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Luke Cage : on a vu la première saison sur Netflix, et…

Luke Cage : on a vu la première saison sur Netflix, et…

Que vaut Luke Cage ? La nouvelle série Marvel disponible sur Netflix…

Produite par Cheo Hodari Coker (Notorious, Southland), l’adaptation sur le petit écran du comic Luke Cage, prouve que Marvel a décidément plus d’une corde à son arc lorsqu’il est question de renouveler ses gloires du passé. Et de leur offrir une exposition qu’ils n’auraient sans doute jamais espéré…

Luke Cage n’est pas le dernier caprice de Netflix, loin de là même. Imbriqué dans le même univers que les séries Daredevil, Jessica Jones, Iron Fist et The Defenders, d’ailleurs toutes disponibles ou en passe d’arriver sur le service de vidéo à la demande (les deux dernières n’ayant à l’heure actuelle pas encore été diffusées, elles sont malgré tout très attendues), Luke Cage est donc le dernier personnage Marvel en date à hériter de sa propre série. Mieux vaut tard que jamais : il aura fallu attendre près de 50 ans avant que le super-héros créé il y a quelques décennies de cela par Archie Goodwin et John Romita, Sr. ait enfin droit à la considération qu’il mérite.

La vague de la blaxploitation

Relativement peu connu du grand public, Luke Cage est pourtant un héros « à part » si l’on peut dire dans le large univers de Marvel. C’est en effet le premier personnage afro-américain à avoir obtenu sa propre série au sein de l’écurie Marvel Comics, dans les seventies. Pour faire un peu d’histoire, on fera remarquer qu’à l’époque, Cage servait presque de « pretexte » pour surfer sur la vague de la blaxploitation, très en vogue alors, et forcément rentable. Ceci étant, il serait réducteur de résumer Luke Cage comme une bête excuse programmée, qui aurait simplement permis à Marvel de toucher un nouveau public sans trop se fouler. Goodwin, l’une des moitiés du duo à l’origine du personnage, aura également été crédité pour son travail sur les licences Iron Man, Star Wars et Batman. Loin d’être anecdotique, vous le concéderez sans mal.

Quant à Romita, Sr., son second géniteur, celui-ci aurait carrément été recruté en direct par Stan Lee (le « grand patron » de l’univers Marvel) lors de son arrivée chez Marvel il y a bien longtemps. Là-bas, il aura entre autre participé aux comics The Amazing Spider-Man, Punisher et Wolverine. En France, Luke Cage aura connu un succès d’estime, et d’ailleurs, le comic original n’aura eu droit qu’à 50 numéros avant d’être réintégré avec la série Iron Fist, preuve qu’il s’agissait avant-tout d’un personnage secondaire au sein de l’univers étendu de la firme américaine. Mais alors, Cage ne serait-il pas en fait qu’un héros court sur pattes au potentiel limité ?

Un super-héros au potentiel énorme

L’histoire qui portait Luke Cage est bien plus complexe qu’elle en a l’air, et Netflix n’a pas certainement pas parié sur le mauvais cheval. D’ailleurs, nous avons eu l’occasion de découvrir en avant-première la première saison de la série, composée de 13 épisodes, mais aussi de d’échanger à la fois avec le producteur de la série, Cheo Hodari Coker, mais également avec l’acteur Mike Colter, l’interprète de Luke Cage.

L’influence de Notorious B.I.G.

Pour la petite histoire, la série baigne dans un univers mâtiné de hip-hop. Ne serait-ce déjà parce que Cheo Hodari Coker est lui même ancré dans cet univers depuis bien longtemps. Passé tour à tour par les magazines Rolling Stone, Vibe, The Source, XXL lors de sa carrière de journaliste, ce diplômé de Stanford a surtout publié en 2003 le livre « Unbelievable: The Life, Death, and Afterlife of the Notorious B.I.G. », qui sera ensuite adapté sur le grand écran en 2009. Nous confiant avoir été un ami de B.I.G. lors de son vivant, il offre d’ailleurs à son ancien compagnon de route une petite place au sein de Luke Cage. On vous laissera le découvrir, mais la surprise est belle. Et puisqu’on en est à évoquer les caméos hip-hop cachés dans la série, sachez également que tous les noms des épisodes sont en réalité… des titres des chansons du groupe Gang Starr. Une raison de plus de vous intéresser à ce groupe légendaire si jamais vous étiez passé à côté de leurs réalisations de l’époque. Pour les plus jeunes d’entre vous, on tiendra à rappeler que le groupe, composé de DJ Premier et du regretté Guru (RIP), est à l’origine des morceaux Full Clip, Skills, You Know My Steez, etc.

