Dossiers

5 raisons pour lesquelles Lefa ne doit jamais arrêter le rap

5 raisons pour lesquelles Lefa ne doit jamais arrêter le rap

Si la rumeur de la fin de carrière de Lefa était finalement infondée, il est temps de rappeler à quel point l’ex-membre de la Sexion d’Assaut est indispensable au rap français.

Le 12 janvier dernier, un séisme a frappé la planète hip-hop de plein fouet. Lefa avait purement et simplement disparu des réseaux sociaux et ce sans laisser la moindre trace. Ni une ni deux, la nouvelle s’est rependue comme une traînée de poudre et les médias spécialisés ont relayé un par un la nouvelle : L’ancien kickeur de la Sexion d’Assaut aurait décidé d’arrêter sa carrière pour des raisons a priori religieuses. Hum… Lefa à la retraite ? Vraiment ?

Rassurez-vous, la lumière a rapidement été faite sur cette affaire. Voyant que la communication lui échappait, la team de l’artiste et plus précisément son manager Aly ont éteint l’incendie chez Générations, en affirmant que non, Lefa ne comptait pas arrêter sa carrière musicale. Il a simplement décidé de s’octroyer une pause bien méritée pour « prendre du recul et prendre soin de sa famille ». Fausse alerte donc.

Néanmoins, cet élan de panique du public et de la presse rapologique a révélé une chose : il nous a rappelés avec amertume que c’est une fois que l’on perd quelque chose ou quelqu’un ou qu’on s’apprête à le perdre qu’on se rend compte de sa véritable valeur. Or, si celle de Lefa dans le rap français n’est définitivement plus à prouver tant il a marqué la discipline au fer rouge, l’heure est venue de se souvenir pourquoi. Voici cinq raisons pour lesquelles Abdel Karim Fall est un grand nom du rap français et le restera à tout jamais.

Il incarne le meilleur de l’époque révolue de la Sexion D’Assaut

Malgré le pétard mouillé d’un Retour des Rois finalement annulé, il faut rendre à la Sexion ce qui appartient à la Sexion. Le collectif parisien demeure l’un des groupes de rap les plus emblématiques de la décennie 2010. C’est bien simple, son premier album à l’ère du mainstream, L’École des Points Vitaux a carrément ouvert les portes du rap à toute une génération. Demandez à n’importe quel artiste actuel, autant les gars en place depuis quelques années que ceux qui émergent, il y a fort à parier qu’il vous réponde que la Sexion D’assaut l’a influencé lorsqu’elle était à son apogée.

Et dans cette équipe de kickers nés devenus mastodontes de l’industrie, Lefa est encore aujourd’hui quasi-unanimement reconnu comme le MC le plus technique de son crew. Une sacrée prouesse étant donné le niveau général de l’équipe. Après une aventure musicale éclair en groupe, Gims et Black M furent les premiers à connaître un succès en solo. Il n’empêche que la carrière solitaire de Lefa n’a en aucun cas à rougir de celles de ses partenaires. Bien au contraire.

Il est un exemple de productivité

Lorsqu’il revient dans le game en 2015, la hype autour de la Sexion a commencé à retomber. Peu importe, il choisira l’émission Planète Rap pour revenir en force en solo. Au micro de Skyrock, il interprétera Intro, le morceau d’ouverture de son futur album solo Monsieur Fall, du vrai nom de Lefa. Un morceau noir et tout en kickage qui vient remettre les pendules à l’heure et rappeler que le rappeur franco-sénégalais n’est pas là pour faire de la figuration.

Mais ce que son public ignorait en 2015, c’est que cette première frappe n’était que le début. Après avoir obtenu un disque d’or pour son premier album Lefa a enchaîné les sorties de façon ininterrompue avec pas moins d’un album par an. Il y a eu Visionnaire (2017), 3h du mat (2018), FAME (2019), Famous (2020), D M N R (2021) et enfin Démineur, le dernier en date en 2022. Tout ça bien sûr, c’est sans compter la flopée d’EP et les quelques mixtapes livrées entre deux galettes. On pense notamment aux deux projets Code PIN et Fall Season dévoilés en 2021. Bref, une carrière solo productive qui force inévitablement le respect.

L’un des MC les plus techniques du game

Parmi les fans de la Sexion d’Assaut, il y a deux écoles : les fidèles de la première heure qui ont découvert le groupe en 2006 à l’ère des freestyles et du kickage avec la mixtape La Terre du Milieu et les street album, mais surtout la deuxième génération de fans, ceux qui ont rejoint le train de la hype lors de l’âge d’or du collectif entre l’École des Points Vitaux et l’Apogée.

