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404Billy, portrait du kid qui sort de l’ombre

404Billy, portrait du kid qui sort de l’ombre

Un jeune artiste à suivre de près.

404Billy, c’est un jeune rappeur originaire de Villiers-le-bel. Doucement mais sûrement, l’artiste arrive dans nos oreilles pour nous bercer avec son univers très sombre et retraçant un vécu difficile ; c’est pourquoi Booska-P l’a rencontré à l’occasion de la sortie de son premier projet, Hostile.

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Un jeune artiste qui sait où il va

À seulement 23 ans, 404Billy semble parfaitement savoir où il veut aller. Et ce n’est pas si étonnant, quand on sait qu’il a débuté la musique à 16 ans, et a commencé à écrire ses textes à l’âge de 11 ans. À cette époque, rien de sérieux, mais une expérimentation qui lui aura permis de mettre un premier pied dans ce qu’il aime : « J’écrivais des histoires, je n’étais pas vraiment dans des textes de rap au début. Je gardais ça pour moi et après, c’est venu tout seul avec un pote, on a écouté les rappeurs de notre ville, on s’est dit ‘nous aussi on peut le faire’ ».

Je trouve qu’un numéro dans un nom de rappeur ça attire l’oeil

Un début qu’il décrit lui-même comme quelque peu chaotique, qualifiant son premier son de « nul ». Quant à son blaze, le rappeur tient cela d’un personnage de Western l’ayant marqué, Billy The Kid. Un nom auquel il a ajouté le préfixe « 404 » pour y donner une touche inédite et reconnaissable : « J’ai rajouté 404 devant, un peu comme les A$AP aux States. J’ai une meilleure identité, et je trouve qu’un numéro dans un nom de rappeur ça attire l’oeil ».

Alors qu’il n’avait livré que quelques sons sur Internet, 404Billy rencontre très rapidement Siboy, pas encore signé chez 92i, avec qui il a des relations en commun. Ensemble, ils ont donc travaillé à Mulhouse et ont pu s’expérimenter respectivement, pourtant, aucune collaboration n’est encore sortie à ce jour. Et alors que l’on pourrait croire que cette rencontre l’a poussé à aller plus loin, c’est la sortie de Le Kid est Mort il y a un an qui lui a vraiment donné envie de se mettre sérieusement à la musique.

Un univers très sombre

Le rappeur du 95 se démarque donc par un esthétisme et une image particulièrement travaillés. Depuis le début, il est à la tête de tous ses visuels et tient à ce qu’ils soient représentés en noir et blanc : « C’est en rapport avec ce que je fais, je trouve que ma musique est très dark, très profonde, c’est pour ça que le noir et blanc que je demande ce n’est pas un noir et blanc lisse, c’est un noir et blanc contrasté de ouf, un peu comme Jay-Z et DJ Khaled dans I Got The Keys ou Kendrick dans All White. Après, ouais, c’est une sorte de message pour dire qu’on est encore dans la pénombre, que la vie ce n’est pas facile ». Un noir et blanc qu’il a d’ailleurs accepté de mettre de côté pour le clip d’Azerty, en raison des effets de couleurs nécessaires, mais également pour transmettre un nouveau message : « Azerty c’est le moyen de sortir de ce noir et blanc et de dire qu’on peut s’en sortir ».

En ce qui concerne ses influences ou ses artistes du moment, Billy évoque rapidement des noms tels que Rohff et Booba, ou encore Kaaris, ayant notamment amené la trap et le rap hardcore en France. Mais c’est surtout aux Etats-Unis que l’artiste trouve « sa cam », avec le rap de New-York représenté par Jay-Z et Nas, celui de Los Angeles avec des artistes comme Kendrick Lamar, Snoop Dogg, ou encore Tupac qu’on ne sait jamais vraiment où placer. Sa plus grosse référence reste cependant la suivante : « Celui qui m’a matrixé pendant ma jeunesse, et je pense toute ma génération aussi, c’est 50 Cent ».

