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Quel est le meilleur Batman au cinéma ?

Quel est le meilleur Batman au cinéma ?

A l’occasion de la sortie dans les salles obscures de « Justice League », le débat est lancé…

Créé en 1939 par le dessinateur Bob Kane et le scénariste Bill Finger pour la maison DC Comics, du haut de ses presque 80 ans Batman se porte comme un charme. Mieux, à chaque nouvelle étude de popularité, il continue à devancer inlassablement tous les Marvel et mutants de la terre.

Son secret ? Son personnage et sa mythologie n’ont eu de cesse de se renouveler avec les époques : Batman n’est en effet pas seulement le plus humain des superhéros, il est aussi le plus éclectique.

Sur grand écran, sous les traits d’acteurs et sous la direction de réalisateurs tous plus divers les uns que les autres, il est ainsi apparu suivant les humeurs comme un James Bond sombre et menaçant, une icône pop, un garçon millionnaire vulnérable et torturé, un objet de caricature à un degré cinq et même un Lego sarcastique.

Si la franchise ne fait pas « vici, vici » à tous les coups, elle ne laisse cependant jamais de marbre. La preuve avec ce top douze des meilleurs films du Cape Crusader rédigé un œil dans le rétroviseur de la Batmobile.

[N’en déplaise aux puristes, ont été mis de côtés le très gênant duo de films muets tourné dans les années 40, le Turrkish Batman de 1973 (Betmen Yarasa Adam dans le texte) et le caméo de Suicide Squads.]

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12. Batman Forever

Réalisé en 1995 par Joel Schumacher.

Énorme carton au box-office, ce troisième volet n’en décroche pas moins le bonnet d’âne du classement, le temps ayant même sérieusement aggravé son cas.

On parle tout de même ici d’un film qui commence sur un placement de produit pour le drive d’une chaine de fastfood, avant de voir le héros s’échapper d’un coffre-fort suspendu dans les cieux grâce à un sonotone.

Et la suite est l’avenant, tout n’étant que prétexte pour refourguer des brouettes de merchandising dans une ambiance faussement second degré éclairée aux néons (des tonnes de néons !).

Si Val Kilmer ne démérite pas en Bruce Wayne, une fois son costume de chauve-souris enfilé, il inspire plus l’ennui qu’autre chose.

Côté méchants, c’est à se demander si un test antidopage n’aurait pas dû être effectué avant chaque prise, tant cette paire de zinzins redéfinit dans les grandes largeurs les notions de cabotinage et de mauvais goût. Tandis que Jim Carrey en Riddler parodie jusqu’à l’écœurement tous ces rôles passés et à venir, Tommy Lee Jones en Double Face réussit « l’exploit » d’être encore plus Jim Carrey que Jim Carrey.

Ou quand les minutes qui vous séparent du générique de fin semblent durer Forever.

11. Batman v Superman : L’Aube de la Justice

Réalisé en 2016 par Zack Snyder.

Rarement un film n’aura récolté autant de fiel à sa sortie. Mais en aurait-il pu être autrement quand là où Marvel avait pris le temps de bâtir son univers à coups de stand alone movies, DC expédie la purée d’un coup d’un seul en introduisant tous les membres de la Justice League ?

En plus de ce bordel narratif sans nom, la barque s’alourdit de quantité de fails et d’incohérences, à commencer par ce fameux choc des titans long d’une petite dizaine de minutes à peine qui tient plus de la coïncidence qu’autre chose – et puis les séquences de rêves, le plan capilotracté de Lex Luthor, le jeu de Lex Luthor, « Martha »

Rayon points positifs, outre le spectaculaire de certaines scènes (dont le fameux choc des titans), ce Batfleck tout en grimaces s’en tire très bien malgré son relatif faible temps de jeu (et Dieu sait combien il était périlleux de revêtir la cape et la cagoule après le carton de la saga de Nolan).

[Notez que la version longue director’s cut agrémentée de trente minutes supplémentaires vient, non pas gommer, mais atténuer bon nombre des défauts évoqués.]

10. Justice League

Réalisé en 2017 par Zack Snyder/Joss Whedo.

Mieux réussie que l’essai précédent, cette tentative d’Avengers se montre encore largement insuffisante.

La faute principalement à ce manque de cohésion, avec d’un côté un montage qui se confond avec un tunnel de scènes d’exposition (pour la fluidité et l’attachement aux nouveaux personnages il faudra repasser), et de l’autre ce ton bipolaire qui tente de greffer très artificiellement à l’humeur sombre de la franchise des vannes et de la légèreté.

[Ezra Miller qui interprété Flash est-il vu une seule fois deux heures durant sans grimacer ?]

Difficile de comprendre pourquoi dans une époque où les séries sont reines Warner Bros. s’obstine autant à phagocyter la narration avec un format film unique qui ne peut qu’aboutir à ce type de rendu trop linéaire – et tant pis pour les quelques pistes intéressantes passées par-dessus bord (l’arc narratif de Cyborg) ou expédiées en quelques minutes (la résurrection de Superman).

