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Larry Hoover, le chef de gang condamné 6 fois à perpétuité

Larry Hoover, le chef de gang condamné 6 fois à perpétuité

Le plus gros gangster de Chicago depuis Al Capone, c’est lui…

Moins connus que les Crips et les Bloods, les Gangster Disciples n’en sont pourtant pas moins l’un des gangs les plus féroces des États-Unis. Avec des effectifs aujourd’hui estimés entre 50 000 et 100 000 membres actifs, ils règnent sans partage sur le trafic de drogue, le vol et l’extorsion dans la région de Chicago et ses alentours.

Et si vous vous demandez comment ce qui dans les années 60 n’était qu’une petite bande de quartier comme il en existait tant d’autres a su se transformer avec le temps en véritable empire du crime, la réponse tient en un nom : Larry Hoover.

Ancien corner boy condamné à perpétuité pour homicide, il est celui qui depuis sa cellule de prison a vingt ans durant dirigé sous les radars et d’une main de fer les « GD » jusqu’à devenir lui-même une légende du game.

Voici son histoire.

La force du nombre

Larry Hoover naît le jour de Noël 1950 dans le Mississippi avant que ses parents ne déménagent quatre ans plus tard dans la « Windy city » à la recherche d’une vie meilleure. Malheureusement pour eux, très vite leur rejeton commence à fréquenter les mauvaises personnes.

À douze ans, le jeune Larry bascule complètement dans l’illégal lorsqu’il rejoint à temps complet d’autres petites frappes de son cru de la banlieue sud qui se font appeler les Supreme Gangsters. Habillés tout de noir et de bronze, le gang est spécialisé dans le vol et le racket.

Lorsque trois ans plus tard, Alex Rain, le leader de la fine équipe décède des suites d’un règlement de comptes, celui qui se fait désormais surnommer ‘Prince Larry’ émerge alors comme nouveau chef.

Bien que déjà à la tête d’une cinquantaine de membres, ambitieux, il décide de fusionner ses troupes avec celles de deux autres bandes locales rivales comme les Black King Cobra ou les Black P Stones pour former la Gangster Nation.

Trois ans plus tard, en janvier 1969, Hoover continue sur sa lancée en s’alliant avec David Barksdale (oui comme Avon), fondateur au début des années 60 des Devil’s Disciples. Les deux hommes créent ainsi la Black Gangster Disciple Nation et se retrouvent de facto à la tête de près d’un millier de « disciples » bleu et noir.

Plus âgé Barksdale prend officiellement le titre de ‘King’, tandis qu’Hoover occupe le poste de ‘Chairman’.

Aussi discret que respecté, Barksdale met un point d’honneur à gérer ses affaires sans faire de vagues, tant et si bien que ni la police, ni la justice n’arriveront jamais à lui coller la moindre condamnation sérieuse sur le dos.

Le prince devenu roi

Si au début de la décennie suivante tout semble aller pour le mieux pour les B.G.D.N., une série d’évènements mettent cependant sérieusement à mal cette belle dynamique.

C’est tout d’abord David Barksdale qui est victime d’une tentative d’assassinat en 1970 et qui s’il s’en sort vivant, ne s’en sort pas indemne : touché par une balle dans les reins, il doit dorénavant composer avec une santé capricieuse.

C’est ensuite début 1973 Larry Hoover qui commandite le meurtre d’un certain William ‘Pooky’ Young, un dealeur âgé de 19 ans accusé d’avoir volé drogue et argent aux Gangsters Disciples. Young sera retrouvé mort dans une ruelle, six balles logées dans la tête. Pas de chance pour Hoover, la police l’avait l’œil depuis quelque temps déjà et réussit là à l’envoyer devant un tribunal où il écope « de 150 à 200 ans » de placard.

C’est enfin, le décès de Barksdale le 2 septembre de l’année suivante des suites de complications rénales qui laisse l’organisation sans souverain.

Incapable de rester uni, le gang sombre alors dans la division.

Malgré son incarcération, Larry Hoover parvient néanmoins à garder le contrôle de la branche « canal historique », et ce même s’il doit lutter deux ans durant avec Jérôme Freeman, l’un de ses anciens lieutenants.

Renonçant à ses ambitions premières, ce dernier finit par aller fonder à l’été 1976 les Black Disciples avec ce qui lui reste de partisans (soit tout de même un tiers des effectifs), tandis que naît une troisième faction, les Black Gangsters.