Et bien durant sa carrière solo, Lefa a parfaitement su fusionner ces deux époques, en s’adaptant aux tendances la plupart du temps, mais sans pour autant renier ses racines de rappeur technique parmi les plus respectés du game. Même chose pour ses flows qui oscillent toujours entre kickage énervé élans mélodieux et refrains entraînants.

Dans un cas comme dans l’autre, ses textes se distinguent par l’utilisation marquée d’assonances et de rimes croisées. Ajoutez à cela un soupçon d’images et de métaphore dans ses punchlines et vous obtiendrez le cocktail de ce qui fait l’art de Lefa. Un rap figuratif, technique et chiadé, mais dont la portée se veut toujours universelle, notamment grâce à l’utilisation habile de thématiques axées sur la société et le quotidien.

Il a brillé de mille feux en indépendant

Lorsque Lefa sort son deuxième album Visionnaire, le succès n’est malheureusement pas au rendez-vous. La magie s’estompe peu à peu, mais son troisième album 3h du mat renouera avec une certification dorée, notamment grâce à la puissance commerciale de tubes comme Potentiel, en duo avec Orelsan, Paradise, une collab avec Lomepal qui lui offrira par ailleurs son premier single de platine et J’me téléporte avec Dadju et S.Pri Noir. Ouf . Il va profiter de la fin de son contrat avec le Wati-B pour se relancer en indé. Et quelle relance les amis !

Tout commence par la création de son propre label 2L Music. C’est sur celui-ci qu’il sortira son quatrième album FAME et sa réédition FAMOUS qui restent encore aujourd’hui les plus gros succès commerciaux de sa carrière. C’est bien simple, cet album cristallise tout le sens de la formule de Lefa en alliant tubes ultra efficaces, technicité sans faille avec un maniement des mots et des flows avec brio. Un apogée en solo qui lui vaudra non seulement un single de diamant pour son duo avec Vald, Bitch, mais aussi un magnifique premier album de platine certifié depuis le 24 février 2022.

Son dernier album, Démineur, est son projet le plus abouti

Dans les médias musicaux et particulièrement quand on parle de rap, il y a ce poncif journalistique vu, revu et utilisé à toutes les sauces qui parle « d’album de la maturité ». Quand bien même on aime se moquer de ce terme « fourre-tout », force est de constater qu’il qualifie parfaitement les derniers travaux de Lefa. 

Petite remise en contexte : en avril 2021, il a sorti DMNR, la première partie d’un projet double-face davantage tourné vers le monde extérieur, ses incohérences et ses déceptions envers l’humanité. Presque un an plus tard, en mars dernier, il embrayait avec Démineur, une deuxième partie cette fois axée sur l’introspection. En proie à une sagesse durement acquise tout au long de sa carrière, il se lave de tous ses péchés, admets ses faiblesses, ses failles, ses égarements et ses erreurs de jugement. En d’autres termes, avec toujours autant de technique et un sens de la mélodie des plus aiguisés, Lefa a enfin décidé d’être 100 % lui-même : un artiste complet et définitivement épanoui.

La remise en question profonde et la prise de conscience de soi étant les efforts intellectuels les plus éprouvants et difficiles à fournir pour l’Homme, on comprend aisément pourquoi Lefa, son devoir envers lui et son public désormais accompli, a décidé de prendre du recul pour se ressourcer auprès des siens. Après tout ce qu’il a donné, le guerrier a bien mérité un peu de repos, vous ne croyez pas ? D’autant que ses fans le savant : ce n’est qu’un au revoir, tout comme ce n’est pas la première fois que le rappeur s’éloigne du feu des projecteurs pour mieux revenir

Souvenez vous, après le succès étourdissant de l’album l’Apogée de la Sexion d’Assaut, il s’était retiré subitement du game entre 2012 et 2015 pour des raisons personnelles. Une fois revenu, il avait finalement expliqué les raisons de son retrait dans son morceau 20 ans et c’est grâce aux appels répétés de ses nombreux supporters qui réclamaient sans cesse son retour aux affaires qu’il ne put se résoudre à abandonner sa passion pour le rap. Dans quelles mesures les choses seraient différentes cette fois-ci ? Après tout, lui-même le sait bien : s’il part pour de bon et tire sa révérence, le rap français ne sera plus le même.

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT