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Voyage au pays du Rap de Noël ! [DOSSIER]

Voyage au pays du Rap de Noël ! [DOSSIER]

Le rap puise dans Noel de sacrées inspirations pour des résultats divers…

L’esprit de Noël, on en parle ? Chez nos amis rappeurs à la créativité sans limites, outre l’opportunité que cela peut représenter d’un point de vue commercial, c’est aussi l’occasion d’aborder un thème joyeux, fédérateur, un symbole de paix… Mais pas seulement. Passage en revue du rap de Noël, un tour d’horizon qui pourrait bien vous surprendre, entre solidarité avec les démunis, mets gastronomiques et chaleur du foyer.

Le plus ancien

Kurtis Blow – « Christmas Rappin’ »

Pour les jeunes et moins jeunes, un peu d’histoire, pour remplir votre bagage de connaissances. Ce qui peut toujours être utile pour moucher cet oncle puriste, qui vous parle comme s’il avait inventé le rap. Dans l’histoire de cette musique, on est obligé de se remémorer le nom de Kurtis Blow, issu du Queens et de son légendaire Juice Crew. A la fin des années 70, il est l’un des premiers rappeurs à se faire un nom, épaulé par l’incontournable Russell Simmons, (plusieurs années avant que ce dernier crée Def Jam avec Rick Rubin), mais aussi par le petit frère de ce dernier, Dj Run, avant qu’il n’intègre Run DMC. Premier artiste rap de l’histoire signé en major chez Mercury, Kurtis Blow est également le premier à sortir un single certifié disque d’or, l’intemporel « The Breaks ».

Mais un peu avant, en 1979, son premier single est Christmas rappin. Sur la période de Noël, il va être vendu à 100 000 exemplaires, atteignant 400 000 dans les mois suivants. Sa création fut assez originale : Robert Ford, journaliste pour le magazine Billboard, prend contact avec Blow pour écrire quelques articles sur lui, des liens se tissent, si bien que lui et son collègue J.B. Moore vont co-écrire le titre avec Kurtis Blow, pastichant un poème de Noël célèbre aux Etats-Unis : A visit from St.Nicholas (alias The Night before Christmas), dont on peut entendre un extrait au début du morceau. En somme, un joli conte de Noël qui montre que rappeurs et journalistes peuvent avancer main dans la main. Voilà, vous avez les bases du rap de Noël, c’est bien plus qu’un petit bonnet rouge vissé sur la tête.

Le plus « crazysexycool »

TLC « Sleigh ride »

Voici un groupe dont le nom parlera surtout aux trentenaires, et qui a marqué l’époque où on appelait encore le rnb « new jack ». Un joyeux trio composé de T-Boz, Chili, et de la regrettée Left Eye, partie bien trop tôt. Un titre signifiant littéralement « promenade en traîneau« , et paru sur la bande originale de Maman j’ai raté l’avion 2. Ce son montre qu’on peut kicker joyeusement autour de la bûche, notamment grâce aux couplets de Lisa « Left Eye » Lopes (rip). Un régal.

Le plus sombre

https://www.youtube.com/watch?v=cELdc2vPkPI

Kery James, Namor & G.Kill feat. Gued-1 – « Meilleurs vœux »

Suite à une suggestion de Marie Audigier du label Crépuscule (également derrière la production du classique 3X plus efficace des 2 Bal 2 Neg’), les trois rappeurs s’associent pour réaliser un morceau de rap devant être un « anti Petit Papa Noël ». Pendant quatre minutes explicites, ils adressent des « Meilleurs vœux » plutôt déprimés, sur une production hyper mélancolique de Kilomaître (soit le duo Tefa-Dj Masta), à la grande époque des boucles piano-violon. Le morceau, sorti en 1998, aura un tel succès que Kilomaître lui donnera une suite, Meilleurs vœux 2, avec cette fois-ci d’autres protagonistes : Tandem, Dad PPDA de KDD, et Eben des 2 Neg’. On peut le retrouver sur une compilation au titre également peu humoristique, Mission Suicide.

