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Toutes les connexions de tous les films de Tarantino expliquées !

Toutes les connexions de tous les films de Tarantino expliquées !

A l’occasion de la sortie en salles de « Once Upton A Time… in Hollywood », plongée dans le « Tarantino universe »…

Pour qui s’intéresse même de loin au cinéma de Quentin Tarantino, il est une chose que tous ses films partagent dès les premiers instants : ce sentiment de familiarité qui donne l’impression de regarder, non pas des morceaux de pellicules indépendants des uns des autres, mais partie d’une œuvre.

Loin de relever du hasard, cela tient certes à son style et à ses thèmes, mais aussi à tout un entrelacement de références et de clins d’œil savamment dispatchés.

Ainsi, tous les films de Tarantino forment un grand tout. Ou plutôt à deux grands touts liés l’un à l’autre pour être précis.

Explication du maître : « Il existe en réalité deux univers qui sont séparés. Il y a l’univers réel et l’univers cinématographique. Le premier est celui dans lequel les personnages de la vraie vie évoluent (ceux de Reservoir Dogs, ceux de Pulp Fiction…). Le second est un univers spécial composé de films, comme Kill Bill ou Une nuit en enfer. »

« Ainsi quand les personnages de Reservoir Dogs ou de Pulp Fiction vont au cinéma, ils vont voir Kill Bill ou Une nuit en enfer. »

Conséquence, il est impossible pour La Mariée d’apparaître dans Death Proof, mais il lui serait techniquement possible d’apparaître dans Une nuit en enfer. En revanche Stuntman Mike de Death Proof ne peut lui nullement apparaître dans Kill Bill, quand bien même il pourrait bosser comme cascadeur sur le tournage du film.

Vous trouvez cela un peu compliqué ? Lisez la suite, vous allez voir ça l’est encore plus.

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Reservoir Dogs (1992)

Le tout premier film de Quentin Tarantino est intimement lié à Pulp Fiction via le lien de parenté entre Vic Vega (Michael Madsen) et Vincent Vega (John Travolta) – que tous ceux qui pleurent le spinoff jamais tourné entre les deux frères (ou entre les deux frères des deux frères) lèvent la main.

Reservoir Dogs lui est également lié via les personnages de Mr. White/Larry Dimmick (Harvey Keitel) et Jimmy Dimmick (le fin connaisseur d’arabica joué par QT lui-même lors de la Bonnie Situation). Là encore, il n’est pas impossible de supposer que les deux hommes sont frères, quand bien même il peut aussi s’agir de deux homonymes – sinon comment expliquer que Jimmy reste de marbre quand Winston Wolf (qui ressemble énormément à un Mr. White revenu d’entre les morts) débarque dans son salon ?

Enfin, si vous êtes de ceux qui croyez que Mr. Pink a survécu aux balles de la police à la fin, alors il vous est tout à fait possible de croire qu’il apparaît dans Pulp Fiction sous les traits du serveur déguisé en sosie de Buddy Holly dans la scène du dîner entre Mia et Vincent.

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True Romance (1993)

Présent au scénario et aux dialogues, QT a lié la comédie romantique de Tony Scott à Reservoir Dogs lorsque Mr. White mentionne au cours d’une discussion avec le patibulaire Joe Cabot une call girl du nom de Alabama avec qui il était en affaires, soit cette même Alabama interprétée ici par Patricia Arquette.

Détail qui n’en est pas un, son nom de famille est Whitman. Coïncidence ou surnom pas très subtil ?

Autres ponts, cette fois-ci avec The Hateful Eight : Floyd (Brad Pitt), le colocataire défoncé à l’herbe du matin au soir, est le petit-fils du lieutenant chasseur de nazis Aldo Raine (Brad Pitt), tandis que Lee Donowitz (le producteur du film Coming Home in a Body Bag dont on est en droit de penser qu’il appartient à « l’univers cinéma ») est le petit-fils de Donny Donowitz (Elie Roth), alias l’Ours Juif, alias « Antonio Maaargareeetti ! ».

