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Que sont devenus les rappeurs du crew Young Money ? [DOSSIER]

Que sont devenus les rappeurs du crew Young Money ? [DOSSIER]

A l’occasion de la venue à Paris de Lil Wayne ce mercredi 16 août pour son concert événement à l’Olympia, retour sur les trajectoires diverses empruntées par les membres de son label fondé il y a plus de 10 ans déjà…

En 2004 l’empire Cash Money est à bout de souffle. Après avoir régné sur la scène bounce nouvelle orléanaise dans la première partie des années 90, puis signé son célèbre deal à 30 millions de dollars avec Universal en 1998, le label devenu entre temps l’une des plus importantes machines de guerre du rap mainstream est désormais à deux doigts de fermer boutique.

Le roster est exsangue : Juvenile, Turk, B.G. ont mis les voiles, tandis que le producteur canal historique Manni Fresh s’apprête à faire de même. Tous ont la dent dure contre les frangins Williams et leur façon bien à eux de partager les fruits de leur travail.

Seul artiste de poids encore signé sur Cash Money, Lil Wayne se tâte lui aussi à quitter le navire. Courtisé par un Jay Z prêt à mettre le prix pour s’adjoindre ses services, l’ex-ado star des Hot Boys choisit finalement de rester dans sa famille d’adoption.

Le 7 février 2005, Weezy resigne ainsi chez son daddy Birdman qui pour l’occasion lui offre un nouveau jouet : son propre label Young Money Entertainment. Si dans les premières années la structure n’est qu’une coquille vide, suite à l’immense succès du Carter III en 2008, l’aventure passe ensuite très vite à la seconde.

La sortie de la compilation We Are Young Money en décembre 2009 présentant les signatures du label marque le point de départ d’une domination commerciale et médiatique sans partage. Outre son chef de gang qui s’attribue sans essuyer la moindre protestation le titre de « best rapper alive », l’écurie propulse au rang de superstars ses jeunes espoirs du nom de Drake et Nicki Minaj.

Gloire doit être rendue ici au Ptit Dwayne pour avoir su laissé éclore ses talents maison, là où les G-Unit, No Limit, Roc-A-Fella et tant d’autres ont tous en grande partie échoué à faire de leurs soldats des généraux à part entière.

Tout allait pour le mieux donc, si ce n’est que, comme c’est quasiment toujours le cas dans le monde de la musique (et encore plus dans celui du rap), les embrouilles contractuelles ont fini par pointer le bout de leur nez.

Fin 2014, Tunechi tweete que la sortie de son très attendu Carter V est bloquée par Baby et Cash Money. Et comme si ce n’était pas assez clair, il enchaîne ensuite avec un « Je veux me barrer de ce label et ne plus rien avoir avec ces gens, malheureusement ce n’est pas simple ».

Problème, son employeur détient 51% des parts. Wayne se tourne alors vers la justice et entame deux mois plus tard alors sa fameuse procédure à 51 millions de dollars.

YMCMB n’est plus, fin de l’histoire.

Trois ans après les faits (une éternité), s’il est nul besoin de consulter en détail Wikipédia pour savoir ce que sont devenus les têtes d’affiche du crew, peut-être est-il plus nécessaire de faire le point sur les seconds couteaux (enfin une partie d’entre eux tant l’effectif est pléthorique), tous n’ayant pas survécu au naufrage de la Young Money family de la même manière.

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Gudda Gudda, le pistonné

L’exemple typique du rappeur « pote de ». Si Carl Lilly n’avait pas fait la connaissance de Lil Wayne lors d’une partie de dés l’été de leurs quinze ans, il est peu probable que le monde l’ait jamais entendu rapper.

Le « Double G » a en effet passé sa carrière dans les frusques de son mentor qui l’a tout d’abord encouragé à prendre le micro, lui a écrit son premier texte, puis l’a intégré dans son groupe Squad Up (un trio auquel appartenait également Kidd Kidd) très actif aux débuts des années 2000.

