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Le business familial du cinéma [DOSSIER]

Le business familial du cinéma [DOSSIER]

Retour sur ces familles mythiques qui règnent sur le 7ème art.

Dans les salles cette semaine, le film Overdrive d’Antonio Negret met à l’affiche le jeune acteur Scott Eastwood. Un nom de famille qui parle évidemment à tous, du passionné du cinéma au spectateur plus distant. La révélation du fils de Clint attire tous les regards, et le comédien ne peut échapper aux questions sur l’influence de son père dans son début de carrière. Il faut dire qu’il est compliqué de se détacher du poids de la famille pour tous ces « fils de » qui cherchent à écrire leur propre histoire.

Pourtant, il n’est pas rare de voir plusieurs membres d’une même famille percer dans le cinéma. Qu’ils soient pères et fils, frères et soeurs, qu’ils soient inséparables ou au contraire qu’ils préfèrent faire leur carrière chacun de leur côté, de nombreux comédiens, réalisateurs, producteurs unis par les liens du sang affluent sur grand écran depuis le crépuscule du cinéma. Certains y verront un gage de qualité, l’héritage familial berçant probablement les nouvelles générations depuis leur plus jeune âge. Pour d’autres, il s’agit plutôt d’une concurrence déloyale. Un piston XXL qui sert de porte d’entrée à un univers particulièrement fermé à des acteurs et réalisateurs pas forcément si talentueux. Chacun se fera son propre avis sur la question, mais la notion de famille est assurément présente dans la production audiovisuelle mondiale, les exemples étant si nombreux que l’on ne pourrait tous les citer. Des empires du grand écran aux fratries inséparables, voici notre sélection non-exhaustive des lignées qui pèsent le plus dans le cinéma d’hier et d’aujourd’hui.

Les dynasties du cinéma

Certaines familles nombreuses ont dans leur quasi-totalité marqué l’histoire du 7ème art, et ce sur plusieurs générations. Regroupant des métiers diversifiés du monde du grand écran, ces lignées sont comparables à des dynasties dominantes et durables du cinéma.

La plus connue de toutes, c’est probablement la famille Coppola. Le grand chef de clan, Francis Ford, est proche de l’iconique Vito Corleone dans sa volonté d’intégrer les siens à l’affaire familiale tout en les protégeant. Ca tombe bien, c’est lui qui est à l’origine du film Le Parrain. Chez les Coppola, tout le monde est impliqué, à tel point que leur arbre généalogique peut donner des migraines. Talia Shire, la soeur du réalisateur d’Apocalypse Now, est une actrice connue notamment pour ses rôles d’Adrian dans la franchise Rocky ou encore de Connie Corleone dans la saga Le Parrain. La fameuse trilogie a d’ailleurs constitué la première apparition à l’écran de plusieurs Coppola, que ce soit dans des rôles importants ou pour un simple caméo, comme les enfants de Francis Ford, Roman et Sofia Coppola. Les deux, passés à la postérité respectivement en tant que scénariste (A bord du Darjeeling Limited et Moonrise Kingdom) et réalisatrice (Virgin Suicides, Lost in Translation), portent le nom du clan dont ils sont les héritiers. Ce n’est par contre pas le cas des neveux de Francis Ford, connus eux-aussi dans le monde du cinéma, et dont les noms d’acteurs choisis ne font pas oublier les origines. Jason Schwartzman, fils de Talia Shire, est à l’affiche de nombreux films issus de la production familiale (Moonrise Kingdom, Marie-Antoinette), tandis que le célèbre Nicolas Cage a connu sa première apparition à l’écran dans un long-métrage de son oncle, The Outsiders. Le cinéma c’est donc une affaire de famille chez les Coppola, chacun ayant vu sa carrière décoller grâce à un coup de pouce de sa lignée.


Du côté de l’Hexagone, une autre dynastie fait parler d’elle étant donné sa mainmise sur l’industrie cinématographique. Si le 7ème art n’est pas leur unique fond de commerce, les Seydoux sont incontestablement une famille de poids. Les frères Jérôme et Nicolas sont respectivement PDG de Pathé et de Gaumont, deux des sociétés françaises de cinéma les plus actives. Le troisième frangin, Michel, est surtout connu pour être l’ancien président du LOSC, le club de foot de Lille, mais il n’en reste pas moins un producteur de cinéma reconnu, notamment pour Cyrano de Bergerac. On ne s’étonne donc pas avec une telle famille de voir la petite dernière de la lignée, Léa Seydoux, s’installer comme une valeur montante du cinéma français. Une « école de la vie » qui lui aura probablement permis une certaine notoriété, même si elle ne doit la suite de sa carrière qu’à elle-même. Preuve qu’il n’y a pas qu’aux States que le cinéma est une affaire familiale.