Et oui, les films du Tantino Universe se déroulent dans un monde où Adolf Hitler ne s’est absolument pas suicidé dans un bunker aux côtés d’Eva Brown, mais où il a fini mitraillé puis calciné dans une salle de ciné parisienne.

Natural Born Killers (1994)

Vaguement considéré comme un film de Tarantino (le réalisateur Oliver Stone et lui ont commencé à écrire le scénario ensemble avant de se brouiller), la bluette des serial killers Woody Harrelson et Juliette Lewis est liée à Reservoirs Dogs via un certain Seymour Scagnetti, l’agent de probation de Mr. Blonde dont il est dit qu’il est « un sacré trou du c*l ».

NBK nous apprend en effet que le particulièrement sadique (et accessoirement tueur de prostituées) détective Jack Scagnetti est son frère.

Pulp Fiction (1994)

Bonnie Situation toujours, la femme infirmière de Jimmy (Venessia Valentino) est mentionnée par le pimp Drexl Spivey dans True Romance, mais aussi, et il faut le savoir, dans une scène coupée au montage de Reservoir Dogs.

Autre référence, cette fois-ci à l’univers cinéma : quand Mia et Vincent taillent la bavette autour d’un milkshake, la femme de Marsellus évoque le pilote d’une série dans lequel elle a tenu un rôle.

Le concept ? « Des femmes agents secrets appelées Fox Force 5 (…) Il y avait la blonde Somerset O’Neal c’était le chef, la nana japonaise était maîtresse en kung-fu, la fille noire était une spécialiste en explosion, la Française était experte en sexe et moi j’étais la femme la plus dangereuse au monde avec un couteau… »

Si le programme n’a pas été reconduit, il semblerait qu’il ait connu une seconde vie neuf ans plus tard quand les aventures de Elle Driver, O-Ren Ishii, Vernita Green, Sofie Fatale et Beatrix Kiddo ont été portées sur grand écran sous le nom de Kill Bill.

Crossover toujours entre « l’univers réel » et « l’univers ciné », selon Tarantino le très deus ex machina Winston Wolf serait un personnage capable d’évoluer d’un monde à l’autre – ce qui en 25 ans ne s’est jamais produit, mais bon sait-on jamais.

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Une nuit en enfer (1996)

Les aventures des frères Gecko sont liées à Kill Bill et Planète Terreur (le film de Robert Rodriguez sorti en 2007 coproduit par Tarantino) via les apparitions du ranger Earl McGraw (Michael Parks, que le réalisateur considère comme l’équivalent d’un Robert de Niro ou d’un Al Pacino) et de son fils Ed.

[Sauf résurrection, les évènements de Kill Bill se déroulent donc avant ceux de Une nuit en enfer.]

Moins évident, le film est lié à Sang-froid, un film indé sorti en 1996 produit par Tarantino et dans lequel la chauffeuse de taxi Esmeralda Villalobos (Angela Jones dans Pulp Fiction) joue une nettoyeuse de scènes de crime. Les portraits de Richie et Seth Gecko apparaissent ainsi brièvement dans le cadre d’une émission de télévision présentée par Katie Houge (Kelly Preston), une reporter déjà aperçue dans Une nuit en enfer.

De leur côté, les amateurs de junk food n’ont pas manqué de relever l’apparition de la chaîne de restauration rapide d’inspiration hawaïenne Big Kahuna Burger. Visible à l’écran dans Reservoir Dogs et Pulp Fiction, puis mentionnée dans Death Proof, elle donne dans le placement de produit dans « l’univers cinéma ».

Jackie Brown (1997)

Techniquement, il s’agit du seul film de Tarantino qui n’appartient pas à son univers. Et pour cause : adaptation du roman Rum Punch d’Elmore Leonard, il appartient au « Elmore Leonard universe ».

À ce titre on peut noter que le personnage de Ray Nicolette interprété par Michael Keaton peut être également vu l’année d’après dans le Hors d’Atteinte de Steven Soderbergh, autre adaptation d’un livre de Leonard.

