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Hooss : l’authenticité de la rue au service de la mélodie [PORTRAIT]

Hooss : l’authenticité de la rue au service de la mélodie [PORTRAIT]

Rencontre avec le rappeur, qui revient dans les bacs avec son album Woodstock.

Présent dans le game depuis de nombreuses années, Hooss arrive à un point particulier de sa carrière. Avec Woodstock, son dernier album dévoilé le 12 janvier dernier, il a proposé à son public un opus concret, réalisé au feeling. Toujours aussi authentique, le rappeur originaire du Var s’autorise une plongée dans des influences diverses. Plus mature, plus confiant, il s’est confié à Booska-P et a livré les secrets de son dernier projet. Entre musicalité assumée, featurings internationaux et une imagerie renouvelée.

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Une nouvelle image

Ce qui frappe d’emblée chez le dernier album de Hooss, c’est évidemment sa pochette. Avant de faire face aux morceaux qui composent le fameux projet, on croise un artiste qui a délaissé son traditionnel survet’ pour évoquer d’autres références. Entre sapes italiennes et Combi Volkswagen, Woodstock fait la différence. Une volonté claire de la part d’un rappeur sûr de son fait : « J’ai voulu marquer le coup au niveau des visuels et de la cover, au niveau de mon apparence, etc. C’est comme une étape. Au niveau de la musique, j’ai progressé à chaque fois, mais le personnage Hooss ne progressait pas au niveau de l’image. J’étais trop moi, trop terre-à-terre, trop jeune de cité. Il fallait mettre un grand coup de pied dans la fourmilière ».

Aujourd’hui, c’est toujours moi, mais en plus adulte, plus mature, plus sûr de moi. Au niveau de l’image, il manquait quelque chose pour qu’on me fasse confiance

Un grand coup de pied, donc, qui s’est également retrouvé dans des clips osés, à mi-chemin entre plusieurs délires et plusieurs villes. Si Barcelone et le quartier gitan de San Cosme ont été célébrés dans son hit A50, c’est Milan qui a eu les faveurs de l’artiste en 2018 : « Pour les clips de La Provence et Money, j’ai fait appel à un réalisateur dont j’aimais beaucoup le travail, Alessandro Murdaca. Money, ça faisait penser à un musée, dans une ambiance un peu hype. On a joué sur le contraste, entre les sapes des filles et ma tenue de charbonneur. Le fait d’être en survet’ Lacoste dans un appartement de luxe, c’est calculé ».

Jouer sur les stéréotypes, voilà la volonté d’un artiste qui sait ce qu’il veut, assumant toutes ses influences : « Aujourd’hui c’est toujours moi, mais en plus adulte, plus mature, plus sûr de moi. Au niveau de l’image, il manquait quelque chose pour qu’on me fasse confiance. Je suis arrivé dans le rap, j’étais un rebeu en survet’ avec un dégradé blanc, personne ne le faisait. Un an après, il y en a eu plein, il fallait donc que je me trouve une identité. Je porte des survet’, mais j’aime les belles choses ».

Une authenticité à toute épreuve

Clairement, Hooss est un rappeur qui ne fonctionne pas par thèmes. Marqué par un rap actuel qui fait la part belle à tous les styles, lui a choisi le sien en misant au maximum sur l’introspection. Plutôt que de se concentrer sur un schéma type, il préfère voguer selon ses envies tout en suivant le même fil rouge, celui de sa vie. Dans Money, il s’autorise même une punchline venant illustrer la question : « J’rappe mon vécu, j’suis pas cinéphile / J’ai ton rappeur préféré au bout du fil ».

Moi je fais du Hooss, mais là, ce qui est bien depuis 2015, c’est que chacun à son personnage, son propre univers

Quand on aborde le sujet de l’authenticité face à face, il reste tranquille, pas franchement surpris ou gêné : « On me le dit souvent, mais je suis un mec assez simple. C’est important de rester sur terre, ça t’évite de prendre des gifles et ça t’aide à ne pas oublier les tiens, ta famille et tes amis ». Il enchaîne en prenant exemple sur les rappeurs qui garnissent les rangs du game avec des raps spécifiques, bien particuliers : « Moi je fais du Hooss, mais là, ce qui est bien depuis 2015, c’est que chacun à son personnage, son propre univers. C’est la génération internet, aujourd’hui tout est possible, alors que pendant un moment, tout le monde se ressemblait ».

Toujours la même personne qu’à ses débuts, il a cependant confirmé son talent pour manier les mélodies. Street, proche des siens, il arrive à s’autoriser quelques incartades musicales sans se trahir. Une force, un héritage même, qu’il tient du sud, tout simplement : « Les mélodies, c’est l’école marseillaise, ça vient du sud. J’ai voulu jouer là-dessus dans le passé avec Maman dort, A la Gustavo ou La Zone. Aujourd’hui, on peut croiser ça dans Darwa. En vrai, j’aime trop parler de femmes, faire dans la musique douce, même si je me suis fait connaître avec des morceaux plus durs, comme Cartes en mains ».

Des featurings entre la France, l’Italie et l’Albanie

Mêler les univers, voilà ce qu’aura réussi à faire Hooss dans un Woodstock sans frontières. Un album qui aura vu le rappeur collaborer avec l’Italien Laioung et l’Allemand d’origine albanaise Ardian Bujupi : « Je n’ai pas cherché à avoir des stars et j’ai posé avec des mecs hors-frontières. Les Italiens et les Allemands sont dans le turfu. Ghali et Sfera Ebbasta ont tout baisé, maintenant c’est au tour de Laioung et du Dark Polo Gang ». D’ailleurs, si la collaboration avec Laioung s’est faite en Italie, seulement « à trois jours de la deadline de l’album », celle avec Ardian Bujupi a réservé quelques belles surprises : « Il m’a contacté pour faire un feat, puis j’ai capté qu’il était super connu en Albanie. Il a fait The Voice en Allemagne. Dès que je l’ai annoncé, tous les Albanais de France m’ont envoyé des messages, je n’ai eu que des bons retours. C’est des patriotes de fou ! »

Hornet La frappe, c’est quelqu’un de bien, un bonhomme, quelqu’un de vrai

S’il peut compter sur des rappeurs venus de tous les horizons, la crème des beatmakers de l’hexagone a aussi été au rendez-vous : « Double X, Katrina Squad et Kakou Prod, je les avais déjà sur Temps Plein. C’est tous des champions. Chez Katrina, depuis Mamacita de Ninho, ils s’ouvrent à tous les styles, ils m’ont par exemple signé le titre Dans le noir. Kakou Prod c’est juste un génie, on a bossé ensemble sur beaucoup de titres. Enfin, Double X, ils sont capables de tout ».

Enfin, difficile d’aborder Woodstock sans aborder Larry Hoover, son featuring avec Hornet La Frappe. Un artiste dont il est particulièrement proche : « Cet album, je l’ai fait au feeling. Je n’étais pas à la recherche de feats, à part Hornet que je voulais vraiment avoir dans mon projet par rapport au premier son qu’on a fait qui avait cartonné, Double H. C’est quelqu’un de bien, un bonhomme, quelqu’un de vrai ».

Fier de cet album, Hooss débarque donc avec un projet complet qui lui ressemble. Un Woodstock qui a su s’exporter hors de nos frontières, loin des idées reçues, et où le naturel de l’artiste sert de liant entre mélodies, punchlines et un vécu particulier.

Crédits Photos : Antoine Ott

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