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Momsii, prêt à terrasser le rap game

Momsii, prêt à terrasser le rap game

Destiné à une carrière dans le ballon rond, Momsii s’est finalement tourné vers une autre voie… et quelle voix. Dans ses morceaux, le rappeur mêle des flows agressifs à des toplines bien maitrisées, confectionnées par ses soins. Avec plusieurs cordes à son arc, la dernière recrue du label SPKTAQLR compte bien faire son petit bout de chemin dans la grande famille du rap FR. À l’occasion de son nouveau projet LGT, on est parti à sa rencontre pour lui dresser le portrait.

Des espoirs de footeux

Originaire de Pontault-Combault en Seine-et-Marne (77), Momsii a grandi avec l’espoir de devenir un jour un grand footballeur et prendre la place de ses idoles sportives sur le terrain : « À la base je faisais du football et je suis parti en Angleterre pour jouer là-bas. Malheureusement, dû à quelques problèmes personnels, je n’ai pas eu la carrière que je voulais. » Rentré en France, Momsii cherche de nouveaux hobbies. C’est dans le quartier de L’Ocil que Momsii se familiarise avec le rap et le studio : « On avait un studio dans notre quartier. Il y avait déjà des grands du quartier qui rappaient. J’aimais bien rester dans le studio, me poser avec tout le monde et écouter les gens rapper. J’aime la musique depuis tout jeune donc c’est venu un peu naturellement. On a commencé à faire ça pour rigoler et par la suite, c’est devenu plus sérieux. »

Credit photo : Owen Samba-Dhelot

Le 77, dénicheur de rappeurs enragés jusqu’à la voix

Avec les années, le département de la Seine-et-Marne s’installe pas à pas dans le rap hexagonal. Djadja & Dinaz, Timal, ISK, Uzi, Hvmanyy… La liste est longue. Tous ces artistes, bien qu’ils aient tous leur DA, ont un signe distinctif : l’agressivité dans la voix et le côté criard. Le rappeur de Pontault-Combault ne déroge pas à la règle : « Comme on est loins, peut-être qu’on nous entend pas assez, c’est pour ça qu’on crie (rires). Plus sérieusement, je pense que c’est dû aux références des gens de chez nous qui rappaient avant, ça a dû tous nous inspirer à notre niveau. Je suis content parce que le 77 commence à avoir de plus en plus de lumière, c’est cool. »

De Sony à SPKTAQLR, le renouveau

Momsii s’éduque notamment avec le rap US dont 50 Cent, un artiste qu’il écoute depuis tout jeune. Niveau rap hexagonal, l’interprète de Libérable a saigné les artistes alors en marge lorsqu’il était adolescent : de Rohff à Booba, Momsii connait ses classiques. Il fait ses débuts dans le rap dans un label appartenant à Sony. Pas forcément en adéquation avec les idées du label, Momsii a vite quitté le navire : « je ne regrette pas cette expérience parce que m’a permis d’apprendre plein de choses dans le milieu de la musique que je ne connaissais pas trop. » C’est en arrivant chez SPKTAQLR, il y a deux ans, que, tel un phœnix, Momsii renait et trouve enfin sa direction artistique : ils ont investi beaucoup de temps sur moi et j’ai sorti beaucoup de morceaux avant de trouver ma couleur. »

Ce label, créé par Oumar Samaké en 2015 a pour vocation de faire évoluer tous ses artistes, qu’ils soient déjà installés dans le rap game ou en développement de leur carrière. Momsii confirme : « SPKTAQLR, c’est une famille. Je suis arrivé en dernier et ni les artistes, ni les personnes qui travaillent au sein du label ne me l’ont pas fait ressentir une seule fois. Pour un artiste, c’est plus facile quand tu intègres une famille et que tu sens que les gens se bagarrent pour toi pour de vrai, et tu sens qu’ils sont intéressés par ton projet. Je fais un parallèle avec ce que j’ai vécu dans le football mais tu peux être le plus fort, si tu n’es pas bien encadré et que tu n’as pas le bon l’entourage, tu ne vas nulle part. »

Introduit à Oumar par une connaissance en commun, Audrey Tcheuméo (judokate de haut niveau médaillée aux Jeux Olympiques de Londres et de Rio), Momsii le rencontre et de fil en aiguille, la signature arrive naturellement. Quand il repense à cette période le rappeur explique : « Je pense que la signature avec Oumar est d’abord due à l’humain, parce qu’on s’est très vite entendus. C’est important pour lui que l’artiste s’accorde avec tout le monde, qu’il y ait du respect entre tous les artistes, ce qui a naturellement enchainé sur l’artistique par la suite. »

