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Vegedream, le « Marchand de sable » du rap français [PORTRAIT]

Vegedream, le « Marchand de sable » du rap français [PORTRAIT]

Rencontre avec un vendeur de rêve comme on n’en rencontre peu…

Une voix puissante et singulière, un passif dans un groupe de renom et un début de carrière irréprochable : Vegedream n’est pas prêt à prendre La Fuite. C’est donc à l’occasion de la sortie de Marchand de sable, sa première mixtape, que Booska-P part à la rencontre de cet artiste unique en son genre, bien décidé à tout casser.

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La musique partout, tout le temps

A chaque nouvelle sortie, Vegedream peut compter sur le soutien d’un public toujours au rendez-vous, avec, au minimum, un million de vues sur tous ses clips. Des chiffres significatifs de l’engouement provoqué autour de cet artiste présent depuis près de quatre années dans la musique. Un sens du rythme et de la musicalité que le rappeur et chanteur explique fièrement : « Mon père produisait des artistes avant, il était beaucoup dans la musique, c’était très familial. On écoutait vraiment beaucoup de musique. » Bercé dans la musique depuis tout jeune, l’artiste peut donc compter sur un éclectisme à toute épreuve, lui qui affirme avoir toujours écouté de tout : « J’avais pas de style prédéfini, je pouvais même écouter du Avril Lavigne, je kiffais de ouf. Et après, j’écoutais des chansons de mon pays, comme je suis ivoirien. »

Avant de se lancer en solitaire et comme beaucoup le savent, Vegedream évoluait au sein de La Synesia, un groupe composé de quatre autres artistes et dont il fait toujours partie. Un collectif dans lequel il ne peut pas totalement se livrer comme il le veut : « Je fais toujours partie de La Synesia, j’ai décidé de partir en solo parce que j’ai besoin de m’exprimer. Quand t’es dans un groupe, c’est compliqué, tu ne peux pas avoir ta propre direction à toi tout seul. La moitié des sons qui ont été faits pour La Synesia, c’était des solos à moi et on a jonglé, on répartissait les rôles. Je pense que c’est une bonne finalité de poursuivre en solitaire. » Malgré son envol en solitaire, Vegedream le sait, il reste la voix du groupe et continuera de le porter jusqu’au bout. Ensemble, ils préparent actuellement un nouveau projet, qui verra le jour après le sien et qu’il défendra tout autant.

Vegedream, c’est aussi un artiste à la page, qui reste à l’affût de toutes les sorties musicales du moment. Il écoute des personnes avec qui il est proche, comme Keblack et Naza, mais aussi le dernier album de Maître Gims, qu’il découvre encore et qui continue de lui « mettre des gifles ». Côté inspiration, l’artiste écoute beaucoup de musique de son pays, pour « vraiment ressentir l’inspiration ». Selon lui, « tu peux t’inspirer de tout, tout ce qui passe à la radio, tout ce qui est tendance. Même la guitare ou le piano, ça m’inspire. Je compose comme ça justement, je travaille avec un ingénieur son et je lui donne les mélodies que je veux apporter. »

Vegedream : une véritable machine à tubes

Chaque sortie musicale de Vegedream résonne comme un événement. Ses morceaux sont toujours écoutés et soutenus par une importante communauté d’auditeurs, qui sont des millions à se rejoindre sur chacun de ses visuels diffusés sur Youtube. Pas spécialement fêtard de base, Vegedream a appris à s’imprégner de la culture de la nuit pour pouvoir déterminer ce que les gens apprécient écouter quand ils sortent et ainsi pouvoir produire une musique entraînante et facilement appréciable. Malin et rusé, il explique : « A la base, moi je suis un mec qui sort pas beaucoup. J’ai décidé de sortir pour m’imprégner de ce que les gens écoutaient en boîte, vraiment. Et je pense que j’ai trouvé la recette pour faire bouger les gens. Du coup, ça marche plutôt bien. 80% des titres que j’ai fait sont joués en club aujourd’hui. »

Je pense que la musique change, pour être dans la vague il faut comprendre ça

Vegedream semble également avoir pris conscience de l’évolution qui touche le rap actuellement, faisant plus de place à des morceaux plus entraînants. Sa musique s’inscrit donc dans un registre ambiançant, et ce qu’il souhaite : « Je pense que la musique change, pour être dans la vague, il faut comprendre ça. Il y a des gens qui sont bloqués dans les années 2000, ils font des sons poto ça marche pas et ils s’étonnent. Mais tu sais, les gens grandissent et la musique évolue aussi, donc je pense que l’ambiance maintenant a pris une grosse place dans le rap d’aujourd’hui. Je sais que les gens aiment bien s’amuser, qu’ils aiment s’ambiancer et c’est ce qu’on écoute en ce moment. »

