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Davodka : « Mon truc, c’est la prise de risque » [INTERVIEW]

Davodka : « Mon truc, c’est la prise de risque » [INTERVIEW]

Interview avec le rappeur à l’occasion de la sortie de son projet « A juste titre ».

Crédits Photos : Antoine Ott.

Parisien devenu néo-Strasbourgeois, Davodka n’a pas oublié ses bases dans l’album A juste titre. Un projet, qui fait également la part belle à de nouveaux flows et des thématiques inédites chez un rappeur plus technique que jamais. D’un morceau chanté à un featuring de feu avec Hayce Lemsi, le bonhomme n’a rien laissé au hasard. Assumant pleinement son art, celui qui ne se cache plus derrière sa capuche a également fait la différence en tournée aussi bien qu’à travers une belle fournée de clips sur YouTube. Rencontre avec un rappeur qui aura toujours des choses à dire.

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Quel est ton état d’esprit après la sortie de ton nouvel album ?

Je suis soulagé ! J’attendais les retours et ils font plaisir car entre les prises de risque et un virage légèrement prononcé, le public que j’ai qui est très axé puriste ou à l’ancienne, je pouvais me manger un mur. Au final ce mur a été brisé, on a sauté la barrière avec brio ! Il y avait une volonté de changer un peu, car je tournais en rond. Je me redécouvre sur un autre terrain, avec de nouveaux flows. Sur des productions à l’ancienne, j’avais déjà un scéma, c’était devenu trop automatique. Là, c’est la grande aventure, j’ai pris des risques et j’ai pu sélectionner au final.

Comment t’en es arrivé là ?

J’avais remarqué que sur de précédents morceaux comme Le mur du son, Manège désenchanté, Fusée de Détresse ou d’autres avec mon groupe MSD, il y avait déjà des prises de risque. Cela reste toujours des sons où ça rappe comme en 90, mais avec de petits changements… Disons que ça m’a permis de faire une mise à plat pour aujourd’hui, ça reste dans mes thèmes, ça reste du Davodka.

Tu parles du rap comme en 90. Tu ne te sens pas comme le dernier des Mohicans ?

A la fois oui et non, car si d’un côté ce rap se perd… Il perdure aussi ! Moi, j’ai été mis dans la case rap conscient, mais comme beaucoup d’autres. Là, on a pu aller vers du conscient, mais aussi de l’egotrip et du storytelling, avec du rythme et de l’écriture. Je voulais vraiment exploser les cases.

Quand tu causes de l’egotrip et du storytelling, c’est mis en valeur par tes feats.

Je suis très fier des featurings. Au niveau du débit, c’était évident de faire un Tour de contrôle avec Hayce Lemsi. Avec Dooz Kawa avec qui j’ai signé un titre sur la paternité, c’était également évident car on a fait une grosse tournée ensemble et que nos fils portent le même prénom. C’est plus personnel, il y a quelques sons comme ça dans le projet. La paternité, ça a pris une place énorme dans ma vie, j’étais obligé d’en parler.

Ce projet, c’est comme un album de père de famille !

C’est ça, je suis plus mature dans cet album que dans mes précédents projets. Tout simplement car j’ai passé des paliers dans ma vie. On peut toujours être rappeur en ayant une vie positive ! J’ai beaucoup entendu que dans le rap, l’âgé était une barrière, qu’à 40 ans on faisait partie du Jurassique… Mais c’est complètement faux. Il y a toujours des trucs à dire, même jusqu’à la mort.

Au niveau des thèmes, tu t’es notamment attaqué aux réseaux sociaux avec « Matrice ».

Oui, il fallait que je place le curseur dessus. Je suis un grand fan de la trilogie ! Les réseaux sociaux ont pris énormément de place dans nos vies, je vois des meufs qui passent la journée à se filmer à travers des filtres incroyables sur Snapchat. Je trouve ça un peu bizarre car on perd tout contact physique. C’est un peu une folie, alors que moi aussi je suis le premier client, j’utilise les réseaux sociaux.

Tu as pu aborder plein de sentiments au final… Comme par exemple l’amour.

Oui, car j’ai réussi à romancer quelques thèmes, comme avec Point de rupture par exemple. J’ai mélangé mon vécu avec les histoires de mes potes. L’amour, je ne l’avais jamais vraiment abordé. Puis, je me suis jamais imaginé faire un son autour de ça d’un point de vue positif, sinon ça sonnerait trop mielleux ou trop zouk. Dans le rap, je ne suis pas apte à mettre des mots positifs dessus.

Le public peut vraiment se reconnaître dedans en plus.

Oui, c’est clair, même si je souhaite le meilleur pour tout le monde, comme connaître l’amour et avoir le bonheur de devenir papa. J’ai essayé de construire autour de thèmes logiques par rapport à mon parcours de vie. Après, je n’ai pas encore tout dit en 14 titres, il y a encore des choses qui se passent. Dans Petit Miroir, je parle de la période avant d’être papa, mais pas de l’après.

Ton dernier passage chez Booska-P, c’était il y a un an et demi. Qu’est-ce qu’il s’est passé durant cette période ?

Après notre interview, j’ai été directement en tournée. On a rien lâché tout au long d’une soixantaine de dates ! Puis j’ai déménagé à Strasbourg, même si je reste un vrai Parisien et que je reviens souvent. Etre installé là-bas, ça m’a permis de prendre le temps de créer et d’installer mon matériel chez moi. J’ai mon home-studio, alors qu’avant je pouvais moins enregistrer chez moi à cause des voisins, etc. Là, tout est ok. A Strasbourg, j’ai mes backeurs, mon DJ, toute mon équipe !

Au niveau de l’inspiration, tu as encore besoin de Paris ?

Le calme de Strasbourg, c’est bien, mais j’ai besoin du stress de Paris. Je remonte parfois pour me balader dans les rues et me prendre un coup de boost. Paris, c’est mon Red Bull !

Toujours chaud sur les tournées ?

Oui, on repartira encore à travers la France. On a une grosse tournée qui arrive, avec notamment des festivals. On va passer dans toutes les grandes villes de l’hexagone, avec une date finale au Bataclan. Tout le roulement se fait très bien maintenant. J’ai eu besoin de six mois de calme pour bien préparer le projet et la tournée de celui-ci.

Au final, on peut dire que tu t’es complètement trouvé avec « A juste titre » ?

On me dit que je suis moins mélancolique. Aujourd’hui, c’est un Davodka qui arrive à voir quelques lueurs d’espoir. Avant, c’était plus sombre. On voit ça au niveau de la pochette, on prend de la hauteur, du recul et on remet la capuche… Pour encore mieux revenir plus tard. Mais bon, pour le moment on se concentre sur comment défendre le projet.

Il y a eu une rumeur sur l’arrêt de ta carrière. Comment tu as réussi à gérer ça ?

Voir que les fans m’ont soutenu, cela m’a fait plaisir. J’ai fait un freestyle qui a porté à confusion, nommé Dernière tournée. C’est également le dernier son de l’album. Au final, je ne compte pas du tout m’arrêter ! J’ai toujours fait ça pour les derniers sons de mes projets, une personne a pu se tromper en écrivant un truc sur internet, mais bon, mieux vaut prendre ça avec le sourire.

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