Adepte de l’exercice du freestyle, le Pontellois-Combalusien lance une nouvelle série en octobre 2021 : les Freestyles Colis. Approuvé par ses fans, le premier volet remixe le 8ᵉ épisode d’une autre série de freestyles bien connue des fans de ZKR : les Freestyles 5 min : « les freestyles Colis c’est des nouveaux concepts qu’on a trouvés avec Oumar et les gens du label parce que je venais d’arriver. Ça a plu aux gens mais je ne sais pas s’il y aura une suite, restés branchés ! (rires) »

« On vient pour tout éteindre»

Ce vendredi 28 juillet, Momsii est de retour sur petit format avec la première partie de sa future mixtape : LGT, deux ans et demi après son premier opus Dans le SAS (octobre 2020). Passionné de manga, le rappeur a voulu faire un clin d’œil à la saga SNK (Attaque des Titans) dans le titre du projet : LGT, pour Le Grand Terrassement (un évènement marquant de la 4ᵉ saison de l’animé, en lien direct avec Eren, l’antagoniste principal de la saga). « Je suis très adepte d’animés et du monde des mangas, c’est pour ça que cette référence était presque logique : On vient pour tout éteindre. »

Comme une carte de visite, Momsii veut montrer sa palette musicale à son auditoire. Il délivre un projet de 5 morceaux avec deux invités de marque, Zed et Dosseh. Ce dernier l’avait déjà invité sur son album Trop tôt pour mourir, dévoilé en septembre 2022. Ensemble, ils délivrent Branchés, un titre qui a explosé notamment sur TikTok, et qui cumule 7,2 M de vues sur YouTube et plus de 7,3 M de streams sur Spotify à ce jour. « Je ne m’attendais pas à un tel succès. Dosseh m’a invité sur son projet. Il avait le morceau La Lettre de Lunatic comme référence. Il a voulu faire évoluer le concept vu qu’aujourd’hui au parloir, il y a les téléphones. On a fait le son très rapidement parce qu’on a une vraie alchimie. Dosseh c’est une personne super bienveillante, il est plein de bons conseils… Quand un morceau est fait avec le cœur et que le public le ressent, ça marche. » Après ce featuring guidé le storytelling, le duo de l’écurie SPKTAQLR revient sur l’EP de Momsii avec Impliqués, un titre egotrip et très technique. « Je voulais vraiment avoir Dosseh sur mon projet. C’est un rappeur que j’écoute depuis très longtemps. Il est très fort et c’est un plaisir de pouvoir l’inviter sur mon projet. Après notre premier succès ensemble, je me suis dit : ‘Pourquoi pas faire un deuxième morceau sur mon projet’. »

Le deuxième invité n’est autre que Zed, membre du groupe sevranais 13 Block qui avance depuis plusieurs années également en solo. Ensemble, ils dévoilent Cheval Rouge, accompagné d’un clip. Momsii raconte sa connexion : « Oumar et le producteur de Zed s’entendent très bien et on avait déjà eu l’occasion de se rencontrer pendant la tournée de Dosseh. On a voulu l’inviter sur le projet et ils ont directement accepté donc on a fait le boulot. Au studio, il y avait une bonne ambiance. On a gratté directement là-bas et c’est Zed qui a sorti en premier Cheval Rouge, on lui a dit de garder et le titre s’est fait naturellement, en une nuit de studio. »

Plusieurs cordes à son arc

En plus de rapper, Momsii a d’autres casquettes, plus dans l’ombre. Il possède la casquette de topliner et de ghostwriter : «J’aime beaucoup la musique, donc depuis que je rappe, à côté je topline aussi. Ça me permet de toucher des trucs qui ne sont pas forcément dans ma ligne directrice mais que j’aime bien faire. J’ai travaillé pour plusieurs artistes, connus ou pas et notamment les artistes de SPKTAQLR.»

LGT, c’est la première partie de sa future mixtape, sur laquelle il travaille actuellement. Les cinq morceaux dévoilés ce vendredi vont permettre à l’artiste de cerner les envies de son auditoire, un point primordial pour construire la suite de son opus. Momsii se fixe des objectifs pour la suite : «Je veux remplir des Bercy, faire des grandes scènes. Pour avancer, je pense que t’es obligé de t’en fixer. Même si les objectifs sont trop gros, tu feras peut-être un peu moins mais ce sera déjà bien. Selon mon point de vue, si tu avances sans objectifs, tu n’iras pas très loin.»

Retrouvez le projet sur toutes les plateformes de streaming pour découvrir le style de ce rappeur atypique qui a tout pour rentrer à pieds joints dans la grande famille du rap game francophone.

Credit Photo : Owen Samba-Dhelot

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