[Ça et puis aussi le fait qu’Ordell Robbie, Louis Gara et la surfeuse blonde Mélanie ont fait leur retour dans des versions rajeunies dans Life of Crime (2013), inspirées de The Switch.]

Reste que malgré cette distinction officielle, certains détails peuvent laisser à penser que Jackie Brown se déroule dans l’univers de QT.

D’un part parce que l’héroïne mange chez Teriyaki Donut, une chaîne de restaurants aperçue auparavant dans Pulp Fiction (celle-là même où Marcellus Wallace va chercher son petit-déjeuner), et de l’autre parce que la Honda Civic qu’elle conduit est celle-là même avec laquelle Butch renverse Marsellus et qu’on la retrouve ensuite garée sur un parking de Kill Bill Vol. 2.

Enfin, petite dédicace qui fait toujours son effet : quand au début de Pulp Fiction Jules et Vincent se font la réflexion en ouvrant le coffre de leur voiture qu’il leur aurait fallu « des canons sciés » (des « shotguns » en VO) et quand Ordell et Beaumont ouvrent le coffre de leur voiture au début de Jackie Brown, c’est un fusil à pompe (un « shotgun » donc) qui apparaît en gros plan.

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Kill Bill (2003)

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Tout comme Big Kahuna Burger (lire ci-dessus) et G.O. Juice (lire ci-dessous), la marque de cigarettes Red Apple apparait à la fois dans « l’univers réel » (Pulp Fiction, Inglourious Basterds, Once Upon a Time in Hollywood…) et dans « l’univers cinéma », mais aussi en poster dans Romy & Michele’s High School Reunion en 1997, un film qui n’a rien à voir de près ou de loin avec QT, si ce n’est que sa petit copine de l’époque Mira Sorvino tenait l’un des rôles principaux.

Moment Inception : à l’aéroport, on peut observer en fond un panneau publicitaire Red Apple qui met en vedette Sofie Fatale, l’avocate et meilleure amie d’O-Ren Ishii qui officie donc à ses heures perdues comme mannequin.

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Death Proof (2007)

L’histoire ne dit pas si Rosario Dawson est allée voir Kill Bill, mais elle est vue en train de boire une cannette de G.O. Juice saveur fruits de la passion/orange/goyave.

Rosario est également vue avec ses copines récupérer Zoe Bell à l’aéroport, elle qui vient de voyager sur Air O une compagnie aérienne japonaise là encore promue dans Kill Bill – pas dit toutefois que les propriétaires de katana soient dans « l’univers réel » autorisés de voyager avec, et encore moins qu’en première classe soient mis à leur disposition des étuis dédiés.

Pour ce qui est des cigarettes, ce ne sont cependant pas des Red Apple qui sont fumées ici, mais les toutes aussi fictives Capitol W Lights.

Question personnages, on retrouve les Texas rangers Earl et Ed McGraw qui comme Winston Wolf sont en capacité de voguer d’un univers à l’autre.

Inglourious Basterds (2009)

Le lieutenant Archie Hicox incarné par Michael Fassbender a pour ancêtre Pete Hicox l’Anglais, le personnage incarné par Tim Roth dans Les Huit Salopards.

Après pour ce qui est du lien généalogique exact, il existe un flou, Roth ayant avoué « ne pas être sûr s’il s’agit de son arrière-grand-père, de son arrière-arrière-grand-père ou de son arrière-arrière-arrière-grand-père ».

Pour ce qui est de l’ambiance, Samuel L Jackson et Harvey Keitel prêtent chacun leur voix : le premier en tant que narrateur de la bio d’Hugo Stiglitz, le second lors d’un coup de téléphone entre officiers.

Django Unchained (2012)

Répertorié dans « l’univers réel », ce Marvel au temps de l’esclavage est doublement lié à Pulp Fiction.

De un, le Captain Koons, l’auteur du fameux monologue sur la montre en or, est un descendant de l’un des membres du gang de Smitty Bascall, Crazy Craig Koons – son nom apparaît sur un avis de recherche. De deux, en toute vraisemblance le type qui s’exclame « Ain’t no ni*gga gonna kill Maynard » s’appelle Maynard, soit le même nom de famille que le pote raciste et violeur de Zed, le policier avec qui il sodomise des gens dans sa cave.

