Actualités Musique

Mayo, de Stains aux States [PORTRAIT]

Mayo, de Stains aux States [PORTRAIT]

Le rappeur fait les présentations à l’occasion de la sortie de sa tape « TPN ».

Crédits Photos : Antoine Ott.

Placé dans la liste des 11 rappeurs à suivre en 2018, Mayo a finalement décidé de miser sur l’année 2019. Un millésime dans lequel il débarque avec un premier projet, une mixtape fournie baptisée TPN pour « tout pour nous ». Un objet musical non identifié, où le mumble occupe une grosse place, TPN place l’artiste de Saints (93) comme un original. Un gars validé par les plus grands et dont l’heure sonne enfin. Rencontre dans nos locaux.

À LIRE AUSSI 
Mayo en lévitation dans le Freestyle « Booska TPN » [VIDEO]

Validations en express et vécu compliqué

Depuis ses débuts, peu de choses ont filtré sur Mayo. Avec sa musique comme seule carte de visite, le rappeur a fait le choix de laisser parler ses flows plutôt que d’enchaîner les interviews. En débarquant chez nous, il clarifie la chose. Son idée était de « vraiment progresser avant de prendre la parole face aux médias ». Pourtant, les progrès, le bonhomme connaît. Après quelques freestyles entonnés au quartier, il fait mouche. Plutôt du genre à « soutenir ses potes déjà présents dans la musique », il prend les choses en main et décide de ne « plus rien lâcher ».

Dès lors, les validations se font de plus en plus nombreuses. Que ce soit médiatiquement ou chez les pontes du game, Mayo tape dans le mille. Pêle-mêle, on le croise donc dans notre liste des rookies à suivre en 2018, mais aussi sur le projet 93 Empire en feat avec Sofiane ou encore lors d’un Planète Rap en compagnie de La Fouine. Celui qui a notamment grandi avec L’Assassin de Sinik, prend la chose avec le sourire : « Cela fait toujours plaisir, car ce sont des rappeurs que j’écoute. Quand Niska m’a partagé sur snap, ça m’a fait bizarre ! C’est là que tu comprends qu’il y a quelque chose à faire dans le rap. Si des mecs comme eux captent le délire que tu ramènes, beaucoup de gens peuvent le capter aussi ».

La prison ? Sans cracher dessus, j’avais l’impression d’être à l’internat

Un délire qui va mettre un certain temps à arriver à maturation, la faute à un passage par la case prison. Mais là où un séjour sous les verrous peut en effrayer beaucoup, notre rappeur fait avec, affichant une sérénité déconcertante face à nos questions : « Tout dépend comment tu vis le truc. Comme tout le monde, je pensais que ça allait être dur. Sans cracher dessus, j’avais l’impression d’être à l’internat. J’ai eu cette chance, ça ne m’a pas touché plus que ça. Je ne peux pas en parler comme si c’était quelque chose de fou. Je préfère placer un petit big up à ceux qui sont enfermés, car je respecte tous ceux qui subissent de grosses peines ».

L’influence des Etats-Unis

Les ennuis avec la justice hexagonale, voilà ce qui a poussé notre artiste à survoler l’Atlantique. Direction Denver, dans le Colorado, une terre d’opportunités qui abrite la franchise NBA des Nuggets, un terme qui signifie « pépites ». Ainsi, c’est comme un chercheur d’or que Mayo débarque, ouvert à toutes les possibilités. Les USA, un synonyme de prise de conscience pour lui : « Les States, ça m’a changé, ça m’a appris plein de choses. Tu vois la vie d’une autre façon, c’est une très bonne expérience que je conseille à tout le monde. La culture musicale est dingue. Moi qui suis noir, j’ai trouvé tous ces trucs de communauté là-bas. Avoir accès à beaucoup de choses et te permettre de casser tes propres barrières ».

