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Soprano au Vélodrome : des étoiles plein les yeux

Soprano au Vélodrome : des étoiles plein les yeux

Ce samedi 18 juin, Soprano jouait à domicile pour sa première date à l’Orange Vélodrome de Marseille dans le cadre de sa tournée des stades, le Chasseur d’étoiles tour. On y était et on vous raconte.

Après plusieurs mois passés dans l’espace à construire son dernier album Chasseur d’étoiles, Soprano a enfin lancé sa tournée des stades : le Chasseur d’Étoiles tour. A la suite de ses deux premiers atterrissages réussis à Lausanne et Lyon, l’artiste avait rendez-vous avec son public à la maison, dans l’enceinte du mythique Stade Vélodrome de Marseille. 

Avec ces deux dates consécutives les 18 et 19 juin, c’est déjà la cinquième fois de sa carrière que l’artiste investit l’antre de l’Olympique de Marseille pour un concert en solo. Un exploit que peu d’autres artistes dans le monde peuvent se vanter d’avoir réalisé. Pour autant, même si le rappeur a conscience de sa chance et de la pression que cela implique, on y était et on a vu dans ses yeux une lueur identique à celle qu’il avait lors de ses premières scènes. Comme quoi, on peut très bien avoir la tête dans les étoiles et garder les pieds sur Terre.

H-2 avant l’atterrissage…

Sopra est encore loin d’atterrir que c’est déjà le feu devant les tribunes pour l’ouverture des portes. Malgré la chaleur caniculaire présente sur la cité phocéenne ce samedi 18 juin, le public est à la fête et est venu en masse de toute la France pour assister au show de l’enfant du Plan d’Aou. Au total, ce sont plus de 60 000 personnes qui ont répondu présent à l’appel de cette première date du samedi. Des jeunes, des moins jeunes, des parents avec leurs enfants bien sûr, mais aussi des fans de la première heure qui malgré le virage artistique du rappeur ces dernières années, restent fidèles au poste. Il est 19h, la fosse et les tribunes se remplissent peu à peu pendant que les olas et les « aux armes » résonnent déjà dans tout le stade.

Le public est chaud bouillant lorsqu’une heure plus tard, le groupe Berywam entre en scène pour assurer la première partie de la soirée. Sopra ne pouvait pas rêver mieux que les champions du monde de beatbox pour lui préparer le terrain dignement. Mais en attendant l’arrivée du chasseur d’étoiles en chef, parlons un peu la scène, car, le set up mis en place pour l’occasion est tout simplement grandiose.

Imaginez le truc : une immense scène centrale surélevée, autour de laquelle se dressent quatre scènes périphériques. Des plates-formes qui s’étendent dans tous les coins du stade et sur toute sa longueur. Avec un tel dispositif, on comprend immédiatement la volonté de Soprano de proposer un show XXL. Une expérience immersive durant laquelle il promet d’être le plus proche possible de son public. Ajoutez à ça les huit écrans cubiques dressés sur les pylônes dans tous les coins de scène et vous aurez l’impression d’être dans un véritable vaisseau spatial. 

Ce soir, Sopra nous a mis le feu

Il est tout juste un peu plus de 21h et l’heure n’est plus aux blablas. Le public déjà bien survolté s’enjaille au son de Bande Organisée, quand soudain… La musique s’arrête et les basses commencent à gronder. Tout le monde s’attend alors à voir arriver Soprano, mais finalement, c’est Anne-Claire Coudray, la journaliste et présentatrice du JT de TF1 qui apparaît à l’écran. Sous couvert d’un reportage bien rodé, elle annonce l’arrivée imminente du Frégate, le vaisseau spatial du rappeur marseillais et de son équipage. Le public retient son souffle et après quelques péripéties dignes des plus grands films d’exploration spatiale, Soprano est descendu du ciel, non pas en T-Max comme Jul deux semaines plus tôt, mais en tenue d’astronaute. Une entrée en scène stratosphérique sur l’air de son single à la gloire de l’espace et des années 80, Près des étoiles.