Signé dès 2005 sur Young Money, Gudda Gudda va connaître son heure de gloire avec la compilation We Are Young Money où il apparaît sur 10 titres. En 2013 il sort sa quatrième mixtape intitulée Redrum.

Depuis les choses se sont relativement calmées pour le Droopy du rap qui malgré quelques feats de çà et là (I Am Not a Human Being II, The H le projet commun de Rick Ross et Birdman, l’album du Rich Gang…) n’a toujours pas sorti son premier solo Guddaville annoncé depuis 2013, pas plus que ses mixtapes Guddaville 4 et Loyalty Amongst Thieves elles aussi prévues de longue date.

Une attente insupportable pour ses fans… à supposer qu’il n’en ait jamais eu.

Cory Gunz, la fine lame

Contrairement à Gudda Gudda (nan mais décidément quel blaze…), il s’agit ici d’un vrai rappeur.

Enfant de la balle (il est le fils de Peter Gunz, membre du duo Lord Tariq and Peter Gunz), il a sorti 7 mixtapes entre ses 14 ans et son arrivée sur Jeune Monnaie.

Corey Gunz pose la première fois en collaboration avec Weezy sur son classique A Milli en 2008 avant de voir son couplet supprimé. Pas rancunier, il signe fin 2010 sur le label – l’occasion pour lui de tourner un documentaire / téléréalité sur cet épisode.

Trois ans plus tard il apparaît sur son plus gros hit aux côtés de son nouveau boss qui l’invite sur son quatrième Carter et son single 6 Foot, 7 Foot.

Après la mixtape Datz WTF I’m Talkn’ Bout en 2013, Cory annonce ensuite la sortie de son premier album Kriminal Minded.

Un projet toujours d’actualité si l’on en croit une récente interview donnée à XXL dans laquelle il insiste sur la tonalité old school de l’EP dont le titre rend hommage à KRS-One.

En parallèle, est prévu un de ces jours un album en duo avec son paternel, 2 Gunz Up.

Mack Maine, le CEO

Autre ami d’enfance de Wayne (ils se sont rencontrés à 8 ans), il est nommé président de Young Money par ce dernier.

S’il met alors ses activités de rappeur au second plan pour se consacrer sur le business, Mack Mizzle se fait néanmoins remarquer à droite à gauche sur quelques gros singles comme Got Money, Every Girl ou Always Strapped.

En septembre 2013, il est arrêté pour agression sexuelle. Alors en tournée, le mois précédent il aurait forcé deux femmes à monter dans son bus et les aurait ensuite enfermées avant de frapper l’une d’elles au visage. Après s’être livré de lui-même au commissariat, il en ressort libre en s’acquittant d’une caution de 9 000 dollars.

Suite à cette mauvaise publicité, son premier album Maine 4 President se fait depuis toujours attendre.

Recentré sur les affaires, il a cofondé Kush Entertainment, une structure axée sur la production de DVD. Il a également lancé son propre label, Soothe Your Soul Records.

Depuis la rupture entre Birdman et Weezy, il a beaucoup œuvré pour que les deux hommes se réconcilient, jusqu’à les réunir sur une même photo le soir du nouvel an de 2016.

Lil Twist, le turbulent

Auteur d’un premier single à l’âge de 10 ans, il est repéré deux ans plus tard par Lil Wayne alors qu’il fait la première partie de l’un de ses concerts à Dallas, sa ville d’origine. Signé en 2007 à 14 ans sur Young Mula, il est nommé en 2011 au sein des Freshman Class de XXL.

Depuis, il s’est surtout fait connaître pour quelques incartades hors studio et son amitié passée avec Justin Bieber qui l’invitera sur certains de ses titres (Twerk, Wind It…).

