de l’échéance, album de l’année.

Tout ceci est-il bien raisonnable ? Ne s’emballe-t-on pas un peu trop ? Ou au contraire la carrière de Kendrick est-elle un perfect permanent ?

Début de réponse avec cette sélection de critiques US.

NME lui attribue sans sourciller la note maximale cinq étoiles. L’auteur loue le nouveau statut acquis par Kendrick, et plus particulièrement « la mystique » qui l’entoure désormais.

« Tous ses albums s’axent autour d’un thème. En 2011, Section 8.0 le voyait s’attaquer au racisme systémique. En 2012, good kid, m.A.A.d city le voyait revenir sur son enfance. En 2015, To Pimp A Butterfly ile voyait à la fois se rebeller et porter aux nues sa communauté. En 2017, DAMN le voyait lutter contre ses tourments sous les traits de Kung-Fu Kenny. Aujourd’hui, Mr. Morale & The Big Steppers le voit percer à jour les problèmes inhérents à la communauté noire. »

« Là où good kid, m.A.A.d city illustrait ce que c’était de vivre son enfance à Compton, ce cinquième album montre ce que c’est d’être noir à l’âge adulte, quand tous ces traumatismes continuent de vous hanter. »

« Cet album est tout autant traversé par le sentiment de survie que de liberté, c’est ce qui le rend beau. »

Clash Music gratifie également la galette d’un 10/10. « Une expérience extraordinaire », « un déluge de créativité »… les superlatifs ne manquent pas, tant et si bien que « limiter la critique de Mr. Morale à un post sur un blog ne lui rend pas justice, là où un tome académique entier serait nécessaire ».

« Kendrick Lamar ne poursuit pas une carrière, il bâtit chefs-d’œuvre sur chefs-d’œuvre. Et qu’on se le dise : Mr Morale & The Big Steppers est l’un de ses disques les plus profonds et les plus complexes, comme s’il refusait obstinément de choisir la facilité. »

Concours d’éloges toujours, si The Ringer a été séduit par le projet, ce n’est toutefois pas pour les mêmes raisons : ce sont ses imperfections et son manque total d’artifice qui lui donnent de la valeur.

« La vraie fulgurance de Mr. Morale tient au fait qu’il ne vise pas la perfection. En lieu et place, il met en lumière le désordre interne de son auteur qui jusque-là était trop souvent le personnage le moins intéressant de l’univers qu’il décrivait. »

« Cet album lève le voile sur ce qui se passe dans la tête d’un rappeur vu comme ‘la voix de sa génération’. La réalité se révèle beaucoup moins lisse, pour ne pas dire beaucoup plus laide que ce que l’on pouvait penser. »

Et de conclure en fustigeant ces critiques empressées de délivrer leurs meilleures notes qui passent à côté de ce qui fait tout l’intérêt de l’album.

Plus mesuré enfin, Stereogum avoue sa confusion face à un album dont on ne sait pas comment il sonnera « ni dans dix ans… ni dans dix jours ».

« Kendrick a empilé les producteurs pour créer une ambiance musicale aussi vaste qu’imprévisible. Et au milieu de tout ça, il laisse sa voix rebondir dans tous les sens. »

Dans un autre registre, cette « évaluation prématurée » souligne que Kendrick Lamar raconte dans ses textes « un paquet de trucs stupides ». Tantôt il s’agit de rimes un peu niaises (« I’m not in the music business, I been in the human business »), tantôt de sujets très maladroitement abordés, comme son oncle transsexuel qu’il continue d’appeler « il » ou de trouver des excuses à R.Kelly.

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT