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Comment diriger son gang comme Tony Soprano

Comment diriger son gang comme Tony Soprano

Parce que dans le foot, les affaires, le rap, les ministères, c’est toujours le gangster qui contrôle l’affaire…

Boss de la famille DiMeo, Anthony John Soprano n’est certainement pas le manager parfait. Entre ses sautes d’humeur à répétition et sa manie de terroriser tout le monde tout le temps, en dehors des réunions au Bada Bing!, pas dit que ce soit forcément très cool de bosser avec lui.

Ceci dit c’est toujours moins épouvantable que de passer ses journées à errer dans ces start-ups au concept fumeux où malgré les titres les plus redondants et l’ambiance faussement cool qui s’y dégage, personne n’est en mesure de vous expliquer de manière intelligible ce qu’il fait de ses journées.

D’ailleurs réflexion faite, au cours des six saisons qu’ont duré Les Soprano, il se dégage plusieurs préceptes particulièrement pertinents à appliquer dans le monde de l’entreprise.

Les voici détaillés.

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S’appuyer sur un corps de valeurs

Si à trop écouter les principaux concernés la Mafia ça n’existe pas, dans les faits l’organisation obéit à des rites et des codes stricts connus de tous (hiérarchie militaire, respect de la loi du silence, interdiction de convoiter la femme de son prochain…), et qui plus ancrés dans un creuset ethnique et religieux (l’Italie et le catholicisme).

Rien de plus efficace donc pour maintenir les troupes soudées et asseoir sa légitimité, tout en justifiant au passage les actes les plus immoraux.

Se considérant comme « des soldats en temps de guerre », ni Tony, ni ses obligés ne questionnent jamais ce mode de fonctionnement – quand bien même entre quatre murs chacun y va de son petit compromis, Tony le premier.

Soigner sa stature

Dans un monde où la verticalité n’est pas un gros mot, l’être et le paraître vont de pair.

Adepte des survêt’ Fila au quotidien (après-midi barbecue, soirées extorsion & racket…), Tony Soprano n’en apporte pas moins un soin tout particulier à porter le costume à rayures chaque fois qu’il est en représentation (cérémonie, rencontre avec ses homologues, dîner avec les maîtresses…).

Et lorsqu’il est entouré de son crew, il s’assure à ce que personne n’affaiblisse son autorité. Qu’il s’agisse de son cousin Tony Blundetto qui tout juste sorti de prison le vanne un peu trop, ou du fidèle Paulie qui se permet de menacer à voix haute Ralphie, le rappel à l’ordre est immédiat.

Dans un autre registre, Tony garde ses problèmes de santé pour lui (psychanalyse, chirurgie…), là encore histoire de ne jamais paraître faible.

Savoir remettre les pendules à l’heure

Une structure bien huilée et un leadership assumé n’immunisent toutefois pas contre les baisses de régime. Quelques piqûres de rappel administrées à échéances régulière sont ainsi nécessaires.

Des performances qui piquent du nez ? À un mail de poltron rédigé derrière un écran, préférez un speech bien nerveux délivré les yeux dans les yeux dans un hangar.

Une forme de ronron s’installe dans les rangs ? Injecter un peu de sang neuf ne fait jamais de mal – ici un Furio directement débauché de Naples aux méthodes très « ancienne école ».

Des employés qui pinaillent à éxécuter vos décisions ? Joie de l’exemplarité, tabasser le plus balèze d’entre eux devant tout le monde suffit à faire rentrer les contestataires dans les rangs.

Laisser faire le sale boulot aux autres

Entouré d’une coterie de sociopathes, si Tony apparaît aisément comme le plus raisonnable de tous c’est aussi parce qu’il sait déléguer ce qui doit l’être.

Certes à l’occasion il n’hésite pas à mettre lui-même la main à la pâte (Cf. les balances Pussy Bonpensiero et Fabian Petrulio passées de vie à trépas), mais globalement il préfère éviter de tenir le mauvais rôle.

C’est ainsi à Furio que revient la charge de tabasser une propriétaire de salon de massage récalcitrante, à Silvio qu’échoue la tâche de coller une balle dans la tête d’Adrianna, ou encore à Christopher et Paulie qu’incombent la responsabilité de découper les cadavres des victimes pour ensuite aller les enterrer en terres inconnues.

Couper la mauvaise herbe à la racine

Après avoir enduré toute la saison 2 les simagrées de Richie Aprile, quand le tout aussi perturbateur Michele ‘Feech’ La Manna refait surface après vingt ans d’incarcération, Tony comprend cette fois-ci très vite qu’il a tout intérêt de le « licencier » au plus vite avant que son indiscipline ne fasse boule de neige. Même chose avec son neveu Christopher qu’il liquide avant qu’il ne se tourne vers les Feds.

Si dans un cas comme dans l’autre la décision n’est pas des plus simples à prendre, l’indécision lui aurait coûté beaucoup plus cher sur le moyen/long terme.

Les gens sont ce qu’ils sont et rares sont ceux capables de changer de nature (d’ailleurs pourquoi le ferait-il ?). En tant que leader, il est donc vital de se demander si la bonne personne est à la bonne place… et d’aviser le cas échéant.

Saisir les opportunités quand elles se présentent

Ayant plutôt tendance à vivre en cercle fermé en compagnie de « gens plutôt limités » (dixit David Chase), Tony fait néanmoins l’effort de dépasser ses a priori quand son intérêt le commande.

En capacité de s’allier à des juifs ou à des noirs le temps d’une transaction, il est également vu lorgner du côté de la finance et des nouvelles technologies lorsqu’il comprend qu’il peut récolter quelques dollars.

De manière plus générale, ses discussions avec son psychiatre le docteur Melfi sont l’occasion de parfaire ses compétences de chef de gang (c’est grâce à elle qu’il parvient à manipuler Junior en lui donnant « l’illusion du contrôle »), voir même de pimper sa culture générale.

Se faire respecter avant de se faire aimer

Une règle d’or qui vaut pour la vie de tous les jours, mais qui prend une signification toute particulière au sein du crime organisé où la notion de respect tient plus de la crainte que de la considération.

Loin d’être insensible à la flatterie ou au copinage, Tony sait que tout découle en permanence du rapport de force qu’il entretient avec les autres – ou pour citer Thucydide : « Il est dans la nature de l’homme d’opprimer ceux qui cèdent et de respecter ceux qui résistent ».

Raison pour laquelle il s’astreint du mieux qu’il peut à suivre les six règles énoncées précédemment.

[Bonus] La jouer comme David Chase

Mille fois le showrunner des Soprano aurait pu accepter de compromettre sa vision créatrice.

Aux chaînes de télévision qui lui réclamaient des Italiens « jeunes et sexy » en tête d’affiche en lieu et place d’une bande de quinquagénaires bedonnants, à HBO qui refusait de voir le personnage principal tuer un homme de ses propres mains en prime time, à tous ceux qui lui conseillaient de niveler à la baisse une série qu’ils considéraient comme trop exigeante pour le grand public, Chase a dit non.

Bien lui en a pris, sans cela Les Soprano n’aurait pas été Les Soprano, alias la meilleure série de tous les temps.

« Don’t Stop Believing! »

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