L’indépendance reste également un point majeur dans la carrière du jeune rappeur de 23 ans, qui semble garder les pieds sur terre : « Si on me propose une grosse somme d’argent et qu’on veut me brider, je sais que je peux faire la même somme d’argent sur le long terme, mais en faisant ce que j’aime, et en fait je préfère ça. Après, je ne dis pas que je ne rappe pas pour l’argent, pour moi, c’est un discours de menteur un peu. Les rappeurs aiment bien recevoir de l’argent, comme tout le monde, mais c’est sûr que je préfère être indépendant et avoir mes propres codes. Quand t’es un artiste, tu dois être libre, être un artiste c’est la définition d’être libre, tu ne peux pas être un artiste et être enfermé. La musique, c’est avant tout une passion ».

J’ai vu beaucoup de violence dans ma vie, donc moi quand j’écris, c’est des flashs qui viennent en fait

Quant à l’écriture, le ton est donné à chaque sortie : un registre sombre et personnel, où le vécu s’exprime à travers des textes évoquant la violence du quotidien ainsi que la jeunesse : « C’est des thèmes qui font partie de la vie de tous les jours, je relate mon quotidien. J’ai vu beaucoup de violence dans ma vie, que ce soit avant la maison ou dehors, donc moi quand j’écris, c’est des flashs qui viennent en fait. Je ne me mets pas de filtres, je laisse parler ce qui sort de mon esprit ».

La suite arrive plus vite que vous ne le pensez…

Aujourd’hui, 404Billy sort donc son tout premier projet : la mixtape Hostile. Un opus dans lequel le fond ne change pas, mais où les sonorités varient : « Y’a un petit changement, c’est plus au niveau de la forme qu’au niveau du fond, qui reste dark. Après, ce n’est pas vraiment des sons d’été, ou zumba, ce n’est pas pour moi, ça ne me correspond pas du tout ».

Pour lui, l’identité se construit sur la durée et on ne peut pas trahir son univers : « J’suis pas contre ça, mais pour moi faut s’assumer, c’est soit tu fais de la zumba, soit t’es un rappeur et tu fais du rap. Mais tu ne peux pas dire que t’es un rappeur parce qu’il y a deux sons rap dans ton projet, et tout le reste, c’est de la zumba pour faire du stream. Donc moi, je ne rentre pas dans cette démarche-là, même si je cherche à m’ouvrir. Je ne cherche pas à toucher tout le monde parce que quand on touche tout le monde, on touche personne ».

Je suis personne et je dois vraiment prouver

Validé par Vald et Siboy, l’artiste n’a pour le moment pas prévu de collaborer avec eux, même s’ils communiquent régulièrement. D’ailleurs, pour le moment, Billy évolue seul, dans l’unique but de prouver de quoi il est capable : « C’est vraiment une volonté d’arriver solo, je suis personne et je dois prouver, c’est mon premier projet. Je veux montrer tout ce que je sais faire, que je peux tenir sur un morceau avec un refrain. Parce qu’il y a des artistes qui n’y arrivent pas ».

Actuellement en train de plancher sur son deuxième projet, le rappeur se confie : « sur le second, je vais m’ouvrir au niveau des feats. Je vais aller défier les rappeurs parce que c’est aussi ça le rap. Pour moi, ce n’est pas rester dans son coin, à un moment faut monter sur le ring… ». Un projet qui sera d’ailleurs sous la forme de storytelling, et qu’il qualifie ainsi : « Je ne sais pas encore ce que je vais donner comme couleur, pour moi ça doit être cohérent, faut vraiment que je me prenne la tête. Là, pourquoi pas faire des trucs un peu plus poussés, c’est comme si j’écrivais un livre en fait, ça doit être cohérent du début à la fin. Franchement, je pense que je vais faire pleins de morceaux, et selon le meilleur, le projet va tourner autour de lui ».

A noter que Hostile, le premier projet de 404Billy est désormais disponible sur la majeure partie des plateformes d’écoute et de téléchargement légal.

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