Exister dans l’ombre

Si le nom de famille suffit à certains pour se faire connaître dans le monde du cinéma, d’autres ont vu leur carrière souffrir de cette prédominance du père ou du frangin. C’est par exemple le cas de la fratrie Baldwin. L’aîné, Alec, s’est imposé comme une star d’Hollywood à la fin des années 80 avec des films comme Beetlejuice de Tim Burton ou A la poursuite d’octobre rouge signé John McTiernan. Le couple ultra-médiatique qu’il formait dans les 90’s avec Kim Basinger a fait le bonheur de la presse people et a participé à sa notoriété. A côté, ses trois frères Daniel, William et Stephen ont tous choisi le même gagne-pain mais ne connaissent pas un tel succès. A l’exception du rôle du dernier dans le classique Usual Suspect de Bryan Singer, leur carrière reste relativement anonyme, et frôle même le ridicule lorsque Daniel et Stephen participent à l’émission de télé-réalité « Je suis une célébrité, sortez-moi de là« . Exemple qu’une famille célèbre ne garantit pas le succès d’une carrière.


Mais les Baldwin ne sont pas l’unique cas de familles où certains restent dans l’ombre écrasante d’un ou de plusieurs autres membres. Kirk Douglas a été une star du cinéma dans les années 50 et 60, période durant laquelle il a été nommé 3 fois à l’Oscar du meilleur acteur. Sa descendance s’est inspirée de sa carrière pour se lancer également, avec plus ou moins de succès, dans le 7ème art. Si Michael Douglas est devenu lui aussi un acteur reconnu mondialement grâce à ses rôles dans Wall Street d’Oliver Stone ou Traffic de Steven Soderbergh, ses frères ont incontestablement connu des carrières moins riches. Peter Douglas s’est contenté de produire quelques téléfilms de série B tandis qu’Eric Douglas est décédé d’une overdose après une carrière faite de rôles mineurs.

La comédie, c’est aussi une tradition familiale chez les Arquette, et plus précisément dans une fratrie composée de 2 soeurs et 3 frères. Tous sont devenus acteurs, et là encore certains ont connu plus de difficultés à se faire reconnaître dans le milieu. L’aînée, Rosanna, devient célèbre pour son rôle dans Le Grand Bleu de Luc Besson, et une apparition dans Pulp Fiction, le chef d’oeuvre de Quentin Tarantino. Sa soeur, Patricia, a quant à elle tourné avec des monstres sacrés du cinéma comme Tim Burton, Martin Scorsese ou encore David Lynch, et s’est vue récompensée en 2015 de l’Oscar du meilleur second rôle pour sa prestation dans le film Boyhood. Encore une fois, c’est pour le reste de la fratrie que le bât blesse. Les 3 frères ne parviennent jamais à décoller et à suivre la voie tracée par leurs soeurs, et se font davantage connaître par leur vie privée que par leur carrière d’acteur. Hormis son rôle dans Scream, le benjamin David doit principalement sa célébrité à son mariage avec Courtney Cox (Friends) plus qu’à sa filmographie qui reste assez maigre, tandis que Robert (devenu Alexis) s’est révélé non pas dans un film mais dans les tabloïds lorsqu’il a annoncé son changement de sexe.

Les inséparables

Le cinéma est pour quelques irréductibles un art collectif. Impossible pour ceux-là de concevoir le 7ème art sans leur frère ou leur soeur. On pense bien sûr en premier lieu à des réalisateurs. Dès les prémisses du cinéma, ce sont deux frères, les Lumière, qui témoignent de l’importance de la famille dans le milieu. Les deux lyonnais, véritables pionniers du cinéma, mettent au point ensemble le cinématographe, invention révolutionnaire qui cumule les fonctions de caméra de prise de vues et de projection d’images. C’est également en duo qu’ils réalisent ce qui est considéré comme le premier film de l’histoire à être projeté sur grand écran : La Sortie de l’usine Lumière à Lyon, sorti en 1895. Leurs recherches, leurs tournages, ils les font ensemble. Et si c’est Louis Lumière qui trouve le procédé de fabrication du cinématographe, c’est aussi grâce aux essais précédents de son frère Auguste. A ce titre, ces deux-là sont indissociables et montrent les premiers signes de la place centrale de la famille dans le cinéma.