Désormais seul maître à bord après ce qui ressemble fort à une victoire à la Pyrrhus, Hoover entreprend un sérieux travail de reconstruction.

Main de fer et gant de velours

Se comportant plus en homme d’affaires qu’en truand, il sécurise dans un premier temps ses positions dans le trafic de drogue dans le South Side de Chicago avant de nouer des alliances avec des groupes rivaux, non pas uniquement noirs comme précédemment, mais aussi hispaniques (La Raza, les Maniac Latin Disciples, les Spanish Gangster Disciples…).

Depuis le centre de Stateville où il est incarcéré, Larry Hoover restructure la hiérarchie du gang sur le modèle des grandes entreprises du Dow Jones et part à la conquête du marché de la drogue à l’échelle nationale, profitant au début des années 80 l’apparition subite du cocaïne-crack dans les ghettos offre des perspectives de développement inédites.

Entre quatre murs, fort de ce pouvoir nouveau et du fait que la politique de répression accrue des pouvoirs publics à l’égard des gangs a fait exploser le nombre de détenus, il est en mesure de recruter sans cesse de nouveaux soldats à qui il offre une protection à l’intérieur et des « perspectives d’avenir » à l’extérieur.

C’est ainsi que très vite les Gangsters Disciples dépassent le cap des 20 000 membres.

Hoover est d’autant plus à l’aise dans son nouveau rôle qu’officiellement, il joue la carte du prisonnier modèle. Non seulement, il interdit à ses hommes de s’en prendre au personnel pénitentiaire, mais il n’hésite pas à tisser des liens avec des bandes rivales (les Black P Stones, les Vice Lords, les Latin Kings…) histoire de limiter au maximum les frictions intra-muros.

Hoover réussit tellement son coup qu’à la fin des années 80 il finit par être transféré dans un établissement de moindre sécurité.

Mieux, en 1993, il organise un pique-nique géant dans le quartier sensible de Kankakee où sont présents 10 000 disciples et au cours duquel il leur annonce via un discours pré-enregistré qu’il renonce à la violence.

Preuve de ce changement, la signification de l’acronyme « G.D. » est modifiée pour « Growth & Development » (« Croissance & Développement »).

Hoover lance alors le mouvement 21st Century V.O.T.E dont le but est d’inciter ses partisans à rentrer en politique et se présenter aux élections et publie à cette occasion une sorte de livre programme (devenir une meilleure personne, aider sa communauté plutôt que de la tirer vers le bas…).

Les masques tombent

Cette même année 1993, sa demande libération sur parole pourtant soutenue par plusieurs personnalités publiques (dont l’ancien maire de Chicago Eugene Sawyer) est déboutée : si le grand public a pu en effet de loin avoir le sentiment d’une remise en question sincère, le personnel pénitentiaire n’est pas dupe quant à la manœuvre.

Loin d’avoir fait le deuil de son passé criminel, Larry Hoover poursuit au contraire ses activités illicites en secret en usant de sa respectabilité en public comme façade.

En août 1995, il est ainsi inculpé par la justice fédérale pour trafic de narcotique, extorsion et association de malfaiteurs, et ce, pour des faits remontant pour certains à plus de quinze ans en arrière – sous le nom d’Operation Headache, les autorités enquêtaient dès la fin des années 70 déjà sur ses agissements en sous-mains.

Arrêté en prison (?), il est transféré dans la foulée 1 500 kilomètres plus loin dans un établissement de haute sécurité du Colorado.

Quand vient l’heure de son procès en 1997, le verdict est sans appel : il est non seulement reconnu coupable d’avoir généré 100 millions de dollars annuels en trafic en tous genres dans plus de 35 états d’Amérique, mais il est également mis à jour que le réseau d’associations caritatives (association d’appel au vote, label de musique…) dont il se vantait tant ne servait en réalité qu’à blanchir de l’argent sale.

Larry Hoover reçoit ainsi coup sur coup six peines à perpétuité, tandis que 38 de ses lieutenants sont également condamnés à de longues peines.

Considéré depuis comme un prisonnier politique par certains (Kanye West et Rick Ross en tête, Ye étant allé jusqu’à demander sa libération auprès de Donald Trump), le « Chairman » n’en occupe plus que désormais une position symbolique au sein des Gangster Disciples… Ce qui n’empêche en rien le gang de continuer à prospérer.

Et tant pis si Chicago est devenu entretemps « Chiraq », une ville dans laquelle les morts par balles de 2003 à 2011 ont été plus nombreuses que celles enregistrées sur la même période lors de la guerre en Irak.

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