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Les 10 moments les plus gênants du rap US en 2018 [DOSSIER]

Les 10 moments les plus gênants du rap US en 2018 [DOSSIER]

« Gênant » ne voulant malheureusement pas dire ici « marrant »…

Cette année, comme toutes les années, le rap américain ne s’est pas fait avare en parties de rigolade.

De l’escapade de Jay Z en jet-ski, à l’attaque de clown dont Puff Daddy a été la cible, en passant par le meme de Lil Durk et Young Thug en studio, ou encore la vidéo de Kodak Black filmé par un plat micro-ondes, il y avait de quoi loler de janvier à décembre.

De l’autre côté du spectre, si certains faits divers ont pu sur l’instant faire sourire les masses, ils n’en ont pas moins pour des raisons différentes provoqué un très palpable sentiment de malaise.

Les voici classés 1 un à 10.

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10. Kylie Jenner et Travis Scott qui donnent l’impression de s’être rencontrés la veille

Photogéniques en diable sur papier glacé, la benjamine du clan Kardashian et l’ami Cactus Jack forment clairement le couple le plus successful de l’année (un bébé né en février, madame presque milliardaire en dollars, monsieur qui a écoulé son dernier album par millions…).

Quoi de plus naturel donc pour nos tourtereaux qui vivent dans un monde où la vie privée est publique que de se mettre en scène façon Les Z’amours pour le magazine GQ ?

Kylie J. pose ainsi 23 question sur sa petite personne à son boyfriend qui pour le coup fait ici l’effort de prononcer deux phrases d’affilée sans autotune.

Toujours est-il que passé le côté gentiment mimi de l’exercice, très vite la séquence se révèle des plus pénibles à regarder, et pas seulement parce que le vocabulaire employé de part et d’autre ne dépasse pas le nombre de mots d’un refrain écrit par Soulja Boy.

Candidate au titre de meuf la plus nombriliste de la planète, la petite sœur de Kendall qui a 21 ans affiche un visage qui jamais ne bouge d’un millimètre résume sa personnalité à la couleur de sa brosse à dents ou à l’endroit où elle range son mascara, tandis que Scott qui semble tout juste se relever d’un knockout de boxe anglaise connaît toutes les peines du monde à répondre aux questions les plus basiques (nom des parents de sa meuf, nom de ses chiens, nombre de ses tatouages…).

Bref ça sent le couple bien fake qui ne se voit au mieux qu’entre deux avions et ne s’aime qu’en fonction de l’image que l’autre renvoie. De quoi (presque) vous faire passer l’envie d’être rich & famous.

[Une petite pensée pour Tyga que l’on imagine s’être époumoné les réponses devant son écran d’ordinateur.]

9. Floyd Mayweather qui met la fessée à 50 Cent

Rien de tel que les anciens amis pour ressortir de vieux dossiers à la face du monde.

Copains comme cochons lorsqu’il s’agissait d’aller faire pleuvoir les billets de banque dans les clubs de striptease, depuis ce jour de 2012 où Fiddy s’est lancé dans la promotion de combats de boxe dans le dos de Money, les deux hommes s’envoient régulièrement des piques sur les réseaux sociaux.

Si d’ordinaire les échanges restent un minimum « courtois », l’ex roi de la discorde du rap a fini par excéder l’ancien champion du monde en se moquant une énième fois de son illettrisme.

Conséquence, ce dernier a sorti les kalach’ sans crier gare, révélant tour à tour sur le Gram que Curtis vit désormais dans un appart’, qu’il lui a emprunté deux millions de dollars pour s’acheter des bijoux et qu’il ne les lui a jamais rendus, que son propre fils Marquise refuse d’avoir quoique ce soit à voir avec lui, que son fameux deal de 2007 avec Coca-Cola c’était du flan, qu’il est une balance certifiée

Cerise sur le gâteau, emporté par sa fougue Floyd a même balancé le fait que son ex lui a refilé de l’herpès.

Ouch’.