Le public du Vélodrome salue l’arrivée de son héros et le spectacle peut enfin commencer. Galvanisé par la foule, Soprano, ses backeurs, ses frères Zak et Diégo et ses danseurs commencent sur les chapeaux de roues avec certains de ses plus grands hits populaires : Dingue, En feu et Cosmo, A la vie à l’amour ou encore Le diable ne s’habille plus en Prada. Des confettis colorés sont jetés partout dans le public, les effets pyrotechniques sont légion et la scénographie bat son plein. Pendant ce temps, c’est la folie dans la fosse et les tribunes : tout le monde saute, crie et chante à en perdre la voix. Le show ne fait que commencer, mais s’annonce digne de la musique de son auteur : festif, bienveillant, joyeux et fédérateur.

Désireux de marquer les esprits à domicile, le membre des Psy 4 de la Rime ne se contente pas de parfaitement poser sa voix. Accompagné de ses danseurs et fidèles acolytes de scène, il bouge, se donne à fond et prend plaisir à parler, échanger et jouer avec son public. Fidèle à lui-même, il multiplie les interactions sincères. « Je veux que vous repartiez avec un grand sourire et des étoiles dans les yeux », dit-il à ses fans avec de l’émotion dans la voix. C’est bien parti pour en tout cas.

Mais ce n’est pas parce qu’on fait la fête qu’il faut oublier les laissés-pour-compte. A l’heure où notre vie reprend peu à peu son cours normal après ces plus de deux années de COVID, Sopra rappelle justement au travers ses titres Les héros du quotidien que derrière notre insouciance de tous les jours, certaines personnes ont souffert et continuent de souffrir en silence. Un message forcément bien reçu dans la mesure où l’artiste a eu cœur d’inviter des enfants hospitalisés, des écoles et des associations de Marseille à son concert.

Après une avalanche de good vibes, le rappeur préféré des Français est monté d’un cran dans la mélancolie avec une interprétation exceptionnelle de son titre de 2010, Hiro. Si la puissance du texte suffisait à  nous donner des frissons, Soprano a enfoncé le clou avec une performance vocale poignante au-delà de toutes les espérances. Il rappe avec ses tripes et laisse son audience bouche bée. C’est intense et pour la première fois de la soirée, le public ne crie plus. Il se contente d’applaudir et nous aussi. 

Cette immense bouffée d’émotions passée, les cœurs repartent très vite à la fête : New Kid on The Block, Ninja, Fresh Prince, La boum, Ma Life, Chérie Coco des Magic System… Les tubes d’hier et d’aujourd’hui s’enchaînent une fois de plus. Le tout sous la pluie d’étoiles étincelantes permise par les lumières des téléphones des 60 000 personnes présentes dans l’enceinte du stade.

Cette première date du chasseur d’étoiles tour au Vélodrome se poursuit avec une scénographie toujours aussi magique et magnifique. Le micro à la main, Soprano se livre à un véritable un rollercoaster émotionnel en enchaînant les morceaux en solo. De Coeurdonnier, à Clown en passant par Mon précieux son ode anti-réseaux sociaux, il n’oublie pas non plus de célébrer ses origines africaines avec son titre Racine. Une fierté comorienne qu’il  partage avec ses cousins Vincenzo et Alonzo venus faire le show sur scène avec lui comme à la grande époque… Ou presque.

Des invités prestigieux, mais…

C’est le bémol de la soirée : si les Psy 4 de La Rime étaient tous présents sur scène au Vélodrome, aucun morceau du groupe n’a été joué ce soir-là. Il faut se rendre à l’évidence : 20 ans après leurs débuts dans le rap ensemble, même si les auteurs de Block Party n’oublieront jamais leur gloire passée, depuis la disparition tragique de leur DJ et producteur Sya Styles (honoré sur le morceau Roule), ils semblent définitivement tournés vers l’avenir. Sans doute est-ce pour cela que le Capo Dei Capi a préféré jouer son dernier hit en solo Traficante, pour le plus grand plaisir du public

Néanmoins, pour contrebalancer l’absence d’une reformation de la Psykatra en live, Sopra a mis les petits plats dans les grands pour sa liste d’invités. Parmi ceux qu’il a nommés membres du « club des mélancoliques anonymes », on trouve Clément Albertini, son protégé et finaliste de la saison 8 The The Voice, Marina Kaye, dont la voix profonde a sublimé l’interprétation de leur duo Mon Everest, mais aussi son frérot Kenji Girac. A son arrivé sur scène, dire que le stade était en effervescence serait un euphémisme. A vrai dire, le public a crié sa joie tellement fort lorsqu’il est apparu, qu’on l’entendait à coup sûr jusqu’au Vieux-Port et tout le long de la Canebière. A noter également l’avantage du public présent pour la date du dimanche puisqu’en plus de tout ce beau monde… ils ont eu droit aux présences de Naps et SCH !

