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Maes, quand talent rime avec polyvalence [PORTRAIT]

Maes, quand talent rime avec polyvalence [PORTRAIT]

Rencontre avec la révélation de ce début d’année.

Lorsqu’on croise la musique de Maes, un petit quelque chose vient faire la différence. Cette chose n’est pas palpable, mais son rap réussit à s’extraire de la masse sans forcer. En une phase, ce bonhomme venu de Sevran peut laisser entrevoir tout son potentiel. Que ce soit dans des rimes crasses ou des images sorties d’un téléviseur des années 90, le rappeur fait mouche… A l’heure de la sortie de sa mixtape Réelle Vie 2.0, quoi de mieux, donc, que de braquer notre viseur sur le personnage ?

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Maes, un rappeur très attendu

Sur la grille de départ des rookies du rap game, certains sont mieux placés que d’autre. Maes, lui, n’est même pas en pôle position, car il a déjà un tour d’avance. Ainsi, il aura vu les validations l’assaillir en début d’année. De Booska-P qui l’a placé dans sa liste des rappeurs à suivre, jusqu’à Booba qui l’a poussé sur Instagram, le bonhomme s’affirme déjà comme l’un des jeunes talents les plus attendus de l’année.

Les validations, ça me fait plaisir, c’est un objectif atteint, mais ce n’est pas une fin en soi

Un fait qui est loin de le faire trembler, lui qui aborde la musique avec un naturel déconcertant. Souriant, il nous répond poliment, expliquant qu’il lui reste tout à prouver : « Les validations, ça me fait plaisir, c’est un objectif atteint, mais ce n’est pas une fin en soi. Booba, je le vois comme un être humain, un artiste qui a réussi. Donc ouais ça fait plaisir, si ma musique lui plaît, tant mieux ».

Aucune fausse modestie à voir là-dedans, Maes fait juste les choses avec passion. Le qu’en dira-t-on ne perturbe pas un mec qui est toujours sur la bonne voie, la sienne. Dans son rap, tout est donc pesé, réfléchi. L’écriture d’un morceau prend le temps de « deux joints, soit une petite matinée ». Pas de temps à perdre pour un homme qui a déjà connu un passage derrière les barreaux. Désormais, le futur lui appartient, même si tout vient à point à qui sait attendre, comme il le fait remarquer dans son morceau TMAX 530 : « J’fais du biff, j’ai l’sourire à Omar Sy / J’suis écouté d’Lille à Marseille / Mais Les Derniers Salops ne sont pas à Bercy ».

Une polyvalence qui fait la différence

Ce qui détone chez Maes, c’est sa capacité à faire la différence, et cela, peu importe le style. Sa polyvalence est une arme qu’il sait manier à la perfection, notamment grâce à un réel amour pour la musique, au sens large. Capable de kicker salement, comme de faire dans des sons plus dansants, il marque son territoire avec des influences propres. Des classiques du rap français jusqu’à ceux de la chanson française, le rappeur ne s’interdit absolument rien.

Dès que l’instru me tape l’oreille, je travaille. Je suis très relou là-dessus, je peux écouter une palette de cent intrus et n’en choisir que deux

Il explique qu’il s’agit d’une vraie volonté de sa part, comme une envie de montrer de quoi il est capable : « Je voulais montrer ma polyvalence. J’aime des musiques très différentes, ça me tenait à coeur de le faire. J’ai déjà travaillé sur des sons ambiançants avant, là c’est une confirmation ». Il poursuit alors en citant un maître du genre et pas n’importe lequel : « Gims est très fort là-dedans, c’est une grosse valeur, mon inspiration principale ». Son inspiration justement, il la tire de son vécu, mais pas seulement. S’il cause avec talent de la rue, c’est qu’il parvient à faire corps avec les productions sur lesquelles il pose. Encore une fois, Maes se montre comme un artiste réfléchi : « Dès que l’instru me tape l’oreille, je travaille. Je suis très relou là-dessus, je peux écouter une palette de cent intrus et n’en choisir que deux ».

D’ailleurs, il arrive aussi à Maes de lorgner vers d’autres délires. Fort d’une écriture riche, il s’autorise des allers-retour en enfance comme lorsqu’il place des clins d’oeils à certains dessins-animés : « Tom Tom et Nana, Olive et Tom… C’est ma génération. Tout le monde a regardé ça avant d’aller à l’école ou d’aller au foot. Les références comme ça permettent aussi de jouer sur le sens caché des mots ». Jouer sur les double-sens et le contre-pied, voilà l’autre qualité d’un garçon qui a été l’un des premiers à faire rentrer la série Casa de papel dans l’univers du rap français, grâce à son freestyle Booska Professeur : « Dès que je bloque sur une série ou un film, je vais jusqu’au bout du délire ».

« Réelle Vie 2.0 », sa vraie carte de visite

Si on a déjà remarqué la polyvalence de notre artiste, il est important de noter sa patience. Pas du genre à se griller les ailes avec des morceaux balancés à la va-vite, il préfère débarquer avec des productions des plus abouties. Sa façon de fonctionner est claire, nette et précise, il peut se laisser du temps afin d’envoyer le meilleur à ses auditeurs. Une manière de rester lui-même, comme il nous l’explique : « J’aime bien ne rien écouter pendant un temps. Un peu comme les gens qui travaillent la terre, tu ne fais rien pendant un moment pour que ça pousse mieux. Chez moi, c’est pareil, je sais me sevrer pour que l’inspiration revienne d’elle-même, sinon ce n’est pas naturel ».

Proposer du nouveau dans l’image, c’est un de mes objectifs. Je vais essayer de progresser là-dedans sans oublier mon côté street

Réelle Vie 2.0, qu’il perçoit « comme une carte de visite » est à même d’être le projet qui va le faire décoller. Il faut dire que Maes est entouré d’une équipe particulièrement à l’écoute, celle des Derniers Salopards, son label. Une aide précieuse pour aller de l’avant et faire que tout soit carré : « Dès que je fais un son, je le bosse. J’ai un entourage aussi qui a de bons goûts, de bonnes oreilles. On arrive avec quelque chose de travaillé avec Réelle Vie 2.0 ». Une éthique qu’on retrouve également dans ses clips. Evoluer dans ses visuels, voilà l’un des défis qu’il compte relever à l’avenir : « Proposer du nouveau dans l’image, c’est un de mes objectifs. Je vais essayer de progresser là-dedans sans oublier mon côté street ». Sur Moi, partagé il y a peu sur YouTube va dans ce sens, entre couplets sous la neige et grosses cylindrées allemandes.

Originaire de Sevran, il avance avec ses propres objectifs dans une scène bouillonnante dont il loue les qualités : « Il y a une belle scène, c’est comme à l’époque de la Mafia K’1 Fry dans le 94. Tout le monde pétait : Rim’k, AP, Kery James, Mokobé. Là, on dirait que c’est notre tour, il ne faut pas se rater. Un peu comme lorsque tu obtiens un penalty à la 90e minute ». Ne reste plus qu’à envoyer son ballon en pleine lucarne, hors de portée des gants du gardien. L’année 2018 est celle où il va faire trembler les filets…

Crédits Photos : Antoine Ott

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