8. Nicki Minaj qui joue à la mauvaise perdante

Ce devait être l’album de la consécration. L’album qui devait remettre l’ordre cosmique du rap US à l’endroit après une absence de quatre longues années. L’album qui devait clouer le bec de toutes celles et ceux qui lorgnaient d’un peu trop près sur son trône.

Au final Queen n’aura été rien de tout ça.

Musicalement décevant (mais bon, quel cador n’a pas sorti un bide en 2018 ?), commercialement le disque s’en tire avec les honneurs, à ceci près que les 185 000 exemplaires écoulées en première semaine ne lui suffisent pas à grimper sur la première marche du podium.

Sorti sept jours plus tôt, Astroworld de Travis Scott lui chipe en effet la médaille d’or avec 200 000 ventes – tout cela sans oublier qu’à titre de comparaison le Privacy de sa rivale Cardi B avait lui franchi le cap des 250 000.

Ni très sport, ni très royale, Minaj commence à s’en prendre à Scott qui vivait sa meilleure vie dans son coin et s’embarque dans des envolées Twitter dignes de Kanye West qui ont du faire suer à grosses gouttes son CM.

Tout d’abord traité de tous les noms (« hoe nigga of the week », « cocksucker of the day »…), La Flame se voit ensuite accusé pêle-mêle d’avoir profité de la renommée de sa compagne Kylie et de leur fille Stormi, d’avoir artificiellement fait gonfler ses chiffres en les couplant à ceux de son merchandising, mais aussi et surtout, d’être de mèche dans le complot ourdi par Spotify pour plomber les artistes trop « real » (???).

Comble de l’ironie, Nicki est pourtant des deux celle qui a tenté un coup de Trafalgar en ajoutant in extremis à la playlist de Queen le single FEFE sur lequel l’avait invité 6ix9ine afin de faire grimper ses chiffres du streaming…

Vous voyez ce moment où vous vous dites que celui qui fut votre emcee préféré commence à paraître sérieusement hors du coup et qu’il ou elle ne reviendra pas ? À 36 ans, voilà peut-être ce qui vient d’arriver à Nicki Minaj.

7. Pusha T qui s’accroche à toutes les branches pour clasher Drake

En bisbilles depuis de longues années, la moitié des Clipse et le Champagne Papi ont fini par crever l’abcès sur la place publique au mois de mai dernier.

Bien que tout avait commencé le plus gentiment du monde (traditionnelles accusations de ghostwriting d’un côté, moqueries sur un pseudo passé de dealeur de l’autre), Pusha T a ensuite pris la mouche comme rarement on aura vu un rappeur prendre la mouche avec son brûlot The Story of Adidon.

Loin de se contenter d’attaques ad hominem, le poto de Pharrell et Kanye s’en prend nommément aux parents de son adversaire, se moque ouvertement de la sclérose en plaque dont souffre son ami 40 et révèle au monde l’existence de son fils caché.

De mémoire d’auditeur, depuis le Hit’em Up de 2Pac en 1996 (dans lequel le Californien menaçait directement de mort ses ennemis et riait de la maladie génétique de Prodigy des Mobb Deep), on n’avait pas connu une telle fureur.

Certes, question impact Pusha a plus que réussi son coup en laissant là Drake le souffle coupé, mais question déontologie cette victoire s’accompagne d’un goût amer pour peu que l’on considère que tous les coups ne sont pas permis.

6. Cardi B qui s’empêtre dans les accusations d’homophobie

Si en 2018 tout le monde aime Cardi/Bardi, il faut bien avouer qu’elle a parfois des jours sans (genre ce jour où elle a découvert que Childish Gambino et Donal Glover formaient en réalité une seule et même personne).

Début janvier, la Nabilla du rap US se prenait ainsi les pieds le tapis en allant défendre son mec d’alors Offset critiqué pour avoir utilisé le mot « queer » dans le morceau Boss Life. Son argument ? Feindre de ne pas savoir que le terme était connoté de manière péjorative.

