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La vie après le rap : ces rappeurs qui se sont reconvertis [DOSSIER]

La vie après le rap : ces rappeurs qui se sont reconvertis [DOSSIER]

Il est des métiers qui ne durent pas éternellement…

Comme les athlètes, les rappeurs ont des carrières plutôt courtes. Quand les plus chanceux auront accumulé du temps de leur gloire de quoi vivre comme des semi-retraités jusqu’à la fin de leurs jours, les autres se doivent en majorité de retourner au charbon.

Quelques royautés rapportent en effet de quoi mettre du beurre dans les épinards, mais sauf tube exceptionnel guère plus.

Si l’une des reconversions des plus prisées est de passer de rap star à movie star (Mark Wahlberg, Ice Cube, Ice-T, Queen Latifah…), elle n’est cependant pas à la portée du premier rimeur venu.

Découvrez une dizaine d’emcees aujourd’hui rangée des voitures ou presque, et qui ont opéré un virage des plus surprenants.

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DJ Yella des N.W.A. reconverti en… réalisateur de films porno

Alors qu’il mixe au début des années 80 dans un club de Los Angeles appelé le Eve after Dark, Yella rencontre Dr. Dre période World Class Wreckin’ Cru. Les deux hommes s’embarquent alors dans l’épopée Niggers With Attitude.

Deux petits albums et quelques bons souvenirs partagés plus tard, le groupe se sépare. Si Yella âgé de 25 ans au moment des faits continue un temps de collaborer avec Ruthless Records, quand Eazy-E décède du SIDA en 1995, il quitte pour de bon le monde de la musique.

Auparavant, il aura néanmoins pris soin de s’assurer une porte de sortie en se lançant dans l’industrie du X.

« Quelqu’un avait suggéré l’idée à Eazy un an ou deux avant sa mort, mais il a mis trop de temps à se décider. Du coup on me l’a proposée, ce que à quoi j’ai répondu ‘Okay ! Où est-ce que j’achète des caméras ?‘ ».

Cumulant les postes de réalisateur, scénariste, producteur et photographe, il participe ainsi selon ses dires à plus de 300 films dont certains aux titres des plus évocateurs (Str8 Outta Compton, West Side Stories, H.W.A.: Hoes With Attitude…)

« Ce n’était pas pour m’amuser hein, c’était très sérieux. Un vrai business. »

Yella finit cependant par se lasser et tire sa révérence après douze ans de bons et loyaux services.

Notez que dans le biopic de 2015 consacré aux N.W.A., plusieurs scènes font allusion à son goût pour la fornication, notamment celle où on le voit regarder pépère un film pour adultes dans le bus de tournée.

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Joe Budden reconverti en… chroniqueur rap

One hit wonder qui n’en est pas un (son hit Pump it Up produit par Just Blaze en 2003, sa seconde carrière avec le supergroupe Slaughterhouse), Joe-Joe est revenu sous les spotlights à l’été 2016 quand il s’en est allé clasher Drake mano a mano.

Si à l’époque les images qui le montraient courir dans les rues en débardeurs miteux pouvaient donner lieu à se demander si ses royautés lui étaient bel et bien reversées, celui qui a longtemps tenu son propre podcast sur l’actualité du rap rebondit de la plus belle manière l’année suivante en intégrant le casting de Everyday Struggle, une émission quotidienne diffusée par Complex.

Sa mauvaise foi caractérisée, sa tête d’émoji fâché et ses joutes verbales avec DJ Akademiks où il le traite régulièrement de « pussy » font alors tout le sel du show.

Ayant officiellement abandonné toute velléité solo (tristesse infinie, il ne fera plus jamais de feat avec Matt Houston), le vétéran n’hésite jamais à s’en prendre aux autres rappeurs, qu’il assimile la musique de Chance The Rapper à de la polka, reproche à Lil Yachty son impact négatif sur la culture ou se barre carrément du plateau face à l’apathie des réponses données par Quavo, Offset et Takeoff des Migos.

Prétextant un « chaos interne », Joe, 36 ans, a depuis claqué la porte l’émission pour se joindre à une autre tête de lard, Charlemagne Tha God.

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Paul Wall reconverti en… fabricant de grillz

En 2005 Paul Wall est au sommet de son game : son premier album The Peoples Champ s’écoule comme des petits pains tandis qu’il fait briller sa bouche comme une « disco ball » dans le clip du mégatube Grillz de Nelly.

S’il continue ensuite régulièrement d’enregistrer de la musique, sa popularité pique malgré tout sacrément du nez, le rappeur ne refaisant l’actu qu’en 2010 pour avoir perdu plus de cinquante kilos après s’être fait poser un anneau gastrique.

