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Toutes ces fois où Drake et Jay Z se sont envoyés des piques !

Toutes ces fois où Drake et Jay Z se sont envoyés des piques !

Si les deux mastodontes du rap US ne se sont jamais ouvertement clashés, ils n’en sont pas moins rivaux. Retour sur la guerre froide qu’ils se mènent depuis 8 ans…

Rap et politique se ressemblent parfois comme deux gouttes d’eau. Rapport de force permanent, petites phrases assassines, feintes discrètes… certains jours c’est à se demander qui copie l’autre.

Drake et Jay Z cultivent jusqu’à s’y méprendre ce genre de relations. Depuis l’irruption du premier dans l’industrie du disque en 2009, difficile de distinguer ce qui relève de la saine compétition, de la rivalité soigneusement mise en scène ou d’une possible inimitié. Dernière épisode en date : le morceau ShininingHov’-le-vieux-lion remet gentiment en place Drizzy-le-jeune-prince.

Si toutes ces délicatesses et subtilités vous avaient échappé, voici un résumé de leurs principales passes d’armes.

JEUX DE TRÔNE

Après avoir invité Drake sur le titre Off That de son Blueprint 3, Shawn Carter retourne le service en venant rapper sur Light Up présent sur le premier album du canadien Thank Me Later.

Passé cet échange d’amabilités, Drizzy profite de la dernière piste pour afficher ses ambitions. Sur Thanks Me Now, il rappe ainsi que « ses idoles d’antan peuvent devenir ses rivaux », et que si besoin est, il n’hésitera pas à les crosser façon Allen Iverson.

Quelques mois plus tard lorsque Watch The Throne arrive dans bacs, le natif de Toronto se fait encore plus claire quand DJ Khaled le convie sur I’m On One : « I’m just feeling like the throne is for the taking, watch me take it » – « Je sens que la place sur le trône est à prendre, regardez-moi m’y asseoir ».

Si personne ne prend mal la chose, dur de nier la coïncidence. Drake finit d’ailleurs par devoir se justifier sur Twitter, puis en interview, prétextant « un manque de communication doublé d’un instinct de compétition naturel. »

YMCMB SOLIDARITÉ

Autre artiste qui entretient une relation alambiquée avec Jay Z, Lil Wayne a lui aussi piqué son aîné via l’intermédiaire de son daddy d’alors, Birdman. En 2009, ce denier clame en effet que Weezy est meilleur rappeur, tout simplement parce qu’il se fait plus d’oseille – une déclaration qui ne manque pas d’ironie quand on sait la tournure qu’ont pris les évènements.

Un an plus tard, Jay répond sur H.A.M. en usant du double sens du mot baby (le premier alias de Birdman) : « I’m like, ‘really? Half a billi n*gga, really?’ You got baby money / Keep it real with n*ggas, n*ggas ain’t got my lady’s money » – « Pour de vrai ? Un renoi à moitié milliardaire vraiment ? T’as l’argent de baby/ Garde les pieds sur terre avec les renois, tu ne te fais même pas l’argent de ma meuf. »

Wayne contre-attaque alors en dessous de la ceinture avec Too Good sur Carter IV : « Talkin’ bout baby money, I got ya baby money / Kidnap yo bitch, get that how-much-you-love-yo-lady money » – En gros : « J’ai kidnappé ta bitch/ j’ai l’argent de ton baby. »

Et Drake dans tout ça ? Présent sur le morceau, il soutient sans réserve son boss : « Please pardon my brother, he’s just angry at you n*ggas / Who don’t have your heart in your rap shit and got too fucking comfy » – « Veuillez excusez mon reu-frè, il est juste énervé contre ces renois/ Ceux qui n’ont pas son cœur sur le beat et qui prennent trop la confiance. »

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ART DE LA GUERRE & GUERRE DE L’ART

Ou quand dans un portrait qui lui est consacré dans Rolling Stone, Aubrey se moque ouvertement des références à la peinture de Shawn : « C’est à croire qu’il ne peut plus rapper sans lâcher au moins quatre références à l’art ! »

Tentant ensuite de se justifier, il ne fait alors qu’aggraver son cas : « J’adorerais me mettre à collectionner, mais ce mélange rap et monde de l’art me semble assez cul-cul. »

Hum, hum… celui qui signe des chèques à plusieurs zéros pour acquérir des œuvres de Jean-Michel Basquiat le clashe alors nommément : « Sorry Mrs. Drizzy for so much art talk / Silly me rappin’ ’bout shit that I really bought / While these rappers rap about guns they ain’t shot / And a bunch of other silly shit that they ain’t got » – « Désolé de parler autant d’art mademoiselle Drizzy/ C’est vrai que c’est débile pour moi de rapper sur ce que j’achète/ Alors que ces rappeurs rappent sur des flingues qu’ils n’utilisent pas/ Et sur tous ces trucs qu’ils n’achètent même pas.»

Et tant pis si cette phase éclipse complétement le fait qu’il s’agissait là du retour de Jay Electronica avec le titre We Made It.

GASTRONOMIE & BALLE ORANGE

Les toiles de maître ne sont cependant pas le seul domaine où les deux artistes se titillent.