Luke Cage, cru 2016

Et quand on demande à Coker s’il a eu à réimaginer complètement Luke Cage pour le rendre plus actuel, pour l’extirper de son image très orientée années 70, il explique « toujours avoir pensé que le comic original était très bon » pour la bonne raison qu’il « développait une image forte de Cage » . Et donc, que son principal challenge n’aura pas forcément été de s’atteler à transformer le super-héros au risque de le travestir et trahir son ADN, mais plutôt de « l’adapter à un nouveau public ». Et c’est en cela qu’on reconnaît la patte actuelle de Marvel, qui s’échine à extirper ses gloires du passé de leur torpeur.

Des personnages secondaires solides

Et si nous ne nous risquerions pas à vous spoiler quoique ce soit concernant cette première saison, on peut en tout cas vous dire qu’elle fait partie des séries touchées par la désormais célèbre règle des 3 épisodes. 3 épisodes, c’est à peu près le temps pour que le décor s’installe, et que votre attention soit intégralement captivée par ce qui se passe à l’écran. C’est fourbe, mais ça fonctionne : passées les étapes de l’appréhension, de la découverte, de la mise en place des personnages secondaires à certains moments en mesure de voler la vedette à Cage, on se prend dans l’histoire et les travers de ce super-héros atypique, suivant avec intérêt une nouvelle interprétation du personnage. Et ce même si elle demeure quelque peu différente de celle aperçue dans la série Jessica Jones, quand bien même il s’agit du même acteur qui campe Cage à chaque fois.

Jessica Jones, Luke Cage, même combat ?

Et justement : de l’aveu de Coker, « la série Jessica Jones a toujours été à propos… de Jessica Jones », et c’est justement pour cela que Cage a eu droit à sa propre série : pour étaler son potentiel, pour qu’on puisse découvrir ses travers, son vrai visage qui se dévoile au fil des épisodes. Même si on pourrait reprocher à la série un léger manque de rythme par moments et des dialogues qui tendent parfois à manquer de naturel, le fait que Luke Cage se soit vu retravaillé, pour devenir plus posé, plus calme, joue en sa faveur. Au point d’être un symbole pour une Amérique assistant régulièrement à son lot de bavures policières, sous couvert de tensions raciales, et qui pourrait voir en Cage, hoodie sur le dos, un personnage utile en ces temps de crise ? On n’en est sans doute pas là pour le producteur du show, qui s’il admet avoir voulu offrir un angle politique à la série, a malgré tout mis l’accent sur le côté « entertainement ».

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Ce n’est pas tous les jours qu’on voit un super-héros enchaîner les petits boulots, passer le balai chez le coiffeur en journée puis servir des cocktails le soir dans un bar branché, pour pouvoir joindre les deux bouts, comme n’importe quel américain de la classe moyenne, et encore. Le personnage campé par Mike Colter n’a rien du flambeur à la Tony Stark, et encore moins du nerd à la Peter Paker. Il veut au contraire se fondre dans la masse, refusant même ses pouvoirs. Et c’est en ça que la recette fonctionne : les épisodes ne se limitent pas à enchaîner les scènes où règnent la baston et l’idée de justice. Le résultat est complexe, parfois borderline, et souvent jouissif, même si la série prend son temps. Un point commun de plus avec Mike Colter ? L’acteur signe en effet ici son véritable premier rôle, après avoir été révélé au grand public il y a plus de 10 ans de cela, dans le film Million Dollar Baby de Clint Eastwood (sacré meilleur film aux Oscars en 2005), où il donnait la réplique à Hillary Swank, Clint Eastwood et Morgan Freeman. Certains l’ont également aperçu dans Men in Black 3, où il aura prêté ses traits au colonel James Edward II, le père de l’agent J interprété par Will Smith.

Mike Colter, le Luke Cage idéal ?

Quand on demande à Mike Colter ce qu’il a apprécié à propose de Luke Cage, la réponse est cinglante : « le fait qu’il doive se créer son propre chemin, il doit se trouver et trouver sa place dans sa société, en ayant un job, en devant payer ses factures […] en faisant les mêmes choses que la plupart des gens […] il tente de gérer ces deux choses : les super-pouvoirs d’un côté, et sa vie de l’autre ». Le personnage, moins hargneux que dans le comic original, semble en tout cas avoir donné énormément de plaisir à son acteur, qui avoue sans détour aucun avoir apprécié le climat « irréel » de la chose, quand vous finissez par vous rendre au « travail » pour jouer les super-héros, et voir des centaines de personnes s’activer autour de vous à chaque fois qu’il faut simuler l’utilisation des super-pouvoirs de Luke Cage. Une expérience que beaucoup envieraient, mais qui a malgré tout fait réfléchir Mike Colter, ayant apparement hésité à quitter la ville de Los Angeles, où il est implanté avec sa petite famille, pour aller tourner du côté de New York, Luke Cage prenant place dans un Harlem littéralement bouillant. Vous l’aurez compris, on vous invite vraiment à y jeter un oeil.

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