Pas grave puisqu’entretemps, il s’est associé avec le bijoutier Johnny Dang (plus connu dans le monde du rap sous le pseudo TV Johnny) pour ouvrir à Houston son propre magasin de dents en or.

Si Polo ne considère plus la musique comme sa priorité, c’est que de son propre aveu, « il y a tellement d’argent à ce faire avec les grillz ».

Il est vrai que sa légitimité dans le milieu aidant, il peut se targuer de compter dans son carnet d’adresses des clients du calibre de Puff Daddy, Lil Jon, les sœurs Venus et Serena Williams, Shaquille O’Neal, ainsi qu’une bonne partie des athlètes pro de sa ville natale.

D’ailleurs quand les joueurs de baseball de l’équipe Astros ont remporté les World Series cette année, Wall leur a gracieusement offert à chacun un grillz gratuit – soit tout de même une quarantaine de pièces à l’œil.

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Mase reconverti en… pasteur

Après deux albums écoulés à plusieurs millions d’exemplaires, le compère de Puff Daddy annonce en 1999 qu’il trouve le rap pas assez « real » et qu’il souhaite désormais « voir la réalité en face ». Pour ce faire, il proclame vouloir suivre dieu et le servir.

La même année l’ex-Murder déménage du côté d’Atlanta et commence à prêcher dans sa propre église baptisée El Elyon International Church and Mason Betha Ministries. En parallèle, il entame un cursus universitaire.

Après cinq ans de bons et loyaux services, il revient néanmoins au rap avec l’album Welcome Back en 2004… tout en poursuivant ses sermons.

Quelques années plus tard, il tente un nouveau comeback en s’acoquinant au G-Unit sans toutefois sortir le moindre projet – et pour cause, selon les dires de 50 Cent Puffy aurait réclamé deux millions de dollars pour le libérer de son contrat.

Celui qui admet sans ambage « être passé d’un extrême à un autre » finit par déserter les bancs de l’église dans les années 10, en grande partie à cause de la révélation de son divorce en 2014, lui qui s’est longtemps fait une spécialité de conseiller les couples sur les valeurs sacrées du mariage et de la famille.

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Jay Z reconverti en… chef de label

Alors certes l’ami Shawn Corey Carter n’a pas quitté le game bien longtemps et il dirigeait déjà un label avant ça, mais techniquement parlant il s’agit tout de même bien d’un départ à la retraite et d’une reconversion.

Après des adieux grandioses en 2003 (son album noir unanimement acclamé, suivi de son très beau concert Fade To Black au Madison Square Garden), Jay Z prend en grande pompe la tête du mastodonte Def Jam, devenant de fait l’un des exécutifs les plus importants de l’industrie.

Sous son règne qui durera deux ans (jusqu’à fin 2006), Young Jeezy, Rick Ross, Ne-Yo et Rihanna sont ainsi consacrées stars de la musique mondiale.

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Chamillionaire reconverti en… investisseur financier

Compère de Paul Wall avec qui il a enregistré un projet commun au début des années 2000, Chamillionaire accède à la gloire avec son énorme tube de 2005 Ridin’ (Dirty), hymne contre les violences policières et accessoirement l’une des sonneries de téléphone portable les plus vendues de l’époque.

Auréolé d’un Grammy Award, détenteur d’une certification platine pour son premier solo The Sound of Revenge, Hakeem Seriki de son vrai nom n’a cependant pas attendu le succès pour diversifier ses avoirs.

Dès 2003, il investit en effet ses billes dans feu Fly Rydes, une concession automobile qui « crée, loue et vend des voitures aux entreprises et personnes qui en ont les moyens », et dont le site internet affirme à l’époque que le propriétaire des lieux possède également une société de bus de tournée, ainsi qu’une agence de mannequins – même si aucun élément tangible ne permet de confirmer leur existence.

En 2009, Cham’ intègre en tant qu’entrepreneur résidant la startup californienne Upfront Ventures, une boîte de capital-risque dont la valeur est estimée à 280 millions de dollars. Il s’agit alors pour lui de prendre des participations (généralement minoritaires) dans des sociétés non cotées.

Apparemment les choses marchent plutôt bien pour lui : non seulement en 2010 le CEO s’est fendu d’une longue lettre ouverte intitulée Ce que les tech entrepreneurs peuvent apprendre de Chamillionaire, mais en 2016 il aurait investi dans Maker Studios, un réseau de vidéos en ligne racheté depuis par Disney pour un demi-milliard de dollars.

