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ISK s’ouvre à de nouvelles sonorités dans LDLG (L’Art de La Guerre) – Portrait

ISK s’ouvre à de nouvelles sonorités dans LDLG (L’Art de La Guerre) – Portrait

Ce vendredi 27 octobre, ISK revient pour présenter son troisième album studio L’Art de La Guerre. À cette occasion, le rappeur de Seine-et-Marne (77), est passé chez Booska-P pour revenir à la genèse jusqu’à son évolution pour arriver à ce nouvel opus. Retour sur le parcours du rappeur fertois.

La passion pour se lancer

Anna Cuaz : Revenons à la genèse, tu as un parcours assez atypique : Tu es né à Montréal, tu as vécu en Tunisie puis tu es arrivé en France par la suite, tu peux nous raconter comment s’est passée ton enfance ?

ISK : Je suis né à Montréal, mais j’en garde peu de souvenirs parce que j’étais tout petit, je suis resté 3 ans là-bas, après je suis allé vivre un peu en Tunisie et ensuite je suis arrivé en France sur la fin de ma maternelle, à La Ferté-sous-Jouarre (77), où je vis toujours.

Ce sont tes  parents qui t’ont fait découvrir le rap ? Des amis ?

Mes parents ne sont pas dans le rap, on écoutait pas trop de musique chez moi. Ce sont les grands ma famille qui m’ont mis dans le rap, surtout mes oncles. Après, j’étais beaucoup dehors quand j’étais petit donc j’ai aussi découvert le rap avec des amis. 

Quels sont les artistes que tu écoutais quand tu était plus petit ?

Sexion d’Assaut, Salif, Niro, Mister You, Rohff, Booba… Je vais pas tous les citer (Rires) Mais tous les gros artistes de cette génération, je suivais beaucoup ce qui se faisait, j’étais passionné.

Quand tu as commencé à gratter tes premiers textes ?

C’était au collège, vers mes 13/14 ans. J’ai toujours aimé la musique et surtout le rap. Je suivais tous les rappeurs et il y a même des rappeurs que j’ai vu exploser de mes propres yeux. Vu que j’étais passionné, je me suis dit « Pourquoi pas tester ». Au début, je faisais pour le plaisir et quand ça a commencé à marcher, je me suis dit que je pouvais me professionnaliser là-dedans.

Ça a commencé à devenir sérieux pour toi quand tu as lancé ta série de freestyles Acharné sur Daymolition avec notamment le quatrième volet, qu’on ne présente plus. Tu n’as pas arrêté les freestyles puisque t’as lancé par la suite la série Vérité. Qu’est ce que tu aimes dans les séries de freestyles ? Tu comptes en refaire ?

Je suis arrivé dans la vague où tout le monde faisait des séries de freestyles pour se lancer, donc j’en ai fait un peu naturellement et aujourd’hui j’ai des épisodes de mes séries de freestyles qui sont singles d’or et qui ont dépassé des 10 Millions, 20 Millions de vues. J’avoue que je ne m’attendais pas à ce que ça prenne autant, surtout la série Vérité. La série d’Acharné, c’était le début donc je ne prêtais pas trop attention. Pour Vérité, j’ai essayé de mettre une petite recette, c’était le défi de me surpasser et je ne m’attendais pas à ce que ça prenne autant. Même en concert, mon public kiffe les chanter, ça fait plaisir. Je pense que ça ferait du bien au rap que quelqu’un arrive dans le rap avec une bonne série de freestyles, qui hype les gens, ce serait cool pour les auditeurs de rap.

S’ouvrir peu à peu

En juin 2022, tu as dévoilé Racines, ton deuxième album. Tu y racontes tes débuts, jusqu’à ton ascension, c’était important pour toi de te livrer un peu plus à ton public ?

Il y a des choses que je n’arrive pas à dire comme ça, je trouve ça trop personnel. Je préfère le mettre en musique et je raconte ce que je veux dire, mais je reste discret, il y a des choses que les gens ne savent pas et que je ne dirais peut-être jamais. Mais si l’album s’appelle Racines, c’est bien parce que j’ai accepté de plus raconter mon histoire aux gens.

Cette année, tu as emmené tes auditeurs en voyage en leur partageant des titres aux couleurs de l’Irlande puis de l’Italie, ils ont représenté quoi ces voyages pour toi ?

C’est le côté un peu plus Mafia de l’art de la guerre. Parce qu’il faut savoir que le nom de mon album est à prendre au sens propre et au sens figuré : chacun a ses guerres de vie. L’Italie et la Tunisie se ressemblent beaucoup, surtout que j’étais à Palerme, juste à côté des côtes tunisiennes, donc j’étais plutôt familier avec la ville, en Irlande c’était vraiment dépaysant pour le coup. Il fait nuit à 15 heures, la bouffe est vraiment pas bonne (Rires), c’est une autre culture. Pour la petite histoire, ce voyage est parti de l’instru de Dublin qui est une cornemuse. J’ai été matrixé par la prod de Aniki de SCH et Hooss, qui contient une cornemuse, j’aimais trop. C’était Rito et Guilty qui l’avaient faite donc j’en ai parlé à Guilty et il a vu que je kiffais donc on a fait le son sur cette base et l’Irlande c’est un pays assez inhabituel pour faire un clip donc c’est vraiment la DA du morceau qui nous a emmenés en Irlande.

Une évolution musicale

Le 27 octobre, tu reviens avec ton nouveau projet, LDLG, tu peux nous raconter la direction artistique de l’album ?