Troisième connexion, avec Kill Bill. La tombe dans laquelle Uma Thurman a été enterrée vivante par Budd (Michael Madsen) est celle de Paula Schultz. Décédée en 1898, elle serait la femme du dentiste devenu chasseur de primes Dr King Schultz ou tout du moins son ex-femme, si l’on considère son nouveau style de vie pas des plus casaniers.

« Serait » car si cette hypothèse est avérée, cela signifierait qu’il s’agit là d’une connexion entre « l’univers cinéma » (Kill Bill) et « l’univers réel » (Django), ce qui ne colle absolument pas avec le canon défini par Tarantino.

Reste que si tel est le cas, cela donnerait du poids à la théorie voulant que Rufus, le pianiste errant de Kill Bill Vol. 2, soit en réalité Jules, le tueur/masseur de pieds de Pulp Fiction qui avait fait vœu de vivre comme un vagabond à la fin du film.

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The Hateful Eight (2015)

Le film qui fait mention pour la toute première des cigarettes Red Apple.

Étonnamment pour son retour au western, le réalisateur n’a pas insisté plus que ça pour faire le lien avec Django Unchained. Tout juste s’est-il contenté d’intituler le dernier chapitre du métrage Black Man, White Hell, ce qui peut faire écho à Django in White Hell, la suite qu’il comptait initialement tourner.

Once Upon a Time… In Hollywood

Outre une fin qui revisite à nouveau l’histoire et qui par conséquent influence en off toute la timeline de « l’univers réel », OUATIH fait référence à Jackie Brown (lorsque Cliff, Rick et la nouvelle femme de Cliff rentrent d’Italie, à l’aéroport de LAX ils passent devant la même mosaïque bleue sur laquelle s’ouvre Jackie Brown) et à Inglourious Bastards (en Italie Ricky a tourné avec un certain « Antonio Maaargareeetti ! »).

Sinon, et bien que cela n’influence en aucune manière le scénario, côté distribution certains acteurs récurrents interprètent des personnages qui font écho à leurs rôles passés : Brad Pitt/Cliff Booth qui comme Aldo Raine/Enzo Gorlamiest est cascadeur, Michael Madsen qui apparaît en cowboy, Kurt Russell/Stuntman Mike qui joue lui aussi un cascadeur appelé Randy…

Coupé au montage, Tim Roth est lui quand même mentionné dans les crédits.

Et pour finir, si Bruce Willis et Uma Thurman ne sont pas au générique, leurs enfants Rumer Willis et Maya Hawke se sont vus offrir un caméo.

[BONUS] My Best Friend’s Birthday (1987)

Employé de vidéo club de ses 22 à 27 ans, Quentin Tarantino met en scène sur son temps libre un premier film en noir et blanc en compagnie de ses collègues ayant accepté de jouer à l’œil pour lui.

La trame ? Celle d’un type plaqué par sa copine le jour de son anniversaire, dont le meilleur ami (interprété par QT) se met en tête de lui faire passer la meilleure journée de sa vie.

Malheureusement, après trois années d’effort, un incendie se déclare dans le laboratoire où était entreposé le montage final. Sur les 69 minutes, seules 37 ont pu être sauvées.

Bien que My Best Friend’s Birthday n’appartienne pas au « Tarantino Universe », il contient plusieurs éléments qui annoncent la suite.

Mickey Burnett, le personnage principal, ressemble à s’y méprendre à un brouillon de Clarence Worley (Christian Slater dans True Romance).

L’un de ses amis travaille à la station de radio K-Billy, celle-là même où est diffusée dans Reservoir Dogs l’émission Super Sounds of the Seventies.

Un peu comme Mia Wallace dans Pulp Fiction, l’un des personnages fait une overdose en se trompant de drogue.

Last but not least, Brenda Hillhouse créditée dans le rôle « la femme », peut être revue dans Une nuit en enfer sous les traits de Gloria, l’otage des frères Gecko.

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