Du coup pas dit que son troisième album Venom/Poison annoncé depuis bientôt une dizaine d’années sorte un jour…

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Vanilla Ice reconverti en… agent immobilier

Rap star aussi populaire que décriée au début des nineties, du haut de son tube Ice, Ice, Baby et de son album To The Extreme Robert Matthew Van Winkle peut se vanter d’avoir vécu le rêve américain à fond les ballons – liaison avec Madonna, contrats de sponsoring avec Nike et Coca Cola et concert au Kremlin russe inclus.

Plus dure a ensuite été la chute avec dans le désordre : les mensonges sur son enfance à la dure et ses titres de champion de motocross mis à jour, Suge Knight qui manque de le passer par-dessus un balcon, les bides de ses albums suivants, la B.O du film Les Tortues Ninja 2, une plongée les narines grandes ouvertes dans la drogue, une tentative de suicide…

Devenu le pestiféré des livres d’histoire, le emcee au goût vanille va ensuite changer son fusil d’épaule en écumant toutes les télés réalités possibles et inimaginables, comme La Ferme et Danse avec les Stars, mais aussi The Surreal Life où il passe ses journées enfermé sous un même toit avec d’autres has-been, Celebrity Bull Riding Challenge, émission dont le but est apprendre à monter un taureau, Celebrity Boxing où il se lance dans la boxe sous l’alias ‘Bi-Polar’…

S’il continue de sortir des disques (comme en 2011 quand il est revenu avec un opus intitulé W.T.F.) et à se produire sur scène (dernièrement la tournée Love the 90s), la résurrection arrive en 2009 lorsqu’il apparaît dans The Vanilla Ice Project, une émission où il fait usage de ses talents de décorateur d’intérieur en retapant une maison à chaque épisode.

Contre toute attente, le concept cartonne et le show en est aujourd’hui à sa septième saison.

Passionné de bricolage, il va même jusqu’à associer son nom à la marque de luminaires Capitol Lighting pour laquelle il crée plusieurs chandeliers et appliques murales.

Question revenus, il est également à la tête d’une agence immobilière, lui qui dès le début de sa carrière a investi dans la pierre.

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Mykki Blanco reconverti en… journaliste d’investigation

Ambassadeur un peu malgré lui du queer rap (ce rap équité là aussi un peu malgré lui LGBT), après toute une série de mixtapes et EP sortis depuis 2012, celui qu’il y a encore peu se pavanait en shorty, talons aiguilles perruque et maquillage de camionneur annonce à la surprise générale en mars 2015 via un post Facebook son retrait des affaires.

« Je me dois d’être honnête, écrire des paroles qui riment sur des beats faits par d’autres personnes en grande majorité de sexe masculin ne m’intéresse plus, et cela depuis un bout de temps. »

Et Blanco d’ajouter : « J’ai décidé de me concentrer et de creuser une passion qui m’habite depuis quelque temps, celle du journalisme d’investigation, surtout pour me documenter et écrire sur l’homosexualité et la culture gay dans les coins reculés du monde. (…) Sur le long terme, mon objectif serait de rentrer dans une école de sociologie ou d’étudier les gender studies. »

Dans la foulée est annoncé un départ au Népal pour y réaliser un documentaire sur le sujet.

Pas de chance, deux semaines avant de prendre l’avion un tremblement de terre frappe de plein fouet le pays. Blanco revient au rap en septembre 2016 avec son premier album solo intitulé Mykki.

Il n’abandonne cependant pas pour autant ses ambitions et s’envole l’année suivante vers l’Afrique du Sud pour présenter un reportage sur l’expression artistique et militante des queers de Johannesbourg.

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Flavor Flav reconverti en… bouffon à plein temps

Ancien bras droit du groupe le plus militant de l’histoire du hashipéhashopé, l’homme qui donnait l’heure a fini par devenir une « célébrité » à part entière au milieu des années 2000.

Débarrassé de ses addictions diverses et variées, il officie alors comme coqueluche de la chaîne de télévision VH1 qui après l’avoir engagé pour The Surreal Life lui consacre le show Strange Love qui met en scène sa relation avec l’actrice eighties Brigitte Nielsen (Le Flic de Beverly Hills 2, Rocky IV…).

Vient ensuite la très (très) gênante émission Flavor of Love, une sorte de Bachelor puissance mille question misogynie et dignité de la personne humaine. Trois saisons et 39 épisodes durant, les téléspectateurs les plus désœuvrés ont ainsi pu voir des candidates vomir, boire de la cyprine en tube ou encore déféquer dans les escaliers.

Chuck D ne s’en est toujours pas remis.

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