Sur place, il parfait son art, cherchant à se nourrir de la musique venant de partout, des fenêtres des appartements jusqu’à celles des grosses bagnoles : « T’es obligé de retrouver un peu d’Amérique dans ma musique. Si t’es quelqu’un de motivé, aux States, t’as les moyens d’avoir des opportunités. Après c’est comme partout, tout n’est pas facile. C’est là-bas que j’ai eu l’envie de m’en sortir, l’ambition de réussir. Dès que je suis un peu déconnecté, je fais une mise à jour en pensant aux USA ». En grand fan de Lil Wayne et Wiz Khalifa, Mayo s’y sent comme un poisson dans l’eau, de quoi livrer aujourd’hui un mumble qui trouve peu d’équivalents dans l’hexagone.

C’est aux States que j’ai eu l’ambition de réussir. Dès que je suis un peu déconnecté, je fais une mise à jour en pensant aux USA

Une influence américaine qui influe également du côté de ses textes. S’il reste dans une description crue de son vécu, l’auteur de Fly prend bien soin de mettre sa « quête des lovés » au premier plan : « Dans mon rap, je parle avant tout de mes motivations. Je suis passé par la vente de drogues, c’est un fait, ça fait partie de mon parcours. C’est une question d’étapes. Peut-être qu’une fois comblé, je vais oublier tout ça ». La réussite comme une fin en soi, certes, mais pas par n’importe quel chemin…

Un topliner avant l’heure

Reste donc à retranscrire toute cette expérience dans un premier projet.TPN, dévoilé le 11 janvier, a été travaillé dans ce sens, pour un rendu efficace du style Mayo, concentré de ses qualités, de ses expériences personnelles et de son vécu. Le tout sans jamais oublier son amour de la bonne vibe, car son truc, c’est bien le flow : « A travers le rap, tu peux faire passer plein de sentiments et d’idées, mais le plus important selon moi, c’est la musicalité. La base fondamentale, c’est de savoir comment c’est construit, comment ça sonne. Premièrement, je pense à ça, le reste vient après. Via le rap, je raconte ce que je vis, donc ça vient tout seul, ce n’est pas un problème ». C’est donc tout naturellement qu’il a commencé à travailler avec ses propres toplines. Un procédé sur lequel il n’a mis un nom que récemment, après sa « professionnalisation » : « Je crée mon flow, ma musique, puis je m’installe avec mes paroles ».

Deux featurings viennent alors confirmer l’appétit du Satnois pour les séquences ambiançantes à souhait : Hes en compagnie de Franglish, inspiré de la rumba congolaise, et Cette année-là avec Kaaris dans un genre très club. « Les sons africains m’inspirent, mais pour l’instant, je ne sais pas en faire. Du coup, j’ai ramené Franglish ! Pour ce qui est de Kaaris, il faut savoir qu’il m’avait contacté sur Instagram, car il appréciait ma musique. Et quand j’ai posé Cette année là en studio, je me suis dit qu’il irait bien dessus. Diarabi m’avait marqué, je voulais un délire dans ce style. Je lui ai donc demandé et on a kické, tout a été carré. Une semaine après l’enregistrement, le clip était même déjà prêt » explique t-il.

Chacun a son délire aujourd’hui, il fallait donc que j’apporte ma patte, ma touche d’originalité

Deux tracks qui prouvent le talent du bonhomme pour varier les ambiances, mais toujours en gardant son cap, comme il l’affirme : « J’ai vraiment bossé sur ce que j’avais envie de faire. J’ai ramené mon style et ma personnalité sur ce projet. C’était une réelle envie pour moi de montrer aux gens qui j’étais. Chacun a son délire aujourd’hui, il fallait donc que j’apporte ma patte, ma touche d’originalité ». Dans la caste de ceux qui osent, Mayo a de quoi faire monter la sauce. Soyez-en sûrs.

Top articles

Dossiers

VOIR TOUT

À lire aussi

VOIR TOUT