Pour certains fans historiques du rappeur, si ces invités font l’effet d’un douloureux rappel que leur idole de jeunesse a mis le rap au second plan pour se tourner davantage vers la variété française, Soprano ne les oublie pas pour autant. 

Parenthèse « à l’ancienne »

En effet, pour le plus grand plaisir anciens, le rappeur n’a pas manqué d’interpréter dans leur intégralité quelques titres de ses débuts, ceux qui l’ont propulsé sur le devant de la scène rap en solo au milieu des années 2000. On pense bien sûr à Ferme les yeux et imagine toi, A la bien ou encore Halla Halla, le premier single de son premier album solo Puisqu’il faut vivre. Le choix de performer ce morceau ici n’avait évidemment rien d’anodin puisqu’on se rappelle qu’à l’époque, le clip éponyme avait été tourné dans les locaux et sur la pelouse du Vélodrome, aux côtés du regretté président de l’OM Pape Diouf. 

Et puisqu’il est revenu au cœur du temple de l’Olympique de Marseille, Sopra ne s’est évidemment pas privé de faire résonner le fameux « Aux Armes ! », ce chant si cher aux supporters de l’OM dans tout le stade. Un moment fort amplifié par sa reprise d’un autre chant bien connu de la cité phocéenne, « Ce soir on vous met le feu ». Celui-là même repris par IAM en 1993 en ouverture de l’album Ombre et Lumière, sorti la même année que le sacre du club phocéen en Ligue des Champions.

Une fin en apothéose

Le spectacle approche doucement de sa fin, mais Soprano, en bon magicien, a encore quelques gros tours dans sa manche. Quelques morceaux plus tard, il invite tout le stade Vélodrome à enfiler sa tenue de sport pour une petite séance de crossfit. Dans l’euphorie générale, l’artiste aux côtés de tous ses danseurs, met au défi la fosse et les tribunes de reprendre ensemble la chorégraphie virale de Bob Jackson aka « Le Coach ». L’ambiance est si bonne dans le stade et les mouvements sont si simples que même les plus complexés jouent le jeu. Tout le monde s’amuse et juste après, le maître de cérémonie annonce qu’il va jouer le dernier morceau de la soirée : En feu. L’occasion pour le public d’exploser une dernière fois avant que l’artiste ne quitte la scène pour retourner dans l’espace. 

Sous un tonnerre d’applaudissements et une standing ovation d’un public conquis et aux anges, Soprano profite de ce moment d’osmose pour remercier toute son équipe d’avoir rendu son show possible. Bien sûr, il n’oublie pas non plus de rendre grâce à sa ville et d’exprimer tout son amour envers les fidèles supporters présents ce soir. « Merci à ceux qui comprennent mes textes et ma positivité. Ce soir, vous m’avez donné une énergie de dingue ! Je vous aime » dit-il solennellement à ses fans et non sans une certaine émotion.

Finalement, après plus de deux heures de show, l’artiste enfile de nouveau sa tenue spatiale et se tient prêt à repartir explorer l’univers. Le cœur en fête et des étoiles plein les yeux, le public assiste au décollage du dénommé Saïd M’Roumbaba et de son vaisseau Le Frégate, en direction de nouvelles aventures extraterrestres. A ce moment précis, on pense que c’est fini, mais comme tout bon film digne de ce nom, le show de Soprano se termine avec une scène post-crédit : un message du spationaute français Thomas Pesquet qui l’invite à prendre part à son prochain voyage dans l’espace. Si tout ceci n’est que fiction, on souhaite à Soprano de pouvoir un jour réellement toucher les étoiles…

En attendant que ce rêve se réalise, la tournée 2022 de Soprano se poursuivra le 25 juin au stade Matmut Atlantique de Bordeaux et le 2 juillet à Paris, au Stade de France, avant l’annonce de nouvelles dates dans toute la France. D’ici là, vous pouvez toujours prolonger le plaisir et vous plonger dans la série-documentaire consacrée à son parcours : SOPRANO : À LA VIE, À LA MORT, disponible sur Disney +.

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