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Ebro Darden : « Beats 1, c’est l’histoire d’une vibe particulière »

Ebro Darden : « Beats 1, c’est l’histoire d’une vibe particulière »

A l’occasion de l’anniversaire de la radio d’Apple, Booska-P a rencontré Ebro Darden à Paris. De quoi discuter de sa carrière, mais aussi de PNL…

Il y a tout juste deux ans, l’entreprise Apple innovait une fois de plus avec la création d’un service de streaming (Apple Music), mais aussi d’une radio, la fameuse Beats 1. Ici, aucune frontière musicale ou géographique ne vient brouiller les ondes et c’est plus de 100 pays qui peuvent découvrir une nouvelle manière d’apprécier la musique. Pour vous la faire découvrir, vous pouvez faire confiance à Ebro Darden, animateur reconnu, véritable institution aux Etats-Unis. Star de la station HOT 97, ce dernier prouve sur Beats 1 sa capacité à découvrir de nouveaux talents. Dans le cadre d’une séries d’émissions locales sur la culture musicale à Paris. L’occasion de causer de Drake, MHD ou encore PNL.

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Tout d’abord, comment tu as débarqué dans le monde de la radio?

A 15 ans, en Californie, je mixais pour mes potes. A force j’ai commencé à rencontrer du monde, ça va des personnes branchées du coin jusqu’à plus loin. Après le lycée, j’ai commencé à me renseigner sur tout ça, la programmation, le djiing, j’ai rencontré d’autres professionnels. J’ai fait mon chemin comme un passionné. De Sacramento jusqu’à Beats 1 en passant par la radio New-Yorkaise Hot 97.

Tu nous racontes les débuts de ton aventure avec Beats 1 ?

Cela a commencé avec les casques Beats By Dre, pour de la promotion. Je faisais partie des personnes chargées de parler du produit. Puis Apple s’est associé au service de streaming de Beats afin de développer le projet de radio « Beats 1 ». Ils m’ont invité à créer du contenu et donc à faire complètement partie de l’aventure !

Sur Beats 1, on fait tout pour être pertinent et expliquer d’où vient ce que l’on propose, du background de l’artiste jusqu’à celui de son producteur

Quelle est la différence entre ton travail pour Beats 1 et celui pour HOT 97 ?

Déjà, HOT 97 est une radio locale. Il est surtout question de « hit music », de la ville de New York avant tout avec des programmes dédiés. Tu sais, les DJs n’ont pas exactement la même liberté qu’ailleurs. Tu es là pour passer de la bonne musique, mais du mainstream. Tu vends ton truc avec ta voix en balançant les morceaux. Tu peux prendre quelques risques sur une ou deux tracks, mais pas plus. Chez Beats 1 c’est totalement différent. Aujourd’hui, si je veux, je ne peux jouer que de l’afro beat. Et demain, que du rap de Brooklyn, pourquoi pas ? Ici je peux me permettre de faire ce genre de truc, c’est ça la beauté de Beats 1. Il s’agit d’une vibe particulière, d’un mood, d’une connexion avec les gens à l’international. On doit leur donner un contexte pour découvrir de nouveaux sons. C’est pour ça que je suis pour le système musical proposé par Apple. Sur Apple Music, Tout n’est pas que question d’algorithmes, il y a aussi des playlists, des radios et des mixs proposés… Sur Beats 1 c’est la même chose, on fait tout pour être pertinent et expliquer d’où vient ce que l’on propose, du background de l’artiste jusqu’à celui de son producteur.

La première étape de ton tour se trouve à Paris, qu’est-ce que la ville t’évoque ?

Beats 1, c’est une histoire de connexions humaines. On essaye de prendre le meilleur partout pour dire aux auditeurs, « voilà, cet artiste là, c’est du lourd ». C’est pour cela qu’on recherche les meilleurs endroits pour découvrir de nouvelles choses. Paris est donc la première étape de notre tour et ça veut dire beaucoup. Paris, c’est une grosse scène Hip-Hop, sans doute l’une des plus importantes. C’est une ville dans le monde où on consomme beaucoup de musique et je pense que le mix culturel qu’il y a ici favorise cela. Des gens très différents qui vivent ensemble, des asiatiques, des juifs, des musulmans, des britanniques, des africains… Paris c’est la ville de tout le monde, mais elle a en même temps sa propre culture. Celle d’embrasser les autres. L’art, la cuisine, la mode, la musique, tout cela est lié avec une certaine idée de la créativité. Nous on essaye de partager ce qui s’y passe, de faire connaître les artistes de Paris au plus grand nombre.

Avec l’effacement des frontières musicales, que penses-tu des connexions entre les artistes ? Entre les français et les américains?

Nous sommes des êtres humains avant tout. C’est un peu la même chose que partout ailleurs, certains travaillent ensemble, d’autres non. Il s’agit souvent d’intérêts communs ou de connexions particulières. En général, les gars se connaissent, apprécient la musique de l’autre et les choses se font, c’est assez organique. Selon moi, il y a de moins en moins de contraintes. Après je ne connais pas encore assez la France pour savoir pourquoi un tel ou un tel veut travailler avec des américains. Aux Etats-Unis, t’as aussi des clans mais certains dépassent tout ça. Aujourd’hui on peut compter sur Dj Khaled qui arrive à réunir beaucoup d’artistes et sortir un vrai truc, qui donne le la du moment.