Cinq mois plus tard, rebelote lorsqu’elle participe au single Girls de Rita Ora. En perte de buzz, la chanteuse nous fait le coup du coming out goudou, toujours un excellent moyen d’aller ratisser de la couverture médiatique à moindre frais auprès des médias modernes et bien-pensants.

Manque de chance, souhaitant doubler la mise avec des paroles se confondant avec l’imaginaire que se fait l’hétéro bien binaires et bien genré du lesbian love, Ora se voit accusée de racolage.

Prise dans la polémique, Cardi est elle pointée du doigt pour son utilisation du mot « dyke » (« gouine »). Sa ligne de défense ? Elle ignorait qu’il s’agissait d’une insulte.

Dis-donc Cardi tu nous prendrais pas un peu pour des jambons ?

5. Juelz Santana arrêté de la manière la plus stupide qui soit

Au départ, c’était un fait divers des plus whatthefuck comme il en arrive régulièrement dans le rap : au mois de mars dernier, pour une raison qui seule le regarde, le Diplomat décide de prendre l’avion un gun dans son sac.

Chopé sans surprise à la douane de l’aéroport du New Jersey, Santana pique alors un sprint et saute dans le premier taxi qui passe par là. Pas de bol pour lui, dans la précipitation il laisse derrière lui son permis de conduire et sa carte d’embarquement.

Officiellement en cavale, il revient à la raison dès le lendemain et décide de se rendre de lui-même aux autorités.

Si l’anecdote prête dans un premier temps à sourire (la simple idée de monter dans un avion armé défiant quand même tout principe de rationalité), elle n’est à la revoyure pas des plus funs.

De un parce que son coup de sang s’explique par ses addictions à diverses drogues qui le rongent depuis quelques années déjà, et de deux parce que la justice s’est montrée intraitable avec lui sur cette affaire.

Sommé de choisir entre un plaidé coupable et un procès, Juelz a accepté d’écoper d’une peine comprise entre 27 et 37 mois fermes plutôt que de risquer plus.

Outre le fait qu’à 36 ans bien sonnés il vient probablement là de planter le dernier clou à sa carrière de rappeur, il laisse sans père ses trois enfants âgés respectivement de 6, 8 et 15 ans.

4. La condescendance de Drake dans le clip de God’s Plan

Dix ans déjà que le Canadien nous refourgue à échéances régulières les deux, trois mêmes morceaux.

Alors que la ficelle commence à se faire de plus en grosse artistiquement, quoi de mieux pour cacher la misère que d’assortir ses singles d’un clip événement ? Très souvent ça marche (Started From the Bottom, Hotline Bling…), d’autres fois ça donne God’s Plan.

Le pitch ? 5 minutes 57 durant l’ami Drizzy se balade dans les rues de Miami et distribue la main sur le cœur près d’un million de dollos aux gens du petit peuple, le tout sous l’œil d’une caméra qui ne manque pas de filmer la moindre larme de remerciement.

Face A, on ne peut évidemment que se réjouir de voir des jouets distribués à des enfants, un chèque adressé à un foyer de sans-abris ou encore des courses offertes à tous les clients d’un supermarché. Certes le tout sent un peu la com’ et la pornographie philanthropique, mais après tout où est le mal ?

Face B, on peut aussi se dire que niveau indécence un cap a été franchi tant cette ambiance « coucou les pauvres » respire l’autoglorification. Et ce n’est pas jouer aux cyniques que de se sentir gêné devant les réactions (sincères) de gens dans le besoin qui ne servent ici que de pâture à une mise en scène de télé réalité.

Tout ça sans oublier que dès le prochain clip Drake retournera faire baver les foules en allant chanter les vertus du matérialisme et de la vie facile.

Enfin bon, God’s Plan ayant presque atteint le milliard de vues sur Youtube et étant devenu le temps d’un été l’hymne des filles du moove qui lip sync sur Snapchat, tout le monde s’en tire ici avec la conscience tranquille.

3. Kanye West et son soutien acharné à Donald Trump

Entendons-nous bien : rappeur ou pas rappeur, chacun est autorisé à avoir son propre opinion sur les questions politiques, et le cas échéant, il n’y a rien de choquant à vouloir défendre ses idées.

