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Pablo Escobar au cinéma : suspense, billets verts et cocaïne

Pablo Escobar au cinéma : suspense, billets verts et cocaïne

Retour sur les films, séries et documentaires qui ont mis en scène le roi de la poudreuse…

Gangster de tous les superlatifs, Pablo Emilio Escobar Gaviria a vécu sa vie comme une star de cinéma.

Narcotrafiquant sans états d’âmes devenu riche à ne plus savoir quoi faire de son argent, celui qui se rêva un jour président de sa Colombie natale avant de tomber sous les balles a logiquement inspiré quantité de fictions.

Tantôt autobiographiques, tantôt romancées, ces dernières perpétuent chacune à leur manière son mythe, quand bien même l’homme lui-même n’a jamais été de près ou de loin un exemple à suivre (parce que tueur de femmes et d’enfants, parce que psychopathe, parce que pédophile…).

Retour sur les principales œuvres qui lui ont été consacrées et sur les différents acteurs qui lui ont prêté leurs traits.

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Blow

Sorti en 2001, avec Cliff Curtis dans le rôle-titre.

L’histoire vraie de George Jung (Johnny Depp), un type qui n’aimait pas trop se prendre la tête et qui plutôt que de bosser s’est mis à dealer de la marijuana en quantité dans la Californie des années 60.

Après s’être fait choper par la justice américaine et fait condamner à quelques années de placard, il s’initie en cellule aux rouages du très juteux trafic de cocaïne« Je suis arrivé avec un bac en marijuana et je suis ressorti avec un doctorat en cocaïne. »

Jung deviendra ainsi à la fin des seventies le principal importateur du pays, lui qui selon ses dires distribuera jusqu’à 85% de la poudre blanche sniffée sur les terres de l’Oncle Sam.

Son secret ? Sa connexion directe avec cartel de Medellín dirigé par ‘El Señor’ Pablo Escobar grâce à sa rencontre avec le germano-colombien Carlos Lehder (l’homme qui transforma l’île de Norman’s Cay dans les Bahamas en base dédiée au trafic).

Escobar et Jung noueront d’ailleurs une amitié sincère, ce qui permettra à ce dernier de continuer d’opérer en indépendant quand par la suite Lehder le trahira.

Pablo Escobar, le Patron du mal

Sorti en 2012, avec Andrés Parra dans le rôle-titre.

Narcos avant Narcos, cette série américano-colombienne longue de 113 épisodes reste encore aujourd’hui assez injustement méconnue.

Basée sur le livre La parabole de Pablo d’Alonso Salazar publié en 2001, elle revient en détails sur la biographie d’Escobar – son enfance mal famée dans le petit village de Rionegro, la mise en orbite de son empire criminel, son inéluctable chute…

Chemin faisant, la caméra prend le temps de s’attarder sur les différentes facettes du personnage via notamment les relations qu’il entretient avec ses proches et ses partenaires.

Si la série affiche un côté soap opera un peu trop prononcé, cela ne l’a pas empêché d’être un énorme carton d’audience en Amérique du Sud.

À regarder (évidemment) en espagnol, la VF se révélant de toute façon très vite insupportable.

Paradise Lost

Sorti en 2014, avec Benicio del Toro dans le rôle-titre.

Là encore un scénario inspiré d’une histoire vraie, celle de Nick (Josh Hutcherson), un surfeur canadien qui tombe amoureux de Maria (Claudia Traisac), une jeune et jolie colombienne qui est accessoirement la nièce de Pablo Escobar.

Pas de chance, son oncle vient de rentrer en conflit ouvert avec le gouvernement et redouble désormais de violence dans la gestion de ses affaires. Demi-dieu parmi les hommes, il s’octroie alors le droit de vie ou de mort sur ses obligés et leurs familles.

Dans un premier temps inconscient des dangers qu’il court à nager en eaux troubles, Nick se retrouve très vite pris dans un engrenage qui va lui coûter extrêmement cher.

Filmé comme une tragédie grecque, Paradise Lost se veut une variation sur la fascination qu’exerce le mal sur les individus les plus lambda.

Bien que Benicio Del Toro soit très à l’aise avec son personnage, le choix plutôt audacieux (et plutôt réussi) a été fait de le mettre en scène, non pas dans chaque plan, mais au compte-goutte tel un slasher de film d’horreur.

The Two Escobars

Sorti en 2010, diffusé sur ESPN.

Coupe du Monde 1994. Andrés Escobar, 27 ans, marque contre son camp au cours du match qui oppose la Colombie aux États-Unis. Cinq jours plus tard, le footballeur surnommé ‘le Gentleman’ pour son élégance sur et en dehors des terrains est abattu de douze balles dans le corps sur un parking d’un bar de Medellín.

Bien que ne partageant rien avec Pablo E. si ce n’est un même nom de famille, leurs parcours n’en sont pourtant pas moins inextricablement liés. Décédé un an plutôt, le roi de la cocaïne avait en effet massivement investi dans l’Atlético Nacional, le club où il évoluait comme défenseur.