Plus récemment, d’autres grands noms du 7ème art ont montré cette face de la famille inséparable. Impossible de ne pas penser aux frères Coen, dont la collaboration étroite leur a valu le surnom de « réalisateur à deux têtes ». Assez évocateur quant à la manière de travailler de ces deux frangins. Si les tournages des Coen donnent lieu à un partage des tâches entre les deux frères (Joel à la réalisation, Ethan à la production), ils écrivent les scénarios ensemble et ont naturellement un droit de regard sur le domaine de l’autre. Et si jusqu’en 2004 leurs films, parmi lesquels The Big Lebowski ou O’Brother, ne créditent que Joel comme réalisateur, tout le monde ne cesse de les voir comme deux frères indissociables. Au point de devenir en 2015 les tout premiers coprésidents du jury du Festival de Cannes de l’histoire.

Au rayon des réalisateurs inséparables, on peut également citer les désormais soeurs Wachowski, proches au point d’avoir également réalisé tous leurs longs-métrages en tant que duo. Les réalisatrices de la saga Matrix sont créditées dans le générique de la majorité de leurs films du nom « The Wachowskis », et partagent également le fait d’avoir l’une comme l’autre procédé à un processus de changement de sexe.

Il n’y a cependant pas que des réalisateurs qui s’impliquent en tant que duo dans le monde du cinéma. Les deux frangins Affleck, qui ont l’un comme l’autre la double casquette acteur/réalisateur malgré des carrières plus riches en tant que comédiens, ont connu leurs explosions respectives aux côtés de leur frère. Pour son premier gros rôle dans un film à succès en 1997 dans Will Hunting, qu’il co-scénarise avec Matt Damon, Ben est accompagné par son jeune frère qui incarne alors un personnage secondaire dans la production. La révélation de Casey intervient quant à elle en 2007 dans le film Gone Baby Gone, réalisé par Ben. Et si les Affleck ont continué leur carrière séparemment, atteignant tous les deux la consécration en obtenant chacun un Oscar par la suite, la notion de famille s’inscrit d’une trace indélébile dans leur parcours respectif.

Passage de témoin

Pour certains comédiens, être le fils d’un monstre sacré du cinéma n’est pas un poids si lourd à porter. Au contraire, ceux-là sont passés au-delà des comparaisons et sont aujourd’hui amenés à regarder leur paternel droit dans les yeux. C’est déjà le cas de Vincent Cassel, fils du comédien de cinéma et de théâtre Jean-Pierre Cassel qui était une référence absolue du cinéma hexagonal dans les années 70. Révélé dans La Haine de Mathieu Kassovitz, l’acteur parisien mène une belle carrière à l’échelle française, en incarnant notamment Mesrine dans les deux films consacrés au criminel, mais aussi sur la scène internationale avec des rôles dans des productions comme Black Swan de Darren Aronofsky ou Ocean’s Twelve de Steven Soderbergh.

De l’autre côté de l’Atlantique, Colin Hanks fait partie de cette classe là. Son père est pourtant lauréat de deux Oscars du meilleur acteur consécutifs pour ses performances dans Philadelphia et Forrest Gump. Un palmarès qui n’aura pas empêché son rejeton de s’offrir une belle carrière, avec de multiples apparitions dans des séries à succès comme Mad Men, Dexter, mais surtout Fargo où il incarne le policier Gus Grimly. Un rôle qui lui permet même une nomination aux Golden Globes.

Certains jeunes acteurs ne se sont eux pas encore émancipé de l’ombre de leur illustre père, mais ils sont néanmoins amenés à avoir eux-mêmes une grande carrière. Dans cette catégorie on retrouve bien sûr Scott Eastwood qui est déjà la tête d’affiche d’un blockbuster avec Overdrive. Un cas attire aussi le regard, celui de Jaden Smith. Le jeune comédien a toujours été particulièrement médiatisé aux côtés de son père, le « Fresh Prince of Bel-Air », avec lequel il partage d’ailleurs la gloire des premiers rôles dans After Earth de M. Night Shyamalan. Sa carrière, souvent décriée par des mauvaises langues soupçonnant le piston familial, a ensuite pris un nouveau tournant avec son apparition dans la série musicale originale Netflix The Get Down de Baz Luhrmann, où sa performance dans le rôle de Dizzee était de qualité et lui offre ainsi de nouvelles perspectives pour définitivement faire décoller une carrière lancée en partie grâce à son père.

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