Arrêté une première fois en 2013 pour excès de vitesse aux côtés du chanteur, il est à nouveau inculpé en avril 2015, cette fois-ci pour avoir agressé et cambriolé quelques mois plus tôt l’acteur de la chaîne pour enfants Nickelodeon, Christopher Massey.

[Si vous vous demandez comment s’est établie la connexion : Twist a officié comme comédien de doublage sur le dessin animé Ça bulle !]

Risquant jusqu’à 25 ans de prison, il plaide coupable en échange d’une peine d’un an. Il est libéré après près de sept semaines et demie de détention en mars dernier.

Le 11 avril, le rappeur désormais âgé de 24 ans a dévoilé la mixtape Young Carter (oui, comme…) et devrait sortir très prochainement son premier EP annoncé depuis plus de 3 ans déjà et ironiquement intitulé Bad Decisions.

Tyga, le paria

Présenté à Lil Wayne en 2008 par l’intermédiaire de Travis McCoy, alias le chanteur Gym Class Heroes, Tyga avait déjà sorti un album en indé avant de rejoindre le crew.

En 2012 il sort le plutôt bien accueilli Careless World : Rise of the Last King qui contient les singles Rack City, Still Got I, Make It Nasty et Faded. La suite est malheureusement beaucoup moins glorieuse pour le Tigrou du rap.

Membre de l’univers étendu des Kardashian via sa relation avec la toute jeune (et déjà insupportable) Kylie Jenner, il se taille une belle réputation de roi de la peau de banane qui fatalement découle sur ses performance artistiques.

Après s’être pris le bec avec Drake et Nicki Minaj, il s’embrouille avec Mack Maine et tout Young Money qu’il accuse de le « maintenir otage » en refusant de sortir son The Gold Album: 18th Dynasty (qui in fine se vendra à 2 200 exemplaires en première semaine).

L’histoire retiendra cependant qu’il fut le premier à pointer du doigt les errements de compatibilité du label.

La même année il s’associe à Chris Brown pour l’album collaboratif Fan of a Fan.

Actuellement signé chez GOOD Music, le label de son ex beau-frère Kanye West, il vient de sortir son cinquième album studio BitchImTheShit2, la suite de sa mixtape de 2011 #BitchImTheSh.

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Jae Millz, le stakhanoviste

En 2003 Millz réalise son premier single, le remarqué No, No, No. Cinq ans plus tard il rejoint sa nouvelle famille où il fait entendre son célèbre gimmick « LEGGGOOO » à quasiment chacune de ses apparitions.

Dopé au taf, il a sorti à ce jour près d’une trentaine de mixtapes (dont Back 2 Tha Future, Zone Out Season et Dead Presidents)… mais malheureusement pour lui toujours aucun album solo, ce qui était quand même son but affiché en débarquant chez YM.

Après sept longues années d’abstinence, il quitte finalement (en bons termes) le navire, non sans avoir été grandement soupçonné d’avoir auparavant ghostwriter à la chaîne tout le roster YMCMB.

Sa carrière n’a pas pour autant changé de direction, sa discographie restant toujours désespérément vierge : Nothing Is Promised (un titre qui fait référence à ses problèmes de santé récurrents) n’a toujours pas vu le jour.

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Shanell, la femme de l’ombre

Après avoir écrit pour Jay Z et Usher, elle rencontre Wayne alors qu’elle était en tournée avec Ne-Yo en tant que danseuse et chorégraphe. Présente sur les deux compilations du label, elle participe activement à Rebirth (l’album rock de triste mémoire de Tunechi) sur lequel elle écrit quatre titres dont le single Prom Queen (elle apparaît d’ailleurs dans le clip ici).

Principalement concentrée sur les tournées de son boss où là encore elle danse et elle chante (elle partira au total six fois avec lui sur les routes), Shanell sort en 2012 le single So Good qui malgré la présence de Drake réussit l’exploit de passer inaperçu.

