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Médine, rencontre avec l’homme [PORTRAIT]

Médine, rencontre avec l’homme [PORTRAIT]

Pour la sortie de son album Prose Elite, nous avons rencontré le rappeur Médine. Sans oublier de parler de l’homme…

Tout a été dit sur Medine ou presque. L’artiste et la personne se confondent, mais jusqu’à quel point? C’est ce que Booska-P a tenté de savoir à l’heure de la sortie de son tant attendu cinquième album, Prose Elite. L’enjeu était simple, parler de l’autre Medine, de celui qui n’a pas forcément un micro à la main. Les réponses ont fusé et plusieurs thèmes chers au bonhomme sont venus nous bousculer : la boxe, l’Asie et les séries.

Médine, de la boxe à la rime

On l’a écrit précédemment, Medine est un homme de combats. Normal, d’un côté, qu’il préfère la boxe au football, par exemple. Néanmoins, s’il aborde le rap de manière noble, il en va de même pour la fameuse discipline sportive : « mon truc c’est la boxe anglaise, uniquement avec les poings, ce qu’on appelle le noble art. Chez moi la boxe c’est une histoire de famille, mon père a été professionnel dans sa jeunesse ». La filiation, la transmission, voilà qui fait corps avec Medine, comme il nous l’explique : « Aujourd’hui, mon père et mon frère son entraîneurs au sein du club qu’on a créé. Il s’appelle Don’t Panik Team, son objectif et d’aider des jeunes sportifs à devenir professionnels. J’y retrouve beaucoup de valeurs communes avec le rap, c’est pourquoi on y mélange sport et culture« .

Dans ses figures du ring favorites, il n’hésite pas à citer l’incontournable Mohammad Ali, mais aussi à nous raconter l’histoire d’une légende cubaine décédée en 2012 : « J’apprécie les sportifs aux parcours atypiques. le cubain Teofilio Stevenson n’est par exemple jamais passé professionnel. Toute sa vie il s’est consacré à la boxe olympique, c’est-à-dire une boxe épurée, délestée de tout artifice qui pourrait parasiter le sport. Il avait beaucoup de charisme, c’est le rival que Mohammad Ali aurait pu avoir« .

Je m’inspire des hommes qui ne sont pas nos contemporains

Rappeur en série

De cette dramaturgie des rings, on bascule vers une autre, celle des séries. On pense alors que Médine est un important « consommateur » de scénarios en tout genre, assoiffé de rebondissements. Là encore, surprise. Nous nous sommes plantés en beauté. Les séries et le cinéma en général constituent, selon lui, un changement dans l’appropiration culturelle de beaucoup de choses. De la façon que nous avons d’envisager la musique jusqu’aux outils pour la filmer. Les séries représentent de nouvelles matrices dans lesquelles le rappeur puise des idées nouvelles : « Je n’ai pas un millier de références comme certains cinéphiles. Ce que je peux dire, c’est que je suis une éponge. J’essaye d’absorber tout ce que je vois. Less séries regorgent aujourd’hui de références. Elles tendent plus vers la qualité et je m’en inspire pour mon travail. Niveau clip on a par exemple bossé sur le POV (la vue à la première personne), pour donner quelque chose de plus ludique. S’accaparer les univers, c’est aussi ça« .

Je suis un cafard, pas un dinosaure

Medine nous dit donc préférer la « quantité à la qualité » et n’oublie pas de conseiller la série Black Mirror. De la même manière que l’industrie des séries a changer les modes de consommation, le rap a su évoluer aussi, le rappeur nous rejoint dans cette analogie « des nouveaux styles de rap ont émergé aussi. Cela te pousse à être plus productif, plus concis dans ta manière de transmettre des messages, sans pour autant nier la qualité« . Médine pousse alors la métaphore plus loin : « moi je suis un cafard, pas un dinosaure. Les dinosaures étaient gigantesques et ne sont plus là aujourd’hui. Les cafards, seront encore là après nous. C’est mon truc, il faut s’adapter et se montrer progressiste dans sa manière d’aborder le rap« .

Entre la France et l’Algérie, l’Asie

Dans la musique, justement, ce dernier avait été un des premiers a abordé le thème des Rohingyas, communauté musulmane oprimée de Birmanie. Une nouvelle fois, le pont rentre les cultures est là, bien présent pour « alerter les consciences« . Si l’Asie est représentée dans le rap par les mangas et les néons de Tokyo, ce n’est pas une mauvaise chose pour Medine qui considère que la culture « des mangas peut transmettre également des valeurs. On est beaucoup à avoir grandi là-dedans« . Lui voit cependant le continent asiatique d’un autre oeil, sa belle-famille étant originaire du Laos. Encore une fois il nous sort une réplique inédite : « bien plus que les mangas ou autres je m’intéresse à la cuisine laotienne. C’est comme un art à part-entière, une science. J’ai l’impression de goûter les mets du paradis à chaque fois que je m’attable chez ma belle-mère« . Il poursuit, « c’est une autre manière d’aborder la nourriture, un autre état d’esprit« . L’artiste nous met l’eau à la bouche, et nous présente les recettes qu’il affectionne, le Tam Mak Hong (salade de papaye), le boeuf séché au soleil et le riz collant.

je suis une éponge. J’essaye d’absorber tout ce que je vois

Une personnalité ne se résume pas en quelques lignes. Néanmoins, Médine s’est ouvert, partageant avec nous ses différentes facettes. On vous l’accorde, ceci n’est pas très « rapologique ». Cependant, on peut, dans ces influences, trouver le leitmotiv’ d’un artiste en constante mutation, à même de réunir plusieurs univers et de pousser son auditoire à s’ouvrir et voir plus loin. A la fin de notre conversation, il nous a déclaré apprécier les séances de vannes entre potes. Fan du bon mot Médine? Oui, mais pas n’importe lequel : « je m’inspire des hommes qui ne sont pas nos contemporains. Winston Churchill, l’ancien politique britannique, quelqu’un avec beaucoup de charisme. Mais moi je ne suis pas comme ça, je trouve que je mets toujours un peu de temps à trouver la bonne punchline dans une conversation« .

Découvrez notre portrait exclusif de Medine en 5 minutes :

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