Difficile aussi de comprendre pourquoi en 2018 malgré 300 millions de dollars de budget cette CGI parait si cheap : non contents d’être absolument insipides scénaristiquement parlant, le méchant Steppenwolf et son armée de mouches volantes semblent tout droit sortis d’une démo de jeu PlayStation.

Question Batman, réduit faute de superpouvoirs à une Veuve Noire ou un Hawkeye quand vient l’action, dans la course au charisme Ben Affleck se prend en plus clairement la pilule face à Gal Gadot et Khal Drogo.

Bien malin qui pourra prédire la tournure que va désormais prendre cette Ligue des Justiciers.

9. Batman contre le fantôme masqué

Réalisé en 1993 par Eric Radomski.

Sorti opportunément en salles pour capitaliser sur le succès du diptyque burtonien, cet animé tiré de la série créée par Bruce Timm et Paul Dini au début des années 90 est considéré par bon nombre de ses fidèles comme un authentique chef d’œuvre.

Dans un Gotham City mi-film noir mi-art déco, un nouveau justicier (le « fantôme » du titre) règle son compte un à un aux parrains de la pègre. Problème : contrairement à Batman qui les confinait dans une cellule ou dans un asile, ce dernier n’hésite pas à leur faire passer l’arme à gauche.

À cette réflexion sur le poids de la vengeance, se superpose le parti de dépeindre un Bruce Wayne usé, épuisé par un choix qu’il semble regretter chaque jour un peu plus.

Tenté par une vie normale, il va en sus se retrouver confronté à son ex de toujours, Andrea Baum. L’histoire est belle, désespérée et se termine mal à la fin.

[Tout cela sans oublier le best Alfred ever.]

Deux reproches cependant : c’est un peu court (1h15 seulement) et les flashbacks sont vraiment trop nombreux.

8. The Dark Knight Rises

Réalisé en 2012 par Christopher Nolan.

Aussi cher qu’ambitieux, cet ultime volet de la trilogie du Chevalier Noir n’a (évidemment) pas confirmé les trop grands espoirs placés en lui – et pas seulement à cause de ce concours de voix bizarres auquel se livrent Christian Bale et Tom Hardy.

S’agit-il pour autant d’un mauvais film ? Certainement pas, mais à trop vouloir transcender le genre il finit par tomber dans une grandiloquence qui le dessert. Trop fournie en personnages, trop dense, parfois maladroite, l’intrigue qui se déroule sur près de trois heures a du mal à tenir la distance.

C’est d’autant plus dommage certains passages ne sont pas dénués de souffle (la scène du terrain de football, ce sentiment envahissant d’anarchie), Christopher Nolan justifiant là son statut de cador de la mise en scène.

Les plus grincheux pourront se consoler avec la toujours délicieuse Anne Hathaway qui porte ses talons comme personne.

7. Batman: The Movie

Réalisé en 1966 par Leslie H. Martinson.

« Wham ! », «Biff ! », « Pow ! »… attention, objet de culte et pas qu’un peu que cette version grand écran du feuilleton télé inspiré par la bande dessinée – et qui accessoirement l’a sauvée de la banqueroute.

Les aventures du plus couche-tôt (et du plus bedonnant) de tous les Batman ne manquent en effet pas de génie : quel que soit l’âge à laquelle vous les regardez, il existe une bonne raison de s’enthousiasmer.

Enfant, impossible de ne pas vibrer le plus sérieusement du monde pour le dynamique duo. Adulte, impossible de ne pas apprécier à la louche cette avalanche de kitsch et de second degré.

Rajoutez à cela que le métrage se paye le luxe de proposer la meilleure association de malfaiteurs qui ait jamais vu le jour (le Joker x le Pingouin, le Sphinx x la Femme-Chat, qui dit mieux ?), des bat-dialogues au poil, des gadgets tous plus époustouflants les uns que les autres (le fameux spray anti-requin), et vous voilà en présence d’une petite pépite dont le temps n’a en rien atténué les charmes.

R.E.P. Adam West.

6. Batman

Réalisé en 1989 par Tim Burton.

Le film sans qui rien n’aurait été possible. Celui qui a réinitialisé dans les consciences la figure sombre et dérangeante de l’homme chauve-souris, mais aussi celui qui plus encore que le Superman de 1978 a ouvert la voie aux adaptations de comic-books au cinéma – et oui, sans DC pas de Marvel.

Merci Tim Burton dont ce n’était là que la troisième réalisation. Merci Michael Keaton qui près de 30 ans après est toujours en lice pour le titre de meilleur Batman. Et merci Jack Nicholson pour s’être glissé comme une évidence dans les habits du Joker.

Ceci posé, à l’image du bat-costume qui empêchait Keaton de tourner la tête (un détail qui à la revoyure saute aux yeux), ce premier opus n’en souffre pas moins d’une certaine rigidité (scénario convenu, scènes d’action pataudes, relents un peu trop cartoonesques…), et ce malgré ses évidentes échappées hors des terrains marquetés.

Au final un bon film et même un peu plus, mais sûrement pas l’œuvre indépassable que sa parfois trop flatteuse réputation laisse entendre.

