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Pantheon de Booba, breuvage 13 ans d’âge… [CHRONIQUE]

Pantheon de Booba, breuvage 13 ans d’âge… [CHRONIQUE]

Le deuxième album de B2O est à l’image du Bourbon qu’il affectionne, il se bonifie avec les années…

Avec un nom pareil, ce projet se devait de remporter son rapport de force avec cette foutue horloge. Avec le temps, force est de constater que c’est chose faite. Pourtant, le défi était loin d’être couru d’avance… Deux ans après le phénomène « Temps mort », qui n’a pas attendu longtemps avant d’atteindre le disque d’or (100 000 ventes) ainsi que le statut de classique absolu, Booba se savait attendu à l’heure de livrer un deuxième album solo. Coincé entre un premier album référence, et « Ouest Side », qui reste pour beaucoup le projet de sa carrière le plus abouti artistiquement, Pantheon n’a pas forcément eu la même résonance que les autres. Cependant, il représente une pierre particulièrement importante de l’édifice.

Panthéon débarque chez Eddie Barclay

Avant toute chose, cet album marque la fin d’une époque, d’une épopée même… Celle menée chez 45 Scientific. Une volonté d’émancipation et quelques désaccords le poussent à quitter le label qui l’a révélé pour voler de ses propres ailes en donnant rapidement naissance à la structure Tallac Records et apparaissant pour la première fois Ü sur le dos. C’est pourtant en major que sortira ce nouvel album. Barclay lui offrant une nouvelle force de frappe, il s’agit d’en profiter en accédant à un public plus large que la niche du rap hardcore. Si Destinée (présent sur Temps Mort) avait ouvert la voie, les titres Numéro 10, Mon Son et Avant de partir finiront de populariser un rappeur qui cache de moins en moins son ambition personnelle.



Une question d’équilibre

Comme bien des artistes, Booba se heurte d’abord à l’incompréhension, le public réservant un accueil mitigé à un projet qu’il imaginait différemment. Oui mais voilà, Booba est un artiste qui passe son temps en studio d’enregistrement et non sur la chaine de production d’une entreprise de recyclage. Il n’y avait donc aucun intérêt à réaliser un Temps Mort numéro 2, si ce n’est pour dévaluer l’impact du premier. Ces réserves restent évidemment relatives puisque l’album est certifié disque d’or avec plus de 100 000 exemplaires écoulés. Un succès bien aidé par un nouveau public pas forcément au fait de l’existence de l’artiste du temps de l’album précédent. Ménager sa fan base tout en accédant à de nouveaux marchés, un pari risqué et partiellement réussi. Booba y laissant tout de même quelques fans de la première heure…

Still breathing

Qu’on se le dise, Pantheon s’apparente en quelques sorte à un buffet où chacun y trouvera son compte. Puisque c’est le rap pur et dur qui nous intéresse, on ne peut occulter la présence d’un titre comme « Tallac » qui place dans les cordes l’auditeur dès l’introduction. Probablement l’un des meilleurs titres de la carrière d’un artiste qui gagne à destructurer ses morceaux. Sorte d’O.V.N.I placé au coeur du projet comme pour signer l’entracte, le morceau R.A.P est une démonstration de technicité sur une prod minimaliste en compagnie d’un Sir Doums qui n’a assurément pas eu la carrière que son talent méritait. On retiendra également Baby (en featuring avec Nessbeal) premier épisode d’une longue saga de morceaux consacrés à la gente féminine sans jamais vraiment se montrer fleur bleue. Dans une veine moins singulière mais tout aussi efficace, les morceaux La Faucheuse et Bâtiment C sonnent comme un rappel aux passéistes : l’homme de Temps Mort respire encore… et 13 ans plus tard, il n’a toujours pas le souffle court.

https://www.youtube.com/watch?v=UaJNnYVE3-A

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