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Thriller de Michael Jackson : l’album le plus vendu de tous les temps est-il le meilleur album de tous les temps ?

Thriller de Michael Jackson : l’album le plus vendu de tous les temps est-il le meilleur album de tous les temps ?

Sorti le 30 novembre 1982, ce zénith de la culture pop fête ses 40 ans…

Tout commence en 1979 avec Off The Wall, le premier album sur lequel Michael Jackson collabore avec le légendaire producteur Quincy Jones (Ray Charles, Franck Sinatra, Dizzy Gillespie…), l’album que beaucoup considèrent comme son premier « vrai » album solo.

Malgré le succès critique et les quelque 10 millions de copies écoulées, Michael, 21 ans, ne peut cacher sa déception. Ce qu’il veut, ce n’est pas être une star de plus. Ce qu’il veut, c’est devenir la plus grande star de la planète.

Et pour ce faire, quoi de mieux que de sortir le disque le plus vendu de l’histoire de la musique ?

Porté par cette ambition démesurée, il s’entoure d’une dream team de renards des studios (les musiciens du groupe Toto, le parolier Rod Temperton…) pour élaborer 42 minutes de musique destinées à faire tomber tous les records.

Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, le plan marche comme sur des roulettes : classé 37 semaines de suite en tête des charts, il ne faut pas plus d’un an à Thriller pour se vendre à 32 millions d’exemplaires et détrôner Elvis, Pink Floyd et les Eagles.

Tandis que ce chiffre est aujourd’hui estimé au-delà des 100 millions (!), Thriller tend paradoxalement à trop souvent être résumé à ses performances commerciales. Certes les deux vont de pair, mais ce serait un peu vite oublier toute sa science et toute sa maestria.

La preuve track-by-track.

1. Wanna Be Startin’ Somethin’

Un démarrage en trombe. Six minutes de funk sous tension au cours desquelles Michael, à la croisée des Bee Gees et de James Brown, chante avec une agressivité dans la voix que l’on ne lui connaissait pas jusque-là.

Ajoutez à cela une ligne de basse complètement folle, des cuivres ultra-dynamiques et un « ma ma se/ma ma sa/ma ma ku sa » opportunément piqué à Manu Dibango, et c’est à se demander sitôt le morceau terminé par quel miracle le soufflé ne va-t-il pas aussitôt retomber ?

2. Baby Be Mine

Réponse à la question précédente : en ralentissant le tempo avec une presque ballade aux intonations rnb qui glisse sans effort – qui a dit Rock With You 2 ?

Qu’importe si à être un peu trop gentillettes les paroles flirtent avec la parodie (« Wooon’t you stay with me until the morning suuun? »), Michael insuffle ce qu’il faut d’énergie dans l’exécution pour relever la sauce.

Du tout bon.

3. The Girl Is Mine

Après Girlfriend sur Off The Wall, retour du Beatle Paul McCartney, pour le tout premier single de l’album.

Un peu trop candide, pour ne pas dire peu trop poussive, cette querelle pour s’attirer les faveurs de la « doggone girl » ne trouve grâce aux yeux des « fighters » que pour avoir assuré à Michael un maximum de passages sur les radios mainstream.

N’écoutant que leurs cœurs d’artichaut, les « lovers » louent eux le côté bon enfant de l’exercice.

4. Thriller

Indissociable de ses 14 minutes de clip vidéo, pris en tant que tel, ce conte d’Halloween « ce funk vieux de 40 000 ans » dixit Vincent Price n’en demeure pas moins d’une redoutable efficacité à l’oreille.

Gloire en revient principalement à cette rythmique implacable qui à chaque couplet grimpe crescendo pour s’achever en apothéose sur le « ‘Cause this is thrillEEEEER!!! » qui entame le refrain.

De quoi à chaque fois donner envie de s’habiller en cuir rouge de la tête aux pieds et d’aller danser dans un cimetière.

5. Beat It

Le solo de guitare qui a changé le cours de l’histoire de la musique, les Crips, les Bloods, Michael qui joue au voyou… Beat It c’est le morceau rock de Thriller qui plaît aussi bien aux vieux hardos qu’aux minets un peu trop propres sur eux.

Et puis Beat It c’est, comme sur tout l’album, des intonations incroyables dans les vocaux, à l’image de ce refrain à la limite de l’absurde qui se répond à lui-même

Oui, MJ est un interprète trop souvent sous-estimé.

6. Billie Jean

Après avoir marché comme un zombie sur Thriller, puis joué de l’air-guitar sur Beat It, voici donc le moment d’allumer les cases sur le sol.

Second single de Thriller, mais tout premier titre classé numéro 1, Billie Jean superpose basse, synthétiseur, riff de guitare et onomatopées avec un degré de précision et d’aisance inégalé.

Plus qu’un classique, Billie Jean c’est Michael Jackson qui fait du Michael Jackson à son meilleur.

7. Human Nature

Une aventure sans lendemain dans un New-York féerique où les notes scintillent et où les « why » répétés en boucle se font atmosphériques.

Nul besoin de tout comprendre à tout, juste de se laisser emporter par le sentiment d’émerveillement qui se dégage.

Le meilleur slow jam de la discographie de Michael ?

8. P.Y.T. (Pretty Young Thing)

100% feel good, cette avant-dernière piste poursuit comme unique objectif de faire bouger toutes les parties du corps humain.

Que ce soit en soirée ou en journée, que ce soit en 1982 ou en 2022, la formule fonctionne immanquablement.

Seul regret, comme pour Wanna Be Startin’ Somethin’, qu’aucun clip dûment chorégraphié n’ait jamais été tourné.

9. The Lady In My Life

Avec Baby Be Mine, le seul titre pas sorti en single.

Une ballade somme toute classique qui vaut essentiellement pour la palette vocale dont fait étalage Michael.

Les ronchons pointeront qu’elle pâtit de la comparaison avec sa jumelle She’s Out of My Life sur Off the Wall, ils n’auront pas forcément tort.

« Thriller », victime de son succès ?

Le problème de cet album désormais à l’aube sa cinquième décennie de domination culturelle, c’est qu’il est devenu très difficile de l’écouter autrement que comme une collection de hits. Non pas qu’il ne fasse pas preuve d’une absolue cohérence, mais chacune de ses pistes est devenue un standard à part entière.

Pis, à force d’être rejouées jusqu’à l’overdose, ces dernières ont fini par perdre de leur éclat, de leur magie : qu’elles passent en club, en voiture ou au supermarché, elles s’écoutent sans y penser, presque comme un fond sonore.

Alors oui, tout cela ne rend sûrement justice ni au génie de Michael, ni à la vision de Quincy Jones, mais n’est-ce pas là le prix à payer pour avoir réussi le pari d’accoucher du disque le plus vendu de tous les temps ?

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