Sur ce premier Meilleurs vœux, l’heure est à une étrange fête mélancolique, quand Kery James rappe « C’est de la tristesse que tu peux lire dans mes yeux », (phase devenue classique à force d’être samplée), doutant que le père Noël puisse « exaucer ses vœux ». Kery, dans la foulée du classique Le combat continue, demande au barbu à capuche le plus célèbre de ne pas oublier le ghetto français, avant que le prodige marseillais Namor ne souligne le message de solidarité envers les « gosses déshérités« , constatant que le Père Noël est une ordure. G.Kill des 2 Bal (accompagné de Gued-1 du Ménage A 3) achève le travail de manière superbe, en tant que « nouveau père Noël pour les vieux et les ados« , appelant à une « putain de teuf« . Autant de bonnes raisons de se réécouter ce titre. Et puis surtout, c’est peut-être le seul chant de Noël au monde avec des grognements de pitbull sur le beat.

Le plus classe

RUN DMC – « Christmas in Hollis »

Les RUN DMC, groupe phare des années 80, immédiatement reconnaissables à leurs chaînes et à leurs paires d’Adidas, kickent avec ardeur à propos de Noël dans leur quartier de Hollis, introduits par un magnifique lutin dans le clip. De plus, leur morceau est écouté par Bruce Willis en voiture, dans le premier Die Hard, Piège de cristal. Et ça comme reconnaissance, c’est pas rien.

Le plus sale

Eazy-E feat. Atbann Klan, Menajahtwa & Buc Fifty – « Merry Muthafuckin’ Xmas »

Le célèbre emcee des Niggaz With Attitude, accompagné d’une belle brochette de rappeurs et de rappeuses, tourne salement Noël en décadence, avec certaines lyrics que les limites de la décence nous empêchent de traduire ici. Une conception parmi d’autres des fêtes de fin d’année.

Le plus gangsta

Snoop Doggy Dogg ft. Daz Dillinger, Nate Dogg, Tray Deee, Bad Azz – « Santa Claus Goes Straight to the Ghetto »

Bienvenue au Noël des G’s et autre hustlaz. A l’occasion d’une compilation spéciale du légendaire label Death Row, intitulée Christmas on Death Row, Snoop et ses potes mettent les petits plats dans les grands. Le refrain du track, chanté par le grand Nate Dogg, est limpide : « Santa Claus is coming straight to the ghetto ». On croirait presque qu’il a été écrit pour exaucer les « meilleurs vœux » des frenchies dont on vous parlait plus haut. Dès l’intro (qui ne figure pas dans le clip, mais dans le morceau), la voix d’un môme nous avertit : Santa Claus (la version remix anglo-saxonne de notre Père Noël) est noir, ce qui est déjà en soi une bonne nouvelle pour la diversité.

Dans cette même intro, on entend le gamin réclamer une nintendo et une sega, un clin d’œil à une rime de Biggie Smalls dans Juicy. Une autre belle manière de célébrer l’esprit de Noël, en surpassant les années de la rivalité East Coast/West Coast. Et forcément, on peut compter sur ce bon vieux Snoop pour recevoir des cadeaux bien particuliers, de la « gorilla glue », une variété de weed, et aussi un « fifth of Hendog », autrement dit du cognac Hennessy. Car c’est aussi ça l’esprit de Noël, savoir savourer avec les siens des spécialités que l’on chérit.

Le plus subliminal

Outkast – « Player’s Ball »

Le groupe qui a mis Atlanta sur la carte du rap game, Outkast, a sorti avec Player’s ball un morceau devenu culte. Une première version du titre faisait référence au « Christma’s day« , ces seules références à Noël ont ensuite été transformées en « all day everyday« . Une sorte d’option de Noël quoi, facile.

Le plus agité

Saïan Supa Crew – « Y a-t-il un père Noël pour sauver les rennes ? » (1999)

Présent sur l’EP éponyme sorti avant leur premier album, ce titre est une belle illustration de ce qu’était le Saïan Supa Crew : un concentré de vibes positives avec des flows très musicaux aux influences variées, à grand renfort de beatbox. Et aussi, comme on peut le voir dans le clip, un vrai talent chorégraphique, qui prenait encore une autre dimension sur scène, le Saïan étant pour beaucoup une référence en ce qui concerne la qualité du live. Difficile de ne pas se sentir entraîné par ce « Noël est là lala, lala là ».

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