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Retour sur les 25 meilleures mixtapes de la décennie

Retour sur les 25 meilleures mixtapes de la décennie

Le dossier d’une génération…

Dans les années 90, une mixtape c’était une cassette audio vendue plus ou moins à la sauvette sur laquelle étaient compilés freestyles, remix et morceaux déjà connus par un DJ avide de faire étalage de ses talents derrière les platines – très souvent DJ Clue, mais aussi Kid Capri, Doo Wop ou Ron G.

Au début des années 2000, sous l’impulsion de 50 Cent et DJ Whoo Kid une mixtape c’était un CD au livret et à la pochette de seconde main sur lequel un rappeur reprenait les instrus les plus en vogue du moment en espérant choper un max de buzz.

Puis quand dans la foulée internet et le format digital sont montés en puissance (via notamment l’apparition de blogs ou de sites dédiés comme DatPiff.com ou LiveMixtapes.com), les mixtapes se sont muées en objets promotionnels à part entière distribués de manière totalement gratuite, cf. Lil Wayne/DJ Drama.

Si jusque-là tout se tient, dans les années 10 les Drake, Future, Young Thug & Co. ont compliqué les choses en multipliant les projets étiquetés comme mixtape quand bien même leurs contenus étaient inédits de A à Z, disponibles uniquement à l’achat, voire carrément enregistrés sous l’égide d’une major.

Conséquence de cette évolution : bien malin qui aujourd’hui peut donner une définition claire et précise de ce qu’est une mixtape et de ce qui la différencie fondamentalement d’un album.

Histoire de ne pas trop se prendre la tête donc, la sélection ci-dessous se compose des sorties que les artistes eux-mêmes considèrent comme étant des mixtapes.

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K.R.I.T. Wuz Here de Big K.R.I.T. en 2010

Si vous vous demandiez pourquoi Big K.R.I.T. était considéré comme l’un des grands espoirs de la scène sudiste au début de la décennie, sa sixième mixtape sortie deux ans avant son tout premier album constitue la meilleure réponse.

Recueil d’anciens titres et d’inédits, elle concentre le meilleur de ses talents de rimeur et de ses qualités de producteur.

Dommage qu’il n’ait pas rencontré par la suite un succès commercial plus conséquent.

Earl d’Earl Sweatshirt en 2010

Tout juste débarqué au sein du crew Odd Future et bénéficiant des productions du maître des lieux Tyler, the Creator, c’est peu dire que l’ami Earl, 16 ans à peine, a époustouflé ses pairs et la critique.

Fun et décomplexé, ce premier projet long d’à peine 30 minutes s’écoute hier comme aujourd’hui auréolé d’un parfum de culte.

Kush & Orange Juice de Wiz Khalifa en 2010

Avant See You Again et Amber Rose, Wiz Khalifa était ce rappeur skinny-skinny qui balançait des bangers à la chaîne sans demander son reste (Mesmerize, Up, In The Cut, Visions…).

Tout comme ses fans de la première heure, on est d’ailleurs parfaitement en droit de regretter cette époque.

Sinon, et ça n’a rien à voir, la cover rend hommage au dernier album solo de David Ruffin, le chanteur du groupe r&b les Temptation décédé en 1991.

T.R.U. REALigion de 2 Chainz en 2011

Pas forcément des plus à l’aise avec le format album, c’est grâce à cette mixtape que l’ex-Tity Boi a réellement pu amorcer sa seconde partie de carrière du côté du mainstream.

Rien de bien original au menu toutefois puisque T.R.U. REALigion (un titre client d’œil à la marque de jeans préférée du game en 2011) se résume à empiler les couplets et refrains faisant l’apologie du dieu dollar.

Fort heureusement, Chainz n’a jamais été aussi drôle et énergique.

Live.Love.A$AP d’A$AP Rocky en 2011

Le cloud, Rick Owens, Tumblr, la codéine… qui a dit que LLA était l’une des mixtape les plus influentes de toute l’histoire du rap ?

Non contente d’avoir servi de tremplin à l’A$AP Mob, en revitalisant un New York moribond à coup de sonorités sudistes elle a mis au placard ce dogme longtemps considéré comme indéboulonnable qui voulait que l’on rappe selon sa géographie.

Ça et puis aussi le fait qu’elle a permis à Rocky et ses frères de signer un deal à 3 millions de dollars.

Rich Forever de Rick Ross en 2012

Le problème des mixtapes grand cru, c’est qu’en terme de qualité certaines concurrencent allègrement les albums qu’elles sont censées annoncer… quand elles ne les surpassent pas.

Cas d’école ici avec cette « mise en bouche » dixit l’intro qui met largement la pâtée au pas fou God Forgives, I Don’t sorti quelques mois plus tard.