Malgré la sortie régulière de mixtapes (ses plus récents travaux étant Nobody’s Bitch 2 en 2014 et 88 Keyz en 2016), son album se fait attendre. Non pas qu’il s’agisse ici de problèmes d’ordre contractuel, mais plutôt d’inspiration : selon ses propres dires seuls 7 morceaux seraient terminés.

Lil Chuckee, l’ex-futur-Lil Wayne

Le Ptit Chuckee est devenu grand. Âgé de 9 ans au moment de sa signature (ce qui fait de lui l’un des plus jeunes rappeurs jamais signé en major), il fut découvert par Weezy sur le tournage d’un clip.

À désormais 21 ans, il œuvre dans son coin après s’être dégagé de toute obligation envers le label aux alentours de 2013.

Il est à la tête d’une discographie comptant sept mixtapes, dont la dernière Over Due est sortie en novembre 2014 et qui invite entre autres au micro Ty Dolla $ign, T-Pain et Kidd Kidd.

Extrait dudit projet le single Can’t Deny marque sa dernière vraie actualité. Absent d’Instagram et de Wikipédia, il compense en postant à la chaîne des mantras dignes d’une fitness girl sur son compte Twitter.

Flow, le condamné

Sitôt signé sur YM en 2013 (après être apparu sur les mixtapes Sorry 4 The Wait et Dedication 4 de son futur patron), Widner DeGruy forme avec Gudda Gudda et Kevin Gates le groupe L.A.T. dont personne n’entendra jamais parler.

Il enchaîne ensuite avec trois projets dont Brothers from Another Kolor, une mixtape avec le chanteur Christian Radke.

La suite est cependant beaucoup moins glorieuse, Flow s’empêtrant dans de sérieux problèmes légaux. En juillet 2013 il est arrêté pour tentative de meurtre et pour avoir molesté deux hommes à l’aide d’une arme. Il est libéré en décembre de la même année.

Encore plus grave, en 2015 il est accusé lui et trois complices d’avoir commis un double meurtre. Les victimes sont deux frères de la Nouvelle-Orléans, le plus grand étant une connaissance de longue date du rappeur.

Si DeGruy ne se fait pas prendre sur le coup, selon la police il se serait rendu ensuite sur les lieux du crime pour récupérer son téléphone (??), ce qui a permis aux autorités présentes sur place de le confondre.

Avec une caution fixée à 3,5 millions de dollars, n’espérez pas entendre de nouveaux sons de sa part avant quelques décennies.

Reginae Carter, la fille de

Née l’année des 16 ans de son père qui l’a eue avec sa copine du collège Antonia Toya Wright (le couple se mariera en 2004, puis divorcera en 2006), elle est une première fois vue en train de rapper un couplet en 2009 dans le documentaire The Carter Documentary.

Chanteuse à ses heures perdues, celle que ses proches surnomment Nae s’est tout d’abord lancée dans un groupe de filles, les OMG Girlz, avant de quitter l’aventure en 2010.

En 2013 Mack Maine annonce son arrivée sur Jeune Monnaie, prévenant la naissance d’une « super megastar ».

[Notez que ce même jour ont été signés Torion Sellers, We the Future, PJ Morton, Aziatix… ces gens existaient-ils vraiment ?!]

S’il entendait par là, un petit single et puis c’est tout, c’est exactement ce qui s’est passé, son Mind Goin Crazy n’ayant pas particulièrement marqué les esprits.

S’en est suivie le caprice la ligne de fringues YMCMP (pour Young Money Cash Money Princesses), histoire de frimer devant ses copines moins riches qu’elles.

Et si vous pensez que la vie est injuste, vous avez sûrement raison : comme elle l’admettra le jour de ses 16 ans immortalisé par l’émission de télé My Super Sweet 16 : « I’m daddy’s little girl, and he showers me with anything I want ».

Quelques minutes plus tard ce dernier lui offrait une Ferrari ET une BMW.

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