5. Batman & Robin

Réalisé en 1997 par Joel Schumacher.

Millésimé pire film de l’histoire de l’humanité, cet infâme pudding bariolé mérite cependant quelques égards.

Non pas qu’il ait été mal compris ou que les excuses couplées de Joel Shumacher et George Clooney aient changé quoi que ce soit, mais parce que le temps lui a forgé un statut bien à lui : Batman & Robin se regarde comme une performance, une course à la nullité menée à toute berzingue.

Les décors aussi cheap que gonzo, la déferlante de blagues en dessous du zéro absolu de Schwarzenegger, le jeu tout en ébriété d’Uma Thurman, les gros plans outranciers sur les parties intimes des héros, Bane (BANE !), l’absence de toute logique jusque dans la moindre intrigue secondaire… du sol au plafond tout est désespérément mauvais.

Mauvais, mais paradoxalement pas ennuyeux tant le film ce freestyle total se révèle (malgré lui) à la fois hilarant et vertigineux – d’ailleurs entre nous, qui ne se laisse pas aller à y laisser trainer un œil distrait en cas de rediffusion ?

Mille respects tout de même aux plus vaillants qui arrivent à le regarder cul-sec de A à Z.

R.E.P. Alicia Silverstone et Chris « Dick » O’Donnell.

4. Batman Begins

Réalisé en 2005 par Christopher Nolan.

Après huit longues années passées en berne, la franchise Batman renaît de ses cendres avec une origin story qui en prenant le pari de s’ancrer dans le réel (noirceur de l’âme humaine comprise) s’est depuis imposée comme le mètre étalon du genre.

Contre toute attente, Christopher Nolan parvient à insuffler un regard novateur sur le mythe grâce à un arc narratif approfondi qui jamais n’infantilise son public.

Le casting est au diapason (excusez du peu : Michael Caine ! Cillian Murphy ! Gary Oldman ! Rutger Hauer ! Morgan Freeman ! Katie Holmes !), et cerise sur le gâteau, Christian Bale qui n’a jamais été aussi bon de toute la trilogie trucide à nouveau Qui-Gon qui passait par là.

3. LEGO Batman, le film

Réalisé en 2017 par Chris McKay.

Attrape-cash pas très subtil déguisé en parodie hystérique, ce Batman fait de briques de plastiques mérite beaucoup mieux que ses apparences.

Il se pourrait même qu’il soit l’opus le plus profond de ce classement tant il explore une batterie de thèmes étonnamment délaissés jusque-là : le souhait de Bruce Wayne de fonder une famille, sa vulnérabilité face à la solitude, les conséquences de son action sur l’ordre social…

Le tout est accompagné d’un tunnel ininterrompu de blagues, de chansons et de jeux de mots qui se savourent à tous les degrés.

C’est d’ailleurs paradoxalement sur ce point que des reproches peuvent être émis : ce rythme effréné finit par épuiser. À trop vouloir donner dans le sketch permanent, le film aurait gagné à marquer quelques respirations.

Reste quand même au final un petit joyau qui exige d’être revu au minimum une seconde fois.

2. Batman : Le Défi

Réalisé en 1992 par Tim Burton.

Round 2 pour Tim Burton qui cette fois-ci tombe le masque pour livrer son Batman à lui. Un Batman encore plus froid, encore plus gothique, encore plus ténébreux, où les méchants vampirisent complètement le personnage principal.

Si la réussite artistique est au rendez-vous, commercialement le bât blesse, parents et enfants découvrant quelque peu effarés un Pingouin monstre dégoutant et libidineux qui mange du poisson cru, et une Catwoman recouverte de vinyle qui ne fait guère mystère de ses penchants sadomasochistes.

[Qu’Halle Berry ait eu son propre film et pas Michelle Pfeiffer constitue l’une de plus grandes injustices de toute l’histoire d’Hollywood.]

De moins en moins héroïque (et de plus en plus en proie à ses névroses), Batman va désormais jusqu’à tuer de sang-froid ses adversaires, n’hésitant pas à les griller vivant à coup de jet de flammes.

Pour l’esprit de Noël il faudra repasser donc, mais question septième art voilà peut-être l’exemple le plus parfait du blockbuster dont l’auteur l’a complétement fait à l’envers à ses producteurs.

Un peu trop zarbi pour être premier quand même.

1. The Dark Knight, le chevalier noir

Réalisé en 2008 par Christopher Nolan.

Fuck la CGI, fuck les canons du comic et fuck le second degré peut-être, mais quel film !

Empruntant tantôt aux thrillers de Michael Mann, tantôt à l’expressionnisme de Fritz Lang, Nolan trouve ici un équilibre parfait : sombre, majestueux, mégalo, désespéré, son Batman post 11 septembre inquiète autant qu’il divertit.

Complètement habité par son rôle, Heath Ledger incarne jusqu’à dans sa chair toute cette démesure et cette ambivalence. Il ne s’en remettra pas, le public non plus.

The Dark Knight, ou le meilleur film de super-héros jamais réalisé ?

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