En même temps c’est comme si Rozay avait tout fait pour, lui qui a garni la tracklist de morceaux qui comptent parmi les meilleurs de sa carrière (Rich Forever, Stay Schemin, Triple Beam Dreams…).

Back From the Dead de Chief Keef en 2012

Date clef dans l’avènement de la drill et de la scène chicagoane, BFTD initie le run de celui à qui le rap des années 10, et en particulier le rap français, doit tant.

Héritier direct de Waka Flocka Flame, le duo adolescent qu’il forme avec Young Chop (qui pour le coup s’inscrit dans la lignée de Lex Luger) donne lui aussi dans le vacarme permanent, non sans enrichir la recette d’un soupçon de musicalité.

Oh, et c’est sur cette tape que l’iconique I Don’t Like featuring Lil Reese a été entendu la première fois.

1999 de Joey Bada$$ en 2012

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Du haut de ses 17 ans, avec 1999 la tête de gondole du collectif Progressive Era s’est vu d’un coup d’un seul intronisé sauveur en chef du rap newyorkais old school.

Flow millésimé nineties et productions signées MF Doom, Lord Finesse et J Dilla en renfort, il n’a en effet pas laissé un nostalgique de boom bap indifférent.

Et peu importe qu’il n’est pas ensuite devenu la star que ces derniers espéraient, sa musique passe elle l’épreuve du temps.

Crenshaw de Nipsey Hussle en 2013

Impossible de ne pas mentionner dans ce top, non pas la meilleure mixtape du regretté Nipsey (trop de déchets), mais assurément l’un des meilleurs moves business de la décennie.

Vendu au prix de 100 dollars et limité à 1 000 exemplaires, Crenshaw lui a rapporté l’air de rien 100 000 dollars en quelques jours.

Pas mal pour un emcee qui rappe à plein temps les joies de la débrouille et de l’oseille.

Trap God 2 de Gucci Mane en 2013

Pas fondamentalement différente de ses travaux précédents (les Burrrprint (2) HD, Mr. Zone 6, Trap Back et autres I’m Up), cette suite de Trap God est peut-être le dernier témoignage de la grande époque de Gucci Mane.

Bon point, la tracklist est remplie jusqu’à ras bord avec 23 pistes et des tonnes de feats quatre étoiles (Waka Flocka Flame, Young Scooter, Wiz Khalifa, Lil Wayne…).

Kilt II de IamSu en 2013

En bonne position sur la liste de rappeurs qui mériteraient plus d’exposition, IamSu peut aussi se vanter d’être un des mecs les plus cools du game, quelque part entre Snoop et le Kanye West des premiers jours.

Playlist estivale, Kilt II enchaîne à ce titre les douceurs (Father God, Hipster Girls, Float…) dans le plus grand fun sans pour autant tomber dans le piège de la superficialité.

Acid Rap de Chance The Rapper en 2013

Le jour où Chance The Rapper est devenu Chance The Rapper.

Loué à l’unanimité pour son ambition et sa prise de risque, ce melting-pot jazz/rock/gospel/house ne se contente cependant pas de frayer avec les chemins de l’expérimentation : il créé un genre à lui tout seul.

Après, comme avec son Coloring Book trois ans plus tard, on apprécie ou pas, mais il faut être sacrément de mauvaise fois pour nier la qualité de la démarche.

Young Rich Niggas des Migos en 2013

Cascades de flow en triolet, twerk à gogo et dabs en veux-tu en voilà, c’est peu dire qu’en 2013 Takeoff, Quavo et Offset ont mis le feu dans les clubs et les caisses avec leurs hymnes Versace, Bando et Hannah Montana.

Rien que pour ça, ils méritent d’être surnommés le plus sérieusement du monde les Beatles du rap.

Days Before Rodeo de Travi$ Scott en 2014

Pour ceux qui auraient complètement zappé le début des années 10, voici le parfait pot-pourri de ce qui se faisait.

En chemin vers le statut de superstar, si Scott s’en donne à cœur joie question curation et clichés sur les putes et la drogue, il n’en oublie pas de se montrer conquérant à la productionle très cathédral Don’t Play, mais pas que.

« Straight up ! »

Monster de Future en 2014

Pour sa treizième mixtape en quatre ans, Nayvadius DeMun Wilburn parvient finalement à mettre tout le monde d’accord.

Plus discipliné dans son flow, il enflamme les productions du triumvirat Metro Boomin’/Southside/TM88 qui grâce à lui n’ont jamais sonné aussi incisives et puissantes – cf. les bangers Fuck Up Some Commas, Codeine Crazy ou Gangland.

D’aucuns décerneront d’ailleurs à Monster la médaille d’or de la discographie de Future.

Rich Gang: Tha Tour Pt. 1 du Rich Gang en 2014

Gloire doit être rendue à Birdman pour avoir soufflé l’idée aux bébés Gucci Mane Rich Homie Quan et Young Thug de former un trio avec lui, quand bien même sur le papier l’idée n’allait absolument pas de soi.