En juin 2013, Jay affirme que tout va bien avec son homologue, qu’il surnomme alors le « Kobe du hip hop »… sachant que lui-même s’autoproclame le « Michael Jordan of recording » depuis des années, et que dans l’imaginaire général, aussi brillant soit-il, Bryant n’est qu’une copie carbone de l’arrière des Bulls.

La guerre des mots se déroule également côté court : tandis que Drake officie comme ambassadeur des Toronto Raptors, Jay Z est solidement attaché à ses Brooklyn Nets (dont il a longtemps détenu des parts).

Quand les deux équipes s’affrontent en 2014, le Champagne Papi présente ses boys comme « la franchise du peuple », ajoutant que « Jay Z lui est quelque part à manger de la fondue » (lire : S. Carter est devenu un vieux bourgeois).

Quatre quart temps de karma plus tard, les Nets battent les Raptors 94-87.

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LA POLÉMIQUE DES POP STYLES

Grand seigneur, Hova accepte tout de même de venir faire une apparition en compagnie de Kanye West sur les VIEWS 2016. Promotionné en grandes pompes comme « le retour du trône », Jay Z se contente pourtant d’un guest éclair : « They still out to get me, they don’t get it / I cannot be got, and that’s a given »… et c’est tout.

Les plus attentifs se rappellent alors d’une ligne restée célèbre dans son classique Takeover sorti en 2001 : « And all you other cats throwing shots at Jigga / You only get half a bar: fuck y’all niggas » – « Et à tous ces types qui m’envoient des piques / Vous n’aurez en tout et pour tout qu’une demi-mesure : allez tous vous faire f**tre. »

Si dans les médias Drake tient à rassurer les foules, la version du morceau retenue pour l’album est une version dénuée de tout featuring, officiellement à cause des bisbilles entre Apple (avec qui Drake a signé un deal à plusieurs millions) et Tidal (représenté par le boss de Roc Nation).

Hum mouais… d’autant que Drake finit par reconnaitre que c’est bien lui qui a pris cette décision, et pire, qu’initialement il ne voulait que Kanye sur le morceau.

« Il arrive que Jay Z et moi se situons chacun à l’opposé du spectre. Il y a toujours une sorte de respect mutuel entre nous, mais des fois c’est de loin. »

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LE NOUVEAU JAY Z ?

C’est en tout cas ce que prétend Drake début 2016 sur Summer Sixteen : « I used to wanna be on Roc-A-Fella then I turned into Jay » – « Avant je voulais signer sur Roc-A-Fella, depuis je suis devenu Jay . »

Un point de vue qui ne semble pas vraiment enthousiasmé l’intéressé qui lui réplique sèchement dans les gencives (toujours chez DJ Khaled avec I Got Keys) : « N*ggas always asking me the key / Til you own your own you can’t be free / Til you’re on your own you can’t be me / How we still slaves in 2016? », puis « Real life I’m like Hov, real life I’m life goals / In real life they’re like me? In real life I’m like, ‘No’ » – « Les renois me demandent toujours la clef/ Tant que tu ne possèdes pas ce qui t’appartiens, tu ne peux pas être libre/ Tant que tu es tout seul, tu ne peux pas être moi/ Comment cela se fait-il que l’on soit esclave en 2016 ? »

Une rime qui fait référence au fait qu’a contrario de son cadet, l’ami Hova est propriétaire de ses masters.

Drizzy répond sans tarder dans Sneakin: « You ain’t own it right away, you had to wait on n*ggas / Man, I’m only 29, have some patience with us / Plus I never met nobody from my label, n*gga / I just pop up with the music then they pay a n*gga.» – « Tu ne les as pas obtenu immédiatement, t’as du attendre renoi / Mec, j’ai seulement 29 ans, sois patient avec moi/ Et puis je n’ai jamais rencontré personne de mon label/ Je me pointe juste avec de la musique et ils me filent le blé »

LA DERNIÈRE INCARTADE (AVANT LA PROCHAINE)

L’histoire ne dit pas si DJ Khaled touche une prime à chaque nouvel épisode, reste que c’est encore chez lui que ça se passe.

Sur son titre Shining, le newyorkais lance : « Je ne devrais même pas me faire du souci / 12 albums solo, tous certifiés platine renoi/ Je sais que tu n’es pas en train de parler chiffres n’est-ce pas ?/ Je sais que tu n’es pas en train de parler de tubes de l’été, n’est-ce pas ?/ Je sais que tu n’es pas en train de parler dans mon dos/ De te prendre pour le boss alors que tu n’es qu’un second couteau, n’est-ce pas ? »

Jay Z se place ici sur le terrain des chiffres et des chiffres. Avec treize albums consécutifs classés numéro 1 et des hits en cascade il peut en effet se permettre de regarder Drake de haut… tout comme ce dernier a beau jeu de lui répondre qu’à âge égal leur palmarès n’ont rien de comparable, Jay Z ayant en effet sorti son premier opus à 27 ans et n’est pleinement devenu une star qu’à son troisième album.

Bref de quoi rajouter de l’huile sur le feu et alimenter les débats pour de longs mois encore… et ce d’autant plus que la playlist More Life et le successeur de Magna Carta Holy Grail ne devraient plus tarder.

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