Les deux Escobar se veut ainsi une enquête approfondie ainsi dans les méandres du narco-fútbol, ce système dans lequel les équipes sont tenues par les trafiquants dans un pays où le ballon rond est une religion.

Alors que l’on pourrait croire la trame de ce documentaire quelque peu tirée par les cheveux, lorsqu’à la fin l’action malheureuse est repassée, c’est avec un regard complétement neuf que le spectateur considère ce fait divers.

Infiltrator

Sorti en 2016, réalisé par Brad Furman.

Une trame des plus classiques s’il en est (et là encore inspirée de faits réels) : Robert Mazur, un agent des douanes proche de la retraite, décide d’infiltrer le cartel de Medellín afin de faire tomber un maximum de barons de la drogue, mais aussi (et c’est ici un peu plus original) afin de mettre à jour le rôle joué à l’international par la Bank of Credit and Commerce dans le blanchiment d’argent.

Évidemment, la force d’Inflitrator repose en grande partie sur la performance du toujours remarquable Bryan Cranston/Walter White qui parvient à insuffler ce qu’il faut de tension pour tenir le spectateur en haleine de bout en bout.

Cranston n’est cependant pas le seul acteur à tirer ici son épingle du jeu, John Leguizamo, Benjamin Bratt ou encore Diane Kruger se montrant des plus convaincants.

Absolument pas présent à l’écran, Pablo Escobar voit néanmoins son ombre planer dans chaque plan.

Loving Pablo

Sorti en 2017, avec Javier Bardem dans le rôle-titre.

Biopic vendu comme une romance, cette production espagnole met en scène la liaison entretenue entre 1983 et 1987 par l’homme qui a mis la Colombie à feu et à sang et la célèbre présentatrice télé Virginia Vallejo.

Loin de succomber aux sirènes de la sacralisation, malgré ses faux-airs de telenovela Loving Pablo ne dresse un portrait qui se rapproche plus de celui d’un barbare sanguinaire que de celui d’un Roméo tendance Robin des Bois.

Au sommet de l’affiche, le couple Barden/Cruz s’en tire avec les honneurs. Tout en bedaine et en œil torve monsieur se montre des plus convaincants, tandis que dans le genre forte et fragile madame touche en plein cœur.

Bon après, si l’on veut vraiment finasser, le film n’apprend tout de même pas grand-chose pour qui se serait intéressé un minimum aux œuvres sorties précédemment.

American Made

Sorti en 2017, avec Mauricio Mejia dans le rôle-titre.

Pilote de ligne aussi doué et aventurier, Barry Seal (Tom Cruise plus Tom Cruise que jamais) travaille au début des années 70 pour une compagnie aérienne quelconque avant d’opter pour un job beaucoup plus lucratif : transporter des kilos de blanche pour Pablo et ses potes en conduisant à basse altitude des avions de petite taille entre l’Amérique latine et les États-Unis.

Si tout va pour mieux dans les premiers temps, il finit néanmoins par se faire chopper par la DEA suite à une dénonciation. Devenu informateur pour éviter la prison, il se retrouve alors à jouer avec sa vie à chaque nouvelle mission.

Alors que le film aurait mille fois pu jouer la carte un peu trop évidente du reportage à suspense, choix a été fait par le réalisateur Doug Liman de donner un ton des plus légers à l’ensemble, quitte à flirter avec la comédie.

Un parti original donc, mais au final un pari gagnant, le film se démarquant allègrement de tout ce qui se fait dans le genre.

Narcos

Sorti en 2015, avec Wagner Moura dans le rôle-titre.

« Plata o plomo »

À celles et ceux qui ne connaissent toujours pas le The Wire de Netflix, sachez qu’il met en scène la moustache d’Escobar uniquement lors de ses deux premières saisons.

Son propos est ensuite élargi à d’autres acteurs du trafic de cocaïne comme le cartel de Cali dans la saison 3 ou les agents de la DEA dans le spin off Narcos: Mexico.

Petit bijou d’exécution et de réalisme, Narcos vaut largement votre temps, que ce soit pour son travail de reconstitution ou son côté extrêmement divertissant.

Sins of My Father

Sorti en 2009, réalisé par Nicolas Entel.

Sitôt Pablo Escobar décédé en 1993, son fils Sébastian alors âgé de 16 ans jure publiquement qu’il vengera sa mort. Immédiatement, sa tête est mise à prix à hauteur de quatre millions de dollars par les anciens ennemis de son père.

Seize ans plus tard, celui qui a dans la foulée a déménagé en Argentine et changé de nom pour échapper au destin funeste qui lui semblait promis se confie face caméra sur sa vie de « fils de ».

Conscient du fardeau qu’il porte malgré lui, son témoignage riche en anecdotes se veut avant tout pédagogique. L’idée est en effet de déconstruire le mythe, à l’image de ce moment assez poignant où Sébastian Marroquin/Escobar se retrouve dans une même pièce face à deux fils dont les pères ont été assassinés par le sien.

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