J’ai fait le projet avec Guilty et les équipes de Katrina Squad. C’était pas prévu qu’on fasse cet album mais on a commencé à travailler ensemble et à ce moment là, j’étais en train de lire le livre « L’Art de la guerre » de Sun Tzu, et on s’est dit que c’était intéressant de bosser sur la thématique. J’avais déjà fait un séminaire dans lequel j’avais fait 4/5 morceaux et inconsciemment j’avais traité de ce sujet parce que je suis forcément très inspiré avec ce que je fais dans mon quotidien et vu que je lisais ce livre, je l’ai raconté dans mes sons, sans même savoir que l’album allait s’appeler LDLG. On a continué à bosser là-dessus en axant sur ce sujet et de fil en aiguille, l’album s’est construit comme ça.

Tu oscilles entre mélodie et un kick toujours aussi agressif, pourtant on sent dans ton projet que tu te réinventes musicalement, tu peux nous raconter comment tu as travaillé pour faire évoluer ton rap ?

Quand je prends du recul sur mon premier projet, c’était simple parce que j’avais tout à prouver. Aujourd’hui, j’ai trois projets derrière moi donc il faut essayer de se diversifier, essayer de faire en sorte que les sons ne se ressemblent pas. Dans la sélection des morceaux pour mon nouvel album, j’essaye de faire en sorte que le son ne puisse pas coller avec les projets précédents. On a essayé de chercher plus loin, et j’écoute autre chose aujourd’hui. Avant, j’avais des préjugés sur mes choix musicaux et j’étais assez fermé dans ce que j’écoutais mais en grandissant, je me suis ouvert. L’appui de Katrina Squad a été important, Guilty m’a fait découvrir des nouvelles sonorités et m’a donné des conseils donc je l’ai écouté et j’en ressort des bonnes choses. 

T’as un exemple de morceau sur lequel tu es allé vers un nouvel univers ?

Par exemple, le son avec Niro (Etoile, ndlr), c’est Guilty qui m’a poussé à faire ça. Il m’a fait écouter d’un son d’un artiste avec qui il bosse qui a une sonorité semblable à Etoile. Je lui dit que j’aimais bien écouter mais que je ne ferais pas ça. Lui, il était surpris dans le bon sens que j’écoute ce genre de sons donc il m’a fait la prod et m’a aiguillé pour poser, c’est parti de là. J’ai fait un couplet et un refrain et on a proposé à Niro qui ne s’y attendait pas non plus mais il était content parce que c’est aussi ce qu’il voulait faire. On a déjà fait un morceau sur Vérité dans lequel on rappe donc on a fait aussi évoluer notre collaboration. En ce moment, j’écoute grave de musiques nigérianes comme Burna Boy ou Rema donc ça se glisse aussi dans des inspirations que j’ai eu pour le projet.

Créd Photo : Tom Menetrey

En plus de Niro sur ton album, tu as invité Leto, Ashe22, Lyna Mayhem et Kalash Criminel, (dont le clip est déjà disponible), tu peux nous parler de ces connexions ?

Leto et moi, on avait des gens en commun et on se connaissait personnellement donc ça s’est fait un peu naturellement, on s’est retrouvé directement en studio avec Boumidjal et on a tout fait sur place. ça s’est très bien passé. Leto, il sait tout faire donc je ne savais pas encore sur quoi on allait partir. On a galéré à trouver la prod parce qu’on voulait partir sur un truc sombre au début. Boumidjal a commencé à faire des notes de piano, on a kiffé et je trouve que le résultat fait un peu sonorités US donc je suis content parce que c’est un son que je n’aurais pas pu faire dans mes anciens projets et j’ai kiffé de plus en plus le morceau avec le temps !

Kalash Crimi, on avait aussi beaucoup de connexions en commun mais on ne s’était jamais parlés donc on a fait le choix avec l’équipe de faire jouer nos connexions et de lui proposer. On a choisi la prod en amont, il est super compliqué en prod et je suis pire que lui (Rires). Il m’a donné rendez-vous dans son studio, il avait déjà posé, très professionnel. Je n’avais plus qu’à poser, j’avais l’impression que c’était son morceau (Rires) ! C’était cool parce que j’aime bien quand c’est fluide au studio, je ne me presse pas non plus mais j’aime bien quand c’est carré et pour les featurings c’est rare donc c’est cool !

Ashe 22, on était sur Lyon avec l’équipe donc on a pensé à lui. On est branchés avec lui donc on lui a envoyé un message, ça s’est fait très vite, sur la fin de l’album et le résultat est très cool.

Pour Lyna, on a fait une capsule avec RedBull pour l’écriture d’un son et on l’a mis en bonus de l’album parce qu’on trouvait qu’il collait grave à L’Art de la guerre : les guerres que vivent les grands frères/grandes soeurs avec leurs petits frères/soeurs.

Quel est le son dont tu es le plus fier sur le projet et pourquoi ?

LDLG, c’est le morceau éponyme du projet et c’est l’intro. J’affectionne tout particulièrement ce son et je trouve qu’il est risqué mais il introduit bien le projet. Il englobe bien tout ce qui se retrouve dans l’album : la tristesse, l’émotion, le côté rap, l’écriture, le côté planant sur le refrain… Le morceau me touche tout particulièrement, il m’emmène ailleurs quand je ferme les yeux, donc c’est lui que je choisirais.

Pour ceux ou celles qui n’auraient pas encore écouté, le projet LDLG est disponible sur toutes les plateformes de streaming depuis ce vendredi 27 octobre.

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