C’est avec La Fuite, son morceau dénonçant les leaks qui touchent régulièrement le rap français, que Vegedream s’est construit une véritable identité dans la tête des auditeurs de rap. Un morceau au refrain fou, qui s’accompagne d’un visuel tout aussi décalé en compagnie de bon nombre de youtubeurs : Tonio Life, Noah Lunsi, Willax, Hakim Jemili, Mohammed Nouar ou encore TrackaBangBang. Considéré dans la tête de certains auditeurs comme un rappeur fou, Vegedream vient mettre de la lumière sur ce clip cumulant aujourd’hui plus de deux millions de vues sur Youtube : « J’ai vraiment voulu ne pas me prendre la tête pour le clip, c’est marrant et si j’avais fait un truc sérieux ça aurait cassé quelque chose. C’est pour ça que j’ai appelé des Youtubeurs. »

Productif, Vegedream affirme que le studio, « c’est comme la cigarette » : « C’est obligé pour moi d’y aller, même si je n’ai rien à faire, sinon je me sens mal. Même quand je suis pas en studio, il faut que j’enregistre des trucs. Parfois j’entends des gens parler, ou des gens qui chantonnent, ça me donne de l’inspi… Mes proches me voient comme un fou, parce que je suis tout le temps en train d’enregistrer dans mon dictaphone, mais c’est important. »

D’ailleurs, l’artiste est aujourd’hui l’une des grosses têtes de la bande originale de Taxi 5, dans les salles depuis le 8 avril dernier. Réalisé par Kore, cet opus regroupe de gros noms du rap français actuel, à l’image de Soprano, L’Algérino, Marwa Loud, Hamza, Alonzo et bien d’autres. Du temps est donc le titre du rappeur d’Orléans présent sur cet album, un morceau qui aurait pu être remplacé par un featuring avec Awa Imany, notamment, mais que Vegedream a souhaité faire seul afin d’être mieux mis en valeur. Ce nouveau hit signé Vegedream sera présent sur sa toute première mixtape, afin de le promouvoir au maximum : « Il y a énormément de bons morceaux sur la bande originale de Taxi 5, et on n’est pas sûrs qu’il sera assez mis en avant, donc on a décidé de le mettre dans notre projet, pour mieux le porter et le défendre. »

« Marchand de sable » arrive pour vous bercer

Avec La Fuite, Vegedream s’est donc forgé une image bien particulière aux yeux de certains fans et auditeurs en tous genres. Une image quelque peu faussée, puisque le rappeur ne se limite pas qu’à des refrains fous et insultants, et compte bien le prouver dans Marchand de sable, sa première mixtape : « Les gens pensent que je suis fou en fait. Ils pensent que je suis un taré, un mec qui s’est levé un matin, qui a commencé à chanter des insultes. Ils vont être très surpris avec ce projet. »

Un projet sur lequel Vegedream a par ailleurs composé environ 75% des prods, avec l’aide d’ingénieurs du son et de beatmakers. Il regroupe également tous les morceaux Marchand de sable sortis jusqu’à présent, afin de satisfaire le public qui le suit de longue date. Première réalisation rime avec découverte et présentation. Il est donc important pour lui de se retrouver seul, afin de prouver sa capacité à produire un projet qualitatif sans l’aide de grosses figures du rap français pour le booster. Il explique : « J’ai pas mis de featurings dans la mixtape, parce que je veux vraiment qu’on parle de moi par rapport à ma musique à moi. Je ne veux pas qu’on dise, ‘son projet est bien parce qu’il y a un feat d’un tel ou un tel’. »

H Magnum, c’est quelqu’un de super important pour moi, je pense que beaucoup le savent

Pourtant, un featuring est à retrouver, aux côtés de H Magnum, rappeur emblématique du début des années 2010, également originaire de la Côte d’Ivoire. Pour Vegedream, impossible de ne pas l’inviter, malgré son besoin de se démarquer en solitaire. La raison ? Une relation qui ne date pas d’hier et qui mérite d’être honorée : « H Magnum, c’est quelqu’un de super important pour moi, je pense que beaucoup le savent. Il m’a contacté il y a quatre ans, quand j’ai commencé. C’est pour ça qu’il est si important, comme on est de la même origine, on s’est renseigné et on a vu qu’on avait des gens en commun. A ce moment là, il m’a dit ‘tu vas faire quelque chose de grand, t’es même pas prêt’. Il m’a toujours boosté. Quand j’ai besoin d’un conseil je l’appelle, on s’envoie des messages, on se voit souvent, c’est un grand reuf. C’était obligé qu’il soit sur ma première mixtape. »

Sa mixtape Marchand de sable sera donc disponible ce vendredi 1er juin. Mais ce n’est pas tout, puisque Vegedream vous réserve encore de belles surprises : « En fait, la mixtape, c’est juste un plus pour moi, parce que je suis déjà sur mon album. 60% de cet album est dans la boîte. »

Vous l’aurez compris, il vaudrait mieux que vous restiez branchés, d’autant plus quand on sait que Naza et Keblack seront invités sur ce premier album studio.

Crédits photos : Pierrick Bernard

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