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Interview Gapman : « Je veux montrer que je sais faire autre chose que de la trap »

Interview Gapman : « Je veux montrer que je sais faire autre chose que de la trap »

Le 3 mai, Gapman a publié Prochaine Chèvre 2, moins d’un an après le premier opus. Ce nouvel EP symbolise la montée en puissance de l’artiste et révèle surtout ses hautes ambitions. Car oui, le rappeur originaire de Lille (59) souhaite devenir le porte étendard d’une trap revisitée, tout en rendant son univers plus accessible. À la croisée des chemins, Gapman est prêt à embrasser son destin. Pour l’occasion, Booska-P est parti à la rencontre de Gapman et de Binks Beatz, son manager et producteur afin de décrypter le projet.

  • Curtis Macé : Comment allez-vous tous les deux après la sortie de Prochaine Chèvre 2 ? 

Gapman : Tout va bien, merci. 

Binks Beatz : Ca va super de mon côté également.

  • CM : Avant de rentrer dans le vif du sujet, peux-tu m’expliquer l’origine de ton nom d’artiste ? 

G : Il y a une signification particulière, mais je garde cette information pour plus tard (rires). 

  • CM : En quelle année as-tu commencé le rap et comment ? 

G : J’ai commencé le rap en 2018. Au départ, ce n’était pas sérieux, comme beaucoup de personnes. Je kickais avec mes gars dans mon coin. On avait un home studio, dans lequel on testait des trucs entre nous. Je me suis lancé par curiosité. 

Crédit Photo : @ledevss
  • CM : Quelles sont tes influences dans le rap US et FR ?

G : Forcément, Youg Thug fait partie de mes influences. Il y a aussi Future, Lil Durk… Dans la trap plus nichée, il y a Lil Migo ou encore Big Scarr. 

  • CM : Quel est ton processus d’écriture ? 

G : Je n’écris jamais avant d’enregistrer un morceau. Je vais directement en cabine. Je pose phrase par phrase. J’ai aussi la chance d’avoir un home studio. Je sais mixer et m’enregistrer seul. Généralement, je débarque au studio avec mes maquettes. 

BB : C’est très simple de travailler avec Gapman. On a les mêmes goûts musicaux, ça aide. Ce n’est pas un artiste qu’il faut drive de A à Z en studio. Notre relation est basée sur des conseils et des petits détails. Je l’accompagne mais c’est lui qui mène la barque. Dans une session, il m’est arrivé de prononcer seulement trois phrases.

Dans une session, il m’est arrivé de prononcer seulement trois phrases. 

Binks Beatz

  • CM : Comment définirais-tu ta musique en trois mots ? 

G : Je dirais polyvalence, feeling et passion

Crédit Photo : Clara Peano
  • CM : Globalement, quels retours as-tu eu de Prochaine Chèvre 2 ? 

G : J’ai eu des bons retours. Cependant, c’est encore un peu tôt pour faire un premier bilan. Prochaine Chèvre 2 est un petit EP. Ce n’est pas un album. L’idée était de clôturer l’arc Prochaine Chèvre. 

  • CM : Donc, il n’y aura pas de troisième opus pour réaliser une trilogie ? 

G : Non. Le premier EP était le véritable lancement de ma carrière. Le second permet de confirmer mon évolution. Le chapitre Prochaine Chèvre se termine, mais cela ne veut pas dire que les sons seront totalement différents pour la suite. Je passe simplement à autre chose. 

  • CM : Peux-tu m’expliquer le nom du projet ? 

G : C’est une référence au mot « GOAT » (« Greatest Of All Time », c’est-à-dire le plus grand de tous les temps). Aux États-Unis, cela peut te définir comme un rookie mais aussi un artiste confirmé

  • CM : Qui est le/la Goat originel selon toi ? 

G : C’est une question difficile ! (rires). Je dirais Young Thug. Il a ramené un style unique dans la trap. Il sait tout faire. Au niveau vestimentaire, il a apporté toute sa singularité, mais il ne faut pas oublier Lil Wayne. En francophonie, Hamza, c’est quelqu’un. 

Crédit Photo : Shinobi
  • CM : Quelles sont tes ambitions avec Prochaine Chèvre 2 ? 