Et qu’un type qui vit désormais à plein temps dans la banlieue hyper-huppée-hyper-friquée de Calabasas vote pour un candidat représentant d’une certaine façon les intérêts de sa classe n’a au fond rien d’étonnant.

Ce qui dérange en revanche avec toute la campagne pro-Trump de Ye, c’est que jamais il n’a fait valoir le moindre début d’argument en faveur de la politique de son président préféré.

Sa gestion des relations internationales ? Ses positions sur l’immigration ? Ses mesures de relance économique ? Rien de tout cela n’intéresse le mari de Kim K. qui préfère louer casquette moche sur la tête l’amour qu’il porte à son « bro » et donner dans le hors sujet permanent.

Au final l’impression qui se dégage c’est celle d’un type qui sous couvert d’une pseudo-liberté de penser se complaît dans une posture sans fond par simple plaisir de la provocation.

Dans ce contexte, ses propos à l’emporte-pièce sur « l’esclavage qui serait un choix » ressemblent au mieux à ceux d’un pilier de comptoir racontant ce qui lui passe par la tête histoire d’attirer l’attention sur lui pendant cinq minutes.

« Scoop-diddy-whoop ? »

2. Les réactions sur les réseaux sociaux suite aux décès de rappeurs

Xxxtentacion, Craig Mack, Jimmy Wopo, Fredo Santana, Mac Miller… c’est peu dire que les douze derniers mois ont été meurtriers pour le rap US.

S’il est toujours triste de voir disparaître légendes et jeunes talents, il est quand même curieux d’observer à chaque fois la course au pathos à laquelle se livrent personnalités et anonymes sur Instagram, Twitter & Co.

Pour les premiers il s’agit de s’empresser de poster une photo d’eux à côté d’un type qui d’un coup d’un seul serait devenu l’un de leurs plus proches amis, pour les seconds il s’agit d’étaler un amour jusque-là insoupçonné de leurs discographies.

En vrai ce déluge d’émojis un peu trop attrape-likes pour être sincères manque clairement de sobriété.

Ça, et puis aussi le fait que quelques semaines après, ces mêmes personnes seront passées à autre chose comme si de rien n’était… ce qui ne les empêchera absolument pas de recommencer leurs simagrées à l’identique à la prochaine tragédie.

C’est beau la compassion 2.0.

1. 6ix9ine qui à trop vivre par l’internet a péri par l’internet

L’histoire de Daniel Hernandez c’est l’histoire d’un ado pitchounet qui voulait faire rappeur dans la vie, et qui pour atteindre cet objectif a repris tous les codes de la scène mainstream en les poussant au max (le look, les gimmick, le marketing…).

Cartoonesque et divertissant, à défaut de sortir le moindre son vraiment marquant, il a cependant réussi à devenir en quelques mois le héros d’une nouvelle génération qui décidément n’a plus grand-chose à voir avec le rap de ses grands frères.

Oui mais voilà, tout virtuose qu’il est du buzz permanent (un simple coup d’œil à son fil d’actualité suffit pour s’en convaincre), à trop vouloir la jouer thug face caméra il a fini par tomber du côté où il penchait en se faisant alpaguer par la justice fédérale américaine.

Soupçonné d’être IRL de mèche avec le gang des Bloods (port d’armes, association de malfaiteurs, racket…), lui qui dédicaçait les Rouges à tue-tête à coup de shootouts « TreyWay » s’est vu jeté en prison quelques jours avant de la sortie de son tout premier album Dummy Boy.

Si la fin de l’histoire n’est pas encore écrite (son procès au cours duquel il risque la perpétuité et pour lequel il plaidera non-coupable se tiendra en septembre prochain), 6ix9ine n’en incarne pas moins une sorte de dindon de la farce d’un système qui amalgame célébrité et popularité, buzz et actualité, curiosité et indiscrétion.

Un système dont médias et public se délectent et dont il arrive parfois aux artistes d’être les premières victimes.

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