Bien leur en a pris puisque leur alchimie est de tout instant tandis que London on da Track brille de mille feux à la production.

Ah si seulement l’aventure n’avait pas été de si courte durée…

Casino Life 2: Brown Bag Legend de French Montana en 2015

Pas franchement habitué à figurer dans les tops et classements de fin d’année, Karim Kahrbouch n’est sur le papier clairement pas le plus excitant des rappeurs. Impossible toutefois de lui nier un flair bien à lui pour dégoter des hits lui permettant de rester dans le coup.

Illustration avec cette suite de La Vie de Casino qui convie la crème de la scène US (Rick Ross, Travis Scott, Quavo…) pour poser sur les blockbusters Off the Rip, Moses, Gangsta, etc.

If You’re Reading This It’s Too Late de Drake en 2015

Après le doublé gagnant Take Care/Nothing Was The Same, le Champagne Papi s’offre une parenthèse avec ce 17 titres sorti un peu à la surprise générale une nuit de février.

Beaucoup plus rappée et moins facile d’accès, il n’en consacre pas moins sa domination sans pareil sur ses pairs avant qu’il ne retouche le sol.

Car oui IYRTITL était son dernier vrai bon projet…

Barter 6 de Young Thug en 2015

Le Jeune Bandit canalise enfin son énergie sur la durée.

Sa voix distordue, ses lyrics absurdes, son flow qui tire dans les aigus et l’excentricité de ses ad-libs sont ainsi mis au service de morceaux plus structurés. C’est moins délirant soit, mais c’est efficace (Check, Constantly Hating, Halftime…).

Largement de quoi faire accepter de débourser le prix d’un album sur iTunes donc.

Suffolk County de Cousin Stizz en 2015

Cousin Stizz c’est l’histoire un mec qui rappe à moitié endormi sur des instrus que l’on croirait extraites de la bande originale d’un film d’anticipation et qui voit son single Shoutout joué sans qu’il n’ait rien demandé à l’anniversaire de Drake.

Plus 12 millions d’écoutes sur Soundcloud plus tard, force est de reconnaître l’oreille du 6 God et tout le talent de l’intéressé (alias le « Fresh Prince ») pour pondre des refrains des plus entraînants.

All Or Nothing: Live It Up de Lloyd Banks en 2016

Pas des plus productifs en ce qui concerne la sortie d’albums, le Droopy du G-Unit carbure question mixtapes.

De retour avec DJ Drama trois ans après un premier volume remarqué, il prouve une nouvelle fois sa valeur casquette des Yankee vissée sur la tête.

Ravis, puristes et nostalgiques ne peuvent néanmoins s’empêcher de s’imaginer une réalité alternative où Banks a accompli la carrière qui aurait dû être la sienne.

Day69 de 6ix9ine en 2018

Hein ? Décriée toute part pour son côté répétitif et monotone, la musique de Daniel Hernandez peut se targuer d’un point fort et d’un seul sur lequel tout le monde s’accorde : son degré d’agressivité.

Sans trop vouloir jouer à l’avocat du diable et sans trop prêter attention aux paroles, sur 27 minutes ça passe (à peu près).

Et puis bon, l’ultra banger GUMMO fait toujours son effet, d’autant plus qu’il est assorti des plaisirs coupables Kooda ou Keke.

Drip Harder de Gunna & Lil Baby en 2018

Un duo presque trio (le beatmaker Turbo est crédité sur huit des treize pistes) qui se tire en permanence la bourre dans l’alchimie la plus totale.

Grand fans de Young Thug, Gunna et Lil Baby ont reçu le compliment ultime lorsque ce même Thugger a déclaré à leur propos : « Je suis le plus grand fan de Lil Wayne au monde, mais en aucune façon Carter V ne sera pas aussi fort que Harder. »

Fever de Megan Thee Stallion en 2019

Étoile en devenir de l’année 2019, Hot Girl Meg n’est pas juste bonne à voler la vedette à ses confrères masculins lorsqu’elle pose en feat avec eux : en solo le tarif est le même.

Autoproclamée « number one pimp » sur le morceau Money Good, son rap en a entre les jambes.

Assez pour aller jouer dans la même division que Cardi et Nicki ? Fever tendrait à prouver que oui…

AI YoungBoy 2 de YoungBoy Never Broke Again en 2019

Comme le tweetait récemment Meek Mill, Kentrell DeSean Gaulden est différent.

Toujours aussi consistant du haut de ses 19 ans, quand il n’est pas derrière les barreaux le petit de Boosie Badazz et Kevin Gates sait allier les contraires comme peu, qu’il s’agisse de parler de gangstérisme sur des refrains flirtant avec la pop ou de laisser aller sa vulnérabilité en balançant un maximum de « bicth » et de « pussy ».

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