J’aime particulièrement MHD pour l’énergie qu’il dégage, il propose un vrai truc. PNL, c’est un vrai duo de OG’s

En France, quels sont tes artistes du moment?

Avant d’arriver ici, je connaissais MHD et PNL. J’aime les deux, mais plus particulièrement MHD pour l’énergie qu’il dégage, il propose un vrai truc. PNL, c’est un vrai duo de OG’s, c’est fort. J’ai également interviewé Disiz La Peste, qui a enregistré de superbes albums. J’aime beaucoup Christine and The Queens également. J’ai récemment découvert Oxmo Puccino, j’apprécie. Enfin, je connais bien le label Ed Banger (Justice, Cassius, SebastiAn, etc) et son boss, Pedro Winter (Busy P). Ils sont venus en live plusieurs fois à New York. On va dire que pour ce qui est de la musique française, je suis encore en train d’apprendre (rires).

Avant d’exploser, certains ont été poussés par tes émissions… Tu peux nous en citer ?

Je suis arrivé à New York en 2003 et à ce moment-là il y avait des mecs comme Jim Jones ou Juelz Santana. J’ai poussé de mon côté avant qu’ils ne signent avec des majors. Il y a aussi Chris Brown que j’ai découvert assez tôt, il était adolescent et avait un talent fou. Sinon il y a aussi des artistes issus d’autres mouvements, comme Sean Paul avant qu’il ne devienne une star internationale. Je passais ses sons à la radio et dans les clubs. Tout comme pour Vybz Kartel et Popcaan. Ce qui est drôle, aussi, c’est le cas de Drake. J’ai joué ses sons super tôt, personne ne diffusait autant ses sons que HOT 97. On jouait plus sa musique à New York qu’à Toronto ! Enfin, je peux aussi citer Kanye West. Au début, personne ne croyait qu’il allait passer du statut de producteur à celui de rappeur. Nous, on l’a supporté presque autant que des gens de Chicago. On a joué ses morceaux très tôt avant beaucoup de monde.

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Avec le temps, est-ce que ta manière d’aborder la musique a changé ?

Je ne peux plus passer une journée entière à écouter de la musique comme je le faisais avant. Je n’aime pas seulement écouter de nouveaux morceaux, ce que je propose, c’est de donner un contexte à chaque son, ça va plus loin que de simplement dire que tel ou tel morceau est génial. Je peux aimer un truc que les gens détestent et vice versa, mais j’aime être surpris. J’aime bien tomber sur un nouvel artiste par hasard et kiffer son délire. La musique, c’est de l’art. C’est comme la nourriture que tu manges au restaurant, ça représente plein de choses. Certaines personnes kiffent et d’autres non. La musique, c’est de la joie. C’est ce moment où tu t’assoies avec tes potes et que tu débats des dernières sorties.

j’aime ceux qui proposent quelque chose de nouveau. C’est pour ça que c’est important d’avoir un J.Cole, un Drake et un Kendrick aujourd’hui

En parlant des dernières sorties, quel est le rappeur le plus influent du moment ?

De mon point de vue américain, c’est Kendrick Lamar. Que ce soit pour les instrus, les paroles et la scène… Drake sait faire des sons géniaux, diversifiés et fun. Tu as Atlanta avec Future, Migos et Young Thug, mais Kendrick a choqué le système. Si tu te souviens du moment où il balance son album « DAMN », c’est dingue. Ses paroles vont vers des sujets profonds, il ne reste pas qu’à la surface. Il apporte quelque chose de neuf, il te pousse à écouter différemment la musique. Avec son projet « To Pimp a Butterfly », il a préparé tout cela. Sinon, je peux aussi parler de J Cole. Il a prouvé qu’on pouvait avoir du succès tout en restant soi-même, en arrivant et dire « voilà, je suis comme ça et je vais me battre ». Aujourd’hui, les sons populaires se ressemblent, c’est pourquoi j’aime ceux qui proposent quelque chose de nouveau. C’est pour ça que c’est important d’avoir un J.Cole, un Drake et un Kendrick aujourd’hui. Ils viennent tous d’endroits très différents, Drake peut même faire des sons house s’il veut, il prend des risques pour faire quelque chose de nouveau. Cette culture, c’est du vrai Hip-Hop.

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Pour terminer, que dire de Jay-Z qui sort bientôt un nouvel album ?

Je n’ai aucune idée de ce qu’il nous prépare (rires) ! Pour moi, c’est tout simplement l’un des plus grands du Hip-Hop. Aujourd’hui il a ses propres entreprises, il a trois enfants, son couple avec Beyoncé pèse un milliard de dollars… Et il va débarquer avec un nouvel album ! C’est du jamais vu dans l’histoire, moi j’ai hâte d’écouter ça !

Écoutez Ebro Darden sur Beats 1 du lundi au jeudi, à midi et minuit

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