G : Je veux passer un step et surtout, toucher un public plus large. Sur ce projet, j’ai essayé d’enrichir ma formule avec de la trap et des mélodies comme sur « Paillettes ». De base, je préfère créer des morceaux avec des sonorités ouvertes de ce type. Sur Prochaine Chèvre 2, je veux montrer que je sais faire autre chose que de la trap. J’ai envie que mon public adhère à cette facette de ma musique

BB : Pour ma part, j’ai senti une réelle progression de Gapman entre les deux projets au niveau de l’écriture. Ce côté mélodieux qu’il apporte sur ce second opus ne m’étonne pas. Il a toujours fait des titres de ce genre donc son niveau est déjà excellent. L’exemple parfait est « B.A.B » avec des toplines entêtantes. 

J’ai envie que mon public adhère à cette facette de ma musique. 

Gapman

  • CM : Te considères-tu encore comme un rookie ?  

G : En général, on est un rookie au moment où on sort son premier projet. Les deux Prochaine Chèvre sont presque un seul et même format. Ils sont sortis à moins d’un an d’intervalle et ce sont des huit titres. 

BB : Oui et non. Sa fanbase s’élargit au fil des semaines. Il est encore en phase de développement. 

  • CM : Combien de morceaux avez-vous faits pour le projet ? 

G : On en a fait beaucoup. Tous les jours, on est au studio. Depuis le début de notre collaboration (avec Binks Beatz), on a créé près de 200 morceaux

  • CM : La sélection finale n’a pas dû être simple. 

BB : C’est à ce moment que j’interviens. On aime également demander l’avis à des auditeurs aguerris de rap et d’autres qui n’en écoutent pas. 

G : On écoute tout le monde pour que le résultat final plaise à un large public. Cela me permet de sortir de ma zone de confort. Je ne suis qu’au début de ma carrière donc c’est important d’écouter les conseils des autres, tout en conservant mon style. Pour te donner un exemple, je ne voulais pas sortir « Marathon ». Finalement, Binks m’a convaincu de le publier et il ne s’est pas trompé. 

  • CM : Justement, un titre comme « Paillettes », est-il apparu comme une évidence ? 

G : Oui, je voulais absolument le mettre en outro pour clôturer le projet. J’ai davantage hésité sur « B.A.B ». On l’a sorti en premier single alors que les gens m’attendaient sur de la trap. On ne savait pas si c’était le bon moment pour envoyer une proposition inédite. Finalement, le choix s’est avéré payant. Les retours sont tous bons. Cela m’a rassuré dans ma démarche. À la base, j’ai commencé avec des sons mélodieux, mais je me suis fait connaître avec une proposition rap à 100 %. 

  • CM : Qu’est-ce que t’a apporté Binks sur Prochaine Chèvre 2 ? 

G : Binks me correspond à 100 %. On se comprend humainement et artistiquement. Il me permet de sortir de ma zone de confort. Le courant passe aussi très bien avec Ikaz Boi. Pour le projet, on a acheté plusieurs prods sur Youtube. Par exemple, c’est le cas avec « B.A.B ». 

BB : Notre relation a débuté il y a un an et demi. J’étais tombé sur « Trapalot » avec Dafliky. J’ai pris une petite claque sur son couplet. Je l’ai aussitôt contacté. Quand il est monté à Paris, on a fait une session studio et la magie a opéré. Par la suite, on a lancé notre label ensemble.

Gapman et Binks Beatz
  • CM : Sur Prochaine Chèvre 2, tu revisites une nouvelle fois la Trap à ta sauce et cela « américanise » forcément ta musique. Était-ce le but recherché ? 

G : Oui, c’était un vrai objectif. Tous les plus grands rappeurs français comme Booba ont été influencés à un moment donné par le rap US. J’ai l’impression que ça devient un sujet tabou pour certains artistes. Personnellement, je suis fier de m’en imprégner. Le rap a été créé aux États-Unis. L’essence de notre art a vu le jour là-bas. 

  • CM : Dans tes lyrics, tu évoques tes ambitions, les thématiques de l’argent ou encore de la vie de luxe par le biais de l’égotrip. Est-ce important pour toi de respecter les codes de cette musique dans tous ces aspects ? 

