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Star Wars dans le rap : l’histoire d’un mythe

Star Wars dans le rap : l’histoire d’un mythe

Ce vendredi 27 mai sort la série Obi-Wan Kenobi sur Disney +. Annoncé durant l’été 2019, le programme réalisé par Deborah Chow va retracer le temps de 6 épisodes le parcours de l’un des personnages les plus cultes de Star Wars. Un timing soigneusement choisi puisque cette semaine de sortie est celle de l’anniversaire des 45 ans de la sortie de Star Wars (1977). Rebaptisé plus tard Star Wars Episode IV : Un Nouvel Espoir, le film sera le fer de lance de la plus grande saga de l’histoire du cinéma. Près d’un demi-siècle après la déferlante mondiale de l’univers créé par George Lucas sur nos grands écrans, force est de constater que Star Wars fait encore et toujours l’actualité.

L’amour pour la pop-culture chez les rappeurs n’étant plus une chose à prouver, il en convient donc que la mythologie Star Wars, au même titre que celle de Scarface, s’est très tôt hissée parmi les oeuvres les plus référencées de l’histoire du rap et semble encore aujourd’hui, quand on s’y penche, presque indissociable de cette musique.

Du 2LIVE Crew à Lil Wayne, de IAM à PNL, retour sur l’impact intergénérationnel de la saga de films créé par George Lucas dans le rap.

La Trilogie Originale (1977-1983) : la naissance d’une légende

Sortie entre 1977 et 1983, la Trilogie Originale Star Wars (Episode IV, V, VI) obtient le statut de classique immédiat. Malgré un scepticisme évident de la part des producteurs de la 20th Century Fox, le film est distribué tant bien que mal et comme une trainée de poudre, devient un phénomène de société et le film le plus rentable de l’histoire à sa sortie. Côté rap, les artistes s’identifient immédiatement aux figures de cette saga : Dark Vador, Obi-Wan, maître Yoda, Luke Skywalker… Tous les personnages majeurs y passent. Public Enemy nommera d’ailleurs son quatrième album, Apocalypse 91… The Enemy Strikes Black en hommage au deuxième volet de la série Star Wars, L’Empire Contre-Attaque (The Empire Strikes Back). Les rappeurs américains y iront tous de leur petit clin d’œil aux films. En France, IAM sortira le morceau L’Empire du côté obscur, présent sur le classique L’Ecole du Micro d’Argent, ultime hommage à la sagaDans l’hexagone, Booba se distinguera en rappeur fan n°1 de Star Wars en popularisant les phrases en verlan façon maître Yoda et en multipliant tout au long de sa carrière les allusions.

Ces hommages ne seront cependant pas toujours vus d’un bon oeil. À la fin des années 1980, le 2LIVE CREW, un groupe de rap de Miami, défraie la chronique pour son rap ultra-sexuel et se retrouve régulièrement dans des torrents médiatiques et judiciaires. Problème : le leader du groupe répond a pour nom de scène Luke Skyyywalker. George Lucas, refusant de voir que son œuvre, familiale et grand public, soit affiliée à de telles obscénités, poursuit le groupe en justice et provoquera le changement de nom de l’artiste qui optera par la suite pour le nom de Luke ou Uncle Luke.

La Prélogie (1999-2005) : La perpétuation du mythe 

Après un succès sans précédent dans l’histoire du cinéma, George Lucas prend sa pause. La production de la première trilogie Star Wars l’a éreinté et il a besoin de temps pour mettre en œuvre la Prélogie (Episode I, II, III). Ces films, peut-être encore à ce jour les plus attendus de l’histoire, doivent narrer la jeunesse de Dark Vador et l’avènement de l’Empire dont on avait vu la chute lors de la trilogie précédente. Selon Rick Clifford, ancien cadre du légendaire label Death Row, George Lucas avait approché à l’époque 2pac pour jouer le rôle du maître Jedi Mace Windu avant de se tourner vers Samuel L. Jackson.

Malgré une déception palpable subséquente à une attente folle (ayant même provoqué un des premiers crashs majeurs d’internet à la sortie du trailer de l’épisode I en 1999), les nouveaux films marqueront la jeunesse des années 1990-2000 et conquerront un nouveau public. Qui dit nouveau succès populaire dit forcément nouveaux rappeurs marqués par ces films. Outre-Atlantique (Drake, Lil Wayne, Kanye West) comme chez nous (PNL, Kaaris, S.Pri Noir, Freeze Corleone, Luv Resval).

Ainsi, cette génération d’artistes aura comme références dans Star Wars les personnages de cette nouvelle trilogie, mais en particulier un. Les rappeurs de l’époque, tous plus ou moins marqué par un côté désabusé, trouvent leur compte dans la figure d’Anakin Skywalker, personnage dont le pire ennemi est lui-même et son incapacité à gérer les émotions provoquera sa chute.

Le mythe perdurera et les références s’enchaîneront encore et toujours pour une nouvelle génération : on peut noter Freeze Corleone, dont le dernier album se nomme LMF, en référence à La Menace Fantôme, Episode I de la saga Star Wars. Aussi, le premier album de Luv Resval, nommé Etoile Noire, est une référence à peine cachée, dans le nom comme la pochette, à la saga.

L’ère Disney (2012-aujourd’hui) : Quelle suite pour la légende Star Wars dans le rap ? 

Sept ans après la sortie du dernier film en date, Disney rachète Lucasfilm, la société de production de George Lucas, et acquiert la propriété des marques Star Wars et Indiana Jones. Le géant américain de l’audiovisuel veut reprendre le flambeau et sortir dès 2015 des films qui succèderont aux six derniers produits par George Lucas. C’est dans cette ère que l’on verra d’ailleurs le premier rappeur-acteur dans Star Wars avec l’apparition de Donald Glover dit Childish Gambino dans le rôle de Lando Calrissian pour Solo, A Star Wars Story (2018). La « Postlogie » (Episode VII, VIII, IX), est, à ce jour, encore très controversée et a divisé de façon indélébile les fans. Comme la Prélogie en son temps, finalement.

Néanmoins, il est indéniable que les sorties répétées de produits audiovisuels Star Wars depuis 2015 (5 films, 3 saisons de séries en live action, 2 séries d’animation), ont provoqué ce que la presse américaine appelle la « Star Wars fatigue ». S’il n’est pas possible de constater une quelconque baisse du mythe, on peut observer une baisse d’engouement à chaque annonce sur la licence. 

Pour ce qui est des séries en live action, Star Wars a commencé il y a trois ans avec The Mandalorian, suivie par The Book of Boba Fett l’an dernier. Bien que ces programmes ont globalement été bien accueillis par les fans, l’urgence dans laquelle ils ont été réalisés reste palpable. Effectivement, le nombre important d’épisodes courts et de fillers traduit plus que jamais les conditions précipitées dans lesquelles les séries ont été produites. La sortie d’Obi-Wan sur les petits écrans va donc être le test de vérité pour Star Wars sur ce format, puisque la série semble être la première de la franchise à porter de grandes ambitions, tant sur le casting que sur le budget.

Côté rap, les références aux nouveaux films sont là.  Néanmoins, il est encore difficile de savoir si les nouveaux produits sortis marqueront le public – et donc les artistes – des années à venir comme ceux qui ont précédé le rachat par Disney ont influencé 40 ans de rap. Seul le temps nous le dira.

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