G : À travers mes lyrics, je raconte mon quotidien et mon vécu. Avec mon entourage, on a toujours été matrixé par ce qu’il se passe aux États-Unis. 

  • CM : As-tu le sentiment d’être né sur le mauvais continent ? 

G : Non, pas du tout. Je m’inspire simplement de l’endroit où repose l’essence du rap. 

  • CM : Peux-tu me donner la définition d’une traphouse lilloise ? (Gapman est originaire de Lille, ndlr)

G : C’est un endroit où les gens font de l’argent et se débrouillent comme ils peuvent. C’est aussi un état d’esprit. 

  • CM : Sur le projet, il y a un seul featuring avec Ashe 22. Comment s’est faite la connexion ? 

G : On s’est branché sur Instagram. Tout s’est fait naturellement, au feeling. On s’est retrouvé au studio et ça a matché direct. Ashe 22 m’a donné de la vraie force. Je tiens à le remercier. 

  • CM : Sur X (anciennement Twitter), tu as ouvert la porte à d’autres collaborations. 

G : Oui, je suis ouvert aux featurings du moment que nos univers respectifs se rejoignent et que le feeling passe. Ce sont avant tout des relations humaines.  

  • CM : Un autre rappeur a remis la trap au goût du jour récemment, à savoir La Fève avec son album 24. Une collaboration pourrait voir le jour ? 

G : Je pense que ça marcherait bien entre nous. On se follow sur Instagram mais on ne s’est jamais croisé. Si un jour on se capte, peut-être que cela se fera. 

Crédit Photo : Clara Peano
  • CM : J’ai l’impression qu’il n’y a pas d’entre-deux lorsque l’on évoque ta musique. Il y a les gens qui t’aiment et comprennent ta proposition et ceux qui ne t’apprécient pas. Qu’en penses-tu ?

G : C’est flatteur. Ça veut dire que j’intéresse. Mes auditeurs ne me suivent pas à moitié. Ce sont des soldats. Ma communauté est un peu semblable à celle de Freeze Corleone dans l’engagement. 

  • CM : Sur « Paillettes », tu évoques une histoire d’amour tumultueuse. Avec ce morceau, tu dévoiles une facette plus sensible de ta musique, sans ton DMV flow caractéristique. Est-ce possible de te voir davantage t’exprimer de la sorte à l’avenir ? 

G : Ça dépendra de ce que je vais vivre dans les prochains mois. Il y aura un équilibre entre des morceaux plus sensibles et durs. À mes débuts, je n’utilisais pas le DMV Flow, donc je n’aurais aucun problème à faire des titres sans. 

À mes débuts, je n’utilisais pas le DMV Flow, donc je n’aurais aucun problème à faire des titres sans. 

Gapman

  • CM : STARSHOTTA a réalisé la cover du projet. Peux-tu me parler de sa conception ? Les couleurs sont aussi très différentes du premier opus. 

G : On voulait faire apparaître une chèvre comme sur le premier EP avec une nouvelle couleur. Le bleu et le blanc permettent d’avoir un résultat épuré à l’image de l’ouverture musicale du projet. Sur Prochaine Chèvre, le rouge était une référence au côté trap. À la base, la cover était destinée à la tracklist du CD. 

  • CM : Quel est votre morceau préféré de Prochaine Chèvre 2 ? 

G : Je dirais « MaJ ». La prod est folle. J’aime le refrain et mes couplets. 

BB : « MaJ » aussi.

  • CM : Comptes-tu défendre le projet sur scène, hors festival (We Love Green, Les Ardentes) ? 

G : On va annoncer une grosse date parisienne pour début 2025 et une autre à Lille pour la rentrée. Ce n’est pas encore le bon moment pour lancer une tournée dans tout le pays. On n’a que 16 morceaux en stock. Ce n’est pas suffisant. En revanche, j’adore la scène et le partage avec le public. Quand les gens connaissent tes lyrics, c’est plaisant. 

  • CM : Qu’est-ce que je peux te souhaiter pour la suite ? 

G : De progresser, passer des steps et décrocher un disque de platine.

Prochaine Chèvre 2 est disponible sur toutes les plateformes de streaming. Le projet contient huit morceaux, dont un featuring avec Ashe 22.

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